- Hypothèse de l'exploration inca de l'océan Pacifique
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L'exploration inca de l'océan Pacifique n'a jamais été avérée et reste marginalement étudiée. Elle a été évoquée en premier par Pedro Sarmiento de Gamboa, au XVIe siècle. L'historien José Antonio del Busto Duthurburu et l'ethnologue Thor Heyerdahl soutiennent la thèse d'une exploration et même d'une éventuelle présence inca sur l'Île de Pâques.
Sommaire
Thor Heyerdahl
Article détaillé : Kon-Tiki.L'ethnologue et navigateur norvégien Thor Heyerdahl avait suggéré que des Sud-Américains auraient pu naviguer dans le Pacifique. À cette époque, personne n’imaginait que des hommes auraient pu traverser le Pacifique sur de simples radeaux de balsa. Devant l’incrédulité générale, Thor Heyerdahl a voulu démontrer qu’une telle traversée était réalisable. Il lança ce qui allait devenir l’expédition du Kon-Tiki. Heyerdahl fit construire une réplique aussi fidèle que possible des radeaux de balsa à voiles remarqués par les premiers découvreurs espagnols en Amérique du Sud afin de démontrer la navigabilité de ces embarcations et prouver que les vents et les courants pouvaient les propulser jusqu’en Polynésie.
Parti du port de Callao au Pérou, en direction de l'ouest, le radeau de balsa, emportant un équipage de six hommes, suivit le courant de Humboldt et s'échoua sur un récif dans l'archipel des Tuamotu après avoir dérivé durant 101 jours sur une distance de 9 000 km.
L’expédition du Kon-Tiki avait donc pu démontrer qu’un simple radeau de balsa pouvait se rendre jusqu’en Polynésie, à des distances bien plus considérables que l’Île de Pâques.
Cette épopée eut un retentissement considérable et prouva la possibilité de contacts entre l'Amérique et la Polynésie. Les écrits issus de cet exploit maritime ont donné naissance à une grande quantité d'éditions dans plusieurs langues.
Cependant, si l’expédition du Kon-Tiki avait pu se rendre loin en Océanie, en partant du Pérou, et avait ainsi démontré que l'on pouvait traverser le Pacifique sur un radeau quand les vents et courants étaient favorables, ce radeau ne pouvait cependant pas revenir à son point de départ. Cela limitait les relations possibles entre la Polynésie et l’Amérique du Sud. En effet, ce radeau s’était laissé tout simplement dériver en direction de l'ouest, poussée par le vent et suivant le courant de Humbolt, et il n'aurait pu, en temps normal, rebrousser chemin.
Or, ce radeau utilisé pour l'expédition du Kon Tiki avait une faille. Heyerdahl et son équipe ne connaissaient pas l'utilisation des dérives amovibles telles que conçues par les anciens navigateurs sud-américains. C'est seulement bien des années plus tard lors d'une expédition de fouilles aux îles Galápagos que Heyerdahl fit l'essai de ces dérives et pu constater leur grande manœuvrabilité.
Suite à cette expédition, Heyerdahl, plus convaincu que jamais d’une possible influence des populations sud-américaines sur les îles du Pacifique, n’en resta pas là et poursuivit ses recherches. Il n’existait à l’époque aucune preuve archéologique d’une navigation depuis les côtes sud-américaines jusqu’à des îles du Pacifique. Heyerdahl, en 1953, mena donc la première expédition archéologique aux îles Galápagos, à 900 kilomètres des côtes de l’Équateur. Il y trouva sur différents sites une importante quantité de poteries sud-américaines précolombiennes qui furent formellement identifiées par d’éminents spécialistes. Ces découvertes indiquaient que des navigateurs sud-américains auraient pu voyager dans l’océan aussi loin de leurs côtes et qu’ils auraient peut-être même fait des allers et retours réguliers jusqu’à cet endroit.
Par la suite, en 1955 et 1956, Heyerdahl mena une autre expédition sur l'Île de Pâques avec une équipe internationale d'archéologues de Norvège, des États-Unis et du Chili. Cette expédition effectua les toutes premières fouilles scientifiques sur l'île. Suite à la découverte de plusieurs vestiges très anciens, Heyerdahl fut convaincu que des sud-américains, dont possiblement les Incas, seraient aller jusqu’à l’Île de Pâques.
