- Bataille du Rhône
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La « Bataille du Rhône » désigne un ensemble de manœoeuvres et de combats centrés sur le passage du Rhône par l'armée d'Hannibal au cours de l'automne 218 av.J.C.
Sommaire
Circonstances générales
C'est le début de la Deuxième Guerre punique. Après la prise de la ville hispanique de Sagonte, Hannibal se met en marche vers l'Italie au printemps -218 avec une armée de 38 000 fantassins, 8 000 cavaliers et 37 éléphants.
Côté Romains, le consul Publius Cornélius Scipion, reçoit la mission d'envahir l'Hispanie carthaginoise où il ne doute pas de rencontrer Hannibal. Il est accompagné de son frère, Cnaeus Cornelius Scipion Calvus et de son fils, le futur Scipion l'Africain, alors âgé de 17 ans. Mais Scipion prend du retard, suite à une révolte de Gaulois dans la plaine du Pô. L'armée romaine, forte de deux légions et de nombreuses troupes alliées, soit 22.000 fantassins et 2.000 cavaliers, s'embarque sur une flotte de soixante vaisseaux et longe la côte jusqu'à Marseille où elle fait escale. C'est là que le consul apprend par des rumeurs qu'Hannibal, qu'il croyait encore au pied des Pyrénées, serait en train de franchir le Rhône à quatre jours de marche au nord de Marseille, soit à hauteur du village actuel de Caderousse. Il décide logiquement une opération de reconnaissance composée de trois cents de ses meilleurs cavaliers épaulés et guidés par des mercenaires gaulois à la solde des Marseillais.
Hannibal avait forcé l'allure depuis les Pyrénées, achetant ou intimidant les tribus gauloises de rencontre. Il est possible qu'il ait détruit au passage le puissant oppidum d'Ensérune, dans le Hérault. Mais à l'approche du Rhône, il constate qu'un fort parti de Voconces, des Gaulois hostiles, l'attend sur l'autre rive...
Premier engagement
Hannibal confie une partie de son armée à Hannon, fils de Bomilcar, avec mission de remonter le fleuve sur une quarantaine de kilomètres, de le traverser et revenir par la rive gauche pour surprendre l'ennemi au moment où lui-même lancerait la traversée. La manœuvre dure quatre jours, que Hannibal met à profit pour rassembler un maximum d'embarcations. Au matin du cinquième jour, des signaux de fumées annoncent à Hannibal que Hannon est à pied d'oeuvre. Le gros de l'armée s'élance alors dans un véritable débarquement d'assaut. Tite-Live précise, par exemple, que les barques portant des cavaliers traînaient derrière elles leurs chevaux nageant, maintenus par leurs rênes.
Attaqués de front par Hannibal et sur leur droite par Hannon, les Voconces se débandent. Hannibal peut dès lors faire passer le restant de ses troupes, les éléphants et les bagages. C'est alors qu'il apprend que les Romains ont débarqué à Marseille. Il détache aussitôt cinq cents cavaliers numides parmi les meilleurs pour l'informer de l'avance ennemie...
Deuxième engagement
Les Numides se heurtent assez rapidement aux cavaliers romains, d'où surprise réciproque et violente escarmouche. Les textes parlent de 140 morts chez les Romains et 200 chez les Numides mais c'est à prendre avec circonspection : après tout, il s'agissait de troupes de reconnaissance dont la mission était de renseigner leur chef respectif et non de combattre à outrance. Sans doute les belligérants rompirent-ils le combat dès que les conditions d'une retraite sûre furent réunies. Une fois rentrés, on peut supposer qu'ils enjolivèrent quelque peu leur récit. C'est humain et l'essentiel était dans les renseignements qu'ils ramenaient. Les auteurs latins jugèrent par conséquent que ce fut une coûteuse mais réelle victoire romaine, une sorte de préfiguration de la suite des événements, à savoir le triomphe final de Rome au prix d'énormes pertes. Le parallèle était tentant, mais il est permis de douter : les prestations très inférieures des cavaliers romains devant leurs homologues numides sera une des constantes de la guerre. Scipion l'Africain lui-même ne remportera la victoire décisive que grâce à l'appoint de la cavalerie du roi Massinissa, qui s'était rallié à lui.
Les suites
Soucieux avant tout de gagner l'Italie, Hannibal marcha vers le Nord en direction de l'embouchure de l'Isère et, de là, vers les cols alpins. Publius Scipion, qui avait gagné le lieu de la traversée avec son armée pour n'y trouver personne, se rendit à l'évidence : il avait " manqué " Hannibal. N'oubliant pas le but premier de sa mission, il confia ses troupes et sa flotte à son frère Cnaeus pour poursuivre jusqu'en Hispanie. Pour sa part, il rejoindrait les légions stationnées dans la plaine du Pô afin d'y attendre Hannibal au sortir des Alpes.
Dans les semaines qui suivront, Cnaeus s'illustrera à la bataille de Cissa - ou Cissis, près de Taragone tandis que son frère Publius connaîtra un échec lors de la bataille du Tessin.
Références et sources
- Polybe - Livre 3, chapitre 9
- Tite-Live - Livre 21, chapitre 29
- Cornelius Nepos, chapitre 23, § 6
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