Kōjien

Kōjien

Le Kōjien (広辞苑, grand jardin des mots?) est un dictionnaire japonais publié pour la première fois par Iwanami Shoten en 1955. De nombreux locuteurs natifs du japonais considèrent le Kōjien comme le dictionnaire de référence, et des éditoriaux de journaux citent ses définitions fréquemment. En 2007, 11 millions d'exemplaires du dictionnaire avaient été vendus[1].

Sommaire

Izuru Shinmura

Le Kōjien était le magnum opus d'Izuru Shinmura (1876–1967), professeur de linguistique et de japonais à l'université de Kyoto. Il est né dans la préfecture de Yamaguchi, et fut diplômé de l'université de Tokyo (considérée comme l'élite), où il fut étudiant de Kazutoshi Ueda (上田万年, Ueda Kazutoshi ?) (1867–1937). Après avoir étudié en Allemagne, Kazutoshi Ueda avait enseigné la linguistique comparée et produit des dictionnaires en langues étrangères à la fin de la période Meiji. Au travers de cet encadrement, Izuru Shinmura s'impliqua dans la lexicographie du japonais. Les éditions du Kōjien publiées après sa mort le créditent encore comme rédacteur en chef.

Histoire

Les origines du Kōjien se situent durant la Grande Dépression en Asie orientale. En 1930, l'éditeur (岡茂雄, Oka Shigeo, 1894–1989) voulait créer un dictionnaire japonais pour les élèves de lycée. Il demanda à son ami Izuru Shinmura d'en être le rédacteur en chef, et ils choisirent comme titre Jien (辞苑, jardin des mots), allusion classique au Ziyuan (字苑, jardin des caractères), dictionnaire chinois classique. Izuru Shinmara engagea son fils Takeshi Shinmura (新村猛, Shinmura Takeshi, 1905–1992) comme rédacteur, et en 1935, Hakubunkan (博文館) publia le dictionnaire Jien. Il contenait quelques 160 000 mots vedettes de l'ancien et du nouveau vocabulaire japonais, ainsi que du contenu encyclopédique, et devint rapidement un best-seller. Les rédacteurs commencèrent à travailler sur une édition revisée, mais le bombardement de Tōkyō en 1945 détruisit leur travail. Après la guerre, Izuru Shinmura recommencèrent leur travail en septembre 1948. Iwanami Shoten publia le premier Kōjien en 1955.

Le Kōjien en est actuellement à sa 6e édition, publiée le 11 janvier 2008[1].

Édition date de publication ISBN
1re 25 mai 1955
2e 16 mai 1969
3e 6 décembre 1983
4e 15 novembre 1991 ISBN 4-00-080101-5
5e 11 novembre 1998 ISBN 4-00-080111-2
6e 11 janvier 2008 ISBN 978-4-00-080121-8

La première édition Kōjien (1955) comptait environ 200 000 mots vedettes, soit 40 000 de plus environ que le Jien. La 2e édition de 1969 supprima environ 20 000 vieilles entrées et en ajouta approximativement le même nombre, essentiellement des termes scientifiques. Le 1er décembre 1976, un hoteiban (補訂版, édition révisée et augmentée) de la deuxième édition était publiée. La troisième édition de 1983 ajouta 12 000 entrées, et fut publiée au format CD-ROM en 1987. Trois éditeurs japonais majeurs ont sorti des nouveaux dictionnaires spécialement destinés à concurrencer le populaire et rentable Kōjien d'Iwanami : le Daijirin (大辞林, grande forêt de mots, 1988) de Sanseidō, le Daijisen (大辞林, grande fontaine de mots, 1988) de Shōgakukan et le Nihongo Daijiten (日本語大辞典, Grand dictionnaire de japonais, 1989) de Kōdansha. En réponse, la 4e édition du Kōjien (1991) fut une révision majeure ajoutant 15 000 entrées, amenant le total à plus de 220 000 entrées. La version CD-ROM fut publiée en 1993 et une version revue avec des illustrations en couleur (comme le Nihongo daijiten) en 1996. En 1992, Iwanami publia à la fois une 4e édition au format e-book et un pratique Gyakubiki Kōjien (逆引き広辞苑 dictionnaire Kōjien inversé). La 5e édition de 1998 comprenait plus de 230 000 entrées, et ses 2 996 pages contiennent environ 14 millions de caractères. Iwanami Shoten publie actuellement le Kōjien en divers formats imprimés et numériques, et vend aussi des services d'abonnement au dictionnaire pour des téléphones mobiles et accès Internet. De nombreux fabricants de dictionnaires électroniques japonais ont pris une licence numérique pour le Kōjien, qui constitue le noyau de nombreux modèles.

La préface d'Izuru Shinmura à la première édition indiquait son espoir de voir le Kōjien devenir un standard par rapport auquel les autres dictionnaire seraient évalués. Cet objectif a été largement rempli : un grand nombre de personnes considèrent le Kōjien comme le dictionnaire de japonais de référence sur le marché. Il reste un best-seller au Japon. Selon Iwanami, la 1re édition du Kōjien s'est vendue à plus d'un million d'exemplaires, et la 5e amène les ventes cumulées à plus de 11 millions en 2000.

