Gustave-Henri Jossot

Gustave-Henri Jossot
Gustave-Henri Jossot

Nom de naissance Gustave-Henri Jossot
Naissance 16 avril 1866
Dijon, Côte d'or (France)
Décès 7 avril 1951 (à 84 ans)
Sidi Bou Saïd (Tunisie)
Nationalité française

Gustave-Henri Jossot, né à Dijon le 16 avril 1866 et mort à Sidi Bou Saïd le 7 avril 1951, est un dessinateur, caricaturiste, peintre, affichiste et écrivain français.

Sommaire

Biographie

Gustave-Henri Jossot, enfant, ne semble guère être prédisposé à une carrière de satiriste. Son caractère frondeur le pousse à braver régulièrement toute autorité, qu'elle soit paternelle ou scolaire. Son père veuf se remarie à une femme qu'il n'apprécie pas et le pousse à devenir officier de marine. Il proteste, fait un enfant avec la lingère de la famille et l'épouse à la mort de son père[1]. Après la mort de sa mère puis de son père, sa fille meurt à son tour d'une méningite. Profondément marqué, il plonge encore plus dans sa passion, le dessin.

Jossot commence sa carrière de dessinateur de presse en 1886 dans la presse locale. À l'opposé de Grandjouan, il n'est pas un dessinateur engagé[1]. Sa carrière le conduit à Paris où il fréquente entre autres les artistes symbolistes de Pont-Aven[1]. À cette époque, au début des années 1890, Paris flotte entre la crise du boulangisme à peine terminée et le scandale de Panamá qui s'amorce (1893), faisant de la capitale française le centre de la caricature[2]. Dès ses débuts dans la caricature, il trouve son style tout en arabesques, courbes, pré-art déco, qui peut-être assimilé aux Nabis (grands aplats colorés du japonisme), la parodie en plus[1]. Son trait est donc particulièrement reconnaissable. Jossot commence sa carrière de dessinateur de presse vers 1892 en humoriste encore consensuel dans La Caricature et La Butte.

Jossot présente en 1894 au Salon des Indépendants des caricatures aquarellées qui intéressent Léon Maillard, directeur de la revue La Plume alors considérée comme « une véritable machine à légitimer les jeunes talents »[2]. Cela lui permet alors de multiplier les expositions comme au Salon des Cent (1894, 1895), au Salon de la société nationale de beaux-arts (1895), au Salon d'automne (1908, 1909, 1911) ou encore au Salon des indépendants (1894, 1896, 1910, 1911, 1921). Léon Maillart dit de lui que « les arabesques du trait sont les ondes rythmiques du mouvement, et vibrent pour le pauvre être dépossédé[2]». Jossot se rend compte de la possibilité d'atteindre par l'esthétique de la déformation un effet subversif et politiquement engagé.

Entre 1897 et 1899, Jossot entre chez Camis comme affichiste avant de monter son propre atelier[1]. Quand est lancée L'Assiette au beurre, véritable révolution de la presse et du dessin de presse, Jossot fait partie des dessinateurs de base qui partagent alors les mêmes cibles : le patronat, la bourgeoisie, l’armée, le gouvernement, la colonisation, la religion, les mœurs, etc. Son style change : son trait devient épais, les légendes minimales, la simplification est maximale, les masques à la manière de l'ukiyo-e deviennent caractéristiques, il utilise le trait de couleur unique ou l'aplat rouge qui interpellent. Jossot devient une référence, et le reste aujourd'hui encore chez les connaisseurs[1].

En 1911, après avoir voyagé en Tunisie, pays dont il tombe amoureux, il s'y installe définitivement. Au même moment ses amis dessinateurs s'exilent (Grandjouan) ou meurent (Delannoy) et L'Assiette au beurre disparaît. Jouant la provocation jusqu'au bout, il renoue avec le catholicisme avant de se convertir en 1913 à l’islam[3]. Il prend alors le nom d'« Abdul Karim Jossot »[1]. Pacifiste, il ne dessine plus pendant la guerre, et cesse même de peindre. En 1923, il suit le cheik Ahmad al-Alawi sur la voie du soufisme[1]. Il rédige alors Le Sentier d'Allah en 1927, mais finit par s'éloigner de l'islam, renonce à son patronyme musulman et quitte ses vêtements arabes[1].

En 1951, dans ses mémoires Goutte à goutte (jamais édité), il proclame son athéisme retrouvé et meurt la même année dans le dénuement, exigeant qu'une seule personne suive son enterrement[1].

Ses recueils de dessins se moquent souvent de la bourgeoisie, comme leurs titres en témoignent (cf. « Œuvres »).

En 2011, la ville de Paris lui consacra une exposition à la bibliothèque Forney[4].

Œuvres

  • Artistes et Bourgeois Vingt-quatre compositions par Jossot, préface de Willy, Paris, Boudet éditeur, sans date (1896 ?) ; Louis Michaud, 1896
  • Minces de trognes, Paris, Hazard, 1896 ;
  • Jockey-Club sardines, 1897 ;
  • Viande de bourgeois, Paris, Louis Michaud, 1906.
  • Le Fœtus récalcitrant, Le Bouscatéd. Finitude, 2011 (ISBN 978-2-912667-86-1)

Lien externe

Notes et références

  1. a, b, c, d, e, f, g, h, i et j Frémion, « Jossot » dans Fluide Glacial, no 420, juin 2011, p. 22–23.
  2. a, b et c Laurent Bihl, « Jossot, affichiste révolté » dans les Nouvelles de l'estampe, no 235, 2011, p. 70–71.
  3. « La conversion en Tunisie, […] en 1913, du dessinateur anarchiste Gustave-Henri Jossot (1866–1951) de L’Assiette au beurre, devenu Abd el-Karim en islam, est plus obscure quant à sa pérennité. Selon les milieux militants de l’anarchisme, après sa conversion, Jossot serait demeuré « toujours aussi individualiste et révolté, [défendant], dans les journaux, les mariages intercommunautaires [et] une plus grande liberté pour les musulmanes ». Du fait de ces engagements, Jossot aurait finalement renoncé à toute religion et fut enterré civilement. »

    — Michel Renard, « Séjours musulmans et rencontres avec l’islam » in Mohammed Arkoun (dir.), préf. de Jacques Le Goff, Histoire de l’islam et des musulmans en France du Moyen Âge à nos jours, Paris, éd. Albin Michel, 2006 (ISBN 2-226-17503-2), p. 586.

  4. Exposition Jossot 2011, commissaires Michel Dixmier et Henri Viltard.

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