Fantassin à équipements et liaisons intégrés

Fantassin à équipements et liaisons intégrés
Exemple d'un fantassin équipé de FELIN

« Fantassin à Equipements et Liaisons Intégrés » (FÉLIN) est le nom donné à un système de combat individuel destiné au fantassin français du XXIe siècle. Ce programme, majeur pour l'armée de terre française, est développé par la société Sagem Défense Sécurité.

Ce système de combat permet d'améliorer 5 fonctions majeures concourant toutes ensemble à une meilleure efficacité du fantassin : la communication, l'observation, la létalité, la protection, enfin la mobilité et le soutien de l'homme. Par ailleurs, le système doit présenter une compatibilité améliorée avec les systèmes d'arme, les équipements, véhicules et aéronefs suivants (déjà en dotation dans l'Armée de Terre) : Le lance roquette AT4CS, les postes de tir missile MILAN et ERYX, les véhicules de transport blindés VAB et VHM , le véhicule de combat d'infanterie VBCI, les hélicoptères NH 90 et super PUMA.

Sommaire

Historique

Entre 1995 et 2000, un programme d'étude amont de la DGA mené par le GECAD ( pour Groupement d'Etude du CombAttant Débarqué) , permit la réalisation d'un démonstrateur d'étude (appelé "démonstrateur de faisabilité") principalement centré sur les communications, l'observation (en conditions diurnes et nocturnes ), la protection (dont la discrétion visuelle et acoustique), l'autonomie en énergie et la mobilité (poids de l'équipement, ergonomie, mobilité). Celui-ci, grâce à des essais sélectifs en laboratoire et sur le terrain, apporta la preuve qu'à l'horizon 2000-2005, les technologies choisies seraient suffisamment matures pour envisager le développement d'un véritable système-combattant individuel.

La phase de définition du système se poursuivit en 2001 par la réalisation d'un démonstrateur technologique appelé "ECAD" (pour Equipement du CombAttant Débarqué) réalisé par la société Thales. Cette phase avait pour objectifs de reprendre la conception du système, de façon à tirer profit des essais du démonstrateur initial, et mettre en concurrence les divers groupes industriels européens susceptibles d'assurer le développement d'un programme de cette ampleur. En 2000, plusieurs phases d'essais comparatives, mettant en œuvre des exercices tactiques dans des centres d'entrainement, furent conduites par la STAT (Section Technique de l'Armée de Terre) et la Direction générale de l'Armement à l'aide de groupes de combattants équipés de l'équipement ECAD et de groupes de combat non équipés. Ces essais particulièrement concluants, démontrèrent les gains en capacité opérationnelle d'un système de combat individuel, alors même que celui-ci n'était pas optimisé en matière de masse, de volume, d'autonomie en énergie, ni quant à sa résistance vis à vis des contraintes environnementales.

En mars 2004, à l'issue du lancement d'un appel d'offre international de la DGA, la société française Sagem Défense Sécurité fut désignée pour réaliser le programme Félin[1]. La démarche choisie pour le développement du programme FELIN fut l'approche système, par un développement parallèle de tous les équipements concourant à l'amélioration des cinq fonctions opérationnelles majeures (mobilité, protection, agression, communication, observation). A l'issue d'une phase de plus de six mois d'évaluation technico-opérationnelle, menée par quatre types de régiments d'infanterie en Guyane, à Djibouti, en montagne, dans des centres de tirs opérationnels, mais aussi au Centre d'ENtrainement aux actions en Zone UrBaine (CENZUB), l'armée française a passé en 2009 sa commande globale de22 588 systèmes. Les premiers systèmes Félin ont été livrés à l'armée de terre en mai 2010[2] et en septembre 2010[3] au 1er RI, premier régiment équipé. Depuis, le 13ème Bataillon de Chasseurs Alpins de Chambéry a été doté en janvier 2011, puis le 16ème Bataillon de Chasseurs de Bitche en mai 2011. Première armée au monde dotée d'un système de combat individuel abouti, l'armée de terre est entrée dans le 21eme siècle.

Description

Les systèmes électroniques permettent le tir en restant couvert
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Le FELIN est le fantassin du futur (en) français. C’est l’équivalent du Future Force Warrior (en) américain, du Future Integrated Soldier Technology (en) britannique etc[4]. La Russie estime que les « composantes électroniques du système Félin présentent un grand intérêt pour les militaires russes »[5].

Basé sur une architecture combinant 2 réseaux, l'un transmettant les flux de données et l'autre permettant l'alimentation en énergie, il est constitué d'un ensemble d'équipements organisés en sous-systèmes : - l'armement, - les équipements textile de camouflage et de protection, - l'équipement de tête, - les équipements électroniques individuels, - les lunettes de tir et jumelles d'observation. - le système d'information tactique, - enfin le kit d'intégration dans les véhicules.

