- Inégalités de revenus entre hommes et femmes
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Les inégalités de revenus entre les hommes et les femmes fait l’objet d’un débat entre scientifiques, sociologues et économistes pour quantifier la part qui revient à la différence biologique entre les sexes, à des préférences économiques (le nombre d’heures travaillées) ou à la discrimination sexiste.
L’Observatoire des inégalités, constatant les inégalités de salaires entre femmes et hommes en France a tenté de les quantifier[1]. Selon ses chercheurs, l’écart global est de 27 % et se répartit entre :
- 13,3 % dû au temps de travail : les femmes sont cinq fois plus souvent en temps partiel que les hommes, leur revenu tous temps de travail confondu est logiquement inférieur (de 7,5 %) ; les hommes font plus souvent des heures supplémentaires (ce qui explique 5,8 % de différence)
- 3,7 % est dû à des différences de poste (cadre, employé, ouvrier), d’expérience, de qualification et de diplôme et de secteur d’activité (éducation ou finance)
- 9,7 % restent inexpliqués (ou attribués au sexisme).
Sommaire
En France
En 2009, le salaire mensuel net moyen d’un homme travaillant à temps complet s’élevait à 2 240 euros, tandis que celui d’une femme était de 1 834 euros, soit un salaire inférieur de 18,1 % à celui de son collègue masculin[2].
Évolution des salaires mensuels nets moyens Année 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 Salaire hommes (euros) 1 825 1 870 1 905 1 943 1 983 2 037 2 075 2 145 2 217 2 240 Salaire femmes (euros) 1 459 1 500 1 534 1 561 1 599 1 652 1 683 1 736 1 795 1 834 Salaire femmes
en % du
salaire hommes79,9 80,2 80,5 80,3 80,6 81,1 81,1 80,9 81,0 81,9 Dans le monde
Un rapport des Nations Unies[3] montre qu’en 2004, les femmes travaillant dans le secteur manufacturier ont, presque partout dans le monde, un salaire inférieur à leur homologues masculins indépendamment de leur âge, de leur expérience et d’autres facteurs. Au Royaume-Uni, leur salaire moyen est de 79 % de celui d’un ouvrier, au Japon de 60 %, en France de 78 %, en Allemagne de 74 %. Dans les pays développés, la Scandinavie se distingue par sa (toute) relative égalité puisque les ouvrières gagnent 87 % autant qu’un homme au Danemark ou 91 % en Suède. Parmi les pays les plus inégalitaires, le Botswana et le Paraguay avec 53 %. Parmi les pays où l’inégalité est inversée, se trouvent la Suisse (133 %) et le Qatar (194 %)[4].
Plus récent, un rapport commandé par la Confédération syndicale internationale[5] montre qu’en 2008 l’écart moyen des soixante-trois pays recensés est de 15,6 % (le salaire d’une femme se monte en moyenne à 84,8 % de celui d’un homme). Ces statistiques excluent le secteur informel.
Le plafond de verre
Article connexe : Plafond de verre.Moins bien payées, les femmes sont aussi moins souvent promues à des postes de direction et bénéficient par conséquent moins souvent que les hommes des salaires supérieurs qui vont avec. La Gazette des communes[6] offre l’image statistique désolante de l’inégalité hommes-femmes au sein de la fonction publique française. Les femmes représentent 59,1 % des fonctionnaires, avec une pointe à 77 % dans la fonction publique hospitalière, suivie de l’Éducation nationale. Au total, toutes administrations confondues, elles occupent 16 % des emplois de direction, le taux le plus faible étant à l'Éducation nationale où seulement 11,3 % des femmes participent à la direction. L’État français donne ainsi l'image caricaturale de la femme nourricière, soignante, éducatrice mais soumise à l'homme quand il s'agit de prendre des décisions, de diriger, de commander.
Paradoxalement, aux États-Unis comme en France les diplômés des MBA sont en grande partie des femmes (à 43 % pour les États-Unis[7]) mais 1,5 % des PDG sont des dirigeantes et au sein des 1500 plus grosses entreprises américaines, elles ne représentent que 2,5 % des postes les mieux payés.
D’une étude statistique[7] faite sur 2000 diplômés du MBA de l'université de Chicago, il ressort que :
- les femmes sont moins nombreuses à suivre le cursus Finance, or ce cursus est fortement corrélé avec une forte rémunération.
