Guillaume-Stanislas Trébutien

Guillaume-Stanislas Trébutien
Guillaume-Stanislas Trébutien
FGS Trebutien.jpg
Naissance 19 octobre 1800
Fresney-le-Puceux
Décès 23 mai 1870 (à 69 ans)
Caen
Nationalité Drapeau de France France
Profession Archéologue, philologue

François-Guillaume-Stanislas Trébutien de la Place, à Fresney-le-Puceux le 19 octobre 1800 et mort à Caen le 23 mai 1870, est un traducteur, orientaliste et éditeur français.

Biographie

Trébutien appartenait à une très ancienne famille normande que sa fidélité aux principes monarchiques et catholiques navait pas enrichie ; sa mère avait , pour lenvoyer à Yvetot recevoir une formation classique quil compléta au collège royal de Caen, ouvrir un cabinet de lecture que son fils laidait à tenir. Infirme de bonne heure par suite dun accident, celui-ci entreprit, tout en offrant à sa clientèle la Quotidienne ou les romans dAnn Radcliffe, détudier seul le persan, larabe et le turc. En quelques années, il en sut assez pour mettre au jour une traduction des Contes extraits du Touti-Nameth, tirée à cinquante exemplaires et, deux ans plus tard, celle des Contes inédits des Mille et une Nuits, qui présente, pour la première fois en français, lessentiel des contes absents dans lœuvre de Galland, extraits de loriginal arabe par lorientaliste autrichien Joseph von Hammer-Purgstall, qui lui avait proposé de traduire la version allemande de sa propre traduction française perdue peu de temps auparavant. Trébutien entretint, durant trente ans et sans lavoir jamais vu, une correspondance scientifique et littéraire fort importante avec Hammer-Purgstall.

En dépit des preuves quil avait données de son savoir, Trébutien ne trouva pas dans cette branche des connaissances humaines lemploi de son activité, et ses activités dorientaliste se limitent à la publication de quelques poèmes damour traduits de larabe et du turc et du persan. Trébutien se rabattit sur le Moyen Âge dont létude avait été remise au gout du jour par des érudits comme Francisque Michel, Achille Jubinal et Le Roux de Lincy. Comme eux, et avec un sens plus raffiné peut-être de la décoration matérielle du livre, il exhuma des manuscrits de la Bibliothèque du roi ou réimprima successivement, chez Silvestre, sans notes ni commentaires, Un Dit daventures (1835, in-8°), pièce burlesque et satirique dans laquelle Sainte-Beuve voyait lorigine de certains passages de lArioste et de Cervantes, le Dit de ménage, pièce en vers du xive siècle (1835, in-8°), le Dit de la Gageure, fabliau (1835, in-8°), le Pas de Salhadin (1836, in-8°), pièce historique en vers relative aux Croisades ; le Dit de trois pommes (1837, in-8°), enfin le Roman de Robert le Diable, en vers du xiiie siècle (1837, in-4°).

Ce ne fut pourtant pas encore le chemin de la fortune pour Trébutien et, après un séjour en Angleterre, il chercha sans plus de succès à tirer parti de ses connaissances, il revint en 1839 à Caen, quil ne devait plus quitter, il fut nommé conservateur-adjoint à la bibliothèque de Caen. Les courants si divers qui agitaient alors les esprits ne lavaient pas laissé indifférent. Eugène de Robillard de Beaurepaire assure quil fut un moment républicain et même saint-simonien, mais il avait eu la velléité dentrer au couvent, et la foi lui revint. Cest de cette époque que date sa liaison avec Barbey dAurevilly qui, alors encore étudiant en droit, publia, dans lunique édition de la Revue de Caen, créée en 1832, sa première nouvelle, intitulée Léa. Le scandale provoqué par Léa et très probablement aussi le manque de subsides eurent bientôt raison de la Revue de Caen, mais Barbey enverra à Trébutien quelque quatre cent vingt-sept lettres de 1833 à 1856, dans lesquelles il le tenait au courant de tout ce qui touchait de près ou de loin à sa vie, à ses œuvres, à ses amitiés. Barbey ne se dissimulait pas limportance future des vingt-trois volumes transcrits par Trébutien, lorsquil appelait cette correspondance « la plus belle plume tombée de son aile », et quil ajoutait : « Le meilleur de moi est dans ces lettres je parle ma vraie langue et en me fichant de tous les publics. »

