- Centre international de recherche, formation et intervention en psychosociologie
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Le Centre international de recherche, formation et intervention en psychosociologie ou CIRFIP est une association (loi 1901) qui est aussi un lieu d’échange et de réflexion ouvert à tous ceux - intervenants dans le champ social, praticiens, chercheurs, formateurs, enseignants ou "simple" citoyen – qui veulent poursuivre l’aventure psychosociologique[1] et estiment que cette tradition "clinique et critique" doit jouer un rôle spécifique dans le monde actuel. Il se situe donc dans le prolongement d’autres lieux qui ont contribué à faire vivre la tradition de recherche et de pratique née des travaux de Kurt Lewin (la recherche –action), de Jacob Levy Moreno (la sociométrie), et de Carl Rogers (la non-directivité, sans oublier les interventions en entreprise (Elliott Jaques et le Tavistock Institute), les recherches en sciences de l’éducation et en psychologie clinique. La psychosociologie telle qu'elle est pensée et pratiquée par les membres du centre s'est développée par les diverses interventions dans les organisations et les réflexions sur les expériences vécues in situ, dans un dialogue constant avec la psychanalyse et les théories critiques (Ecole de Francfort,etc.).
L’objectif général de l’association est le « développement de la psychosociologie, en transversalité avec les autres sciences de l’homme et de la société, et la contribution à la résolution des problèmes concrets qui peuvent se poser dans différentes sphères, organisations et institutions de la pratique sociale. » [2]. Comme l’a rappelé André Lévy [3] , premier président du CIRFIP, l’association se réfère à l’origine à trois principes directeurs :
- – l’interdisciplinarité dans les sciences de l’homme et de la société ;
- – des liens aussi étroits que possibles entre recherche et intervention ;
- – la reconnaissance d’exigences éthiques régissant autant les visées générales et les pratiques professionnelles, que les modes de fonctionnement internes.
Sommaire
L’orientation psychosociologique du CIRFIP
Les nombreux travaux des psychosociologues adhérents du CIRFIP mettent en avant les liens entre les processus psychiques et les phénomènes sociaux, en partant du principe que le psychique et le social sont à la fois irréductibles et indissociables, ainsi que l’avait formulé le philosophe, à la fois économiste, psychanalyste et militant politique, Cornelius Castoriadis : « La psyché est irréductible à la société, de même que la société est irréductible à la psyché. (…) Il y a indissociabilité et irréductibilité. »[4] Pour autant, loin d’être une critique abstraite, distanciée et formelle, la psychosociologie est clinique et critique en ce qu'elle est avant tout une action "impliquée", se développant sur le terrain, en relation aux autres, à leurs désirs ou à leurs fantasmes et qu'elle participe, en les initiant ou en les accompagnants, aux mutations sociales et individuelles. Cette orientation qui privilégie le va-et-vient incessant entre la théorie et la pratique se définie par une approche clinique (particulièrement développée par Florence Giust-Desprairies) qui ne cherche pas à « appliquer » la psychanalyse ou le paradigme expérimental aux situations sociales concrètes. En cela, elle se distingue à la fois de la psychanalyse groupale et des recherches de laboratoire en psychologie sociale expérimentale (d’où l’opposition française entre psychosociologie et psychologie sociale[5]).
Quels que soient les différentes approches ou mouvements regroupés au sein du CIRFIP (l’analyse sociale et l’intervention psychosociologique (Jean Dubost, André Lévy), l’analyse dialectique (Max Pagès), la psychosociologie analytique (Eugène Enriquez), l’intervention ou la régulation institutionnelle (Jacques Ardoino, Jacqueline Barus-Michel), la sociopsychanalyse (Gerard Mendel), ou bien encore la socianalyse (Georges Lapassade et René Lourau), la psychodynamique du travail (Christophe Dejours), la sociologie clinique (Vincent de Gaulejac), etc., les pratiques d’orientation psychosociologique se situent toutes à la croisée de la recherche du sens et d’une certaine efficience, dans la compréhension « de l’intérieur » des processus de changement. A propos de l’articulation entre recherche et action, Eugène Enriquez souligne la signification d’une telle perspective :
« Les processus humains et sociaux ne peuvent dans certains cas émerger, dans tous les cas être élucidés, que dans la mesure où les sujets individuels et collectifs se sentent en situation de crise (sans donner à ce terme une connotation dramatique) et désirent, malgré leurs résistances, accéder à un nouvel état d’équilibre, prendre des décisions, entreprendre des actions nouvelles et sont prêts, quelque peu, à supporter la charge d’angoisse inhérente à tout processus de changement et demandent à être accompagnées dans cette tentative. »[6]
Pour André Lévy, il semble plus juste de définir la psychosociologie comme « une critique permanente, en acte, des processus générateurs de fausses évidences, de relations convenues, de discours vide de sens, de solidarités fondées sur la méconnaissance et sur l’exclusion. »[7]
Histoire du Centre
En 1993, un groupe de 18 personnes décide de fonder le CIRFIP : Centre international de recherche, formation et intervention en psychosociologie, suite au départ de 10 d’entre elles de l’ARIP (Association pour la recherche et l’intervention psychosociologiques) dont elles étaient, pour la plupart, des membres fondateurs. Les psychosociologues - chercheurs qui avaient fondé avec Max Pagès l’ARIP en 1959, parmi lesquels Guy Palmade, Jean Dubost, André Lévy, Eugène Enriquez et Jean-Claude Filloux, ont décidé de faire scission avec ce qui avait été le premier groupement français de psychosociologues (qui avait fondé la revue Connexions), laissant cette association continuer ses travaux autour de Jean-Claude Rouchy. Ils ont été rejoints par d’autres psychosociologues issus de différents champs de recherche et d'intervention qui ont notamment permis de renforcer l'orientation clinique.
