Gustave Eugène Frégis

Gustave Eugène Frégis
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Photo de Gustave Eugène Frégis

Gustave Eugène Frégis, le 24 septembre 1841 à Courtemaux (Loiret) et mort le 17 janvier 1934 à Rozoy-le-Vieil (Loiret), est un vétérinaire français.

Il collabora avec Pasteur et a laissé son nom à un centre hospitalier vétérinaire en région parisienne.

Sommaire

Biographie

La famille et les origines

La famille de Gustave Eugène Frégis était bien implantée dans le Gâtinais. Son père venait de Charny (« la Motte aux Aulnaies ») et sa mère, Marie Madeleine Biguet était la fille dun sabotier de Chuelles. Ils se marièrent en 1822 et restèrent à Chuelles jusquen 1827. Ils sinstallèrent alors à Courtemaux, au hameau des Blotins puis revinrent à Chuelles, au hameau de la Dolenterie, en 1843. Ils eurent neuf enfants, Gustave Eugène Frégis étant le huitième. A la Dolenterie, quatre familles habitent les quatre maisons du hameau qui compte 28 personnes dont 11 (puis 10 après la mort à lâge de neuf jours, du plus jeune frère de Gustave Eugène) sont de la famille Frégis. Dans la famille Frégis, personne ne sait lire et écrire et on parle un français local, populaire et ancien.

Ses parents étaient cultivateurs, ni riches, ni misérables. Aux Blotins, ils sont locataires mais à force de travail, ils deviennent propriétaires à la Dolenterie.

Gustave Eugène Frégis gardera toute sa vie une grande reconnaissance à ses parents qui lui permirent, au prix de nombreux sacrifices, de poursuivre ses études.

Différentes enquêtes administratives ou épiscopales nous renseignent sur la vie rurale régionale de cette époque[1]. Environ 20 % seulement des adultes savent lire et livrognerie et limmoralité sont courantes. Le taux de natalité est de 8,5 % et 41 % des enfants vont irrégulièrement à lécole, surtout lhiver parce quil ny a que peu de travaux agricoles pour eux à cette saison.

L'enfance et l'adolescence

Gustave Eugène Frégis est à Courtemaux, petit village du Loiret, très exactement au hameau des Blotins[1] le 24 septembre 1841.

Dès 4 ou 5 ans, Gustave Eugène Frégis, comme les autres enfants des villages de la région garde les oies, les poules et va glaner après la moisson. Vers 5-6 ans, il garde les veaux ou les vaches, accompagné dun chien. Comme les autres enfants de la région, il fréquente sans doute un peu lécole. En 1853, il na pas douze ans lorsque son père meurt. Gustave Eugène va alors faire des « petits boulots ». Au lieu dit « Le Bois du Curé », il va tirer des cailloux et en hiver, il va marner [1]. Cette tâche, très pénible, consiste à chercher de la marne pour amender les champs. La collecte se faisait alors en creusant des galeries, généralement sans soutènement. Les accidents étaient nombreux. Tellement fatigué par ce travail, il arrivait parfois au jeune Gustave Eugène de se coucher en nenlevant que ses sabots. Un jour, alors quil marnait comme commis au château du Verger, près de la Dolenterie, il laisse sa chemise au fond de la galerie, sort à moitié nu et se rebelle quand on le gronde. Dans la ferme du château, un vétérinaire lentend et le remarque. Il lui propose de travailler chez lui comme cocher.

Le voilà embauché par le vétérinaire de Chateaurenard. Il soccupe du cheval et parfois aide le vétérinaire qui lui trouve de bonnes dispositions. Gustave Eugène sintéresse aux visites de la journée, consulte la bibliothèque du vétérinaire. Ce dernier lincite à étudier. Le sachant sans argent et peu éduqué, il lui propose de laider. Jusquà 21 ans, il sinstruit et va postuler pour faire des études vétérinaires.

