Royaume de Kongo

Royaume de Kongo
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Le royaume de Kongo était un empire de l'Afrique du sud-ouest, situé dans des territoires du nord de l'Angola, de Cabinda, de la République du Congo, l'extrémité occidentale de la République démocratique du Congo et d'une partie du Gabon. À son apogée, il s'étendait de l'Océan Atlantique jusqu'à l'ouest de la rivière Kwango à l'est, et du fleuve Congo jusqu'à la rivière Loje au sud.

Bien que très répandue, la dénomination d'« empire » est abusive. En effet, à l'instar de nombreuses sociétés politiques africaines anciennes, Kongo-Dyna-Nza était une fédération politique. En l'occurrence, selon Raphaël Batsîkama, cette fédération rassemblait quatre entités politiques au XVIe siècle : Zita-Dya-Nza, Kongo-Dya-Mpangala, Kongo-Dya-Mulaza et Kongo-Dya-Mpanza[1].

Drapeau du Congo adopté sous le règne d'Alphonse Ier.

Sommaire

Géographie

L'Empire Kongo

Selon certains chroniqueurs européens, à l'époque du premier contact avec les Portugais, le Royaume Kongo devait avoir une étendue de plus de 300 000 km². Une grande partie du sud-ouest de la République démocratique du Congo, du nord de l'Angola, du sud de la République du Congo et une partie du Gabon composaient cet État.

Toutefois, les chroniqueurs européens ont fait beaucoup de confusions dans leurs estimations du territoire d'un pays dont ils ignoraient l'organisation administrative. C'est ainsi que certaines provinces qu'ils rencontrèrent loin de la capitale Mbanza Kongo devinrent des « royaumes » à part entière sous leur plume. Il s'agit généralement des localités traversées par les voyageurs européens, depuis les ports de la côte atlantique, d'où ils débarquaient, jusqu'à la ville de résidence du Mwene Kongo située à 150 milles dans l'hinterland.

« Ainsi, pour tout le département, on comptait sept districts. Ce sont ces districts que les Européens ont pris, tantôt pour des royaumes, comme le Ngôyo, le Kakongo du Kôngo-dya-Mpânzu, tantôt pour des provinces, comme le Nsûndi, le Mbâmba et le Mpêmba du Zyta-Dya-Nza[2]. »

Généralement, les chroniqueurs européens réduisent le territoire de Kongo aux seules dimensions de sa province capitale, Zita-Dya-Nza (le « nœud du monde »), dont le chef-lieu était précisément Mbanza Kongo, où le Mwene recevait les ambassades étrangères. D'ailleurs, l'on sait désormais que l'Angola faisait partie de la fédération Kongo-Dyna-Nza, jusqu'à ce que Paul Diaz y arrive en 1574 et y organise une sécession.

« Bref, en nous fondant sur ces renseignements fournis par Duarte Lopez via Felippo Pigafetta, renseignements que semblent confirmer la Tradition, nous pouvons avancer que le Royaume du Congo s'étendait entre la latitude 1 1/2° Nord et la latitude 22° Sud, du 24° de longitude Est à l'océan Atlantique. Il atteindrait une superficie dépassant les 2 500 000 km² [...][3] »

Mythe des origines

Selon l’une des versions mythologiques de leur origine, rapportée par Raphaël Batsîkama, l’ancêtre primordial (Nkâka ya kisina) des baKongo serait une dame nommée Nzinga, fille de Nkuwu et épouse de Nimi. La société traditionnelle Kongo étant matriarcale, à l’instar de tant de sociétés africaines anciennes, on conçoit que son aïeul primitif fût nécessairement une femme, sinon réellement, au moins symboliquement.

Nzinga aurait eu trois enfants, deux garçons jumeaux et une fille, respectivement N'vita Nimi, Mpânzu a Nimi et Lukeni Lwa Nimi. Les quatre noms primordiaux de l’ancêtre et de ses enfants tiennent lieu également d’appellations pour les quatre luvila initiaux ; c’est-à-dire les lignages ancestraux des ba-Kongo.