L’ensemble du programme (études, industrialisation, fabrication et maintenance initiale) s’élèverait à environ un milliard d’euros et chaque fantassin serait facturé 23 000 euros[6].


Détail des équipements

  • Le fusil d'assaut FA-MAS , la mitrailleuse MINIMI et le fusil de tireur de précision FRF2 subissent des modifications permettant l'emport des lunettes de tir qui ont été spécifiquement développées pour satisfaire aux besoin du combattant.

- Le Famas modèle Infanterie est transformé en FAMAS FELIN par la société NEXTER MECHANICS. La "PGMP" (pour Poignée Garde Main Polyvalente ) du FAMAS modèle Infanterie est supprimée au profit d'un rail de type PICATINY surbaissé. L'arme reçoit de plus, une "IHM"(pour Interface Homme-Machine) intégrée dans une seconde poignée (conçue et développée par la société SAGEM DEFENSE SECURITE), positionnée sous le fût, dont la fonction est d'assurer une tenue conforme de l'arme au combat, permettant de préserver la visée, tout en émettant un message à la radio, par exemple. Le pas de rayure du canon est modifié à l'occasion du remplacement du canon. Enfin, la baïonnette FAMAS modèle F1 est remplacée par une baïonnette multifonctions, fabriquée par la société EXTREMA RATIO. - La mitrailleuse MINIMI voit le remplacement de son couvercle d'alimentation (compatible du système de montage au standard OTAN) par un couvercle d'alimentation équipé d'un rail PICATINY central (fabriqué par la société FN), mais préservant les éléments de visée de l'arme (oeilleton et guidon).

  • Tissu et protection : l’uniforme de base constitué d'un pantalon et d'une veste permet des mouvements aisés et une bonne capacité d’emport grâce à ses nombreuses poches. Des goussets aux coudes et aux genoux, dans lesquels s'insèrent des empiècements assurant un certain niveau de protection balistique ainsi qu'un amortissement contre les chocs, protègent les articulations du combattant.

Le tissu constituant la tenue de combat subit, lors de sa fabrication, un certain nombre de traitements lui assurant une respirabilité accrue, une résistance au feu améliorée, enfin apporte au combattant une protection passive contre les insectes nuisibles. Le gilet de protection balistique offre de base une protection pare-éclats ; une protection spécifique contre les armes blanches peut y être insérée mais également des plaques rigides de protection balistique.

  • La plate forme électronique portable, intégrée dans le gilet tactique, est le cœur du système Félin. Elle comporte l’ensemble des ressources électroniques du gilet, le tout architecturé autour d’un bus numérique de données Firewire IEEE1394 :

- Les 2 types de sources individuelles d’énergie permettent, grâce à des ports de connexion physiques, d'alimenter selon leur type, le système et les équipements périphériques (tels que les lunettes de tir et les jumelles). Le soldat emmène en opération des batteries lui assurant 24 heures d'autonomie. Les batteries rechargeables Li-Ion sont fournies par Saft et le groupe Leclanché. - Un écran permet au soldat de connaître sa position grâce à un GPS ou de visualiser des images transmises par la lunette optronique de son fusil[6]. - Un calculateur gère les flux de données ainsi que l'alimentation de l'ensemble des équipements, - Relié en réseau via la radio "RIF" ( pour Radio Individuelle FELIN) avec le reste de son groupe et de sa section de combat, le fantassin peut envoyer ou recevoir des données. La communication orale, en émission et en réception, se fait par la conduction des vibrations osseuses ostéophonie ; - sur le casque en tissus Aramide MSA Gallet, viennent se monter les moyens de vision déportée de jour ou de nuit.

  • Sur le rail PICATINY surbaissé du FAMAS FELIN, est montée une lunette fonctionnant dans 2 modes de fonctionnement différenciés et offrant 2 grossissements : la voie diurne vidéo et la voie infra rouge thermique (ou intensifiant la lumière selon le modèle de lunette choisie). L'image restituée dans l'écran de la lunette, peut être renvoyée (grâce à un simple appui d'un bouton sur la poignée de l'arme), vers l'écran individuel situé sur la poitrine du combattant), vers les jumelles de vision nocturne ou vers l'écran de restitution situé sur le casque.

La mitrailleuse Minimi est également dotée d’une lunette qui comporte des caractéristiques et des performances proches de celle du FAMAS FELIN. Le fusil de précision FR-F2 emporte une lunette de précision, dotée d'une voie optique et d'un capteur optronique infrarouge thermique dont les performances permettent de satisfaire au besoin en portée des tireurs de précision.

