- Gérard Berréby
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Gérard Berréby, né en 1950 à Thala (Tunisie), est un éditeur et auteur français. Il a fondé les éditions Allia en 1982.
Sommaire
Biographie
Gérard Berréby est arrivé en France à l'âge de quinze ans. Il habite d'abord aux Bosquets à Montfermeil puis interrompant ses études de terminale en 1968, traverse les années soixante-dix en dilettante, passant d'un petit boulot à un autre (chauffeur-livreur, manutentionnaire, employé de bureau), se passionne dans le même temps pour la boxe ou pour le rock[1] tout en voyageant à travers l'Europe et développant une sensibilité situationniste[2]. Il achète les livres des éditions Champ Libre qui lui donneront l'inspiration de fonder sa propre maison d'édition, Allia, en 1982.
Le premier livre publié est Mes inscriptions de Louis Scutenaire, suivi de deux ouvrages sur la Révolution russe (L'Insurrection de Cronstadt d'Ante Ciliga et Souvenirs sur Nestor Makhno d'Ida Mett) puis d'une somme sur l'Internationale situationniste que Gérard Berréby dédie à Gérard Lebovici qui venait d'être assassiné.
Sa silhouette juvénile et l'ambivalence trouble de sa position dans le monde littéraire lui valent d'être parfois comparé à Swan,personnage essentiel du désormais culte Phantom of the Paradise de Brian de Palma (1974).Le rapprochement se justifie si l'on songe que Swan (interprété à l'écran par Paul Williams,par ailleurs compositeur des chansons du film) représente,au-delà de la caricature du producteur sulfureux,le pouvoir tentaculaire de quiconque fonde son empire sur une communauté de sentiments et de pensées,et que la devise courant autour de l'emblème de la maison Allia,"les mêmes désirs et les mêmes répugnances",en appelle précisément à pareille communauté.En outre,l'œuvre que Swan entend produire,laquelle comprend une reprise de Faust,et,plus généralement,ses goûts musicaux,relèvent d'une tératologie artistique dont les choix éditoriaux de Gérard Berréby sont à bon droit perçus comme l'équivalent littéraire. L'esthétique que Swan et Berréby ont en commun de promouvoir peut en effet se définir comme un purisme ironique écumant les enfers de la tradition,à laquelle,pourtant,ni l'un ni l'autre ne sacrifie les utopies formelles de la modernité. La conférence tenue par Gérard Berréby le premier avril 2011 au CipM de Marseille dans le cadre de la manifestation "Poésie et Rock"(conférence visible sur YouTube) confirme sa prédilection pour l'éclosion sauvage de formes inédites d'expressivité,prédilection qui reste cependant classique dans son exigence non négociable de cohérence interne et de beauté.Cette conférence est également l'occasion pour Gérard Berréby d'une mise au point quant à sa conception de la poésie comme irruption du pouvoir transgressif du faire,mais dont la phase nihiliste n'est que le moment critique,destiné à féconder ce qu'Hölderlin appelait "la toute-puissance du désespoir".
En avril 2010, Gérard Berréby a publié son premier livre, Stations des profondeurs.Détournant le principe de la déambulation tutoyée du Zone d'Apollinaire,une schizo-écriture se déploie au fil des pages en "cheminements dissociés"(p.58),dont même l'assignation occasionnelle à un "je" se révèle précaire."Je suis au centre et tourne autour"(p.44):l'allusion fugitive à un sujet impersonnel sécrété par les instants et les lieux qu'il traverse se double d'une dilatation de la conscience jusqu'aux frontières du non-soi et au basculement dans la "conscience de son contraire"(p.49).Commune à toutes les stations souterraines dont "je" et "tu" ne sont ici que les médiums contingents, la "tristesse des frontières"(p.16) nous gagne à notre tour lorsque les échos d'une innocence trahie nous parviennent des profondeurs où nulle passion chaste ne peut subsister. Les lignes parallèles de l'autodestruction "noire sur nuit"(p.58) et de "l'hymne à la lumière"(p.39)s'entremêlent alors, sans,pourtant,que la déchéance exploratoire répondant à la vénalité des cœurs mercenaires procure jamais l'oubli de ce qui en est l'origine, l'obsession de la pureté.Stations des profondeurs s'achève sur l'énigme de la rédemption, que dessine la figure léonine d'une judéité dont l'être collectif tire sa force des luttes intérieures de ceux qui durent se perdre pour la retrouver.
Bibliographie
- Gérard Berréby, Stations des profondeurs, Allia, 2010. (ISBN 2-84485-352-8)
- Jean-Michel Mension, La Tribu, Allia, 1998.
Entretiens avec Gérard Berréby et Francesco Milo.
- Ralph Rumney, Le Consul, Allia, 1999.
Entretiens avec Gérard Berréby en collaboration avec Giulio Minghini et Chantal Osterreicher.
- Piet de Groof, Le Général situationniste, Allia, 2007.
Entretiens avec Gérard Berréby et Danielle Orhan.
Préfaces
- Henri Rollin, L'Apocalypse de notre temps : les dessous de la propagande allemande d'après des documents inédits, précédé de « Le faux et son usage » par Gérard Berréby, Paris, Éditions Allia, 2005. (ISBN 2-84485-197-5)
- Asger Jorn et Guy Debord, Fin de Copenhague, présentation de Gérard Berréby, Allia, 2001.
Articles connexes
Notes et références
- « Frenchy but chic », portrait publié dans Technikart n° 42, page 44.
- Gérard Lebovici, Stock, 2004, page 328. Jean-Luc Douin, Les jours obscurs de
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