- Les Gens de Smiley
-
Les Gens de Smiley Auteur John le Carré Genre Roman d'espionnage Version originale Titre original Smiley's People Éditeur original Knopf Langue originale Anglais Pays d'origine États-Unis Lieu de parution original New York Date de parution originale 1979 ISBN original 0394508432 Version française Traducteur Jean Rosenthal Lieu de parution Paris Éditeur Robert Laffont Date de parution 1980 Nombre de pages 374 ISBN 2221004574 Les Gens de Smiley (Smiley's People) est un roman de John le Carré publié en 1979. Il s'agit du dernier volume de sa trilogie d'espionnage après La Taupe et Comme un collégien.
Sommaire
Synopsis
L'agent secret George Smiley est tiré de sa retraite lorsqu'il apprend la mort d'un vieil ami et collègue, le général estonien Vladimir, abattu alors qu'il se rendait à un rendez-vous avec des gens du Cirque (MI6). Le chef actuel du service, Saul Enderby et le conseiller en intelligence du ministre, Oliver Lacon lui demandent alors d'enquêter sur le passé du général et les révélations qu'il se préparait à leur faire concernant l'agent secret soviétique et vieil adversaire de Smiley, Karla. Smiley se met en route, interroge des proches du général comme le jeune Vihlem, chargé par ce dernier d'une mission à Hambourg et ses propres anciens amis, notamment Toby Esterhase, reconverti dans la vente d'art et Connie Sachs ex-responsable de la Recherche au sein du Cirque. Ses découvertes l'amènent au plan de chantage que le général et son ami et complice Otto Leipzig ont exécuté sur un fonctionnaire soviétique, Kirov, après que ce dernier eut approché une amie du général, vieille femme russe vivant à Paris, Mme Ostrakova, pour qu'elle autorise la sortie d'U.R.S.S. de sa fille Alexandra qu'elle n'avait pas vu depuis sa naissance. Parti en Allemagne, Smiley trouve Otto Leipzig mort après avoir été violemment torturé mais a tout de même accès à des documents dans lesquels Kirov, mis au pied du mur, révèle son rôle dans l'affaire Ostrakova. Aidé par son ancien protégé, Peter Guillam, Smiley arrive juste à temps pour sauver Mme Ostrakova de menaces de mort et lui apprend qu'elle et sa fille ont été les jouets d'un plan pour faire passer une jeune femme de l'U.R.S.S. en Suisse. Cette jeune femme n'est autre que la fille de Karla, Tatiana, devenue schizophrène à un stade avancé après que son père eut fait tuer sa mère. Concerné par sa santé, Karla l'a fait passée clandestinement dans une clinique à côté de Berne dont il paie les frais par l'intermédiaire d'un diplomate, Grigoriev qui visite Tatiana chaque semaine sous un faux nom. Après avoir obtenu, avec une certaine difficulté, le feu vert d'Enderby, George Smiley se rend à Berne avec Toby Esterhase et les anciens agents de celui-ci, dans l'intention de faire chanter Grigoriev au moyen de photos compromettantes, à la fois sur ses retraits d'argent illégaux et sur ses affaires extra-maritales. Grigoriev finit par coopérer et accepte de donner à son contact une lettre de Smiley à Karla où l'agent britannique révèle à son vieil ennemi qu'il a appris ses secrets et les rapportera en haut lieu s'il refuse de passer à l'Ouest, comme il lui avait proposé lors de leur rencontre à Delhi, des années auparavant. Avant de quitter Berne, Smiley rencontre Tatiana qui vit dans l'ombre des mystères de son père et le supplie de l'emmener avec lui. Karla cède à la pression de Smiley et passe la frontière à Berlin (là où commençait L'Espion qui venait du froid, un des premiers romans de Smiley) où l'attendent Smiley, Guillam et Esterhase. Les deux ennemis n'échangent pas un mot mais Karla rend à George le briquet qu'il lui avait volé à Delhi, ancien cadeau d'Ann son épouse volage, dont il semble résolu à se séparer définitivement. Smiley ne ramasse pas le briquet et semble indifférent face à sa victoire.