  • Le casque de combat assure 3 fonctions : la protection balistique de la tête, une compatibilité parfaite avec le bandeau de communication et l'emport des équipements optroniques amovibles.

Il peut être équipé par ailleurs d'une visière permettant de protéger le soldat des éclats du champ de bataille. Une protection auditive, à base de bouchons d'oreille peut également être portée par le combattant. - Un masque NBC permettant (grâce à une pipette intégrée) d’absorber de l’eau est branché, à l'aide d'un tube, à une centrale de ventilation, permettant de pomper électriquement de l'air au travers des filtres du masque afin de limiter la fatigue du soldat, la buée sous le masque et les éventuelles fuites d'un masque mal ajusté, par le maintien d'une surpression. - Le bandeau de communication (indépendant du casque) sert d’écouteurs et de microphone. Il s'agit d'un système d'ostéophonie qui capte et émet le son directement vers l'oreille interne par vibration au travers des os (les tempes et la mâchoire). Cette technologie permet de ne pas isoler le soldat de son environnement sonore immédiat, mais aussi de communiquer avec lui, même s'il porte ses bouchons de protection auditive, ou s'il est blessé aux oreilles. - Les équipements optroniques sont composés d’une surcoque d’interface missionnable, qui supporte soit une jumelle de vision nocturne (technologie à intensification de lumière), ou un restituteur appelé "OVD" (pour Occulaire de Vision Déportée) (technologie OLED) permettant de visualiser les données et l’iconographie circulant sur le bus système, les images et la vidéo en provenance de l’arme ou de la caméra de tête. L'écran de l'OVD est fixé en position centrale sur le casque de combat, de façon à ce qu'il puisse être amené devant l’œil droit ou gauche du fantassin, selon sa préférence.


Le combattant équipé pour le combat moderne porte en moyenne 29 kg, incluant ses vivres, ses munitions et sa tenue de combat. Le surpoids estimé du système combattant FELIN est estimé entre 4 et 6 kg, selon les configurations, par rapport à la masse des équipements actuels.

Les équipements spécifiques

  • Le système d’information, appelé "SITCOMDE" (pour Système d'Information Tactique du COMbattant DEbarqué) est composé d’un calculateur et de son logiciel, d'une dalle tactile, d'une interface homme - machine, et d'un interface permettant de le connecter à un poste radio PR4G portable. Mis en dotation auprès des chefs de section, il leur permet de recevoir et de transmettre de la messagerie tactique, de consulter des cartes dans différentes échelles, de suivre la géolocalisation en temps réel de leurs groupes de combat, enfin de consulter la situation tactique locale.
  • Les jumelles infrarouge multifonctions pour chef de groupe appelées "JIM MR" (pour Jumelles Infanterie Multifonctions - Middle Range) sont basées sur la technologie infra rouge. Elles permettent,entre autres, de déterminer des secteurs d'observation, de télémétrer des objectifs et d'en transmettre les images et les coordonnées via le réseau radio FELIN.
  • Les chefs de section sont équipés, eux, de jumelles infrarouge multifonctions aux performances et aux fonctions nettement accrues, appelée "JIM LR" (pour Jumelles Infanterie Multifonctions - Long Range).

Les équipements collectifs

  • Un moyen de rechargement collectif appelé "CSM" (pour Chargeur de Sources Multiples) assure aussi bien le rechargement des batteries individuelles du système-combattant que celles des équipements spécifiques. Il est basé sur la technologie des piles métal/air de type aluminium/air.
  • Des kits véhicules (destinés aux VBCI, VAB) et VHM (Véhicule à Haute Mobilité), présentant une architecture commune, autorisent une intégration aisée dans les véhicules, en vue d'assurer l’alimentation électrique et le rechargement des batteries des systèmes-combattant entre les phases de combat débarqué.
  • Un conteneur de transport et de stockage est fourni avec chaque système afin de le protéger des chocs et vibrations pendant le transport. Ce conteneur, fabriqué par la société HARDIGG Industries, est équipé d'un calage en mousse, présentant des empreintes spécifiques pour les armements modifiés (FAMAS FELIN, MINIMI, et FRF2) ainsi que les équipements électroniques.

Références

Video FELIN, Mai 2011, Site du Ministère de la défense, armée de Terre, MAG TV 47 (http://www.dailymotion.com/playlist/xwdqf_armeedeterre_magazine-video-de-l-armee-de-terre#videoId=xiqbwl)

Voir aussi

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Articles connexes


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