  • Les frères et autres collatéraux de Nzinga à Nkuwu ont reçu la fonction de maître des terres ; c'est-à-dire qu'ils se sont spécialisés dans la manipulation des énergies telluriques, notamment en vue d'exécuter les opérations rituelles présidant aux implantations coloniales successives dans le bassin du fleuve Nzadi.
  • Vit’a Nimi était l’aîné des enfants Nzinga, on l’appelle également Ma-samba, ou encore Nsaku. Ses descendants sont les ki-Nsaku. À eux sont dévolues les fonctions de médiation aussi bien spirituelle que politique. D'ailleurs, selon Alain Anselin, « Samba signifie palabrer, argumenter en lingala[4] ». D'où ma samba pour dire "maître de la palabre" : héraut, négociateur, diplomate, voire intercesseur auprès des ancêtres.
  • Mpânzu-a-Nimi était réputé intrépide, habile de ses mains et excellent agriculteur. C’était également un Ndamb’a Ngolo, c’est-à-dire un excellent mineur.
  • Lukeni se distinguait surtout par sa beauté et sa fécondité qui lui donna une nombreuse progéniture, dont elle aurait excellé dans l’éducation. D'où son surnom Mungoyo’a Ntende, c’est-à-dire « la belle aux mille chances ». Elle hérita aussi du nom de sa mère, Nzinga.

Les tuvila primitifs auraient occupé d’abord le territoire de Kongo-Dya-Mpangala sous l’autorité spirituelle et politique de Vit’a Nimi. Ils investirent progressivement cette région, une vaste plaine très ensoleillée et riche en minerais, traversée par le fleuve Kwânza (ou Nzadi = Zaïre). Ils y fondèrent diverses agglomérations, notamment Mpangala, Mazinga, Ngoyo, Mpemba, Lwangu, Nsundi, Mbinda, Mbembe, Mbamba, Mpangu.

Fondation

Le royaume Kongo en 1711

Le royaume Kongo se développa après plusieurs migrations bantoues du VIIe au XVe siècles dans une zone peuplée de pygmées Baka. Ces groupes indépendants ont été unifiés sous la direction de l'un d'eux et organisés royaume. Le pouvoir du roi kongo, le Manikongo, est d'abord de nature spirituelle, cette autorité lui étant assurée par des pouvoirs surnaturels et divinatoires lui donnant accès aux ancêtres[5]. En principe, les rois étaient élus par les anciens parmi les membres éligibles des 12 clans Kongo.

Selon une source portugaise de 1624, Historia do reino do Congo, le royaume aurait été fondé au XIIIe siècle[6].

L'Empire Kongo était un État très développé, avec un large réseau commercial. À part les ressources naturelles et l'ivoire, le pays fondait et commerçait le cuivre, l'or, les vêtements de raphia et la poterie, disposait d'une monnaie et de finances publiques.

Mais surtout, il pratiquait l'agriculture, la chasse et l'élevage. Il était comme beaucoup d'autres peuples d'Afrique noire organisé en castes, mais avec une structure relativement souple. On pouvait par exemple apprendre un métier de son choix en intégrant l'une des grandes écoles du pays. Les plus connues sont les quatre plus prestigieuses, à savoir Kimpasi, Kinkimba, Buelo et Lemba. Ces écoles, toujours d'actualité[réf. nécessaire] formaient l'élite Kongo. Si leur accès était relativement libre, toujours est-il qu'il s'agissait d'une longue initiation aux critères de sélection très stricts. Des "explorateurs" comme Bittremieux en conclurent à tort qu'il s'agissait de cultes secrets ou ésotériques.[réf. nécessaire]

L'État du Kongo à la fin du XVe siècle

Administration

Les fondateurs de Kongo ont conçu leur pays comme un grand cercle ayant quatre secteurs, et pourvu d’un gros noyau. Dans le sens contraire des aiguilles d’une montre, les secteurs sont :

  • Secteur 0 : la façade atlantique à l'ouest
  • Secteur 1 : Kongo-Dya-Mpangala au sud
  • Secteur 2 : Kongo-Dya-Mulaza à l'est
  • Secteur 3 : Kongo-Dya-Mpanza au nord

À part la mer, ces secteurs consistent en entités administratives qui sont respectivement ka-Mbamba (secteur 1), ki-Mpemba (secteur 2) et ka-Mbangu (secteur 3). Quant au noyau, appelé Zita-Dya-Nza (« nœud du monde »), il avait un statut administratif particulier en tant que province-capitale appelée également Mbanza-Kongo, du nom de la ville où résidait le Mwene, et que les Portugais renommèrent Sao Salvador. Littéralement, Mbânza (ou Ngânda) signifie chef-lieu ou capitale. En sorte que Mbanza Kongo se traduit par "capitale de Kongo", tout comme Mbanza Nsundi signifie chef-lieu du Nsundi.

