v · crise politique en Équateur eut lieu le 30septembre2010, lorsque des éléments de la police nationale équatorienne et des forces armées équatoriennes ont appelé à une grève nationale, pour s'opposer à une loi votée la veille (le 29 septembre) qui prévoyait de réduire les prestations salariales dans le domaine du secteur public, avec des dispositions spécifiques visant les forces de l'ordre.
En 2008, le président Rafael Correa avait déjà forcé à la démission le chef du renseignement militaire et d'autres officiers importants de l'armée, les accusant de faire preuve de davantage de loyauté envers les États-Unis que l'Équateur[1].
Après avoir été attaqué par la police[4], le président Rafael Correa fut transporté à l'hôpital, où il fut détenu plusieurs heures par les rebelles, avant d'être finalement libéré dans la soirée par les forces armées[5]. L'opération de sauvetage fut diffusée en direct sur la télévision d'État [6],[7],[8]. Il déclara par la suite l'état d'urgence[9], accusant l'opposition d'être à l'origine de cette rébellion, qualifiée de putsch[10]. Des combats opposent dans les rues de la capitale les mutins à environ 500 soldats, restés fidèles au président[11]. Une fois la rébellion réprimée, Rafael Correa fut emmené au palais présidentiel[12] où il tint un « discours enflammé » afin de remercier les forces armées et le public qui l'avait soutenu[13],[14]. Il remercia également l'UNASUR et les autres pays d'Amérique latine qui l'ont soutenu lors de la tentative de putsch[15].
Suites et conséquences
Le jour suivant, le 1eroctobre2010, la situation revint à la normale dans l'ensemble du pays[16]. Rafael Correa déclara un deuil national de 3 jours en commémoration, l'état d'urgence ayant été levé le 5octobre2010. Le gouvernement équatorien publia également un bilan humain sur les événements du 30 septembre : 5 morts et 193 blessés[17]. Un nouveau bilan publié le 2octobre2010 fait état de 10 morts (5 civils, 3 soldats et 2 policiers) et de 274 blessés dans les affrontements[18].
Rafael Correa critiqua également les mutins: « Comment peuvent-t-ils se dire être de la police après avoir agi comme cela contre le peuple ? ». Il déclara qu'il n'y aurait pas de négociations et d'immunité pour les organisateurs du « coup d'État »[15]. Il termina son discours en déclarant : « l'Histoire les jugera » et « Avec du courage, nous ferons en sorte que la révolution de nos citoyens ne sera arrêtée par rien. Jusqu'à la victoire, toujours ! »
Certains observateurs relativisaient toutefois ces accusations de coup d'Etat, tandis que Página/12, le quotidien argentin de gauche, titrait le 6 octobre: « Sans aucun doute il s'agissait d'une tentative putschiste » [19]. Le Washington Office on Latin America, un think-tank libéral, déclarait pour sa part que s'il s'agissait d'un coup d'Etat, celui-ci faisait preuve d'un « amateurisme » certain[1]. Jaime Nebot, maire de Guayaquil et l'adversaire le plus important de Correa, l'aurait publiquement soutenu pendant la crise[1], de même que le général des forces armées, Ernesto Gonzalez[1].
Le 5octobre2010, le gouvernement a annoncé l'augmentation du salaire de la police et des forces armées (le salaire d'un policier équatorien étant estimé à 700 dollars par mois). La loi votée le 29septembre2010 ne fut pas promulguée [réf. nécessaire]. Le ministre de la Défense, Javier Ponce, a déclaré que cette augmentation salariale était prévue bien avant la mutinerie mais n'avait pas encore été appliquée[19].
Par ailleurs, le général Freddy Martinez, chef de la police nationale, démissionna, se déclarant humilié par l'insubordination de ses troupes, et fut remplacé par le général Patricio Franco, chargé de réformer la police[1].
Origines
Des rapports présument que Lucio Gutiérrez, ancien président de l'Équateur (2002-2005) ayant été destitué par le Parlement, et actuel dirigeant du Parti société patriotique 21 janvier (principal parti d'opposition à Correa), serait à l'origine de la tentative de putsch[20]. Toutefois, aucune preuve formelle ne confirme ces rapports.
Le 5octobre2010, Fidel Araujo, un proche collaborateur de Lucio Gutiérrez, fut interrogé pour son rôle dans cette mutinerie, du fait que la télévision d'État l'a montré dans les premières heures de la grève parmi les mutins[21]. Le ministre de l'intérieur, Gustavo Jalkh, a annoncé également l'arrestation de 46 officiers de police soupçonnés d'avoir participé à la mutinerie[22].
Réactions internationales
La tentative de putsch a largement été condamnée par l'ensemble des pays d'Amérique latine, par les États-Unis mais aussi par l'UNASUR (Union des nations sud-américaines), l'OEA (Organisation des États américains)[23] ainsi que par l'ONU[24].
Argentine : le ministre des Affaires étrangères de l'Argentine, Hector Timerman, annonce que l'UNASUR ne tolèrera pas un coup d'État en Équateur. Il apporte également son total soutien à Rafael Correa.
Bolivie : le président bolivien Evo Morales accuse les États-Unis d'être derrière cette tentative de coup d'État : « Le Département d'État des États-Unis accuse les présidents comme le vénézuelien Hugo Chávez, comme moi-même en Bolivie, ou comme Rafael Correa d'être des dictateurs totalitaires et autoritaires. Mais c'est depuis là-bas, depuis le Département d'État des États-Unis, que se fomentent des coups d'État[25]. ».
Colombie : l'ambassadrice colombienne à l'ONU, María Ángela Holguín, a annoncé la fermeture de ses frontières ainsi que le commerce avec l'Équateur. Elle exprime également « soutien inconditionnel » au président Correa[26].
Costa Rica : la présidente Laura Chinchilla a dénoncé la tentative de coup d'État et a annoncé son soutien au gouvernement légitime de Rafael Correa.
Chili : le président Sebastián Piñera, qui a été en communication directe avec Rafael Correa lors de sa détention à l'hôpital, a exprimé le soutien du gouvernement chilien[27].
Salvador : le ministère des Affaires étrangères salvadorien a déclaré sa consternation face aux événements[28].
Espagne : le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Miguel Ángel Moratinos, a fermement condamné toute tentative de coup d'État, annonçant son soutien au gouvernement légitime[29],[30].
États-Unis : la secrétaire d'État Hillary Clinton a exprimé son soutien pour le président Correa : « Nous soutenons le gouvernement démocratique de Rafael Correa[31]. »
Mexique : le président Felipe Calderón a exprimé via un communiqué de presse son total soutien au président Correa et aux institutions démocratiques de l'Équateur[32].
Nicaragua : le président Daniel Ortega a dénoncé cet événement comme étant une tentative de coup d'État[33].
Pérou : le président Alan García a annoncé la fermeture des frontières avec l'Équateur jusqu'à ce que Correa retrouve sa pleine autorité.
Venezuela : le président Hugo Chávez a condamné la tentative de coup d'État[34]. Il accuse par ailleurs les États-Unis d'être à l'origine de cette tentative de putsch[25].
Uruguay : le ministère des Affaires étrangères de l'Uruguay a publié une déclaration condamnant « l'attaque contre le président légitime Rafael Correa » et a offert un fort soutien pour le gouvernement constitutionnel[35].
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