Chapelle de Languidou

Chapelle de Languidou
Chapelle de Languidou
Image illustrative de l'article Chapelle de Languidou
Présentation
Culte Catholique romain
Type Chapelle
Rattaché à (édifice desaffecté du culte)
Début de la construction XIIIe siècle
Architecte(s) Auffray Gurriec
Style(s) dominant(s) Ecole de Pont-Croix
Protection  Classé MH (1908)
Géographie
Pays Drapeau de France France
Région Bretagne
Département Finistère
Ville Plovan
Coordonnées 47° 54′ 49″ N 4° 21′ 10″ W / 47.91361, -4.35272147° 54′ 49″ Nord
       4° 21′ 10″ Ouest
/ 47.91361, -4.352721
  

Géolocalisation sur la carte : Finistère

(Voir situation sur carte : Finistère)
Chapelle de Languidou

Géolocalisation sur la carte : Bretagne

(Voir situation sur carte : Bretagne)
Chapelle de Languidou

La chapelle de Languidou est située sur la commune de Plovan, en Bretagne.

D'un point de vue administratif, elle est située dans le département du Finistère, arrondissement de Quimper.

D'un point de vue ethnographique, elle est située dans le Pays Bigouden, en Basse-Cornouaille (ancien diocèse de Quimper).

Aujourd'hui en ruine, cette chapelle présente deux intérêts majeurs :

  • Un intérêt esthétique et donc touristique : sa beauté intrinsèque et celle de son cadre côtier, le charme romantique de ses ruines.
  • Un intérêt historique et stylistique : elle constitue peut-être l'édifice fondateur du style architectural dit de l'Ecole de Pont-Croix. Elle concourt pour ce titre avec la collégiale Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Le débat quant à savoir lequel de ces deux édifices est réellement le prototype de ce style n'est pas tranché et ne le sera jamais, du fait de l'impossibilité de dater avec une précision suffisante ces deux édifices stylistiquement si proches.

« Il y a quelque chose de plus beau et de plus émouvant qu'un beau monument, ce sont les ruines d'un beau monument » (P.C. Puvis de Chavannes, peintre français du XIXe siècle, citation rapportée dans Oges L. 1967)

Sommaire

L'éponyme

L'éponyme de la chapelle est saint Guidou, ou Kidau, Kido, Quidou, Quideau

Languidou est l'un des deux lieux de culte dédiés à ce saint breton peu documenté (mention dans le bréviaire de Quimper de la bibliothèque de la Société des Bollandistes à Bruxelles). L'autre sanctuaire est la chapelle de Saint-Quideau en Loctudy.

Saint Guidou sera par la suite assimilé à saint Guy (vers le milieu du XVIIIe siècle d'après Pérennes 1934) pour des raisons purement homophoniques semble-t-il.

La statue de l'éponyme, celle qui se trouvait dans la chapelle de Languidou, a été préservée et est aujourd'hui placé dans l'église paroissiale Saint-Gorgon de Plovan.

Étymologie

Languidou est un mot breton signifiant « ermitage » ou « monastère de saint Guidou ». La présence du préfixe Lan-, dans un toponyme breton, marque l'ancienneté de l'implantation d'un lieu de culte sur le site ainsi dénommé. Ce préfixe désignant, en vieux breton, des implantations monastiques issues des migrations venues d'Outre-Manche.

Statut de l'édifice

La chapelle est foncièrement parlait la propriété de la commune de Plovan. Du point de vue du culte, la chapelle est désaffectée depuis la Révolution française. Elle dépendait autrefois de la paroisse de Plovan.

La chapelle fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 22 octobre 1908[1].

Visiter l'édifice

Les ruines de Languidou ne sont pas clôturées et sont d'accès libre et gratuit 24/24 h, 365 jours par an.

Typologie et organisation

Plan de la chapelle de Languidou, basé sur le plan dressé par Joseph Bigot au XIXe siècle, modifié et complété.
Ruines de Languidou à la fin du XIXe siècle ; aucun pilier n'est visible en place dans la nef et au nord du chœur (Paysages et Monuments de Bretagne, Chatelier & Ducrest 1893).

Plan en équerre peu marquée, presque rectangulaire. Chevet plat.

Nef de 4 travées et 2 collatéraux, chœur de trois travées et 2 collatéraux.

Façade occidentale sans portail.

Edifice non voûté, à nef aveugle.

Nb : bien que cet édifice soit aujourd'hui en ruine et qu'il ne reste rien de ses couvertures, on peut affirmer qu'il n'était pas voûté à la simple constatation de la finesse des supports et de la rareté des contreforts. De plus, aucun des édifices stylistiquement apparentés (Ecole de Pont-Croix) n'est voûté et d'ailleurs les églises voûtées sont exceptionnelles en Bretagne, cette région ayant toujours préféré les charpentes aux lourdes voûtes de pierre, même pour les édifices prestigieux (le climat humide et pluvieux diminuait le risque d'incendie, qui était l'une des raisons majeures incitant à voûter les églises dans les régions plus sèches).


Dimensions :
22 x 13 m environ


Etat des ruines avant leur restauration :
Ritalongi en 1894 note (sa visite étant antérieure à cette date) : "Cette chapelle, l'une des plus remarquables du canton, ne parait avoir eu qu'un seul bas-côté.". Comme cette chapelle avait en fait deux collatéraux, on peut en déduire qu'avant la restauration, tous les piliers des arcades nord étaient à terre et dispersés, d'où la fausse impression donnée à cet observateur.