Malgré de nombreuses analogies entre les monuments de l’Île de Pâques et des monuments précolombiens, la thèse d’une influence sud-américaine à l’Île de Pâques, entre autres incaïque, ne fut pas considérée.
José Antonio del Busto Duthurburu
Il y a quelques années[Quand ?], les écrits du conquistador Pedro Sarmiento de Gamboa, furent retrouvés à Séville par l'historien péruvien José Antonio del Busto Duthurburu. Cette découverte a relancé le débat sur la possible occupation de l'Île de Pâques par les Incas. Ces écrits font en effet référence à une expédition menée par l’Inca Tupac Yupanqui dans les îles du Pacifique.
Pedro Sarmiento de Gamboa fut l'un des éminents navigateur scientifique espagnol du XVIe siècle. Il fut le premier a mentionner, d'après des informations qu'il aurait obtenu des Incas, que Tupac Yupanqui aurait organisé une expédition maritime en direction de l'ouest et aurait découvert deux îles nommées Nina-chumpi et Hahua-chumpi. Gamboa croyait aussi avoir obtenu des informations lui permettant d'établir la position approximative de ces îles. Il lui semblait que ces îles pouvaient constituer une possession valable pour les Espagnols pouvant être ajoutée à leurs conquêtes.
Après étude de ces documents, Duthurburu s’est prononcé en faveur de la possibilité d'une expédition de l’Inca Tupac Yupanqui dans l’océan Pacifique.
En effet, cette tradition orale sud-américaine rapporte que l'Inca Tupac Yupanqui se serait rendu en Océanie, au sud-ouest du Pacifique, à partir des côtes du Pérou, sur une embarcation de type sud-américaine. L’Inca Tupac Yupanqui aurait voulu étendre son empire au-delà des mers. Selon la tradition orale, il aurait quitté le Pérou à la tête d'une flotte de 400 radeaux dans un voyage maritime qui l'aurait conduit à la découverte de plusieurs îles polynésiennes.
Duthurburu explore les possibilités de l'itinéraire, suivi par la flotte inca qui, selon la tradition orale, aurait fait escale aux îles de Auachumbi et Ninachumbi situées à l'ouest des côtes. La première option développée par l'auteur concerne la thèse selon laquelle les Incas auraient pu naviguer dans l'océan Pacifique, près des côtes, dans la région des îles Galápagos. Dans ce cas, il serait probable que Isabella, la plus grande île de l'archipel des îles Galápagos, aurait été Ninachumbi, et aurait été visitée en premier.
Duthurburu examine ensuite la deuxième possibilité: le passage de Tupac dans l'Océanie, suivant un parcours beaucoup plus long en direction de la Polynésie. Duthurburu en arrive à la conclusion que l'Île de Pâques aurait été Ninachumbi, et que Tupac Yupanqui serait arrivé en premier à Mangareva qui aurait été Auachumbi.
Après avoir examiné ces deux hypothèses - celle de la navigation près des côtes et celle de l'Océanie - Del Busto déclare qu'il incline vers celle de l'Océanie, en démontrant qu'elle est la plus plausible. Il invoque plusieurs raisons, dont la tradition orale polynésienne du roi Tupa et de sa flotte, qui proviendrait d'un pays situé là où le soleil est né, et la légende d'Uho à l'Île de Pâques, qui raconte l'histoire d'une femme des îles et du prince Mahauna Te Ra'a, dont le nom se traduit par Fils du Soleil.
Bibliographie
- Heyerdahl, Thor : American Indians in the Pacific, The Theory behind the Kon-Tiki Expedition, 1952.
- Heyerdahl, Thor : AKU-AKU, le secret de l’Île de Pâques, 1958.
- Heyerdahl, Thor, Ferdon, Edwin N.,JR. Mulloy, William, Skjolsvold, Arne, Smith, Carlyle S. : Archaeology of Easter Island, Volume I,Reports of the Norwegian Archaeological Expedition to Easter Island and the East Pacific., 1961.
- José Antonio del Busto Duthurburu : Túpac Yupanqui. Descubridor de Oceanía, 2006.
- De GAMBOA, Pedro Sarmiento.: History of the Incas and The Execution of the Inca Tupac , 2007.
Voir aussi
Liens externes
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