Analyse
Dernier volume de la trilogie, Les Gens de Smiley représente la dernière tentative de l'agent George Smiley pour vaincre son homologue soviétique Karla dont il a déjà fragilisé les réseaux dans les deux romans précédents. Ce retour au combat est déclenché par la mort d'un ami, le général Vladimir, qui, au-delà des motivations idéologiques, espérait en démasquant Karla se venger de la retraite humiliante à laquelle l'avait confinée le Cirque. Profondément choqué par la violence de sa mort, Smiley est malgré lui rappelé au passé. Il se replonge, dans un voyage aussi psychologique que géographique, dans les souvenirs de sa vie et de celle de Vladimir. On retrouve à cette occasion plusieurs personnages de la série que les années ont diminuées, à l'exemple de Connie Sachs, ici décrite comme proche de la mort même si sa mémoire phénoménale est encore d'une grande aide à Smiley (exception faite de Toby Esterhase redevenu avec le temps un allié utile et un personnage sympathique). Ces retrouvailles s'accompagnent de la description d'un Cirque au présent décevant : plus encore que par le passé, la réalité politique et le cynisme prennent le pas sur les idéaux qui étaient le moteur de Smiley et ses collègues durant la Seconde Guerre Mondiale. Le personnage de Saul Enderby, chef actuel du MI6, exprime ainsi l'ambiguïté du combat de Smiley alors que lui même et Lacon l'ont tiré de sa retraite au début du roman : "Quand Karla et vous serez coincés sur votre corniche au bord des chutes de Reichenbach comme Sherlock Holmes et Moriarty et que vous aurez les mains autour de la gorge de Karla, frère Lacon sera là, derrière, à vous retenir par les pans de votre veste en vous disant de ne pas être vilain avec les Russes. Vous avez compris ça ?"[1]. George Smiley est d'ailleurs dissuadé par tous de continuer son combat, qu'il s'agisse de Stella et Vilhem, les jeunes amis du général, ou de ses proches comme Connie Sachs, Peter Guillam et Esterhase. Il persiste néanmoins à creuser le secret que portaient Vladimir et son allié Otto Leipzig. Et c'est précisément quand Enderby lui donne enfin le feu vert et que le chantage sur Grigoriev à Berne se met en place, que Smiley semble peu à peu perdre tout intérêt pour sa mission et ne l'exécuter comme un devoir pénible. La conclusion du roman est donc empreinte d'une profonde désillusion, c'est une victoire aux allures de défaite, et selon John le Carré lui-même une double trahison : en effet, Smiley a utilisé les méthodes de l'Est, qu'il réprouve, en profitant du chantage sur Kirov et en menaçant Grigoriev et Karla lui-même. Quant à Karla, il a trahi ses principes de dévouement total à sa cause au profit de son amour pour sa fille[2]. A la fin du roman, Smiley conclut d'ailleurs : "Je les détruis avec les armes que j'abhorrais et elles sont les siennes. Nous avons chacun franchi la frontière de l'autre, nous sommes les fantômes de ce no man's land." [3]. Tatiana, la fille schizophrène de Karla, fait figure de victime impuissante et innocente et rejoint les autres personnages sacrifiés de la trilogie, qu'il s'agisse de Jim Prideaux dans La Taupe ou de Jerry Westerby dans Comme un collégien. Le sentiment de tragique inhérent au roman trouve un dernier écho dans l'échec apparemment définitif du mariage de Smiley. Le héros semble en effet avoir rompu avec Ann une fois pour toutes, et décide de ne pas ramasser le briquet qu'elle lui avait fait cadeau jadis et qui était tombé dans la possession de Karla jusqu'à son passage à l'Ouest. Si Ann était bien, selon la description de Bill Haydon "la dernière illusion de l'homme sans illusions"[4], il semble que George les ait maintenant toutes perdues.
Adaptations
Notes et références
- Les Gens de Smiley, John le Carré, éditions points, page 318-319
- John le Carré dans le documentaire de la BBC "The Secret Center"
- Les Gens de Smiley, John le Carré, éditions points, page 427
- La Taupe, John le Carré, éditions points, page 407
Liens externes
Catégories :- Roman britannique
- Roman de John le Carré
- Roman d'espionnage
- Roman paru en 1979
Wikimedia Foundation. 2010.