Matériaux :
Gros-œuvre : association d'amphibolite et de granite, essentiellement de l'amphibolite (prasinite) pour les parties anciennes et du granit pour les parties les plus récentes.
Couvertures (aujourd'hui totalement disparues) : ardoise.


Fondation et contexte

Languidou est réputé avoir été autrefois un prieuré, sans preuves concrètes à l'appui semble-t-il. Quelques indices cependant vont dans ce sens :

  • Son toponyme en "Lan-" qui, en breton, dénomme un ancien ermitage ou monastère de l'époque des implantations britto-celtiques venues d'outre-Manche au haut Moyen Âge.
  • Sa situation côtière, fréquente pour les établissements monastiques du haut Moyen Âge dans toute la zone concernée par les usages du christianisme "celtique".
  • Pérennes (1934) rapporte une mention ancienne de Grégoire de Rostrenen (Dictionnaire 1732) citant un Penity Sant Guido (penity = ermitage, en breton), qui correspond probablement à Languidou et atteste donc qu'on l'appelait ainsi à cette époque.

Languidou est établi dans un petit vallon s'ouvrant sur la basse côte marécageuse de la baie d'Audierne. La chapelle est sur la rive gauche du ruisseau, au ras de celui-ci.

Comme quasiment toutes les chapelles bretonnes de fondation ancienne, la chapelle de Languidou est associée à une fontaine de dévotion.

La présence sur le site de cette fontaine ainsi que de deux stèles préchrétiennes permet de supposer que l'édifice dont on voit encore aujourd'hui les ruines, a remplacé un édifice antérieur, mais, en l'absence de textes ou de données archéologiques, rien ne le prouve formellement.


Chronologie de l'édifice

Milieu du XIIIe siècle

Edification de la chapelle actuelle, peut-être en remplacement d'un édifice antérieur.


Arguments de la datation :
Cette datation repose sur l'examen de deux inscriptions, en latin, gravées sur les chapiteaux des naissances des grandes arcades nord. L'une côté chœur, l'une côté nef.


  • L'inscription du côté chœur : le maître d'œuvre
L'inscription du nom du maître d'oeuvre
Pile nord de l'arc diaphragme, face orientale, c'est-à-dire la naissance ouest des grandes arcades nord du choeur (les arcs ont aujourd'hui disparus).
L'inscription du nom du maître d'oeuvre débute sur le tailloir et se continue sur la face plate du chapiteau. La partie sur le chapiteau est toujours bien lisible mais celle sur le tailloir n'est maintenant que partiellement déchiffrable.

Les lectures anciennement publiées de celle-ci sont les suivantes :

"AUVREDUS GURREU FECIT HOC OPUS" (Couffon 1951)
"AUWREDVS GURREC FECIT HOC OPUS" (Pérennes 1934)

L'état actuel de l'inscription permet toujours d'y lire, réparti sur quatre lignes :

AU...REDUS|G
URREU|FEC
IT|HOC
OPUS

Cette graphie ancienne et latinisée Gurreu peut sans doute être transcrite sous forme moderne parGurriec qui est un patronyme anciennement attesté dans le sud-finistère.

L'inscription peut donc être traduite par "Auffray Gurriec a fait cet oeuvre". Considérée isolément, la mention épigraphique courante "fecit hoc opus" n'est pas à prendre au sens de "a construit ce bâtiment" car, à l'époque médiévale, elle indiquait indifféremment soit un maître d'œuvre soit un commanditaire de l'ouvrage. Cependant, dans le contexte précis de Languidou, elle peut être interprétée comme une mention très probable du maître d'œuvre car les commanditaires de l'édifice sont précisés par ailleurs (voir plus bas).

Ce personnage, Auffray Gurriec, étant totalement inconnu en dehors du contexte de cette inscription, connaître le nom du maître d'œuvre de Languidou ne permet pas de préciser plus avant la datation de l'édifice.

Seuls les critères paléographiques permettent donc de dater approximativement l'inscription, et donc l'édifice : D'après Couffon (1951), les caractères utilisés indiqueraient la seconde moitié du XIIIe siècle. D'après Debiais (2006 in litt. et 2008) les caractères utilisés indiqueraient les alentours de 1250, avec les réserves liées à la marge d'incertitude inhérente à toute datation paléographique.


  • L'inscription du côté nef : les commanditaires
Naissance est des grandes arcades nord de la nef, face sud
Sur la face sud, l'inscription est répartie sur le tailloir du chapiteau et sur la moulure perpendiculaire à celui-ci (sur sa face de la moulure et sur la face inclinée occidentale de celle-ci).
Naissance est des grandes arcades de la nef, face ouest.
Une partie de l'inscription était présente sur la face occidentale du tailloir mais est maintenant presque indiscernable. Un croquis de cette face avait été effectué en 1910 (Lefèvre-Pontalis & Lécureux), ici ajouté en vignette sur la photo.


Cette inscription est répartie sur deux faces (ouest et sud) du chapiteau. L'état actuel d'érosion de l'inscription ne permet plus d'en faire une lecture précise, la partie sur la face ouest (donc face à la mer et aux vents dominants...) est même presque complètement effacée.

Il faut donc s'en remettre aux lectures anciennes de l'inscription :

"GVILLELMUS:CANONICVS:ET:IVO:DE:REVESCO:AEDIFICAVERVNT:ISTAM:ECCLESIAM" (Abgrall 1894)
"GVILL°:CANON°:ET:IVO:DE:RIVESCO:AEDRVNT:ISTAM:ECCLIAM" (Abgrall 1916)
"GVILL CANON ET IVO DE REVESCO AEDRVNI ISTAM ECCLTAM" (Tillet 1982)
"GVILLEMUS CANNONICVS ET YVO REVESCO REEDIFICAVERVNT IST[AM ECCLESIAM IN HO]NOREM... QVIDOV." (Pérennes 1934)

Ce qui se traduit par : Le chanoine Guillaume et Yves de Revesco ont fait (re)bâtir cette église (en l'honneur de saint Quidou).