Kambamba, Kimpemba, Kabangu et Mbanza-Kongo formaient une fédération politique nommée Kongo-Dyna-Nza, ou encore Kongo-Dia-Ntotila. Chacune de ces quatre entités comportait sept ki-Nkosi (subdivisions). Chaque Kinkosi comportait plusieurs ki-Mbuku, qui se composaient chacun de nombreux ki-Kayi, lesquels étaient constitués à leur tour de plusieurs ki-Fuku. La capitale de Kongo-Dya-Mpangala se nomme Mbânza Mbamba, celle de Kongo-Dya-Mulaza est Mbânza Mpemba et celle de Kongo-Dya-Mpenza s'appelle Mbânza Mbangu.

Ce modèle d’aménagement territorial va se multiplier au fil des siècles, de manière rhizomique, jusqu’à reproduire quasiment à l’identique sa toponymie dans les autres régions ultérieurement unifiées au foyer initial. Ce processus d’expansion territoriale du foyer Kongo aura une structure fondamentalement ternaire, à l’instar des trépieds d’un foyer :

« Les entités politico-administratives du Royaume du Congo iront de triade en triade. Dans chaque triade, disposée toujours en position d’un homme couché dont la tête se trouve au Nord, les descendants de Nzinga occuperont toujours le Sud, ceux de Nsaku le centre, et enfin ceux de Mpanzu le Nord. […] Ces régions ou territoires, selon qu’ils appartiennent aux Nzinga, aux Nsaku ou aux Mpanzu, portent une des dénominations suivantes :

  • a) Nzinga : Mbâmba, Ngôyo, Mazînga, Kinânga, Mbînda, (Kabînda), Mpângala (Kikyângala), etc. (Sud).
  • b) Nsaku : Mpêmba, Kakôngo, Mbata, Nsânda, Zômbo, Lêmba, Kiyaka, etc. (Centre)
  • c) Mpanzu : Mpangu, Nsundi, Vûngu, Lwângu, Nsôngo, Nsuku, Mpûmbu, Ndôngo, Dôndo, Yômbe, Kibângu, etc. (Nord)[7]. »

Cette originalité et cette complexité structurale de l'organisation du territoire du Kongo surprendront l'intelligence de nombreux étrangers européens, ce qui explique beaucoup d'imprécisions ou erreurs d'appréciation dans les chroniques d'époque, notamment celle de Filippo Pigafetta. Le pays avait une superficie d'environ 2 500 000 km² au XVIe siècle, soit la moitié de la superficie de toute l'Europe occidentale. On comprend que sa structure confédérale favorisa son dépeçage par les Européens après d'innombrables intrigues sécessionnistes au cours des siècles suivants. Ainsi naquit à partir du XVIIe siècle de cette vaste construction politico-administrative une myriade d'État-nations autonomes sous l'effet des bouleversements engendrés par l'économie négrière atlantique.

Organisation politique

La capitale du Kongo, São Salvador

L'autorité politique suprême du Kongo-Dyna-Nza pouvait être nommée de diverses manières :

  • Ntinu : chef militaire
  • Mwene : celui qui pourvoit aux besoins du peuple
  • Mfumu : désigne quant à lui la notion de responsable au sens administratif comme au sens social.

À noter que "Mani" est l'expression la plus répandue dans la littérature occidentale mais ce ne serait qu'une traduction portugaise approximative de Mwene et non une quelconque autre titulature.

La fonction de Mwene est élective mais tout citoyen ne peut pas y prétendre car elle est aussi censitaire. On tient généralement le régime politique de Mwene pour une monarchie constitutionnelle. Toutefois, cette fonction n'est pas seulement politique. Elle est également sacerdotale ; comme un cas particulier du modèle africain dit de la "royauté sacrée", ou encore la "royauté divine".

En principe, la succession à la tête du Kongo est matrilinéaire. En sorte qu'originellement, seuls les descendants de Lukeni Lwa Nzinga, la fille de l'ancêtre-mère primordiale, pouvaient prétendre au poste de Mwene. Les descendants de Vit'a Nimi ayant pour fonction de veiller au respect, entre autres, de cette loi de succession. Par conséquent, après avoir été élu par le Conseil des Sages, un Mwene ne peut être consacré que s'il subit une cérémonie rituelle organisée et présidée par le gardien des principes spirituels et politiques désigné nécessairement parmi la lignée des Nsaku.

