- Honneur (fief)
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Un honneur est une composante de la féodalité ; il s'agit au Moyen Âge en France et en Grande-Bretagne d'un fief possédé à l'origine par l'un des barons d'un prince ou d'un roi. Il comprend généralement un domaine principal, auquel appartiennent plusieurs « extensions » plus petites dispersés dans la principauté ou royaume du suzerain dont il dépend. D'une manière générale, le terme d'honneur désignait l'ensemble des terres d'un puissant seigneur[1].
Sommaire
Origines
Le détenteur de ce type de fief était soumis à l'origine de l'institution féodale à l'obligation d'être fait chevalier à l'âge de 21 ans ou au moment d'hériter du fief. La possession d'un honneur, souvent une baronnie, obligeait le seigneur à servir à l'ost de son souverain avec 20 - et plus souvent 10 - chevaliers dépendants de lui, et tenants un fief de haubert. Les chevaliers servant sous ce fief étaient dits « chevaliers de l'honneur de ... » (milites de honore de...) [2]
D'une manière générale, les honneurs concédés à des institutions ecclésiastiques ne devaient pas servir l'ost (notamment lorsqu'ils appartenaient à des abbayes). En revanche, certains honneurs attachés à des évêchés y étaient habituellement soumis.
Démembrement
En Normandie, en cas d'héritage de filles, les honneurs pouvaient être démembrés, comme pour les fiefs de haubert, en autant de parts que d'héritières. Un honneur devant un service de dix chevaliers et partagé en deux part formait deux honneurs devant chacun cinq chevaliers. Cependant, pour éviter un trop grand affaiblissement des fiefs relevant directement du suzerain...
Service de chevaliers
Au point de vue militaire, la qualité d'honneur obligeait son titulaire à se rendre à l'ost du ban accompagné de son arrière-ban. En effet, les barons possédant ces honneurs permettaient au duc ou prince dont ils dépendaient de garantir la sécurité de sa principauté. Ils formaient des lignages puissants qui fournissaient par ailleurs des prélats et des hommes de mains proches du pouvoir.
En Normandie
Le terme d'honneur disparut progressivement des usages, remplacé généralement par celui de seigneurie ou de baronnie. En 1204, plusieurs honneurs, qui appartenaient à des seigneurs normands qui avaient préféré rester au service du roi d'Angleterre, furent confisqués et attachés de facto au domaine royal (honneurs du Plessis, d'Aubigny, de Bohon ou de Montbray par exemple, dans le Cotentin). Ces anciens honneurs ne furent pas tous inféodés de nouveaux par le nouveau pouvoir ducal, mais affermés à des puissants seigneurs, en fieffermes.
En Angleterre
Le terme d'honneur fut utilisé de manière plus durable, notamment pour désigner les domaines créés par le pouvoir royal normand au profit de la nouvelle aristocratie normande. L'honneur de Richemont par exemple, avait été concédé à Alain le Roux, dont la descendance l'apporta aux ducs de Bretagne.
Notes et références
- Hélène Débax, La Féodalité languedocienne, XIe-XIIe siècles : Serments, hommages et fiefs dans le Languedoc des Trencavel [détail des éditions] [présentation en ligne], p. 179 .
- Henry Basnage, Coutume réformée du pays et duché de Normandie, Rouen, 1678, chapitre CLVI.
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