Grotte du Vallonnet

Grotte du Vallonnet

La grotte du Vallonnet est un site archéologique situé près de Roquebrune-Cap-Martin, entre Monaco et Menton, en France, qui a été découvert en 1958. On y a découvert des outils en pierre datant entre 1 et 1,05 million d'années, ce qui en fait l'un des sites de peuplement humain les plus anciens connus en Europe[1].

Sommaire

Description

La grotte du Vallonnet est située sur le versant ouest du cap Martin, à environ 800 mètres au-dessus de la baie de Menton, à Roquebrune-Cap-Martin dans le département des Alpes-Maritimes en France. Elle s'ouvre sur le flanc d'un ravin où coule un petit ruisseau, le Vallonnet, qui descend jusqu'à la baie. La montagne est un massif de roches dolomitiques et calcitiques datant du jurassique recouvertes d'un pudding de pierres et de sable durci datant du Miocène. L'entrée de la grotte est étroite et basse et s'ouvre sur un couloir de cinq mètres de long qui débouche dans une salle d'environ quatre mètres de haut.

Découverte

La grotte a été découverte par une jeune fille de 8 ans, Marianne Poire(Van Klaveren), en 1958. Elle visitait régulièrement la grotte et y recueillait des morceaux de calcite. Elle a montré ces morceaux à René Pascal, un employé du casino de Monte-Carlo et préhistorien amateur. Marianne a montré l'entrée de la grotte à ses parents, à Pascal et à plusieurs autres personnes, dont l'historien Louis Barral. Les premières fouilles systématiques ont été réalisées en 1962[2].

Les couches de sédiments

Les fouilles ont découvert cinq couches distinctes de sédiments dans la grotte.

  • La couche I, la plus profonde, est un sol de stalagmites, qui pourrait dater d'entre 1,4 et 1,370 million d'années avant notre ère. L'analyse des pollens trouvés dans cette couche a montré qu'à l'époque la région avait un paysage boisé, où les arbres dominants étaient les platanes.
  • La couche II est composée de sable marin mélangé avec des coquillages et des arêtes de poisson, et date d'un peu plus de 1,05 million années. Les arêtes de poissons ont montré qu'à cette époque, la grotte était baignée par une mer tropicale ou subtropicale. Les pollens quant à eux indiquent que les paysages environnants étaient couverts de forêts de pins et que le climat à cette époque était relativement chaud, avec des hivers doux.
  • La couche III est la couche la plus épaisse avec une épaisseur de 1,5 mètre. Elle est formée de sable mélangés à des pierres et des roches de pudding tombées du plafond de la grotte. On a trouvé dans cette couche de nombreux ossements d'animaux amenés soit par l'homme soit par des animaux prédateurs. Les pollens indiquent un climat plus sec à l'époque, dominé par les bouquets de chênes blancs. Cette couche a été datée par magnétostratigraphie: les études ont montré que la couche datait de la période Jaramillo, de polarité géomagnétique directe, située entre les périodes de polarité géomagnétique inverse de Matuyama. Cela a permis aux archéologues de dater la couche entre 1,050 et 1 million d'années[3]. Il y a environ un million d'années l'entrée de la grotte a été creusée par l'érosion, ne laissant des sédiments que dans la partie la plus reculée de la salle intérieure.
  • La couche IV, formée de débris de stalagmites, a été datée par résonance paramagnétique électronique à entre 900 000 et 890 000 années. Les pollens de cette époque montrent que le climat était beaucoup plus humide et plus frais que le climat actuel.
  • La couche V, la plus superficielle, est composée de différentes couches de sable qui s'est déposé au cours des périodes successives humides qui ont suivi.

Les espèces animales

La couche III contient les renseignements les plus importants sur la vie dans la grotte, une collection d'os d'animaux, et 111 outils simples utilisés par les visiteurs humains. Il semble que la grotte ait été utilisée comme lieu de repas par des grands carnivores, notamment l'ours, la panthère, le tigre à dents de sabre et la grande hyène. Ces prédateurs apportaient dans la grotte des carcasses d'herbivores; cerfs, bisons, petits bovidés, rhinocéros, chevaux et sangliers. Lorsque les prédateurs quittaient la grotte, elle était utilisée par les humains qui y ont laissé leurs outils.

Les ossements de 25 espèces différentes de mammifères ont été découverts dans la grotte, ayant toutes les caractéristiques d'animaux ayant vécu au début du Pléistocène. Outre ceux mentionnés ci-dessus, on a retrouvé des os de jaguar eurasiatique (Panthera gombaszoegensis), de léopard (Acinonyx pardinensis), d'éléphant méridional (Mammuthus meridionalis) et autres. D'autres espèces trouvées dataient du milieu du Pléistocène, comme une des premières espèces de loup (Canis mosbachensis), un des premiers renards (Alopex praeglacialis) et un lynx des cavernes (Lynx spelaea)[4].

Outils

On a trouvé dans la grotte environ 100 outils simples faits par l'homme. La plupart sont en calcaire, moins souvent en grès, avec un petit nombre en quartz ou en silex. Les outils de percussion, ou plus souvent de martèlement, sont les plus fréquents. Il s'agit notamment d'outils de découpage, de mauvaise qualité. Aucun des outils n'a été retravaillé pour améliorer sa qualité. La partie centrale d'un fémur de bison qui a été retrouvé là montre des signes que l'os a été broyé par un outil.

Alors que la plupart des os retrouvés dans la grotte avaient été brisés par les dents des prédateurs, un certain nombre d'entre eux portaient des marques attestant qu'ils avaient été brisés par ces premiers outils. Il semble que les premiers visiteurs humains de la grotte du Vallonnet utilisaient leurs outils de pierre pour briser les os et manger la moelle à l'intérieur.

Il n'y a pas de traces de fumée dans la caverne, le feu n'ayant apparemment pas été encore domestiqué. Il semble que les personnes qui ont visité la grotte ne soient pas principalement des chasseurs, mais plutôt des charognards, qui vivaient de la viande d'animaux tués par des prédateurs. Il n'y a également aucun signe pouvant faire penser qu'ils vivaient dans la grotte[5].

Bibliographie

  • René Pascal, Gisement du Vallonnet, rapport sur le sondage effectué en 1958, XVIe congrès préhistorique de France, 1959.
  • Henry de Lumley, La Préhistoire française. [Les] Civilisations paléolithiques et mésolithiques de la France, Éditions du CNRS, 1976.
  • Henry de Lumley, La Grande Histoire des premiers européens, éditions Odile Jacob, Paris, 2010.

Liens externes

Références

  1. Henry de Lumley, La Grande Histoire des premiers européens, Odile Jacob, Paris, 2010, pg. 131. "La grotte du Vallonnet est bien l'un es plus anciens temoins de la presence de l'homme en Europe, dans un contexte stratigraphique bien daté, avec les sites de Pirro Nord, de Barranco Léon, de Fuente Neuva 3 and de la Sima del Elefante..."
  2. De Lumley, La Grande Histoire des premiers hommes européens, pg. 120.
  3. De Lumley, La Grande Histoire des premiers hommes européens, pg. 123
  4. De Lumley, pg. 126
  5. De Lumley, pg, 130.

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Grotte du Vallonnet de Wikipédia en français (auteurs)

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