De son enfance passé dans les livres, Trébutien avait hérité un amour des livre exalté jusquà la ferveur. Selon lui, acheter un beau livre était bien, le publier était mieux. Avec pour tout revenu son misérable traitement de bibliothécaire-adjoint de 900 francs, il réussit lexploit de mettre au jour toute une petite bibliothèque de plaquettes précieuses par leur format, leur typographie, leur contenu, et dont il ne fit jamais commerce. Il donna toute une série de publications normandes. Une réédition du poème du trouvère anglo-normand du XIIe siècle, Robert Wace, sur lÉtablissement de la Conception Notre-Dame ou Fête aux Normands (1842), les Recherches et antiquités de la province de Neustrie, de Charles de Bourgueville, seigneur de Bras, et plus tard un guide archéologique et historique intitulé : Caen, précis de son histoire, ses monuments, son commerce et ses environs (1847 et 1865, in-18), une notice sur lévêque constitutionnel Claude Fauchet, et un fragment sur le Mont Saint-Michel au péril de la mer (Caen, 1841, in-8°), sont dailleurs les dernières publications personnelles de Trébutien. Désormais il ne fut plus quéditeur, mais avec un soin et un raffinement jusque inconnus.

Les ouvrages de Barbey dAurevilly, la Bague dAnnibal (1843), le célèbre traité Du dandysme et de George Brummell (1845) et les Prophètes du passé (1851), quoique portant la rubrique lun de Duprey, à Paris, lautre de B. Mancel, libraire de Caen, et le troisième de Louis Hervé, à Paris, ont bien été exécutés aux frais de Trébutien, et la première page de la Bague proclamait les droits de léditeur bénévole à laffection reconnaissante de Barbey. Tous deux firent des projets pour éditer ses œuvres qui n'aboutirent pas. Une plaquette de vers anglais de Harriet Mary Carey de Rozel, est même due à ses soins : Echoes from the harp of Normandy (Caen, A. Hardel, in-16, 32 p.). Cest dans ce même format quil réunit, en 1854, douze pièces de vers de dAurevilly, sans titre, blasonnées de lécu du maître et dédiées, ou plutôt restituées, comme le dit un envoi daté du 15 août 1853, à celui qui « éditait comme Benvenuto Gellini ciselait ». De toutes les plaquettes caennaises de la bibliographie aurevillienne, celle- est la plus rare et la plus précieuse ; la réimpression quen a donnée Malassis en 1870 sur un exemplaire Trébutien avait transcrit tout un commentaire extrait des lettres du poète, ne lui a rien fait perdre de sa valeur et elle leût gardée alors même queut paru le fameux volume de vers, Poussières. La luxueuse plaquette in-4° de Raymond Bordeaux, les Brocs à cidre en faïence de Rouen (Caen, Leblanc-Hardel, 1869), dont un pichet historié de leffigie de François Trébutien, garde général des Domaines et bois du Roi, avait fourni la principale illustration, est à ranger au nombre de ces ouvrages. Le nom de Trébutien sattache aussi à ceux de Maurice[1] et dEugénie de Guérin dont il édita les Fragments du premier en 1861, et le Journal et lettres de la seconde en 1862.

Les soucis que causait à Trébutien la difficulté dobtenir de bons tirages, une correspondance très considérable qui sétendait jusquen Amérique, quelques rares séjours à Falaise, à Langrune, à Port-en-Bessin, quelques amitiés de vieille date, épargnées par la mort, remplirent ses derniers jours. Décédé à Caen en 1870, il est inhumé au cimetière des Quatre-Nations.

Notes

  1. Celui-ci lavait surnommé « Baron ».

Publications

  • Contes extraits du Touti-Nameth, Paris, Dondey-Dupré, 1826, gr. in-8°
  • Contes inédits des Mille et une Nuits, Paris, Dondey-Dupré, 1828.
  • Caen, précis de son histoire, ses monuments, son commerce et ses environs, 1847, 1855 et 1865, Caen, A. Hardel, in-18, réimp. Brionne, le Portulan, Manoir de Saint-Pierre-de-Salerne 1970.

Sources

  • Maurice Tourneux, Bulletin monumental, vol. 56, 1890, Paris, Alphonse Picard ; Caen, Henri Delesques, 1890, p. 424-33.
  • François Pouillon (dir.), Dictionnaire des orientalistes de langue française, éditions Karthala, 2008, p. 940.

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Guillaume-Stanislas Trébutien de Wikipédia en français (auteurs)

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