- Jardin de Ridván
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Le jardin de Ridván (littéralement « jardin du paradis »), ou jardin Najibiyyih[1], était un jardin boisé situé dans ce qui est aujourd'hui l'arrondissement Rusafa de la ville de Baghdad, au bord du Tigre. Le jardin est principalement connu comme étant le lieu où Bahá'u'lláh, fondateur de la foi Bahá'íe, séjourna douze jours, du 21 avril au 2 mai 1863, après qu'il eut reçu l'ordre de l'Empire Ottoman de s'exiler à Constantinople. Durant son séjour dans le jardin, Bahá'u'lláh annonça à ses adeptes qu'il était « celui que Dieu rendra manifeste », la figure messianique dont le Báb avait prévu la venue. Ces événements sont rappelés de façon annuelle durant le festival de Ridván[1].
Sommaire
Emplacement et apparence
Le jardin était situé dans un champ agricole au nord des murs de la ville de Baghdad, à peu près de 450 m de la porte nord, dite "Mu'azzam". Située sur la rive est du Tigre, dans ce qui est maintenant le quartier Bab al-Mu'azzam de l'arrondissement Rusafa de la ville de Baghdad, il se trouvait en face du quartier sur la rive ouest où vivait Bahá'u'lláh durant son séjour à Baghdad[1],[2].
Durant les années 1850, des agents de la marine de l'Inde réalisèrent un plan de la ville montrant l'emplacement du jardin adjacent à la citadelle. Le plan décrit un jardin à quatre avenues se rejoignant dans une place circulaire au centre. Une structure est indiquée au bord du jardin en face du fleuve, possiblement le palais du jardin[3]. Les témoignages tirés des écrits Bahá'ís décrivent le jardin comme étant boisé[1], ayant "quatre avenues bordés de fleurs" pleines de roses[4]. Celles-ci étaient cueillies chaque jour par des jardiniers durant le séjour de Bahá'u'lláh, et empilés dans sa tente, pour donner aux visiteurs durant chaque journée. "Si grand était la pile," décrit le chroniqueur Nabíl-i-A`zam, "que lorsque ses companions se rassemblaient pour boire leur thé matinal, ils seraient incapables de se voir les uns les autres à travers."[4] Les rossignols auraient été nombreux à chanter vivement dans le jardin. Leur chant, ensemble avec le parfum des roses, aurait "créé une atmosphère de beauté et d'enchantement."[2] Au bord du fleuve, en amont du palais du jardin, se trouvait un espace ouvert où les compagnons de Bahá'u'lláh auraient levé une tente pour lui, autour de laquelle d'autres tentes seraient levées pour sa famille[1].
En quittant la ville pour Constantinople, la caravane de Bahá'u'lláh était due à passer par la porte nord de la ville, faisant du jardin un point de rassemblement idéal. L'accès au jardin dès la rive ouest du Tigre se faisait par bateau traversier (comme était le cas de Bahá'u'lláh) ou par "pont flottant"[1] (comme était le cas du gouverneur et les autres visiteurs et compagnons qui suivèrent[1],[2].
Histoire
Le jardin Najibiyyih, tel qu'il était connu d'abord, prit son nom du wali (gouverneur) de Baghdad, Muhammad Najib Pasha (1842-1847). Najib Pasha avait construit le jardin à l'emplacement d'un terrain agricole, juste en dehors des murs de la ville[5]. Bien que Najib Pasha décéda en mai 1851, le jardin est sans doute resté en possession de ses héritiers lors de la visite de Bahá'u'lláh en avril-mai 1863[1].
Malgré son importance pour la communauté bahá'íe, le jardin ne lui a jamais appartenu. Le gouvernement acheta le jardin en 1870, il fut utilisé comme maison d'hôte pour le souverain d'Iran, Nasruddin-Shah, responsable de l'emprisonnement et de l'exil de Bahá'u'lláh[4], lors de sa visite à Baghdad en 1870. Le jardin a été modifié durant la gouvernance d'Ahmad Shafiq Midhat Pasha, wali de Baghdad de 1869 à 1872, qui a fait niveler la route d'accès et construire une nouvelle route d'à peu près de 400–500 m de longueur[5]. Le jardin a été rasé au début du XXe siècle pour faire place à l'hôpital Royal. Un complexe médical, la Cité Médicale de Baghdad, occupe à présent le site[1].
