Bataille du Mont-Gibel

Bataille du Mont-Gibel

Bataille d'Agosta

Bataille d'Agosta
Informations générales
Date 11 avril 1676
Lieu Près d'Agosta, Sicile
Issue Victoire stratégique française
Belligérants
Royaume de France Royaume de France Provinces-Unies Provinces-Unies
Empire colonial espagnol Empire espagnol
Commandants
Abraham Duquesne don Francisco de la Cerda
Michiel de Ruyter
Forces en présence
29 navires de lignes
8 brûlots
27 navires de ligne
9 galères
Pertes
~500 morts ~700 morts
Guerre de Hollande
Batailles
Solebay — Schooneveld — Maastricht — Texel — Bonn — BesançonSinsheim — Seneffe — Entzheim — Mulhouse — Turckheim — Fehrbellin — Salzbach — Consarbrück — Alicudi — Agosta — Palerme — Valenciennes — Cambrai — Tobago — La Peene (Cassel) — Ypres — Saint-Denis

La bataille navale d'Agosta a lieu le 22 avril 1676, au large des côtes siciliennes. Elle oppose une flotte française à une flotte combinée, espagnole et hollandaise. Elle est connue aussi sous les noms de bataille du Mont-Gibel et bataille de Famagouste[1]. Le port d'Agosta, connu actuellement comme Augusta, est situé à une vingtaine de kilomètres au nord de Syracuse, sur la côte est de la Sicile.

Sommaire

Contexte

Pendant la guerre entre la France et la Hollande, la ville de Messine se révolte contre les Espagnols. Soumise à un blocus, elle appelle à son secours le roi de France. Celui-ci accepte la demande et envoie une flotte sur les côtes de Sicile, en 1674 avec Valbelle, en 1675 avec Duquesne et en 1676 sous le commandement du Duc de Vivonne. L'escadre bleue est alors commandée par Abraham Duquesne, la blanche et bleue par le chef d'escadre de Preuilly-d'Humières.

Le ravitaillement des révoltés doit être assuré par des convois, surtout de blé. Les Espagnols subissent plusieurs revers en essayant de s'opposer à ces convois.

Les Hollandais ont décidé de venir en aide à l'ennemi de leur ennemi et envoient une flotte en Méditerranée, sous le commandement de l'amiral Ruyter. Dans la lettre du 26 juillet 1675 que le Stadthouder adresse à Ruyter, il lui donne l'ordre d'aller trouver :

« ...l'armée navale d'Espagne, afin que celle-ci étant jointe à la flotte des Etats, elles allassent ensemble, avec la bénédiction de Dieu, faire rentrer Messine sous l'obéissance du roi d'Espagne. »[2]

Mais la campagne manque de véritable interêt pour les Pays-Bas et la flotte hollandaise est faible et mal équipée. Michiel de Ruyter est un adversaire du Stathouder dans les politiques internes des Pays-Bas et c'est à cause de cela que c'est lui qui reçoit l'ordre de commander cette flotte: tous les deux savent que c'est une mission impossible.

Sur place, le Duc de Vivonne décide de s'emparer d'Agosta, centre de ravitaillement espagnol et base intéressante pour surveiller la côte méridionale de Sicile. La place est capturée le 12 août 1675.

Le 20 décembre 1675, les Hollandais arrivent à Melazzo. Ils se heurtent aux français en janvier 1676, à Alicudi, avec un résultat indécis.

Les forces en présence

France

La flotte française est commandée par Abraham Duquesne[3].