Les études vétérinaires et la première installation

Lexamen dentrée, définit par un décret du 13 février 1840, est difficile pour un jeune paysan peu éduqué : dictée, arithmétique, géographie, latin, réaliser un fer pour un cheval ou un bœuf, … Il entre à lEcole vétérinaire de Lyon en 1862[2]. Il y a 42 places et il est 36ème.

Gustave Eugène Frégis na pas la chance dêtre boursier. Il doit payer intégralement sa pension : 360 francs. Cest une somme énorme (lélite des ouvriers agricoles de lépoque, les premiers charretiers, gagne 300 francs par an). Il faut en plus payer le grand et le petit uniforme, les livres, le matériel de dissection, … Il est donc fort probable quil fut aidé. Les conditions sont dures : lever 6 heures en hiver et 5 heures en été. La discipline est sévère. Trois élèves de la promotion sont renvoyés en cours de scolarité. En première année, ses bilans semestriels sont : médiocre pour le premier, mieux pour le deuxième. En deuxième année, les choses s'améliorent et il est classé 14ème.

Il termine ses études en 1866, dans la même promotion que Saturnin Arloing.

Il sinstalle alors comme vétérinaire dans une petite commune du Loiret (La selle-sur-le-Bied) il exerce de 1867 à 1881. Il soccupe presque exclusivement de bovins et de chevaux, mais, grand amateur de chiens, il sintéresse à leurs maladies et à leur élevage et développe ses connaissances dans un domaine encore très peu développé au XIXe siècle : la médecine vétérinaire canine. En 1870, il se marie avec Marie Amélie Michel, dont les parents ont été orfèvres à Montargis puis horlogers-bijoutiers à Courtenay.

L'arrivée à Paris

En 1882, il cède sa clientèle et vient sinstaller à Paris il reprend linfirmerie canine de Camille Leblanc. Cette institution avait été fondée en 1836, rue André Del Sarte, aux pieds de la butte Montmartre. Gustave Eugène Frégis fit effectuer de grands travaux et létablissement gagna très vite en importance et en renommée.

La collaboration avec Louis Pasteur

Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, la rage en région parisienne était un véritable fléau. Dans un compte-rendu à lAcadémie des Sciences[3], Louis Pasteur rapporte les chiffres de « Leblanc, savant vétérinaire » : en 1878, dans le département de la Seine, sur 103 personnes déclarées mordues et qui ont pu être suivies, 24 sont mortes de la rage. Cela représente une personne mordue sur quatre ! Sachant que très peu de morsures sont déclarées, on imagine facilement limportance du fléau dans une zone aussi peuplée.

Henri Bouley, vétérinaire, président de lAcadémie de Médecine et chargé par le Ministère de la Santé de diriger la commission chargée du contrôle des travaux de Pasteur vint visiter lHôpital Frégis. Il décida dy placer un chenil expérimental. En effet, les locaux de lEcole Normale, rue dUlm et rue Vauquelin, se prêtaient mal pour recevoir de nombreux chenils. Avant quil ne dispose du domaine de Villeneuve lEtang, en 1885, Pasteur poursuivait ses expérience sur des chiens disséminés dans différents chenils, en particulier chez Bourrel, rue Fontaine au Roi, chez Frégis, rue André Del Sarte, chez Paul Simon, rue de Pontoise[4].

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Les chenils de l'ancien Hôpital Frégis à Paris, vers 1960 et tels que Gustave Eugène Frégis et Louis Pasteur les connurent

Cest ainsi que Pasteur vint souvent à lHôpital Frégis. Il en parle à plusieurs reprises dans sa correspondance avec sa fille Marie-Louise et son gendre René Vallery-Radot[5], mais aussi avec son fils Jean-Baptiste Pasteur. Dans la lettre qu'il luis adresse en mai 1885[6], il parle à la fois de lenterrement de Victor Hugo, de ses chenils expérimentaux, « davoir la possibilité doser traiter lhomme mordu sans aucune crainte daccident quelconque » et il déplore son manque de « nouvelles niches à utiliser ».

