Kinsey 6, journal des années 80

Kinsey 6, journal des années 80
Auteur	Didier Lestrade
Genre	Journal intime
Pays d'origine	France
Éditeur	Denoël
Date de parution	2002
Type de média	Livre
Nombre de pages	357
ISBN	2-207-25219-1
Chronologie
Act Up, une histoire	The End

Kinsey 6, journal des années 80 est le journal de Didier Lestrade, leader homosexuel, fondateur du mouvement Act Up. Ce journal recouvre la période de janvier 1981 à septembre 1986, début des années SIDA en France. Publié en 2002, le journal comporte une préface dans laquelle l’auteur raconte son enfance et son adolescence provinciales et d’une post-face. Il comprend également un index des personnalités mentionnées. Cet ouvrage est important pour la compréhension de la période.

Aux débuts des années 1980, Didier Lestrade est journaliste, il fonde sa revue Magazine. Il est alors au cœur du milieu homosexuel underground de l’époque et fréquente ses célébrités : des pages de son journal sont notamment consacrées à sa relation avec Jimmy Somerville. L’ouvrage relate ses rencontres multiples et évoque la vie et les lieux mythiques de ce milieu (Le Palace, Le Pim's…). Au fil des pages, l’auteur se découvre : énergie artistique et professionnelle, affirmation homosexuelle. Le mot SIDA n’apparaît encore qu’en filigrane, les pages sont l’instantané des derniers moments d’insouciance, l’instant d’avant l’épidémie.

Commentaires

• Ce journal couvre une période courte choisie par l’auteur. L’arrêt du journal s’explique vraisemblablement par l’engagement total de son auteur dans la lutte contre l’épidémie. Des raisons plus intimes sont peut être à rechercher. Pour combattre et survivre, la mort doit être tenue à distance, il n’y a donc pas de place pour la tristesse et la douleur. L’auteur laisse ces pages en souffrance.
• La postface peut surprendre par sa violence, elle doit être replacée dans son contexte. L’auteur fait face à une radicalisation des positions de ses adversaires or l’épidémie a décimé un nombre considérable de ses amants, amis et alliés. Il a beaucoup perdu, le travail de deuil est difficile, il laisse éclater sa colère.
• Au fil des pages le texte évolue : la relation de l’auteur avec Hervé Gauchet, à la fin de l’ouvrage, est décrite d’une manière plus érotique et plus sentimentale.

Citations

• « … j’ai commencé à avaler méthodiquement les aspirines en réalisant que j’étais trop jeune et impatient pour me demander vraiment ce qu’il y avait au-delà. J’ai fait un gros black-out mystique. »
• « …cette idée que je trouve pourtant ridicule mais que je ressens, que la douleur, la tristesse ne sont pas nécessairement les bonnes manifestations du deuil »
• « Hervé et moi parlons comme des cons sur les marches d’un immeuble jusqu’à deux heures du matin, beaucoup de choses qu’on s’était jamais dites, à la fois des déclarations cachées et des regrets… »

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