C'est ainsi que le premier Mwene Kongo attesté dans les annales traditionnelles s'appelle Nimi'a Lukeni Lwa Nzinga, c'est-à-dire Nimi (du nom de son grand-père) fils de Lukeni et petit-fils de l'ancêtre-mère Nzinga Nkuwu. On voit que les fonctions de Reine-Mère ou d'Épouse-Royale sont particulièrement cruciales dans les sociétés matriarcales ; elles ne sont guère honorifiques comme cela peut être le cas ailleurs.

Le cabinet du Mwene comporte divers fonctionnaires, notamment :

  • Ma N'Kata et Né Tuma, le préposé aux armes et à la défense du Kongo, c'est-à-dire aux affaires militaires et non Mata ma Kongo;
  • Mbênza Kongo, le préposé aux affaires de la Justice ;
  • Ne Mpûngi, chef de la musique du palais ;
  • Wavadidi Ntinu, le sculpteur attitré du Ntinu, c'est-à-dire du Mwene.

Cette configuration hiérarchique est reproduite aux échelons inférieurs de telle sorte que chacune des quatre grandes circonscriptions politiques possède ses préposés à la Défense, Justice, etc. tout comme les vingt-huit kinkosi comportent les leurs.

De façon générale, les préfixes , Mwê ou , Ne introduisent la notion d'autorité politique et/ou administrative ; c'est-à-dire celle de "chef", "roi", "maître", etc. Ainsi le :

  • Ne-Nkosi est le "roi" d'un ki-Nkosi ;
  • Mwê-Mbuku est l'autorité qui administre un ki-Mbuku ;
  • Nâ-Kayi est le "chef" d'un ki-Kayi ;
  • Mâ-Fuku (ou "Mafouc" dans les chroniques européennes) dirige un ki-Fuku, c'est-à-dire le plus bas échelon administratif de la Fédération Kongo-Dia-Ntotila.

En outre, la personne exerçant l'autorité d'une entité politico-administrative est souvent désignée par le lieu-dit de sa fonction, plutôt que par son propre patronyme. Ainsi le Mâ-Nkosi du Nsundi peut être appelé Ma-Nsundi par ses administrés (ou Mâ-Mbamba pour le Mbamba, Ma-Lwangu pour le Lwangu). De même qu'on appelle l'autorité suprême Mwene Kongo ("Mani Kongo" des chroniques européennes) au lieu d'indiquer son nom propre ; par exemple, Mvemba a Nzinga.

Calendrier

Comme dans beaucoup de régions de l'Afrique centrale ou de l'ouest, un calendrier bâti sur la "semaine" de quatre jours était en vigueur; trois jours ouvrables et un jour pour le marché:

  • "Semaine" = 4 jours
  • Mois = 7 "semaines"
  • Année = 13 mois + 1 jour

Outre celui du marché, il y a un calendrier agricole Kongo qui comporte six saisons :

  • Kintombo (octobre-décembre) = saison des premières pluies, celle des semailles (ntombo). On la nomme également ma-sanza, "nourriture".
  • Kyanza (janvier-février) = deuxième saison des pluies, celle de la récolte du vin de palme. On l'appelle aussi mwanga.
  • Ndolo (mars à mi-mai) = dernière saison des pluies.
  • Siwu ou Kisihu (mai-août) = première saison sèche, marquée par les vents froids.
  • Mbangala (mi-août à mi-octobre) = seconde saison sèche, caractérisée par de fortes chaleurs, notamment à partir de juillet. Période des brûlis,mpyaza.

Avec la venue du christianisme, le calendrier chrétien a pris de plus en plus la place de ce calendrier.

Monnaie

Les coquillages Olivancillaria Nana appelés nzimbu, étaient utilisés comme monnaie[8]. Leur production venait d'une pécherie féminine de l'île de Luanda dont la maison du Manikongo avait l'exclusivité. Les nzimbus étaient calibrés au tamis de façon à constituer des paniers de valeurs, le funda soit mille unités les plus petites, le lukufu valant mille fundas, l'imbonde valant mille lukufus[9]. En 1786, trois cents zimpos équivalaient à quatre francs[10]. Le cours du funda était donc de 13,33 francs. Les zimpos ont été peu à peu supplantés par les cauries[11] importés du Zanguebar.