Gustave Eugène Frégis se souviendra des moments difficiles lors de cette collaboration, notamment lorsquil assista aux convulsions de Mailly, vétérinaire assistant auxquels les infirmiers durent passer la camisole de force avant quil ne décède de la rage, tout comme Pierre Rose, décédé en 1880. Cétait le propre neveu de Bourrel, un autre vétérinaire également collaborateur de Pasteur[7].

La renommée de Frégis

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Médaille de la Société de Médecine Vétérinaire Pratique remise à son Président, Mr Frégis

Grâce à cette expérience unique, Gustave Eugène Frégis acquit une grande renommée qui dépassa vite les frontières : la cour de Russie fit appel à lui à plusieurs reprises, il fit partie du jury dune société londonienne pour juger les races canines (The ladies Kennel Association). Il collabora également avec la Société Centrale Canine pour lamélioration des races de chien en France et fut le créateur du service vétérinaire des expositions canines. Jouissant de lestime des ses confrères vétérinaires, il fut élu président de la Société Vétérinaire Pratique de France qui existe encore de nos jours. Il fut nommé au grade de chevalier du Mérite agricole, vétérinaire honoraire de la Société Centrale Canine, … Pour lhonorer, un Prix Frégis a été créé par la Société Vétérinaire Pratique de France[8].

La retraite

Avant sa retraite, il fait lacquisition du domaine des « Noues », à Rozoy-le-Vieil dans le Loiret. Après 43 ans d'exercice, il se retira dans sa propriété et fut maire de Rozoy-le-Vieil de 1908 à 1924 pendant 24 ans.

A Rozoy, il mena une retraite confortable mais non ostentatoire. Se souvenant de son enfance difficile, il savait être généreux lors de ses promenades à pied, notamment avec « Pomme à poils », lhomme le plus démuni de la commune avec qui il aimait discuter.

En 1925, il est convié à une cérémonie organisée par la Société Vétérinaire Pratique de France pour fêter son cinquantenaire professionnel. Il y tint un discours emprunt de modestie et de clairvoyance sur la profession vétérinaire.

Il décéda à Rozoy-le-Vieil le 17 janvier 1934 et y est enterré.

Ses successeurs

Il laissa son nom à létablissement dont il fit le renom : le Centre Hospitalier Vétérinaire Frégis existe toujours. Il est maintenant situé sur la commune dArcueil (94). Cest aujourdhui la plus ancienne et la plus grande structure vétérinaire privée dédiée aux animaux de compagnie en région parisienne et sans doute France. Elle regroupe de nombreux vétérinaires spécialistes dans différentes disciplines. Son rayonnement dépasse les frontières et de nombreux vétérinaires issus du Centre Hospitalier Vétérinaire Frégis exercent (ou ont exercé) dans le monde entier, en particulier comme enseignants ou chercheurs : North Carolina State University (USA), Michigan State University (USA), faculté vétérinaire de Vienne (Autriche),…

Notes et références

  1. a et b Michel Metais et Yvonne Vouette, lettre du 26 mars 2005
  2. Bull. Acad. Vét. – Tome XLV (Mars 1972) – Vigot frères, Editeurs105-107
  3. Œuvres de Pasteur T. VIin « Résultats de lapplication de la méthode pour prévenir la rage après morsure ». Compte-rendu de lAcadémie des SciencesSéance du 1er mars 1886
  4. Annick PerrotConservateur du musée Pasteur, communication du 14 mai 1987
  5. Lettre de Louis Pasteur à Mr et Mme René Vallery-Radot, le 2 juin 1884
  6. Lettre de Louis Pasteur à Jean-Baptiste Pasteur, le 29 mai 1885
  7. Philippe de WaillyNaissance et développement de la médecine vétérinaire canine - Les Journées des Vétérinaires de lIle-de-France20-21 mai 1989
  8. Bulletin mensuel de la Société Vétérinaire Pratique de FranceTome 70janvier 1986p18

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Gustave Eugène Frégis de Wikipédia en français (auteurs)

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