- même sans enfants, les femmes travaillent moins (un tout petit peu moins) que les hommes, mais cumulé sur quinze ans de carrière, cela équivaut à un écart temporel de six mois.
- les femmes sont plus enclines à interrompre leur carrière : seuls 10 % des hommes contre 40 % des femmes ont fait un break de plus de six mois. Le « handicap » représenté par le fait de faire des enfants et de s’en occuper explique une partie de l'écart mais pas tout.
Ce qui est valable, en général, pour les MBA américains l’est aussi, en particulier, pour la plus prestigieuse des écoles de commerce français, HEC. Comme le constate une diplômée : « Le problème, c'est que dans les qualités intrinsèquement attribuées aux femmes, la modestie, la discrétion et même le silence sont leur lot. Si une femme demande une promotion, elle enfreint plusieurs de ces attributs féminins : elle cesse d'être modeste en pensant qu'elle mérite une promotion, elle prend la parole (au lieu de garder le silence). In fine, elle se verra reprocher son ambition « démesurée », une agressivité « déplacée » - alors que pour un homme, il est considéré comme normal - voire positif - de demander une promotion. » D’où la création, au sein de l’association des anciens élèves, d’HEC au Féminin[8] pour offrir des outils de carrière - parfois très concrets comme « comment demander une promotion » ou organiser des rencontres avec des managères qui peuvent servir de modèles.
Pour lutter objectivement contre ce plafond de verre, des chercheurs de McKinsey ont démontré qu’une entreprise dont la direction est féminisée est plus performante[9].
Explications non-sexistes
Une étude réalisée par des économistes béhavioristes[7] a montré que les femmes sont moins motivées à gagner de l'argent. Le mythe de la jeune louve aux dents longues n'a jamais existé et n'existera sans doute jamais…
Cette différence de motivation pourrait, selon certains auteurs, aussi être liée au fait que les femmes sont, pour des raisons culturelles, le plus souvent mariées à des hommes qui peuvent subvenir à leurs besoins financiers, et pour qui cette différence de revenus entre le mari et la femme constitue la raison d'être du mariage. Dans ces conditions, la femme est confrontée à des impératifs financiers moins prenants, ce qui tend à la rendre moins exigeante lors de la négociation salariale.
Sexisme
Cet écart de motivation n'explique pas non plus tout. Comme le constate l’INSEE, « Pendant leurs six premières années de vie active, les hommes ont des salaires médians supérieurs de 10 % à ceux des femmes : 1 380 euros par mois, toutes primes comprises, pour les hommes et 1 260 euros pour les femmes en 2008[10]. »
Notes et références
- Les inégalités de salaires hommes-femmes : du temps de travail aux discriminations. On lira à ce titre la piquante constatation que les écarts de salaires sont présentés d’un « point de vue masculin » qui minimise l’inégalité : si une femme gagne 27 % de moins qu’un homme, un homme gagne… 37 % de plus qu’une femme !
- Salaires mensuels moyens et répartition des effectifs selon le sexe
- Statistiques et indicateurs sur les hommes et les femmes : tableau 5g Salaire des femmes relatif aux hommes (Women's wages relative to men's), United Nations Statistics Division, 22 avril 2005
- Pour ce richissime pays pétrolier, la situation s’explique sans doute par le fait qu’une part importante de la population active est immigrée et masculine, issue d’Inde, du Pakistan, etc. et que la qatarisation de l’économie « force » les entreprises à embaucher des travailleurs locaux, dont des femmes, et que ceux-ci bénéficient d’avantages salariaux supérieurs aux immigrés.
- Chubb, C Melis S, Potter L and Storry R eds International Trade Union Confederation Reports 2008, The Global Gender Pay Gap, Brussels
- 23 mars 2009, p. 10
- Steven Levitt & Stephen J. Dubner, Super Freakonomics, Denoël, Paris, 2010, p. 72 et suivantes.
- HEC au féminin
- Women matter.
- Femmes et hommes en début de carrière, rapport de l’INSEE, février 2010
Articles connexes
Catégories :- Socioéconomie
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- Droit des femmes
- Place socio-historique de l'homme
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