- Engagisme à Maurice
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La mise en place de l'engagisme à Maurice fait suite à l'abolition de l'esclavage, débutant généralement en 1834. Il fait appel massivement à des coolies ou kulis ou engagés indiens pour l'Océan Indien et les Antilles, et chinois, surtout pour le Nouveau Monde, sur les termes d'un contrat de cinq ans, au terme duquel, théoriquement, ils pouvaient regagner leur lieu de naissance. Même si le coolie disposait d'une protection juridique en étant muni d'un contrat, dans les faits, étant soumis à l'esprit esclavagiste de l'époque, il eut à subir un mauvais traitement rappelant les heures noires de l'esclavage. L'Unesco vient de rendre un hommage aux coolies ou engagés, en décrétant l'Aapravasi Ghat (ghat de l'immigré) patrimoine mondial de l'Humanité en 2006. L'île devrait devenir un lieu unique de la rencontre de la route du coolie et de la route de l'esclave.
Route du Coolie
La route du coolie trouve son haut-lieu à l'île Maurice, anciennement nommée île de France. C'est ici que les immigrés, surtout indiens, quittèrent les Indes pour s'installer dans les plantocraties sucrières de Maurice, puis dans d'autres espaces indiaconéaniques, puis aux Antilles.
Venant principalement de Calcutta ou, dans une moindre mesure, des comptoirs français établis à Pondichéry ou Karikal, ces candidats à l'exil économique posèrent les bases du coolie trade, commerce de bras bruns de sinistre mémoire, qui devait prendre des tournures tellement inhumaines que des révoltes et des cas de vagabondage, de suicides ou de morts "par nostalgie" furent fréquents.
Des mestries ou recruteurs furent envoyés aux Indes, pour promettre, souvent, monts et merveilles à des coolies ou autres indiens, surtout ceux qui furent les victimes des révoltes des cipayes et des famines subséquentes. Beaucoup crurent qu'en venant à Maurice, il suffisait de soulever des pierres pour trouver de l'or...
Munis d'un contrat de cinq ans et d'un billet "gratuit" (qu'ils devaient rembourser en travaillant un certain nombre de mois) à bord du bateau négrier reconverti pour les nouveaux besoins, ils embarquèrent par centaines de milliers vers les terres promises, pour découvrir la supercherie.
Beaucoup moururent de maladies et de mauvais traitements.
Le nombre peu élevé de femmes explique les conduites dépréciatives des engagés, qui, peu à peu, s'organisèrent pour résister et acquérir une indépendance économique et politique.
Ce n'est que vers les premières décennies du XXe siècle que cette pratique fut abolie.
La route du coolie relie les Indes, la Chine, des îles de l'océan Indien, des pays africains, des espaces carribéens, Fidji et les Amériques.
De nos jours, le Coolie Museum de Moka, est un lieu mettant en évidence des documents et artéfacts liés à cette époque, qu'un historien anglais, Hugh Tinker, désigna comme "une nouvelle forme d'esclavage", bien que le coolie trade ou l'engagement fut la première forme de salariat après l'esclavage.
En 2006, l'Unesco a classé l'ex-coolie ghat, renommé en Aapravasi Ghat, au patrimoine mondial de l'Humanité, reconnaissant son apport à des possibilités de convergence entre les traites négrières et l'engagisme.
Ouvrages de référence
- P. C. Campbell, Chinese Coolie Emigration to Countries within the British Empire (1923, repr. 1971).
- Khal Torabully, Marina Careter, Coolitude: An Anthology of the Indian Labour Diaspora, Anthem Press, 2002, ISBN 1843310031
- J-E Monnier, Esclaves de la canne à sucre - Engagés et planteurs à Nossi-bé, Madagascar 1850-1880, L'Harmattan, 2006, 310 pp., (ISBN 978-2296009745)
- Khal Torabully, Coolitude: An Anthology of the Indian Labour Disapora (avec Marina Carter, Anthem Press 2002) ISBN 1843310031
Lien externe
- Article en anglais sur la coolitude
- Ghat, Morne et Unesco, article de Khal Torabully,
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