Concernant ce Yves de Revesco, Ducrest (1893), Pérennés (1934), Waquet (1951), Tillet (1982) signalent cependant que la famille de Rivesco/Revesco/Revescon/Revescou/Riviscou était possessionnée en Plozévet, mais on ne dispose d'aucune information sur cette famille à cette période. Tout ce qu'on peut dire est qu'il s'agissait d'un hobereau local, mais il n'est pas identifiable avec précision et son nom ne fournit donc aucun argument supplémentaire à la datation. Revesco est très probablement Ruviscou, lieu-dit sis entre Plozévet et Pouldreuzic, qui est de nos jours une ferme sans trace d'ancien manoir.

Quant à ce chanoine Guillaume, Abgrall (1894) note que le cartulaire de Quimper mentionne un chanoine Guillaume en 1162 et 1166. Ceci ferait remonter l'édification de Languidou (et incidemment de la collégiale Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix, si proche stylistiquement et géographiquement) à la fin du XIIe siècle.

Couffon (1951) réfute la datation d'Abgrall car d'autres chanoines Guillaume sont mentionnés postérieurement (1240, 1263, 1283 etc.). La mention d'un chanoine Guillaume ne fait donc pas progresser directement la datation de l'édifice mais est totalement compatible avec la datation paléographique de l'inscription précédente, c'est-à-dire le milieu du XIIIe siècle.

D'un point de vue paléographique, d'après Vincent Debiais (CNRS - Centre d'Etudes Supérieures de Civilisation Médiévale - Poitiers)(2006 in litt. et 2008) on pourrait attribuer à cette seconde inscription une date un peu plus tardive que celle de l'inscription précédente, mais avec de grandes réserves vu l'état de dégradation actuelle. Cette courte succession dans le temps ne serait pas illogique puisqu'à l'époque on construisait habituellement les églises en commençant par le chœur puis la nef. D'ailleurs, les arcades de la nef (du moins ce qu'il en reste, et après un remontage approximatif) et celles du chœur de Languidou diffèrent légèrement.

Proposer le milieu du XIIIe siècle comme date de construction de Languidou repose donc sur des présomptions sérieuses.


XIV-XVe siècles

Remaniement de la chapelle à la fin du XIVe siècle ou durant la première moitié du XVe siècle. Cette datation repose sur des critères stylistiques : rose du chevet, oculus du collatéral sud, crédence et enfeu du collatéral sud.

Nb : Caillon & Riou 1980 date la rose avec précision de 1450, mais sans argumenter la datation.


XVIIIe siècle

Restitution approximative de l'aspect de la façade méridionale de la chapelle de Languidou avant sa démolition partielle au XVIIIe siècle. (si l'emplacement central du clocher est très probable, son aspect reste par contre totalement spéculatif)

1751 : L'un des deux piliers d'entrée du placître portait cette date, qui n'est plus visible à ce jour (effacée par l'érosion).


1794 : Destruction partielle de la chapelle pour récupérer les pierres et la couverture afin de construire un corps de garde à Plovan.


XXe siècle

Restauration et consolidation des ruines au début du siècle, hélas un peu dans l'approximation et le désordre...


Visite extérieure

Distinguer visite extérieure et visite intérieure est assez théorique quand il s'agit, comme ici, de ruines...

On remarque tout d'abord que la chapelle est partiellement enterrée. En effet, elle est bâtie sur un terrain présentant une forte déclivité de l'est vers l'ouest et une pente plus légère du nord vers le sud. La façade occidentale se trouvant au niveau du sol, la façade orientale s'en retrouve enterrée jusqu'à la base des verrières.


Le placître

Le placître
Chapelle, calvaire et muret d'enceinte. La fontaine est en dehors du placître, au NE de la chapelle.


La chapelle est entourée d'un vaste placître clos. Le muret du placître a visiblement été restauré voire refait à une époque récente.

Ce placître a longtemps servi de cimetière principal pour la paroisse de Plovan, le cimetière du placître de l'église paroissiale Saint-Gorgon, au centre du bourg, étant extrêmement petit. Le cimetière de Languidou est aujourd'hui désaffecté et toutes les tombes en ont été ôtées.

Le placître abrite un calvaire et deux stèles protohistoriques.

L'entrée du placître est entourée de deux piliers maçonnés, sans grand caractère. L'un des piliers portait autrefois une date gravée "1751", que l'érosion a malheureusement fini d'effacer.


Les stèles protohistoriques

Les stèles du placître

Sur le placître, se trouvent deux stèles protohistoriques aux flancs épannelées (âge du fer ?)

La présence de ces stèles, si elles n'ont pas été déplacées, attesterait de l'ancienneté du site de Languidou en tant que lieu de culte.

L'une des stèles est curieusement couronnée d'un prolongement rapporté ressemblant à un pinacle. Peut-être cette stèle avait-elle été secondairement christianisée par cette pièce rapportée supportant une croix ?