Histoire

L'arrivée des Portugais et la conversion au christianisme

Armes d'Alphonse Ier.

Au cours de ses voyages le long de la côte africaine dans les années 1480, le navigateur portugais Diogo Cão fut le premier européen à évoquer un grand empire qui contrôlait le commerce dans la région. Cao remonta le fleuve Nzadi ou Zaire qui était selon lui la voie d’accès vers le royaume du prêtre Jean. En 1483, il rendit visite à Ntinu Nzinga Nkuwu dans sa capitale, Mbanza Kongo. Le royaume Kongo était alors à son apogée grâce à la production d’ignames et d’échange de houes et d’armes contre de l’ivoire avec les populations de l’intérieur de l’Angola. Le premier contact fut pacifique et certains dignitaires furent emmenés (ou capturés par surprise selon les sources) au Portugal[5]. Des échanges diplomatiques et commerciaux croissants s'ensuivirent. Grâce à l'aide des arquebusiers portugais, Nzinga Nkuwu put vaincre les Tékés et s'emparer de leurs gisements de cuivre.

Des missionnaires catholiques arrivèrent dans la région en 1490, l'année suivante, Nzinga Nkuwu fut baptisé et prit le nom de Ndo Nzuawu (prononciation kongo de Dom Joãdo), imité par la famille royale et les proches du pouvoir. A sa mort, les anciens désignèrent un de ses enfants non chrétien, Mpanzu, pour lui succéder mais son fils aîné, Mvemba-a-Nzinga, baptisé Alfonso ou Ndo Funsu vers 1491, le renversa en 1509 [12] et devint « par la Grâce de Dieu » le septième « roi du Congo, de Loango, de Kakongo et de Ngoyo, sur et sous le Zaïre, Seigneur d'Ambundo et d'Aquisima, de Musunu, de Matamba, de Mulili, de Musuku et des Anziques, de la Conquête, de Pangu Alumbu, etc. ». Il reçut à cette occasion du roi du Portugal des armes et une bannière d'argent à la croix de Saint André de gueules alésée.

Voyant dans le christianisme un moyen de moderniser son pays, il encouragea les baptêmes et l'éducation et accueillit des jésuites qui ouvrirent une école pour 600 élèves. Il envoya son fils Lukeni Lua Nzinga au Portugal qui devint plus tard le premier évêque africain de l'histoire de l'Église catholique moderne sous le nom de Henrique. La capitale du pays fut reconstruite en pierre et renommée São Salvador (Saint-Sauveur). L'alliance et la présence portugaise se renforcèrent jusqu'à devenir domination.

Le commerce esclavagiste et le déclin du Manikongo

Avec la découverte et l'exploitation du Brésil, les Portugais se tournent vers la très lucrative Traite des noirs. La traite affaiblit le royaume, les marchands portugais traitaient directement avec les vassaux du roi et sapaient ainsi le pouvoir central. En 1526, le Manikongo écrivit au roi Jean III de Portugal, lui demandant de mettre fin à cette pratique. Sa requête reçut une réponse cynique et les relations entre les deux pays s'envenimèrent. A sa mort, en 1548, Ndo Nzuawu était déconsidéré. Le royaume s'affaiblit de plus en plus jusqu'à se disloquer et attirer les convoitises de ses voisins.

La traite négrière et les conflits qu'elle entraîna dépeuplèrent toute la région et les densités de population de l'époque, qui étaient de 35 hab/km² chutèrent dramatiquement à 5 hab/km² au début du XIXe siècle.[réf. nécessaire]

La domination portugaise et la fin du royaume

Reproduction de 1754 d'une carte de 1708.
AU XVIIIème siècle, maints des territoires revendiqués en 1535 par le manikongo Alphonse Ier sont devenus indépendants.

En 1568, le Kongo fut envahi par les Yakas et sa capitale Mbanza-Kongo détruite[13]. Le roi Alvaro Ier dut demander de l'aide à Sébastien Ier de Portugal qui le rétablit en 1571, la suprématie portugaise devenant alors totale.