La nouvelle 6e édition comprend plus de 10 000 nouvelles entrées, amenant le total à environ 240 000. Il contient également 1 500 citations[1].

Caractéristiques lexicographiques

Le Kōjien, comme la plupart des dictionnaires japonais, indique ses entrées en syllabaire hiragana et les classe selon l'ordre gojūon (50 sons). Helen Baroni et David Biallock (2005) décrivent le Kōjien comme un « vieux standard donnant des définitions extensives, des étymologies (à prendre avec précaution), et les usages variés pour les mots, des lieux, des figures historiques et littéraires, et le furigana pour les termes difficiles ou anciens ».

Ce dictionnaire est connu pour inclure des phrases fétiches et buzzwords japonais. Ainsi, la 4e édition comprenait furītā (フリーター travailleur à temps partiel par choix), venu de deux mots empruntés : furī (フリー « free » de l'anglais comme dans furīransu フリーランス « freelance ») et arubaitā (アルバイター travailleur à temps partiel de l'allemand Arbeit « travail »).

Le dictionnaire Kōjien pratiquait une politique de censure avant qu'il ne devienne politiquement correct (voir kotobagari), et omettait les mots tabous comme les termes sexuels ou offensants. Il incluait de l'information encyclopédique sous forme de 2 700 illustrations et cartes, et des mini-biographies de personnalités (étrangers vivants ou décédés, mais seulement décédés pour les Japonais). Les annexes comprenaient des notes sur la grammaire japonaise, des kanji aux lectures diffiles, les calendriers japonais et grégorien, et une liste des acronymes gairaigo.

Tom Gally (1999) indiquait « le Kōjien est un très bon dictionnaire avec une réputation exceptionnelle. Parce qu'il donne des définitions dans un ordre historique, il est le meilleur choix de volume unique pour ceux qui s'intéressent à l'évolution temporelle de la signification des mots. » Cependant, il note : « selon mon expérience de traducteur du japonais contemporain, j'ai trouvé le Kōjien moins utile que le Daijirin. »

Références

Références citées

  1. a, b et c (ja) 「うざい」「いけ面」も登場、広辞苑10年ぶり改訂, Yomiuri Shimbun, 23 octobre 2007. Consulté le 24 octobre 2010.

Autres références

Lien externe


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Kōjien de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Поможем написать реферат

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Kōjien — The , a professor of linguistics and Japanese at Kyoto University. He was born in Yamaguchi Prefecture and graduated from Japan s elite Tokyo University, where he was a student of . After studying in Germany, Ueda taught comparative linguistics… …   Wikipedia

  • Daijirin — The Daijirin (大辞林?, Great forest of words ) is a comprehensive single volume Japanese dictionary edited by Akira Matsumura (松村明?, Matsumura Akira, 1916–2001), and first published by Sanseido Books …   Wikipedia

  • Nihongo Daijiten — The Nihongo Daijiten (日本語大辞典?, Great dictionary of Japanese ) is a color illustrated Japanese dictionary edited by Umesao Tadao (梅棹忠夫, 1920 ) and published by Kodansha in 1989 and 1995 (2nd edition). Contents 1 History …   Wikipedia

  • Historical kana usage — The nihongo|historical kana usage|歴史的仮名遣|rekishiteki kanazukai refers to a kanazukai (system of spelling the Japanese syllabary) that is antiquated, because it is no longer in accord with the Japanese pronunciation nowadays. It differs from… …   Wikipedia

  • Yamanote — The traditional name for the affluent, upper class areas of Tokyo west of the Imperial Palace, especially Bunkyō ku and Shinjuku ku. [Kōjien Japanese dictionary] [ [http://ja.wikipedia.org/wiki/%E5%B1%B1%E3%81%AE%E6%89%8B 山の手] , Japanese… …   Wikipedia

  • Japanese dictionary — Japanese dictionaries have a history that began over 1300 years ago when Japanese Buddhist priests, who wanted to understand Chinese sutras, adapted Chinese character dictionaries. Present day Japanese lexicographers are exploring computerized… …   Wikipedia

  • Oshō — is the Japanese reading of the Chinese he shang (和尚), meaning a high ranking Buddhist monk or highly virtuous Buddhist monk. It is also a respectful designation for Buddhist monks in general and may be used with the suffix san. According to the… …   Wikipedia

  • Daijisen — The Daijisen (大辞泉?, Great fountain of knowledge(wisdom)/source of words ) is a general purpose Japanese dictionary published by Shogakukan in 1995 and 1998. It was designed as an all in one dictionary for native speakers of Japanese, especially… …   Wikipedia

  • Historical kana orthography — The historical kana orthography (歴史的仮名遣, rekishiteki kanazukai?), or old orthography (旧仮名遣, kyūkanazukai …   Wikipedia

  • Chashitsu — The tea house known as Yugao tei. Kanazawa, Japan. In Japanese tradition, architectural spaces designed to be used for tea ceremony (chanoyu) gatherings are known as chashitsu (茶室, literally tea rooms ).[1] The architectural style that develop …   Wikipedia

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”