La façade méridionale

La façade du choeur

Façade sud du choeur
Sur la façade méridionale du choeur, les restes d'une grande verrière indiquent par leur taille que cette verrière devait dépasser la ligne d'égout de la toiture et donc que l'arc couronnant cette verrière était surmontée d'un pignon.
Sur cette même façade, un petit portail communique avec le bas du collatéral sud. Il est très simple et assez bas, en plein cintre, simplement épannelé, sans chapiteaux. A sa gauche la base du contrefort qui venait contrebuter la poussée de l'arc transverse du collatéral et donc indirectement celle de l'arc diaphragme. Par contre, le massif a sa droite n'a pas de raison architectonique évidente, sa présence n'est peut-être que l'une des nombreuses approximations commises lors de la restauration des ruines au début du XXe siècle, son absence du plan Bigot (établi antérieurement à la restauration, voir plus bas) semble le confirmer.
Un bel et grand oculus se situe entre la verrière méridionale et le pignon du chevet. Cet oculus possédait-il des remplages ? Difficile à dire.


La façade de la nef

Il ne reste pratiquement plus rien de la façade méridionale de la nef. Une simple base de mur très restaurée. Les restes des verrières mentionnées sur le plan Bigot ont disparu lors de cette restauration radicale. Les restes d'un portail avec encore quelques traces des bases des colonnettes qui l'encadraient, son emmarchement est aujourd'hui une ancienne pierre tombale.

Le chevet

Le chevet
A noter l'enfouissement notable de la base du chevet, nécessité par la déclivité du terrain.

L'élément marquant du chevet est bien sûr la superbe rose qui orne sa verrière centrale. Celle-ci a été rajoutée secondairement à l'édifice, probablement vers la fin du XIVe siècle ou le début du XVe siècle.

Le chevet est plat, comme c'est la règle dans les édifices témoignant du style dit de l'Ecole de Pont-Croix. Le chevet actuel est néanmoins postérieur à cette époque, ayant été remanié.

Hormis la grande rose, on remarque un appareillage plus grand et plus soigné et une nature de pierre différente (moins d'amphibolite), qui témoigne d'une reprise importante de tout le chevet conjointement à cette modification de la verrière. Les deux contreforts contrebutant les grandes arcades intérieures présentent le même appareillage que le parement du chevet et ont donc probablement eux-aussi été remaniés à la même époque.

L'examen des rampants du chevet donne une indication sur l'aspect de la toiture de l'édifice, aujourd'hui disparue. Il s'agissait donc d'une vaste toiture en bâtière unique sur nef aveugle, ce qui est la typologie habituelle des toitures des édifices de l'Ecole de Pont-Croix. A noter, de chaque côté, un léger dièdre rentrant au niveau des arcades, tout du moins au niveau de la toiture du chœur (entre le chevet et l'arc diaphragme). Il est impossible aujourd'hui de dire si ce dièdre se poursuivait sur la toiture de la nef. Il n'est même pas certain que ce dièdre ne soit pas une "interprétation" abusive lors de la première restauration des ruines car les quelques photos anciennes de la chapelle avant sa restauration ne sont pas probantes à ce sujet.

Quant à l'aspect des rampants eux-mêmes, leur profil et leur mouluration nous restent inconnus. Le rampant nord est une restitution et le rampant sud a perdu ses nervures. Il n'est en particulier pas possible de savoir si un ressaut orthogonal était présent au niveau des grandes arcades, comme on le constate sur les rampants anciens d'autres édifices de l'Ecole de Pont-Croix.

La façade occidentale

Façade occidentale
Il n'y a qu'un étroit passage entre la façade et le mur du placître, dont on voit l'ombre à droite, et ce dernier est à l'aplomb direct du lit du ruisseau en contrebas.

Cette façade est dépourvue de toute trace de portail. Un portail occidental n'aurait été d'aucune utilité à cet endroit puisque le ruisseau longe la façade. La question qui se pose est : pourquoi donc avoir construit cette chapelle au ras du ruisseau. La topographie répond : le terrain à l'est de la chapelle est très pentu, or une chapelle se devait d'être orientée est-ouest (règle quasi absolue) donc grand axe vers la pente, l'ériger ainsi au ras du ruisseau permettait donc de bénéficier d'un terrain un peu plus plat et de diminuer le volume des terrassements.

Le seul ornement de cette façade est une fenêtre haut perchée, dont il ne reste que quelques pierres de l'encadrement.

La base de la paroi est très épaissie sur toute la largeur du vaisseau central et raccordée en glacis avec la partie supérieure. Ceci forme une sorte de contrefort faisant corps avec la paroi et courant tout le long de celle-ci d'une arcade à l'autre : un aspect évoquant plus l'architecture militaire de l'époque que l'architecture religieuse. La disposition habituelle des façades occidentales était celle de deux étroits contreforts contrebutant les arcades intérieures et encadrant un portail.

La justification architectonique de cette volumineuse disposition, bien peu économique en matériaux, est probablement le ruisseau tout proche, qui faisait craindre un travail de sape des fondations par celui-ci et une déstabilisation des arcades de la nef, alors les constructeurs de la chapelle ont décidé de faire so-li-de.

Tout le couronnement de la façade a disparu, il donc pas possible de savoir à quoi ressemblait les rampants du pignon.


La façade nord

Façade nord
Le décrochement formant chapelle latérale est peut-être une erreur de restitution.
Photo de la fin du XIXe siècle montrant l'état des lieux avant leur restauration.
[Paysages et Monuments de Bretagne, Chatelier & Ducrest 1893]

Il n'en reste pas grand chose. C'est aujourd'hui juste un simple muret représentant la base de l'ancien mur.