Membres fondateurs du CIRFIP [8] (en 1993): Gilles Amado, Jacqueline Barus-Michel, Jean Pierre Boutinet, Teresa Cristina Carreitero, Jean Dubost, Eugène Enriquez, Jean Claude Filloux, Florence Giust-Desprairies, Véronique Guienne, Danielle Hans, Vincent Hanssens, Jean Marc Huguet, Maurice Jeannet, André Lévy, Annie Mercier, André Nicolaï, Guy Palmade, Guy Roustang. Premier président : André Lévy.
En octobre 1994, le centre publie le premier numéro de la Revue Internationale de Psychosociologie éditée chez Eska (rédacteurs en chef : Gilles Amado et Eugène Enriquez) qui deviendra suite à un différend avec l’éditeur, en 2006, la Nouvelle Revue de psychosociologie, éditée chez èrès.
En 2002, sur une proposition de Jean Marc Huguet, le Centre publie chez érès un Vocabulaire de psychosociologie, sous la direction de Jacqueline Barus-Michel, Eugène Enriquez et André Lévy. (Traduit depuis en espagnol, italien et portugais). Cet ouvrage de référence propose des articles de synthèse sur les notions représentant les objets et les processus de cette discipline, les démarches et les pratiques constituant les outils méthodologiques et les auteurs précurseurs et fondateurs de la psychosociologie.
En 2009, sous la présidence et l'impulsion de Florence Giust-Desprairies, le centre organise un grand colloque sur « Un demi-siècle de psychosociologie. Héritages et perspectives » qui a eu lieu à l’ESCP à Paris. Outre les nombreuses tables rondes et commissions autour des thèmes "Epistémologie psychosociologique", « Histoire et transmission », « L’intervention psychosociologique », « Enjeux politiques et nouvelles perspectives », etc., avec la participation de nombreux psychosociologues venus d’horizons et de pays différents, cet évènement a aussi été un moment festif lors duquel, notamment, un film sur les fondateurs de la psychosociologie en France a pu être projeté [9] et une large place a été réservée aux démarches artistiques et aux questions de société.
Actuelle présidente : Florence Giust-Desprairies, professeur à l’université Paris-VII. Co-directeur du Laboratoire de Changement social.
Membres actuels (en 2010) du conseil d’administration de l’association : Florence Giust Desprairies (présidente), Vincent Hanssens (vice-président), David Faure (secrétaire général), Olivier Gourbesville (trésorier), Annie-Charlotte Giust (resp. formation), Jacqueline Barus-Michel et Gilles Amado (rédacteurs en chef de la revue), Philippe Alouis, Gilles Arnaud, Maryse Dubouloy, Jamal Lamrani, Elwis Potier, Jean Vincent, Danièle Weiss.
Activités du Centre
Le centre organise régulièrement des conférences et des colloques sur des thèmes en lien avec la psychosociologie.
Il organise également des cycles de formation sur la dynamique de groupe, l’analyse des pratiques d’intervention, le cadre dans les organisations, etc. [2]
Le centre publie depuis 2006 La Nouvelle Revue de Psychosociologie (Erès). Numéros parus :
- n°1 : Perspectives en clinique du travail
- n°2 : L’angoisse du risque et les paradoxes de la responsabilité
- n°3 : Les pratiques sociales au regard de l’éthique
- n°4 : La santé : expériences subjectives et situations sociales
- n°5 : Guy Palmade et la régulation sociale
- n°6 : Les ambiguïtés de la relation d’aide
- n°7 : La résistance créatrice
- n°8 : La passion évaluative
- n°9 : Crise du système scolaire ou crise de société?
- n°10 : Les risques psychosociaux, une nouvelle catégorie sociale?
- n°11 : Les groupes d'analyse des pratiques
Notes
- Vincent_de_Gaulejac, Klimis Navridis (Textes réunis par) : L’Aventure psychosociologique, Desclée de Brouwer, Paris, 1997. (ISBN 2-220-03806-8) Cf. Nicole. Aubert,
- http://www.cirfip.org Cf. le site :
- André Lévy, « Le Centre international de recherche, de formation et d’intervention psychosociologiques », dans Revue internationale de psychosociologie, 1994, vol. 1, n°1.
- Cornelius Castoriadis, repris dans : Figures du pensable, Seuil, Paris, 1999. (ISBN 2020365693)
- Cf. Jean Dubost, « Psychologie sociale, versus psychosociologie ? », in Connexions n°42, 1983.
- Eugène Enriquez, « La psychosociologie au carrefour », dans Revue internationale de psychosociologie, 1994, vol.1, n°1
- André Lévy, Penser l’événement. Pour une psychosociologie critique, Parangon/Vs, 2010. Cf.
- Eugène Enriquez, André Lévy, Vocabulaire de Psychosociologie. Références et positions, Erès, Paris, 2002, p.19 (ISBN 978-2749200767) Jacqueline Barus-Michel,
- Film sur les fondateurs de la psychosociologie (en France), réalisé dans le cadre du colloque organisé par le CIRFIP sur « Un demi-siècle de Psychosociologie. Héritages et perspectives » (4-5-6 juin 2009). Ce film, réalisé sous l’impulsion de Florence Giust-Desprairies, a été monté et présenté lors du colloque par David Faure, Hicham Bennis, Clarisse Lecomte et Elwis Potier.
Catégorie :- Association ou organisme lié à la psychologie
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