André Fribourg-Blanc

André Fribourg-Blanc

André Fribourg-Blanc (1888-1963) est un médecin général neuropsychiatre.

Biographie

André Fribourg-Blanc est né à Grenoble le 17 mars 1888. Il y fréquente le lycée Champollion, où il acquière une solide culture générale et littéraire. Cette éducation, alliée à l’esprit de rigueur des lois inculqué par son père et à la formation religieuse donnée par sa mère le marquera toute sa vie. Il prépare médecine et accompli son service militaire à Grenoble.

Il entre à l’Ecole du Service de Santé Militaire (ESSM) de Lyon en 1909, où il travaille à sa thèse de médecine sous la conduite de Lacassagne, célèbre médecin légiste. Ce travail sur l’« Etude de l’enfance coupable » sera déterminant pour sa carrière de psychiatre. Il accompli alors un stage d’application au Val-de-Grâce en 1913. Il prend son premier poste de médecin militaire. Sur sa demande, il est envoyé au Maroc en 1914. Dés son arrivée, il entreprend la vaccination intensive des populations contre la typhoïde, ce qui lui vaudra la Médaille d’honneur des épidémies en 1919. Il participe aux opérations de la région de Taza, pendant lesquelles il se distingue en portant secours aux blessés. Il reçoit ainsi sa première citation. Le conflit franco-allemand le ramène en France comme médecin-chef de bataillon. Il est blessé pour la première fois dès les premiers combats d’août 1914, puis une deuxième fois lors de la bataille de la Marne, toujours en secourant les blessés. Cela lui vaut sa deuxième citation et la Légion d’honneur, alors qu’il n’est encore qu’un jeune lieutenant de 26 ans. Affecté à la direction du Service de santé (DSS) d’un corps d’armée (CA), il est chargé d’assurer la logistique des postes de secours de cette vaste unité et met en place une organisation efficace de triage et d’évacuation des blessés. Il prend part aux grandes batailles de Flandre, d’Argonne, de Champagne, de Verdun. A chaque fois, il réorganise les postes de secours et les liaisons vers l’arrière. Blessé une troisième fois en 1916, il n’en continue pas moins à se dévouer sans compter. Malgré cela, se sentant trop éloigné des combattants, il obtient d’être de nouveau médecin-chef de bataillon. Il s’implique de très près dans la bataille de la Somme. Promu au grade de médecin capitaine, il reste à son poste malgré les souhaits de sa hiérarchie de le réintégrer à la DSS. On le retrouve ainsi en Champagne, dans la terrible 2e bataille de l’Aisne et encore à Verdun. Atteint gravement pour la quatrième fois à Douaumont, en 1917, il reçoit sa sixième citation. Après une longue convalescence, il est affecté à Paris, comme chef du bureau des évacuations. Il met en place une nouvelle organisation, visant de soigner les blessés le plus vite possible. Cela permet de conserver les effectifs ; problème crucial en cette période du conflit, où la pénurie en hommes se fait sentir.

En juillet 1919, il participe à la Mission Militaire Française (MMF) en Pologne. Il entreprend une action diplomatique qui se concrétise par la création du Comité médical franco-polonais. Lors de l’invasion Bolchevik d’août 1920, il participe aux opérations comme conseiller. Il est promu officier de la Légion d’honneur et reçoit par la suite quatre décorations polonaises.

Fribourg-Blanc rentre définitivement à Paris. Dés 1921, il est le représentant de la médecine militaire française au congrès franco-polonais de Varsovie. Il se perfectionne en psychiatrie, à la Faculté de Paris et dans les hôpitaux parisiens. Il obtient plusieurs diplômes de spécialiste ce qui lui permet de rentrer comme médecin traitant au service de neuropsychiatrie de l’Hôpital du Val de Grâce. Il s’y montre d’emblée très actif et communique ses observations cliniques aux sociétés savantes. Il devient professeur agrégé à la chaire de neuropsychiatrie et commence son enseignement. Reconnu par ses pairs, il est membre de la Société de médecine militaire, puis de la Société médicale des hôpitaux de Paris. En 1925, il prend la tête du service de neuropsychiatrie. La chaire d’expertises médicales est fusionnée à la sienne, ainsi que celle d’administration militaire. Simultanément il est chargé de conférences en législation militaire, à l’Institut médico-légal de la Faculté de médecine de Paris. Il est promu au grade de médecin commandant en 1928. Il fait paraître un nombre important de publications dans les revues spécialisées, exposant les résultats de ses travaux. Il est récompensé pour son travail sur « L’hystérie dans l’armée », puis par le Prix Larrey de l’Académie des sciences pour son travail sur « La folie et la guerre ».

