- Grand Tibet
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Sommaire
Acception ancienne
On trouve mention de l'appellation « grand Tibet » dans l’encyclopédie de Diderot et d'Alembert, publiée de 1751 à 1772. Il s'agit de l'ancien royaume du Ladakh (aujourd'hui partie de l'état indien du Jammu-et-Cachemire), par opposition au « petit Tibet » ou Baltistan (aujourd'hui partie du Pakistan) [1].
Acception moderne
Selon Elisabeth Martens, de nos jours, si le terme n'est pas utilisé par le gouvernement tibétain en exil et les mouvements pour l'indépendance [2], il l'est cependant par divers tibétologues occidentaux et par le gouvernement chinois.
Lors d'interview en 2008 et en 2010, le Dalaï Lama, répondant à une question a précisé que le terme de « Grand Tibet » est utilisé par la partie du gouvernement chinois, mais que les autorités tibétaines en exil n’utilisent jamais ce terme[3],[4],[5].
Le tibétologue américain Melvyn C. Goldstein emploie l'expression « Grand Tibet » (Greater Tibet) dans son livre The Snow Lion and the Dragon. Selon lui, le gouvernement en exil s'est fermement engagé à re-créer le Grand Tibet, englobant dans une seule unité administrative le Tibet politique et le Tibet ethnographique, en raison du grand nombre de réfugiés issus du Tibet ethnographique et pour éviter le risque d'une scission dans la communauté des exilés[6].
Le sénateur Louis de Broissia qualifie de « Grand Tibet » le « Tibet des trois provinces » : « Le territoire revendiqué par le gouvernement tibétain en exil depuis 1959 correspond au Pö Chölka Sum, c’est-à-dire au « Tibet des trois provinces » : Ü-Tsang, Kham et Amdo. Ce Grand Tibet a une superficie d’environ 3,8 millions de km2, soit sept fois la France. Il représente donc près de 40 % de la superficie de la Chine dans ses frontières actuelles (9,6 millions de km2) » [7].
Dans Le Tibet est-il chinois ?, commentant l'opuscule chinois intitulé Le Tibet, cent questions et réponses[8], on peut lire que les autorités chinoises font référence à une « grande région autonome du Tibet » [9].
Stephanie Roemer, auteur d'un livre sur le gouvernement tibétain en exil, emploie cette désignation : « Selon la Charte des Tibétains en exil, un Tibétain est toute personne née à l'intérieur des frontières du Grand Tibet » [10]. L'expression « Grand Tibet » est cependant absente de la Charte. Son article 8 stipule que « Tous les Tibétains nés dans le territoire du Tibet et ceux nés dans les autres pays seront éligibles pour être des citoyens du Tibet »[11]
Voir aussi
Notes et références
- Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, volume 33, pp. 426-427. Denis Diderot, Jean le Rond d'Alembert,
- Lettre au Monde diplomatique en réponse à l'article de Mathieu Vernerey, Bourgeonnement précoce du printemps de Lhassa, avril 2008, sur le site du Monde diplomatique, Archives, mai 2008 : « L'actuel dalaï-lama et les mouvements pour l'indépendance ne parlent plus de "Grand Tibet", mais de "Tibet historique", il s'agit quasiment de la même surface ». Élisabeth Martens,
- (en) His Holiness the Dalai Lama discusses the recent unrest inside Tibet with the editors of the Financial Times (FT). « "Greater Tibet", now, this very word comes from the Chinese government side. We never state the greater Tibet ».
- Le Tibet survivra-t-il ?, Interview du Dalaï Lama par Chen Yan, traduction par Yang Mei et Marie Holzman, Tibet-info.net « C’est le gouvernement chinois qui parle de Grand Tibet. Jamais nos représentants n’ont utilisé cette expression. La vérité, c’est qu’il existe, en dehors de la région autonome, des départements et des districts autonomes tibétains dans plusieurs provinces limitrophes du Tibet, qui possèdent leurs propres radios et journaux en langue tibétaine. Ce que nous demandons, c’est une réelle autonomie du Tibet qui permette de protéger la religion et la culture tibétaines. Pendant plus de mille ans, les régions de U-Tsang, d’Amdo et de Kham, qui se trouvent aujourd’hui en dehors de la région autonome tibétaine proprement dite, ont largement contribué au rayonnement de notre culture. Parmi les Tibétains qui ont quitté la Chine en 1959 nombreux sont ceux qui sont originaires de ces contrées ».
- Term 'Greater Tibet' does not exist, Dalai Lama tells Chinese people, phayul.com, 2 août 2010.
- (en) Melvyn C. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon. China, Tibet, and the dalai Lama, University of California Press, 1997, p. 71 : « The exile government was deeply committed to the re-creation of a "Greater" Tibet, which would include in one administrative unit both political and ethnographic Tibet. Such has been the goal of previous Tibetan governments (...) it was especially important in exile because of the large numbers of Tibetan refugees from those ethnic areas. (...) if it became known that the Dalai Lama was willing to consider it (not pursuing a demand for Greater Tibet), the unity of the exile community could be permanently split ».
- Quelle solution politique pour le Tibet?, rapport présenté par M. Louis de Broissia, sénateur, dans la série Relations interparlementaires France-Tibet, 2006, p. 17.
- Cent questions et réponses
- Anne-Marie Blondeau et Katia Buffetrille Le Tibet est-il chinois ?, 2002, ed. Albin Michel, coll. Sciences des religions (ISBN 2226134263).
- (en) Stephanie Roemer, The Tibetan Government-in-Exile. Politics at large, Routledge, 2008 : « According to the Charter of the Tibetans-in-Exile, a Tibetan is any person who was born within the boundaries of Greater Tibet ».
- « Citoyenneté tibétaine – Article 8. (1) Tous les Tibétains nés dans le territoire du Tibet et ceux nés dans les autres pays seront éligibles pour être des citoyens du Tibet. Toute personne dont la mère biologique ou le père biologique est d’origine tibétaine a le droit de devenir citoyen du Tibet ; ou (2) tout réfugié tibétain qui a dû adopter la citoyenneté d'un autre pays dans des circonstances contraignante peut conserver la citoyenneté tibétaine pourvu qu’il ou elle remplisse les conditions prescrites dans Article 13 de cette Charte ; ou (3) toute personne, bien que formellement citoyen d'un autre pays, qui a légalement épousé une personne de nationalité tibétaine pour plus de trois ans, qui désire devenir citoyen du Tibet, peut le devenir conformément à la loi de l'Assemblée tibétaine. (4) L'assemblée tibétaine formulera des lois de citoyenneté pour mettre en application les Articles mentionnés ci-dessus. »
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