  • Avant-garde (D'Alméras)
    • Le Fidèle 56 (Chevalier de Cogolin)
    • L'Heureux 54 (Monsieur de La Bretesche)
    • Le Vermandois 50 (Chevalier de Tambonneau)
    • Le Pompeux 72 (Chevalier de Valbelle, chef d'escadre)
    • Le Lys 74 (Lieutenant-Général Marquis Guillaume d'Alméras; capitaines de pavillon Etienne Gentet et Chevalier de Montbron)
    • Le Magnifique 72 (Monsieur de La Gravière)
    • Le Parfait 60 (Monsieur de Chasteneuf)
    • L'Apollon 54 (Chevalier de Forbin)
    • Le Trident 38 (Chevalier de Bellefontaine)
    • Brûlots attachés à l'escadre :
      • L'Ardent (capitaine Dupré)
      • L'Orage capitaine De Scou).
  • Corps de bataille (Duquesne)
    • Le Fortuné 56 (Marquis d'Amfreville)
    • L'Aimable 56 (Monsieur de La Barre)
    • Le Joli 46 (Monsieur de Belle-Isle)
    • L Éclatant 60 (Monsieur de Coü, remplacé par Monsieur de Saint-Germain après sa mort)
    • Le Sceptre 80 (Monsieur de Tourville)
    • Le Saint-Esprit 72 (vice-admiral Abraham Duquesne)
    • Le Saint Michel 60 (Marquis de Preuilly d'Humiéres)
    • Le Mignon 46 (Monsieur de Relingues)
    • L'Aquilon 50 (Monsieur de Montreuil)
    • Le Vaillant 54 (Monsieur de Septesme)
    • La Sirène 46 [4], (Chevalier de Béthune).
    • Brûlots attachés à l'escadre :
      • Salvador
      • L'Imprudent
      • L'Inquiet (capitaine Tourteau).
  • Arrière-garde (Gabaret)
    • L'Assuré 56 (Marquis de Villette-Mursay)
    • Le Brusque 46 (Chevalier De La Mothe)
    • Le Fier 60 (Monsieur de Chabert)
    • L'Agreable 56 (Monsieur d'Ailly)
    • Le Sans-Pareil 70 (chef d'escadre Jean Gabaret, capitaine de pavillon : Monsieur de Coëtlogon)
    • Le Grand 72 (Monsieur de Beaulieu)
    • Le Sage 54 (Marquis de Langeron)
    • Le Prudent 54 (Monsieur de La Fayette)
    • Le Téméraire 50 (Chevalier de Levy)
    • Brûlots attachés à l'escadre :
      • Le Dangereux (capitaine Du rivau)
      • L'Hameçon (capitaine Verguin)
      • Notre Dame-des Lumières[5] (capitaine Du Rivau).

Hollando-espagnols

La flotte est commandée, conformément à ce qui était convenu entre l'Espagne et la Hollande, par don Francisco de la Cerda.

  • Avant-garde (Ruyter)
    • Spiegel 70 (Gillis Schey)
    • Groenwijf 36 (Jan Noirot)
    • Leiden 36 (Jan van Abkoude)
    • Leeuwen 50 (Frans Willem, Graaf van Limburg Stirum)
    • Eendracht 76 (Lt-Admiral Michiel de Ruyter; capitaine de pavillon Gerard Callenburg)
    • Stad en Lande 54 (Joris Andringa)
    • Zuiderhuis 46 (Pieter de Sitter)
    • Damiaten 34 (Isaac van Uitterwijk)
    • Oosterwijk 60 (Jacob Teding van Berkhout)
    • Tonijn 8 (senau, Philips Melkenbeek)
    • Kreeft 8 (senau, Wijbrand Barendszoon)
    • Ter Goes 8 (senau, Abraham Wilmerdonk)
    • Salm 4 (brûlot, Jan van Kampen)
    • Melkmeisje 2 (brûlot, Arent Ruyghaver)
    • Zwarte Tas 4 (navire de charge, Jacob Stadtlander)
    • 3 galères espagnoles.
  • Corps de bataille (Espagnols)

10 vaisseaux :[6]