Ridván
Après avoir été emprisonné en Perse pour son implication avec la communauté Babiste, Bahá'u'lláh fut exilé à Baghdad par le Shah de Perse, Nasruddin-Shah, arrivant en printemps 1853. Durant les dix ans prochains, l'influence de Bahá'u'lláh grandit tellement que le gouvernement Persan craigna qu'il menacerait leur souveraineté même aussi loin que Baghdad. En réponse, l'ambassadeur Persan à Constantinople insista que Bahá'u'lláh soit banni plus loin, demande à laquelle le gouvernement Ottoman accéda à la longue[1].
Bahá'u'lláh arriva au jardin Najibiyyih le 22 avril, 1863, pour recevoir des visiteurs et permettre sa famille de préparer pour le voyage à Constantinople. Il traversa le Tigre en petit bateau traversier, accompagné de ses fils Abdu'l-Baha, Mirza Mihdi, et Mirza Muhammad Ali, son secrétaire Mirza Aqa Jan, et certains autres[2]. Suivant leur arrivée au jardin, Bahá'u'lláh annonça pour la première fois sa mission et sa station à un petit groupe de ses fidèles proches. Durant les onze jours prochains, il reçut de nombreux visiteurs, y compris le gouverneur de Baghdad. La famille de Bahá'u'lláh, n'ayant pas pu se joindre à lui jusqu'au 9e jour dû à la crue des eaux du Tigre, arrivèrent au jardin le 30 avril. Au 12e jour, Bahá'u'lláh, sa famille et ses compagnons quittèrent le jardin pour commencer leur voyage vers Constantinople[1],[2].
C'était Bahá'u'lláh qui a donné au jardin le nom de Ridván ("paradis") durant sa visite, et par la suite, le nom était donné au festival de Ridván (dit le « Roi des Festivals »[6]), qui fête ses douze jours au jardin, du 21 avril au 2 mai[1]. Certains jours du festival fêtent des événements majeurs de la visite de Bahá'u'lláh: le premier jour fête son arrivée; le 9e jour, l'arrivée de sa famille; et le 12e jour, son départ pour Constantinople. Ces trois jours sont des fêtes Bahá'íes importantes, lors desquels le travail doit être suspendu[2],[6].
Références
- (en) John Walbridge, Sacred Acts, Sacred Space, Sacred Time, Oxford, UK, George Ronald, 2005, poche (ISBN 978-0-85398-406-1) (LCCN 96226998) [lire en ligne], « Ridvan »
- (en) Adib Taherzadeh, The Revelation of Bahá'u'lláh, Volume 1, Oxford, UK, George Ronald, 1976, poche (ISBN 978-0-85398-270-8) [lire en ligne], p. 259
- Baghdad. Encyclopedia Britannica, 10th ed. 1902. Henry Creswicke Rawlinson.
- (en) Shoghi Effendi, God Passes By, Wilmette, Illinois, USA, Bahá'í Publishing Trust, 1944 (ISBN 978-0-87743-020-9) [lire en ligne]
- Ottoman centralization and modernization in the province of Baghdad, 1831-1872. Ebubekir Ceylan. 2006.
- (en) Universal House of Justice, The Kitáb-i-Aqdas, Wilmette, Illinois, USA, Bahá'í Publishing Trust, 1992 (ISBN 978-0-85398-999-8) [lire en ligne], « Notes », p. 213–225
- (en) P. Smith, A Concise Encyclopedia of the Bahá'í Faith, Oxford, UK, Oneworld Publications, 1999, poche (ISBN 978-1-85168-184-6) (LCCN 00273030)
Lecture continue
- The Story of Ridván, Holy Day Stories, 2009-04-20. Consulté le 2011-04-23
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