De plus, il est probable que son aspect actuel soit le résultat d'une interprétation hasardeuse des ruines lors de leur restauration au début du XXe siècle. En effet, le plan des ruines dressé par l'architecte Joseph Bigot(1) à la fin du XIXe siècle, donc avant toute restauration, diffère sur ce point du plan actuel. La façade nord y est droite jusqu'au décrochement de la chapelle latérale nord du chœur. Par contre, un contrefort est présent, symétrique du contrefort de la façade sud. Actuellement, il y a un deuxième décrochement en chapelle au niveau de la nef qui n'existe pas sur le plan Bigot. L'état actuel est peut-être le résultat d'une mauvaise compréhension de la base du contrefort contrebutant l'arc transversal du collatéral nord, cette base de contrefort a été interprétée comme une base de paroi et on a aligné à tort une portion du mur gouttereau sur elle, recréant ainsi cette fausse chapelle.

(1) Joseph Bigot, architecte diocésain, maître d'ouvrage des flèches de la Cathédrale de Quimper, excellent connaisseur de l'architecture ancienne, il a dressé des plans et croquis de nombreuses chapelles et églises du diocèse de Quimper. Il est donc difficilement concevable qu'il ait pu se tromper à ce point dans son plan.

Une autre restauration de toute évidence approximative est la base de la porte nord de la nef : cette ouverture est effectivement signalée sur le plan Bigot et parait être une porte, mais les piédroits de la base de porte actuelle ne comportent aucun décrochement permettant d'y adapter un ouvrant... Quant aux quatre fenêtres du mur nord signalées sur le plan Bigot, nulle trace actuelle hormis la base de l'encadrement de la verrière de la chapelle nord du chœur. Une remarque identique a déjà été faite à propos du mur sud de la nef. Il est certes possible que Bigot ait effectué une restitution graphique de certaines ouvertures, par ajout sur son plan de symétriques nord-sud disparues, mais on devrait alors retrouver au moins quelques traces des entablements de certaines verrières. L'état actuel de ces bases de murs tirées au cordeau montre hélas que tout a été nivelé et "restauré" bien "propre", comme un muret de jardin...


Le calvaire

Article détaillé : Calvaire de Languidou.


La fontaine de dévotion

Fontaine de Languidou
Le terrain étant constamment fortement détrempé, les bottes sont conseillées pour accéder à cette fontaine.

La fontaine de Languidou est située en dehors du placître, à une centaine de mètres en aval de la chapelle, au nord-est de celle-ci, dans le vallon, en rive droite de ce dernier.

Cette fontaine rustique est maintenant à l'abandon et envahie par la végétation. Des riverains la débroussaillent de temps à autre, car quand la végétation est haute, on la voit à peine voire pas du tout.

A noter que Caillon et Riou 1980 et Couffon 1988 indiquent saint Gorgon et non saint Quidou comme étant l'éponyme de cette fontaine (saint Gorgon est l'éponyme de l'église paroissiale de Plovan). Caillon et Riou formulent l'hypothèse que la situation de la fontaine de Languidou sur la rive opposée du ruisseau par rapport à la chapelle serait l'explication de cette attribution à saint Gorgon plutôt qu'à saint Quidou, le ruisseau aurait formé la limite séparative des domaines dédiés l'un à saint Gorgon, l'autre à saint Quideau.


Visite intérieure

Malgré les outrages du temps et des hommes, et ses nombreuses parties manquantes, la chapelle de Languidou témoigne encore parfaitement de ce qu'était l'aspect et l'organisation intérieure d'un édifice de l'Ecole de Pont-Croix.

Le chœur

Le chœur
Seules les arcades sud sont complètes. Les arcades nord ne sont représentées que par des fragments de piliers, en désordre et discordants avec leurs symétriques...

Le chœur est la partie la mieux conservée de l'édifice puisque le mur de chevet et les grandes arcades sud sont complètes.

Le chœur se compose de trois vaisseaux de trois travées.

L'édifice n'ayant pas de transept, la séparation entre chœur et nef était matérialisée par un grand arc diaphragme associé à deux arcs transversaux dans les collatéraux (seul l'arc du collatéral sud est conservé).

En sus de l'arc diaphragme, la séparation chœur/nef est aujourd'hui marquée par un surélèvement du pavage du chœur par rapport à celui de la nef, mais on ne peut affirmer qu'il en était ainsi à l'origine puisque le pavage du chœur a disparu... à moins qu'il n'y en ait jamais eu.

Le maître-autel est placé sur deux degrés. Il n'est pas certain que ce soit l'autel originel mais plutôt une restitution à partir d'éléments épars.