Enfin, avec le titre de professeur au Val de Grâce, il est titularisé dans cette chaire de « neuropsychiatrie, médecine légale, législation, administration et service de santé militaires, déontologie », taillée à sa mesure. Mais il ne sera promu médecin lieutenant colonel qu’en juin 1932. Partout il s’impose comme le maître-psychiatre de l’armée. Sa renommée s’étend aussi vers ses collègues civils et à l’étranger. Il est admis comme membre dans quatre sociétés savantes dont la Société de médecine de France, dont il devient secrétaire en 1931 et la Société de neurologie de Paris, présidée par Henri Claude, illustre neurologiste de l’Asile Sainte-Anne, avec qui il collabore fructueusement. Lors de nombreux congrès, il communique les résultats de ses travaux et expose d’importants rapports médicaux sur des sujets de synthèse, à la pointe des connaissances médicales du moment. Il est récompensé trois fois par la médaille du ministère de la guerre et décoré des Palmes académiques. En plus de remarquables travaux en neurologie (encéphalites épidémiques) et en psychiatrie (hystérie et la paranoïa), quatre axes de recherche ont été tracés :

  • Le traitement de la paralysie générale par la malariathérapie, qu’il introduit au Val-de-Grâce en septembre 1925. Il publie un ouvrage sur ce sujet en 1929.
  • Une importante étude sur les conséquences neuropsychiatriques de la guerre. Grâce à ses qualités d’observateur basées sur son expérience passée, il expose quelles sont l’évolution et les conséquences des blessures du crâne. Ces travaux débouchent sur une loi fixant de nouveaux barèmes pour les pensions d’invalidité. Ils sont étendus à l’étude des psychoses de guerre qui fait l’objet de l’ouvrage « La folie et la guerre ».
  • En prophylaxie mentale, il propose nouvelle organisation pour déceler les malades mentaux dès l’incorporation : sélection des recrues, aptitude au service... Cela conduit l’Etat à changer la loi sur les incorporations en 1938. Il contribue aux travaux de coordination entre les médecins militaires et civils.
  • Un des objectifs de l’expertise médico-légale est de déterminer la part de responsabilité entre l’armée et le malade. Dans ce travail, Fribourg-Blanc remet clairement les rôles de l’expert, de l’administration et du tribunal à leurs places respectives. Les problèmes de déontologie sont posés sans ambages : responsabilité du médecin et du malade, secret médical, emploi des psychotropes, etc. L’ensemble de ces questions est traité de façon magistrale dans son ouvrage : « La pratique psychiatrique dans l’armée », publié en 1935.

De cette façon, il pose les fondements de la psychiatrie militaire. Avec le constant souci d’être utile, il développe l’enseignement dans cette exigeante spécialité. Frappé par la limite de son temps de professorat en 1935, il est nommé directeur de l’Hôpital Bégin à Vincennes. Il exerce là, un travail essentiellement administratif où il montre des qualités d’animateur remarquables. Il peut cependant poursuivre ses travaux et participer encore à quelques congrès. Il obtient le grade de médecin colonel en 1936.

En 1938, il est nommé à la direction de la 18e région militaire, à Bordeaux. Cet événement l’éloigne définitivement de la médecine militaire. Ses responsabilités ne portent plus que sur les problèmes d’organisation générale. Cependant, il écrit un article proposant une nouvelle organisation des services psychiatriques militaires, valable sur le plan national. Il est promu à la distinction de commandeur de la Légion d’honneur, en juillet 1939.