En 1665, les colons portugais d'Angola montèrent une expédition contre le royaume pour s'emparer de ses mines. Signe d'un brassage de deux siècles, des Portugais servirent le Manikongo Antonio Ier du Kongo et des Kongo furent alliés aux colons[5]. Les Portugais furent victorieux, le Manikongo décapité et sa tête enterrée dans une chapelle située sur la baie de Luanda au cours d'une cérémonie religieuse, tandis que la couronne et le sceptre du Kongo étaient envoyés à Lisbonne comme trophée. Le métis Manuel Roboredo, auteur et prêtre capucin métis qui avait essayé d'empêcher cette dernière bataille trouva également la mort.

Cependant, le royaume Kongo continua d'exister comme un État fantoche durant deux siècles. Des luttes persistèrent jusqu'aux indépendances, comme celle de la reine Ana Nzinga qui tint en échec les coalitions portugaise, néerlandaise et britannique de 1626 à 1648 et freina l'expansion du commerce des esclaves. Ces sursauts nationalistes prirent parfois une forme religieuse comme lors de la croisade de la prophétesse Ndona Kimpa Vita à qui saint Antoine de Padoue aurait ordonné d'unifier et libérer les Kongo. Elle fut condamnée au bûcher en 1706 par le Manikongo à la demande des Portugais[14].

Vers 1776, le Ngola, roi du Dongo qui était connu par les occidentaux sous le nom d'Angola depuis sa destruction par les portugais quelques décennies plutôt et qui payait tribut au Manikongo tout en lui servant de réservoir à esclaves, se souleva avec l'appui du peuple et acquit son indépendance[15].

A la conférence de Berlin en 1884-1885, les puissances européennes se partagèrent l'Afrique ; le Portugal, s'appuyant sur des traités antérieurs signés avec l'Empire Kongo, revendiqua une souveraineté sur ses territoires. Léopold II de Belgique reçut, à titre personnel, deux millions et demi de kilomètres carrés qui sont devenus l'État indépendant du Congo. Au nord-ouest de l'État ainsi formé, 500 000 km2 revinrent à la France (il s'agit du Congo-Brazzaville). En 1914, après une révolte, le Portugal abolit le titre de roi du Kongo.


Références

  1. Raphaël Batsîkama ba Mampuya ma Ndâwla, L'ancien royaume du Congo et les baKongo, éd. L'Harmattan, Paris, 1999
  2. Batsîkama, et Le Royaume de Loango comme le Royaume de Makoko fut depuis le Royaume du Kongo des vrais royaumes avec des vrais roi et non des départements de ce dernier op. cit., p. 217
  3. Batsîkama, op. cit., p. 171
  4. Alain Anselin, Samba, éd. UNIRAG, 1992, p. 5
  5. a, b et c Isidore Ndaywel È Nziem, Nouvelle histoire du Congo, Le Cri, 2009
  6. Anonyme, Histoire du royaume du Congo, 1624, traduit et éd. par François Bontick dans Études d'Histoire africaine, IV, 1972
  7. Batsîkama, op. cit., p. ???
  8. E. Dartevelle, Les "Nzimbu", Monnaie du Royaume du Congo, Bruxelles, 1953.
  9. R. Batsikama, Voici les Jagas ou l'hsitoire d'un peuple parricide malgré lui, p. 259, ONRD, Kinshasa, 1971.
  10. Ch. F. Damberger, Voyage dans l'intérieur de l'Afrique, t. II, p. 15, Amand König, Paris, 1801 Voyage dans l'intérieur de l'Afrique sur Gallica.
  11. E. Dartevelle, Les "Nzimbu", Monnaie du Royaume du Congo, p. 57-58, Bruxelles, 1953.
  12. Jean Seillier, Atlas des peuples d'Afrique, La Découverte, 2003, p. 142
  13. Marie-France Cros et François Misser, Le Congo de A à Z, André Versaille, 2010, p. 122
  14. Marie-France Cros, op. cit., p. 123
  15. Ch. F. Damberger, Voyage dans l'intérieur de l'Afrique, t. I, p. 280, Amand König, Paris, 1801 Voyage dans l'intérieur de l'Afrique sur Gallica.

Voir aussi

Sources

  • Anonyme, Histoire du royaume du Congo, 1624, traduit du portugais et annotée par François Bontick dans Études d'Histoire africaine, IV, 1972
  • Filippo Pigafetta et Duarte Lopez, Description du royaume de Congo et des contrée environnantes, 1591, traduite de l'italien et annotée par Willy Bal, éd. Nauwelaerts, Louvain, 1963

Bibliographie

Liens internes

Intégration dans les empires coloniaux 

Liens externes


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