    • Nuestra Señora del Pilar 64 (1000-1100 marins) amiral Francisco Pereire Freire de La Cerda
    • Santa Anna 54
    • Santiago, galion, 32
    • San Bernardo, galion, 20
    • San Carlos 32
    • San Antonio de Napoles 16
    • Concepcion de Napoles 26
    • San Felipe frégate, 14
    • San Ignacio, 9
    • San Savaldor 24
    • 3 galères espagnoles.
  • Arrière-garde (Jan den Haen)
    • Steenbergen 68 (Pieter van Middelandt)
    • Wakende Boei 46 (Cornelis Tijloos)
    • Edam 34 (Cornelis van der Zaan)
    • Kraanvogel 46 (Jacob Willemszoon Broeder)
    • Gouda 76 (Vice-Admiral Jan de Haan)
    • Provincie van Utrecht 60 (Jan de Jong)
    • Vrijheid 50 (Adam van Brederode)
    • Harderwijk 46 (Mattheus Megang)
    • Prinsen Wapen 8 (senau, Hendrik Walop)
    • Rouaan 8 (senau, Willem Knijf)
    • Roos 8 (senau, Juriaan Baak)
    • Sint Salvador 6 (brûlot, Jan Janszoon Bont)
    • Jakob en Anna 4 (brûlot, Dirk Klaaszoon Harney)
    • Witte tas 4 (navire de charge, Adriaan van Esch).
    • 3 galères espagnoles.

Le combat

Au matin du 22 avril, la flotte française, qui a quitté Messine et fait voile vers le sud, est à 6 lieues (30 km)[7] d'Agosta. Le vent souffle du nord-ouest, la mer est très calme. L'intention de Duquesne est d'y mouiller pour se ravitailler en munitions[8].

La flotte alliée est signalée au sud. Les deux flottes commencent à former leur ligne de bataille.

À 11h00, le vent passe au sud puis tombe. À 15h00, une brise légère revient, soufflant du sud-sud-est, donnant l'avantage du vent aux adversaires des français.

La flotte alliée suit une route qui l'amènera à couper celle suivie par la ligne française. De la sorte ce sont les avant-gardes qui entament le combat. Rapidement, trois des capitaines français sont hors de combat : d'Alméras et Tambonneau sont tués, Cogolin est gravement blessé; l'escadre bleue menace de se briser. Mais Valbelle prend le commandement de l'escadre et rétablit les choses.

Pendant ce temps, le centre, espagnol, est resté à distance et les tirs d'artillerie sont de peu d'effet. Van Haëns suit les espagnols et reste aussi à distance.

Duquesne fait alors signal de forcer de voiles. De la sorte, et fonction de l'apathie apparente de l'amiral espagnol, il pourrait tenter d'assaillir avec le gros de ses navires la seule escadre de Ruyter.

L'amiral hollandais voit le danger et fait masquer ses voiles. De la sorte, la ligne française défile devant les Hollandais. Le Eendracht se retrouve aussi opposé au Saint Esprit de Duquesne, mais aussi à ses deux matelots[9], Le Sceptre, de Tourville, et Le Saint Michel de Preuilly. Les trois navires français ont très peu souffert du combat, le hollandais vient de combattre durement l'avant-garde française. Peu de temps après, Ruyter est gravement blessé, son navire sort de la ligne mais involontairement semble-t-il. Callenburg le ramène au combat.

Les navires espagnols et hollandais de den Haen se sont rapprochés mais sans être aussi près que les navires de Ruyter. Seuls les trois derniers hollandais se sont mis à portée de pistolet, au point que les capitaines français peuvent les héler, les défiant de tenter l'abordage.

Le combat d'artillerie continue jusqu'au soir. Pour conserver la ligne de bataille, les flottes se retrouvent à s'éloigner l'une de l'autre, les français dérivant sous le vent. Les alliés cherchant à rester au vent, aidés par les galères qui prennent en remorques les vaisseaux les plus dégréés.

La nuit se passe à réparer. Au matin du 23 la mer a fraichi, les remorquages deviennent difficile. Les alliés mettent le cap sur Syracuse, ce n'est que le 25 que Duquesne peut se présenter devant ce port. Les alliés ne sortent pas et les Français retournent à Messine le 29, sur ordre de Vivonne, vice-roi de Sicile.

