Jean Chortasménos

Jean Chortasménos

Jean Chortasménos (grec : Ίωάννης Χορτάσμενος), né vers 1370 et mort le 4 octobre 1431, est un savant et religieux byzantin du début du XVe siècle.

Sommaire

Éléments biographiques

Il était notaire patriarcal à Constantinople en 1391, et devint proche du savant Michel Balsamon (protonotaire jusqu'en 1397, puis πρωτέκδικος, c'est-à-dire avocat de l'Église, et διδάσκαλος καθολικός de l'École patriarcale). Sur l'ordre du patriarche Matthieu Ier, Balsamon enseigna la géométrie et sans doute l'astronomie à Chortasménos, qui le tenait en très haute estime. Entre 1407 et 1410 environ, Chortasménos fut nommé à son tour διδάσκαλος καθολικός: sous ce titre (litt. « professeur universel »), Balsamon enseignait à la fois les έλληνικά μαθήματα (les disciplines profanes, c'est-à-dire la logique, la rhétorique, les sciences du quadrivium et les sciences naturelles) et les ίερά γράμματα (l'exégèse biblique); Chortasménos, quant à lui, semble avoir peu touché à la théologie et à l'exégèse. Son enseignement se fit peut-être au Xénôn du Kral, où l'empereur Manuel II avait installé une sorte d'université appelée Katholikon Didaskaleion (ou Mouseion). Il eut parmi ses élèves Marc Eugénikos, Georges Scholarios et Basilius Bessarion (en 1417-1418).

A une date incertaine après 1410, il reçut la tonsure monastique sous le nom d'Ignace. Vers 1425, il devint métropolite de Sélymbrie, et peut-être son état de moine ne fut-il, selon la coutume de l'époque, qu'une période de préparation à l'épiscopat.

Activité

Jean Chortasménos fut un bibliophile et copiste de manuscrits prolifique et un professeur zélé. Il a copié en totalité ou en partie sept manuscrits conservés, et vingt autres gardent de lui de petits textes ou des annotations marginales.

L'objet principal des cours de Chortasménos fut la Logique d'Aristote (les traités formant l'Organon), qu'il a enseignée notamment à Scholarios et à Bessarion. Le manuscrit autographe Vindob. suppl. gr. 75 contient une « métaphrase » au livre II des Seconds Analytiques, texte mouvant complété par des gloses et annotations inter-linéaires et marginales, qui était un support d'enseignement. Le Lovianensis De Wulf-Mansion Centrum, également copié de sa main, contient des scholies et extraits de commentaires des Premiers et Seconds Analytiques et des Topiques, notamment d'Alexandre d'Aphrodise, de Thémistios, de Jean Philopon, de Michel Psellos, de Théodore Prodrome, de Léon Magentinos de Mitylène (XIVe siècle) et de Chortasménos lui-même.

On lui doit aussi une énorme compilation de textes astronomiques, réalisée entre 1404 et 1413, le Vat. gr. 1059, qui est également le reflet de ses cours: elle contient le Petit Commentaire de Théon d'Alexandrie, l'Hypotypose de Proclus, le Traité sur l'astrolabe de Jean Philopon, des extraits de la Syntaxe de Ptolémée, de textes d'Étienne d'Alexandrie, d'Isaac Argyre, de Théodore Méliténiotès[1], ces textes étant d'ailleurs mélangés, les exemples modifiés, et le tout étant entremêlé d'une foison de scholies, de notes et d'exercices. Dans le Paris. gr. 2399, antérieur au manuscrit précédent, il avait rassemblé un grand nombre de scholies anciennes sur le Petit Commentaire de Théon. Il a utilisé aussi comme manuel d'astronomie une version primitive de celui qui est attribué à Gemiste Pléthon (le « Proto-Pléthon »), qu'il a copié lui-même dans le Vat. Urb. gr. 80 et fait copier par son collaborateur Léon Atrapès dans le Marc. gr. 336; ce « Proto-Pléthon » pourrait être d'ailleurs, soit de Pléthon, soit de Chortasménos, soit de Balsamon. Dans le Paris. gr. 2342, Chortasménos a rédigé plusieurs pages d'annotations aux Éléments d'Euclide.

Jean Chortasménos est également célèbre auprès des bibliophiles pour le soin qu'il a pris de certains manuscrits: ainsi, en 1406, il fait réaliser une nouvelle reliure pour le fameux « Dioscoride de Vienne » (Vindob. med. gr. 1), et y transcrit les textes en écriture minuscule, l'onciale étant devenue illisible pour les médecins de son temps. Une discussion entre spécialistes a également eu lieu sur sa possible intervention sur le Vat. gr. 1209 (le plus vieux manuscrit de la Bible, passé de Constantinople à Rome entre 1443 et 1475)[2].

En dehors de ces travaux, Jean Chortasménos a laissé aussi des textes courts dans les domaines de la rhétorique et du droit, des poèmes et des lettres.

Bibliographie

  • Herbert Hunger, Johannes Chortasmenos (ca. 1370-ca. 1436/37). Briefe, Gedichte und Kleine Schriften. Einleitung, Regesten, Prosopographie, Text, Wiener Byzantinische Studien 7, Vienne (Autriche), 1969.

Notes

  1. Au regard d'un passage de la Tribiblos de Méliténiotès (livre II, ch. 23), on trouve cette annotation marginale (fol. 337v): « assez de sottise » (τέλος τής ματαιότητος), témoignage de sa lecture critique des textes.
  2. Voir Theodore Cressy Skeat, « The Codex Vaticanus in the fifteenth century », in The Collected Biblical Writings of T. C. Skeat, éd. J. K. Elliott, Brill, Leyde, 2004.
  • Portail du monde byzantin Portail du monde byzantin

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Jean Chortasménos de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужно сделать НИР?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Jean Argyropoulos — Pour les articles homonymes, voir Argyropoulos. Jean Argyropoulos (v. 1395, Constantinople 1487, Rome) (en grec : Ιωάννης Αργυρόπουλος, Ioannis Argiropoulos, en italien : Giovanni Argiropulo) est un lettré byzantin, philosophe et… …   Wikipédia en Français

  • ИОАНН ХОРТАЗМЕН — [Хортасмен; греч. ᾿Ιωάννης Χορτασμένος] (ок. 1370 ок. 1436/37, К поль), в монашестве Игнатий (᾿Iϒνάτιος), визант. ученый, митр. Силимврии. Выходец из небогатой семьи; получил блестящее светское образование. В 1391 1415 гг. служил нотарием в… …   Православная энциклопедия

  • Marc d'Éphèse — Saint Marc d Éphèse Saint Marc d Éphèse (en grec : Μάρκος Ευγενικός, le « Vertueux ») est un archevêque d Éphèse connu pour sa défense farouche de l orthodoxie au concile de Florence (1438 1445) face à l empereur byzantin Jean VIII …   Wikipédia en Français

  • Université de Constantinople — L Université de Constantinople est la dénomination regroupant les institutions d enseignement supérieur qui existèrent dans la ville de Constantinople au cours de la période byzantine, bien qu on ne puisse pas dire qu il y ait eu une continuité… …   Wikipédia en Français

  • Liste der Biografien/Chk–Chz — Biografien: A B C D E F G H I J K L M N O P Q …   Deutsch Wikipedia

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”