Les grandes arcades sud

Grandes arcades sud du chœur
Ces superbes grandes arcades, typiques du style de l'École de Pont-Croix, ont heureusement été préservées de la destruction.
Grandes arcades sud du chœur
A noter les culots en encorbellement recevant la nervure en faisceau de tores et la base en talus des voussures de l'archivolte.
La décoration du chapiteau consistant en en un affinement des colonnettes sous-jacentes, qui se courbent et se rejoignent en un point, se retrouve fréquemment dans d'autres édifices de l'École de Pont-Croix. Cet élégant motif est en parfaite harmonie avec celui similaire du culot de l'intrados et entraîne une profonde unité stylistique de l'ensemble fût-chapiteau-archivolte.
Ces grandes arcades sont complètes. Ce sont les seules arcades de l'édifice qui étaient restées debout et en place. Elles ne sont donc pas le résultat d'un remontage d'éléments épars.
Ces arcades sont typiques du style initial de l'École de Pont-Croix. Elles présentent un aspect extrêmement proche de celles de Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix : fûts à colonnettes, chapiteaux, culots d'encorbellements, nervures d'intrados, tout cela est plus que similaire entre les deux édifices mais quasi-identique voire interchangeable !
Il est donc difficile d'imaginer que ces éléments aient pu être taillés et mis en œuvre par un autre atelier que celui qui a réalisé la nef et le chœur initial de la collégiale de Pont-Croix. La seule différence notable entre les grandes arcades des deux édifices est l'absence à Languidou du cordon horizontal au-dessus des arcades et des fines colonnettes prolongeant l'axe des piliers. Cette différence s'explique aisément par le fait que le parement des murs surmontant les arcades de Pont-Croix est en pierre de taille alors que celui de Languidou est en appareil de moellons dégrossis (en partie restitué, cf. les photos anciennes), seules les arcades proprement dites sont en pierre de taille. Il est très probable que ces parties en moellons des murs de Languidou étaient autrefois recouvertes d'un enduit.
Les deux piliers reposent sur des socles-bancs (formule habituelle de l'École de Pont-Croix). A noter l'alternance socle carré et socle circulaire, avec symétrie nord-sud.


Les grandes arcades nord

Il n'en reste en place que les socles des piliers. On retrouve la même alternance socle carré et socle circulaire qu'aux arcades sud.
Les piliers, très fragmentaires, qui reposent sur ces socles ne correspondent pas à leurs symétriques des arcades sud. Il semble avoir eu un méli-mélo des piliers entre les diverses arcades du chœur et de la nef lors de leur remontage à l'époque de la "restauration" des ruines au début du XXe siècle.


L'abside

La grande rose de l'abside
Cette grande rose est un ouvrage d'une ampleur et d'une finesse remarquable, dont la présence est inattendue dans une chapelle que l'on pourrait croire modeste.
Les remplages de la grande rose orientale ont heureusement été préservés des outrages du temps. Leur facture est remarquable. Le style de cette rose est encore rayonnant mais annonce le flamboyant.
La grande rose semble beaucoup plus belle vu du côté abside que du côté chevet du fait que ce dernier est partiellement enterré alors que dans l'abside la rose domine le spectateur, telle une dentelle de pierre en équilibre dans l'air.
Rappelons que cette rose est beaucoup plus récente, d'un siècle au minimum, que les grandes arcades du chœur et de la nef. Ce rappel n'est pas inutile car cette rose est parfois utilisée, à tort, pour illustrer le style de l'École de Pont-Croix, style avec lequel cette belle rose n'a d'autre rapport que la cohabitation...
La présence de cette grande rose tout comme l'ampleur et la qualité générale de la décoration des parties plus anciennes du bâtiment (grandes arcades et arc diaphragme) démontre que Languidou fut autrefois certainement bien plus qu'une simple chapelle locale. Les investissements lourds dont elle fit l'objet à diverses époques (tout cela n'était pas gratuit !) montrent que cette chapelle a joui autrefois d'un prestige et d'une notoriété certaine et cela sur une longue période... avant de finir comme une carrière de pierre.


La chapelle latérale nord

Chapelle nord
Le collatéral nord du chœur s'élargit en chapelle.
A noter le banc courant le long du mur et une étroite crédence-piscine de facture assez rustique.
Cette chapelle latérale est un simple décrochement latéral peu profond du mur nord. Elle est pour l'essentiel dans l'axe du collatéral nord. Cette chapelle est occupée par un petit autel de pierre (paraissant quelque peu bricolé) surmontée d'une verrière orientale, dont les remplages ont disparu.
Sur le mur nord, sous les restes d'une verrière, se trouve une crédence-piscine qui est peut-être contemporaine de l'édifice originel, car elle diffère sensiblement de son homologue de la chapelle sud, sans doute plus récente.


La chapelle latérale sud

Chapelle sud
A noter l'oculus et la crédence.
Contrairement à celle du côté nord, la chapelle du côté sud ne comporte aucun élargissement, elle continue directement le collatéral sud.
Une grande verrière méridionale (dont il ne reste que la base des piédroits) ainsi qu'un large oculus éclairaient latéralement cette chapelle, et, axialement, elle était éclairée par la verrière du chevet du collatéral. Cet endroit ne manquait donc pas de lumière !
Le mur sud abrite un enfeu en arc brisé dont la tombe a disparu.


L'arc diaphragme

L'arc diaphragme lui-même, qui séparait la nef du chœur, a disparu mais le fort volume des piles qui le soutenaient, ainsi que la présence d'arcs transversaux dans les collatéraux (seul l'arc sud est conservé) le contrebutant, arcs eux-mêmes contrebutés à l'extérieur de l'édifice, tout cela indique que cet arc diaphragme devait supporter la charge d'un clocher central, clocher dont il ne reste aucun élément à ce jour. A noter que la formule du clocher central est habituelle dans les édifices de l'Ecole de Pont-Croix.

Un chancel fermait probablement cet arc diaphragme (une saignée sur la colonnette centrale de la pile nord semble l'indiquer).