Suites du combat

Les français perdent leur plus redoutable adversaire. Ruyter décède des suites de ses blessures le 29 avril 1676, à Syracuse. Qualifié d'« homme qui faisait honneur à l'humanité »[10] par le Roi-Soleil, nommé Duc de Ruyter et fait Grand d'Espagne à titre posthume, ses restes seront ramenés en Hollande.

Les Hollando-espagnols gagneront la rade de Palerme, où ils seront défaits le 2 juin de la même année, à la bataille de Palerme.

Annexes

Sources

  • M. Dupont et E. Taillemite, Les guerres navales françaises du Moyen-Age à la guerre du Golfe, 1955, SPM (ISBN 2-901952-21-6)
  • Ch. Chabaud-Arnaud, « Etudes historiques sur la marine militaire de France », in Revue Maritime et Coloniale, janvier 1889, pages 75 et suivantes [lire en ligne].
  • O Troude, Batailles navales de la France, Paris, 1867. (voir le tome 1, pages 157 et suivantes)
  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Battle of Agosta ». (pour la liste des navires).

Notes et références

  1. M. Vergé-Franceschi, Dictionnaire d'Histoire Maritime, article « Agosta ».
  2. Cité par A. Jal, page 190 (tome 2).
  3. Vivonne est resté à terre, à la demande pressante des habitants de Messine. C'est pourquoi Duquesne commande.
  4. ""...le chevalier De Béthune qui avait été assiégé par les ennemis dans le port d'Angouste (sic), se trouvant en liberté par l'approche de notre armée, avait pris son poste dans la division de Monsieur Duquesne, un moment avant que le combat commençât..." dit Villette-Mursay.
  5. Le nom de ce brûlot subit des variations selon les auteurs. Celui qui est donné dans l'article est celui de Troude. Pour donner un exemple, Guérin, dans son Histoire maritime de France, donne "ND de Hunières" (cf. page 281 du tome 3).
  6. Cette liste est issue de l'ouvrage de A. Jal, Abraham Duquesne et la marine de son temps, tome 1, page 215.
  7. Il s'agit de lieues marines, valant chacune 3 milles marins. C'est à dire une trentaine de kilomètres.
  8. Chabaud-Arnaud, page 75.
  9. C'est à dire aux 2 navires immédiatement devant et immédiatement derrière lui dans la ligne de bataille.
  10. Cité par M. Vergé-Franceschi dans la note "Ruyter" à la suite des souvenirs de Villette-Mursay (cf. bibliographie).

Pour aller plus loin

Bibliographie

Il n'existe peu de travaux détaillés réçents consacrés à cette bataille. À défaut, on pourra se reporter aux ouvrages suivants :

  • H.E. Jenkins, Histoire de la Marine Française, Paris, 1977 (ISBN 2-226-00541-2)
  • R. Jouan, Histoire de la Marine Française, Paris, 1950
  • M Vergé-Franceschi, Abraham Duquesne, huguenot et marin du Roi-Soleil, Paris 1992 (ISBN 2-7048-0705-1).
  • Ph De Villette-Mursay, Mes campagnes de mer sous Louis XIV, Tallandier, 1991 (ISBN 2-235-02047-X).
    Souvenirs d'un participant au combat. Les notes, et le dictionnaire, apportées par M. Vergé-Franceschi sont particulièrement bien fournis.

Les ouvrages anciens sont les plus détaillés. Il est assez facile de trouver en bibliothèque les ouvrages suivants :

  • O. Troude, Batailles navales de la France, 1867.
  • V. Brun, Guerres maritimes de france (port de Toulon), 1861.
  • L. Guérin, Histoire maritime de France,
  • A. Jal, Abraham Duquesne et la marine de son temps, 2 volumes, Paris, 1873.
  • E. Sue, Histoire de la marine française
    Oeuvre monumentale mais qui semble, pour cette bataille, contenir un certain nombre d'imprécisions.
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