- Eucheria
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Eucheria Activités poétesse Naissance Ve ou VIe siècle
GauleLangue d'écriture latin Genres épigramme Œuvres principales - Vers satiriques contre un certain prétendant
Eucheria, ou Euchérie, est une poétesse du Ve ou VIe siècle, ayant vécu en Gaule, et connue par une seule épigramme satirique, en latin, de trente-deux vers, Satirici versus in quendam procum, ou Vers satiriques contre un certain prétendant.
Sommaire
Biographie
Eucheria vivait en Gaule, sans doute en Languedoc. Son épigramme, dans laquelle elle s'indigne qu'un homme de peu ait osé solliciter sa main, ou ses faveurs[n 1], pourrait laisser penser qu'elle était de haute naissance. Elle pourrait ainsi être l'épouse de Dynamius de Provence, et être morte en 605[1]. Cependant, Ernest Raynaud estime que, si tel avait été le cas, il est peu probable qu'un « rusticus servus », un vil esclave, ait pu lui faire des propositions, et que s'il l'avait fait, elle n'y aurait pas donné une telle publicité. Il est donc possible, selon lui, « qu'elle n'était pas trop sévère sur le chapitre des mœurs » et était une grande courtisane[2].
Œuvre
Le poème consiste en une série d'adynata, énumérés au long de seize distiques, et trouve son modèle dans la huitième églogue[3] de Virgile ou l'épode XVI de Horace. Les adynata, au nombre de vingt-sept, ce qui en fait la série la plus longue de toute la poésie latine connue, sont disposés selon un plan soigneusement conçu[4]. Les appariements impossibles s'accumulent avec virtuosité jusqu'à l'ultime impossibilité, celle d'une relation entre Eucheria elle-même et son prétendant[5] :
Que l'agile hirondelle joue avec le sinistre vautour ;
que le rossignol fasse entendre le cri de la chouette ;
que la sémillante perdrix épouse l'attitude renfrognée du hibou ;
que la blanche colombe niche avec le noir corbeau ...
que l'ordre de la nature soit renversé et que tout ce qui lui est contraire devienne la règle ;
Alors un misérable esclave, attaché à la glèbe, pourra solliciter les faveurs d'Euchérie !(vers 27-32, traduction d'Ernest Raynaud.)Le vocabulaire utilisé dans le poème témoigne de la diversification régionale du latin, processus devant conduire aux différentes langues gallo-romanes[6]. Le poème contient plusieurs néologismes : sericeum, nullificare, crassantus, cavannus. Crassantus, ou craxantus, pourrait être mis en rapport avec le nom du crapaud en ancien provençal, graissan, ce qui donnerait une indication sur la région où vivait Eucheria[7],[8].
Notes
- petat, dans le dernier vers : Rusticus et servus sic petat Eucheriam. Selon le sens que l'on donne à
Références
- (en) Ian Michael Plant, Women writers of ancient Greece and Rome: an anthology, University of Oklahoma Press, 2004, p. 210. [extraits en ligne].
- Ernest Raynaud, « Notice sur Euchérie », dans Poetæ minores, p. 339-343.
- Bucoliques, 8, 25.
- (en) Miroslav Marcovich, Aristoula Georgiadou, « Eucheria's Adynata », p. 167 et suiv.
- (en) Peter Dronke, Women Writers of the Middle Ages, Cambridge University Press, 1984, p. 28-29 [lire en ligne].
- (en) James Noel Adams, The Regional Diversification of Latin, 200 BC-AD 600, Cambridge University Press, 2007, p. 335-337 [lire en ligne].
- lire en ligne]. Antoine Thomas, Crassantus ou Craxantus, nom du crapaud chez Eucheria et ailleurs, Union académique internationale, Bruxelles, 1927 [
- Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1926, vol. 70, n° 3, p. 206 [lire en ligne]. Antoine Thomas, « Un vers de la poétesse Eucheria, sur le sens du mot crassantus »,
Voir aussi
Bibliographie
- (la) (fr) Poetæ minores, traduction de M. Cabaret-Dupaty, C.L.F. Panckoucke, Seconde série de la Bibliothèque latine-francaise, 1842 [lire en ligne] [traduction seule]
- (la) (fr) Poetæ minores, traduction de Ernest Raynaud, Librairie Garnier Frères, collection « Classiques Garnier », 1931
- (en) Miroslav Marcovich, Aristoula Georgiadou, « Eucheria's Adynata », Illinois Classical Studies, vol. 13, n° 1, University of Illinois, 1988 [lire en ligne]
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