La pile nord

Pile nord de l'arc diaphragme
(vue depuis la pile sud)
Cette pile a été remontée lors de la restauration. Il manque quelques assises horizontales, la pile était originellement plus haute. Son profil étant symétrique de la pile sud, sa hauteur devait être la même.
La pile nord est incomplète. Il lui manque des assises horizontales et il n'y a plus aucune trace de départs d'arc au dessus des tailloirs. Son remontage semble cependant avoir été effectué correctement.
Bien qu'incomplète, cette pile constitue pourtant l'une des parties d'intérêt majeur de l'édifice, car elle est contemporaine des grandes arcades, donc de l'édifice originel, et elle porte sur les naissances des arcades deux belles inscriptions gravées, dont l'analyse a été présentée par ailleurs (voir : chronologie). L'une coté choeur mentionne le maître d'oeuvre, l'autre côté nef, mentionne les commanditaires de l'édifice.
A noter que c'est le nom du maître d'oeuvre et non le nom des commanditaires qui occupe la place d'honneur dans cet édifice. Le nord est en en effet le côté de l'évangile (et est souvent dénommé ainsi) et cette inscription fait face au choeur, les commanditaires faisant face à la nef.
La pile repose sur un large socle-banc. Celui-ci présente un décalage en hauteur entre la partie soutenant le départ des arcades de la nef et celle soutenant l'ensemble formé par le corps de la pile et le départ des arcades du choeur. Ceci est à mettre en relation avec les données paléographiques des deux inscriptions de cette pile, qui vont dans le sens d'une légère antériorité de l'inscription côté choeur. Ce décalage du socle, évoquant une extension secondaire du socle principal, va donc dans le même sens : le choeur a probablement été érigé avant la nef.


La pile sud

Pile sud de l'arc diaphragme
(vue depuis la nef)
La pile sud est complète sur toutes ses faces et a conservé ses départs d'arcs, ce qui permet de se faire une bonne idée de l'aspect originel de l'arc diaphragme.
Au vu de l'agencement des départs d'arcs, l'arc diaphragme devait être particulièrement volumineux et formé de deux arcs concentriques séparés par un appareillage de moellons.
On remarque le même décalage en hauteur de la partie du socle qui supporte le départ des grandes arcades que celui constaté et commenté pour la pile nord, ce qui confirme donc ce qui en a été dit.
Le chapiteau servant de naissance aux arcades de la nef est orné d'une étoile à six branches quadrillée dans un cercle, le chapiteau symétrique au nord également. A noter que le chapiteau de la naissance des arcades de Notre-Dame de Penhors, qui sont stylistiquement très proches, porte lui aussi un motif similaire.


L'arc et son contrebutement

Arc transversal sud du collatéral
(vu depuis le collatéral sud de la nef)
Au fond, le collatéral sud du choeur se termine en chapelle contre le chevet plat.
Naissance nord de l'arc transversal sud du collatéral
Le rouleau interne est reçu en encorbellement au-dessus d'un large chapiteau triangulaire aplati couronnant une colonnette engagée, une formule que l'on retrouve dans les naissances d'arcades de nombreux édifices de l'Ecole de Pont-Croix.
L'arc diaphragme était de large portée et avait une structure complexe : deux arcs concentriques relativement distants avec une bande intermédiaire en appareil irrégulier de moellons, l'arc interne étant à double rouleau.
Les deux piles reposent sur d'imposants socles-bancs leur procurant l'assise au sol nécessaire à supporter le poids de l'arc diaphragme et d'un probable clocher. Les poussées latérales étaient, pour une part, compensées par la masse considérable et la largeur transversale de ces piles, auquel s'ajoutait un contrebutement par les arcs transversaux des collatéraux qui poussaient aux niveau de la projection horizontale des points de retombée de l'arc. Ce contrebutement était parachevé au sud par un contrefort extérieur (dont il ne reste plus aujourd'hui que la base) et au nord par le mur plein d'une pseudo-chapelle latérale continuant le plan de l'arc (mais ce "mur" est probablement un contrefort mal interprété lors de la restauration hasardeuse de la chapelle au début du XXe siècle).
Cet arc diaphragme était donc une structure fortement épaulée, destinée à supporter non une simple charpente mais une forte charge, donc un clocher.
Quel forme avait cet arc diaphragme ? Ayant à supporter un clocher et devant franchir une large portée, il est très probable qu'il était en arc brisé. Il est cependant impossible de l'affirmer car le peu qui en reste aujourd'hui ne permet pas d'extrapoler sa courbure.
Des deux arcs transverses des collatéraux, seul l'arc transverse sud a été préservé et, par chance, il est complet. Il est à double rouleau, en plein cintre, avec une forte nervure d'intrados reposant sur l'encorbellement caractéristique de l'Ecole de Pont-Croix. En fait, cet arc est agencé exactement comme un arc de l'extrémité d'une rangée de grandes arcades, hormis qu'il est disposé transversalement.


La nef

Naissance occidentale des grandes arcades nord de la nef
Ce fragment d'arc est le seul témoignage restant des arcs des grandes arcades de la nef.
Naissance orientale des grandes arcades sud de la nef
Le culot de réception de la nervure de l'intrados n'étant pas mouluré, il est hautement probable que la nervure ne l'était pas non plus.
A gauche, on aperçoit l'amorce de l'arc diaphragme (détruit) séparant la nef du choeur.

La nef comportait trois vaisseaux de quatre travées.

La nef est hélas beaucoup moins bien conservée que le chœur, ses grandes arcades se réduisent à quelques piliers, certains incomplets. De plus, tous ces piliers sont des reposes de matériel dispersé et la remise en place a été effectuée un peu au hasard, sans grand soin de restituer l'ordonnancement originel des piliers.

Il reste cependant, toujours en place, une petite fraction de l'arc de l'arcade occidentale nord.

Ce qui reste de cet arc montre qu'il s'agissait d'un arc à double rouleau sans voussures. Le rouleau interne forme une forte nervure simplement épannelée retombant en encorbellement au-dessus du tailloir sur un culot non orné. Ce type d'arcade se retrouve à l'identique dans bien d'autres édifices de l'Ecole de Pont-Croix (Saint-Jacques de Lambour, Notre-Dame de Penhors, Notre-Dame de Kérinec).