A l’approche du nouveau conflit, il est nommé directeur du service de santé d’un CA. Au cours des combats de mai 1940, il reçoit la Croix de guerre 39-45 (7e citation). Fait prisonnier, il est déporté en Allemagne. Pour lutter contre le fatalisme qui accapare les esprits, il s’implique dans un mouvement où chaque intervenant enseigne dans sa spécialité. Il soutient les plus désemparés par une inlassable action morale. Libéré en décembre, il rentre à Grenoble.

En 1941, il est nommé directeur du service de santé de la région militaire de Paris et coordonnateur de toute la France occupée. Il accède au grade de médecin général. Sa tâche est lourde par l’étendue du territoire et délicate par les relations qu’il doit entretenir avec l’occupant. Il est chargé de l’organisation des hôpitaux militaires et de la Croix-Rouge, mais aussi des camps de prisonniers : transports, gestion du personnel médical, approvisionnements, etc. Il se déplace fréquemment pour inspection et il rend compte de son travail au secrétaire d’Etat. Il est mis à contribution pour organiser la délicate question de la « relève des médecins » prisonniers. Constamment forcé de négocier le fonctionnement de ses services avec les autorités allemandes, il réussi à mettre à couvert plusieurs médecins juifs. A partir de 1943, les bombardements alliés lui imposent un surcroît de problèmes. Il s’arrange cependant pour favoriser l’action de la Résistance. Il accède au grade suprême de médecin général inspecteur en février 1944. Fidèle serviteur de l’Etat, il s’est consacré entièrement aux Français qui souffrent le plus, avec une énergie de tous les instants et un profond sens du devoir. Mais, à la Libération, il est dégradé. Après s’être justifié devant une commission d’épuration, il est réhabilité, mais ne retrouvera son rang qu’en 1956. Désormais, sa fonction se réduit à celle de conseiller technique puis inspecteur des services de neuropsychiatrie de l’armée. Il demande sa retraite. Pour lui témoigner leur reconnaissance, ses pairs le désignent vice-président au congrès international pour les maladies professionnelles à Genève en 1946 (où il prononce un mémorable discours sur le mensonge !), puis président au congrès des aliénistes et neurologistes en 1947.

Le général rentre à Grenoble, où il ouvre un cabinet psychiatrique privé. Il y soigne les malades d’autrefois qui ont toujours besoin de lui et assiste aux réunions parisiennes avec une fidélité touchante. Pour ces actions auprès de l’Association régionale de sauvegarde de l’enfance et de l’adolescence, il est nommé commandeur de la santé publique en mars 1962.

André Fribourg-Blanc avait fait la connaissance de Lida Rudowska originaire de Pologne, à Paris en 1913, alors qu’elle était encore étudiante (thèse de médecine en 1914). Avec un effacement absolu, elle a quotidiennement soutenu son mari dans toutes ses entreprises. Bactériologiste, elle s’est montrée une conseillère avisée. Dix enfants naissent de cette union entre 1917 et 1935 ; mais six d’entre eux disparaissent en bas âge. Dure épreuve affective pour les deux époux, injustement frappés par le destin. Le décès de leur aîné, en 1949 sera fatal à Lida. D’une discrétion étonnante, la vie du ménage est entièrement tournée vers l’aide à ceux qui se trouvent en difficulté sur leur route et particulièrement les plus humbles. Tous ont bénéficié de cette médecine de l’humain qui le caractérise : il savait rendre confiance et espoir aux âmes meurtries. Il meurt à son domicile de Grenoble le 13 janvier 1963.

Tous ceux qui de près ou de loin ont approché le général Fribourg-Blanc, gardent de lui le souvenir d’une force morale et d’une droiture exemplaires. Il a marqué chacun d’eux, de ses exceptionnelles qualités humaines et de son rayonnement.

Bibliographie

  • Le médecin général André Fribourg-Blanc (1888-1963), Le fondateur de la psychiatrie militaire au service des souffrants, 2010, (ISBN 286496175X)



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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article André Fribourg-Blanc de Wikipédia en français (auteurs)

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