Peut-on en déduire que l'ensemble des arcades de la nef étaient ainsi ? L'affirmer, certainement pas car il est fréquent que les arcades les plus occidentales des nefs soient moins ornées que les autres arcades d'un même alignement. Cela reste néanmoins très probable car il reste un culot de réception de la nervure d'intrados à la naissance orientale des arcades sud (donc un culot de l'arcade qui serait logiquement la plus décorée, puisque la plus près du chœur) et ce culot, bien que légèrement différent de celui de l'arcade nord, n'est lui non plus pas mouluré. A noter que l'épannelage de la voussure s'amortit en talus sur le chapiteau, comme à Saint-Jacques de Lambour, et dans une moindre mesure à Notre-dame de Penhors. Il est donc probable que les arcades de la nef de Languidou ressemblaient beaucoup à celles, bien conservées, de la nef de Lambour ou du chœur de Penhors.


Considérations sur l'aspect des arcades de la nef

Dernière arcade nord, extrapolation des courbures.
Tracé fantôme à partir des éléments restants.
Au vu des fragments restants, se pose la question de savoir si ces arcades étaient en plein cintre ou en arc brisé ? Cela est difficile à savoir car la partie restante d'arc est trop courte pour pouvoir en extrapoler sa courbure de manière parfaitement fiable, et a fortiori celle des autres arcades, car s'il est une chose qui n'est ni constante ni significative dans les édifices se rapportant à l'Ecole de Pont-Croix c'est bien le type d'arc !
L'extrapolation graphique semble indiquer que cet arc était en plein cintre. Cependant, il faut prendre en compte qu'il s'agit de ruines, et qu'elles ont été restaurées de manière assez approximative. La naissance d'arc restée en place a donc très bien pu travailler en s'inclinant vers l'arcade et le pilier recevant l'arc ayant été remonté, son point d'appui tout comme sa verticalité ne sont peut-être pas strictement conformes à l'état original. De plus, les arcs brisés médiévaux sont rarement réguliers, ils n'ont pas deux centres mais quatre, leur courbure à la base est souvent proche du plein cintre puis la courbure diminue en partie supérieure. Donc, pas de conclusion hâtive, cette extrapolation semble indiquer le plein cintre mais n'en est en aucun cas une preuve.
A noter cependant que la portée des arcades de la nef est supérieure à celle des arcades du choeur. De ce fait, on ne peut totalement exclure l'hypothèse que ces arcades étaient en arc brisé. Si c'était le cas, cela confirmerait de nouveau leur grande ressemblance avec les arcades de la nef de Lambour, qui sont en arc brisé. Cette ressemblance concerne moins les chapiteaux, ceux de Languidou étant beaucoup plus proches de ceux de Pont-Croix que de ceux de Lambour (l'aspect des chapiteaux de Languidou est homogène entre le choeur et la nef). Cette similitude entre la nef de Languidou et celle de Lambour reste néanmoins assez spéculative, vu le peu de matériel restant des arcs de la nef de Languidou.


Le fond de la nef

La nef n'a pas de portail occidental, mais deux petits portails latéraux se faisant face, un au nord et un au sud. L'absence de portail occidental s'explique en partie par la topographie : la façade occidentale domine le rebord du lit du ruisseau.
On remarque la présence de corbeaux régulièrement répartis sur toute sa largeur du mur occidental. Quel usage avaient ces corbeaux ? Ils semblent trop forts pour être de simples consoles à statues et supportaient probablement une vaste tribune qu'éclairait une verrière dont on voit les traces plus haut sur la paroi.
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Les piliers

La nef
A noter les larges socles-bancs carrés des piliers.
Les beaux piliers polylobés des grandes arcades sont typiques de l'Ecole de Pont-Croix, et comme fréquemment dans les édifices de ce style, ils reposent sur de larges socles-bancs. Contrairement au choeur, les socles des piliers de la nef sont tous carrés.
Ces piliers sont incomplets et il manque certaines assises. L'un d'eux n'est même qu'une base et un chapiteau et la base de l'un d'eux est en réalité un chapiteau reposé à l'envers !
Ces piliers ont fait l'objet d'une remise en place lors de la restauration des ruines et cela de façon aléatoire et globalement incorrecte, en mélangeant allégrement piliers de la nef et piliers des arcades nord du choeur. Si la restauration de Languidou a été de qualité, d'un point de vue de maçon, elle témoigne par contre d'une médiocre compréhension de l'édifice et d'une piètre prise en compte des données des édifices stylistiquement apparentés.
En effet, l'une des caractéristiques des édifices de l'Ecole de Pont-Croix est la fréquente alternance des profils de piliers sur un même alignement d'arcade (4,6 ou 8 colonnettes) mais cette alternance s'accompagne d'une rigoureuse symétrie nord-sud. Cette symétrie n'est ici pas respectée. A noter qu'il serait tout à fait possible et peu coûteux de redonner aux piliers de Languidou un disposition moins anarchique et plus conforme à leur ordonnancement originel probable. La plupart des pièces du puzzle sont là, il reste à les remettre dans le bon ordre. De plus, dort dans le fond du placître un volumineux "tas de cailloux" qui, une fois trié, fournirait certainement du matériel utile à une restauration plus fidèle et plus complète de ce bel édifice. Celui-ci étant classé, la décision en revient aux Monuments Historiques[précision nécessaire].

Notes et références

Annexes

Articles connexes

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Liens externes

Bibliographie

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