Ali Ali-Khodja

Ali Ali-Khodja
Ali-Khodja en 2009

Ali Ali-Khodja, né à Alger le 13 janvier 1923 et décédé dans sa ville natale le 7 février 2010, est un miniaturiste et peintre algérien.

Sommaire

Biographie

Arrière-petit-fils du Dey d'Alger, Ali Ali-Khodja est issu d'une vieille famille d'origine ottomane. Après la mort de son père en 1927, il est recueilli par ses oncles maternels dont l'un est le miniaturiste Mohamed Racim. De 1929 à 1937 Ali-Khodja fait ses études à l'école de Saint-Eugène puis à celle d'El-Biar. À partir de 1933 il est élève d'Omar Racim, son autre oncle maternel[1], au cours pratique de calligraphie et d'enluminure près l'École des beaux-arts d'Alger, de Mohamed Racim et d'Andrée Du Pac à l'École.

À partir de 1941 Ali-Khodja expose dans plusieurs salons et reçoit en 1942, la « Bourse Sivry », première bourse de la ville d'Alger (section miniature). Aux côtés notamment de Hemche, Temmam, Yellès et Ranem, il participe en 1944 à l'exposition des « Jeunes peintres et miniaturistes musulmans d'Algérie » organisée par Mohamed Racim. En 1945 il est dessinateur au bureau d'études du service de l'artisanat, où il retrouve Sid-Ahmed Kara. Il présente en 1946 une première exposition personnelle et reçoit de nouveau la bourse de la ville d'Alger (section miniature). Il est coopté en 1947 par la « société des artistes algériens et orientalistes » et participe à une exposition collective en Scandinavie, à Stockholm, Oslo et Copenhague, dans laquelle il présente deux miniatures (Intérieur mauresque, Environs d'Alger) et deux enluminures. En 1950 il figure dans l'exposition des peintres de la revue « Soleil » fondée par Jean Sénac[2]. Il reçoit en 1961 la médaille d'or du « Meilleur ouvrier de France ». Nommé au Musée des arts et traditions populaires de 1948 à 1961, il est ensuite recruté comme professeur de décoration par l'École des Beaux-arts d'Alger où il enseignera jusqu'en 1994.

Ali-Khodja participe à partir de 1962 aux premières expositions organisées à Alger après l'Indépendance, est en 1963 membre fondateur de l'Union nationale des arts plastiques (UNAP) et participe en 1964 à son premier salon annuel. Il crée en 1966 pour les « Ballets algériens » un ensemble de costumes qui ne seront pas réalisés. En 1969 plusieurs de ses œuvres sont exposées au 1er Festival panafricain d'Alger. En 1970 le grand prix national de peinture lui est attribué et en 1987 la médaille du mérite national. Ali-Khodja est également membre du jury international de la première biennale internationale des arts plastiques d'Alger en 1987 et président du jury de la deuxième biennale en 1989.

L'œuvre

De 1943 à 1950 Ali-Khodja peint exclusivement des miniatures autour des scènes quotidiennes du vieil Alger. Il commence de réaliser en 1963 des peintures ayant pour thème les paysages du Sahel algérois et en 1970 des aquarelles. De 1974 à 1977 ses peintures prennent pour thèmes les animaux. Autour de 1978 il pratique également la gravure.

Signature d'Ali-Khodja

Au début des années 1980 les œuvres puissamment colorées d'Ali-Khodja, sur toile, sur cuivre ou sur or, se font non figuratives. Le peintre ne leur donne plus que des titres allusifs: Formes primitives ou Signes des temps (1982), Apparence, Cosmogonie ou Eaux profondes (1983), Chemin spatial et Diffraction (1984), Obsession (1985), Transmutation (1985 et 1986), Exaltation, Genèse, Forme fluctuante, Scintillement, Fusion, Équilibre, Structures libres, Solstice ou Ambivalence (1986)[3].

Jugements

  • « Du travail d'Ali-Khodja se dégage une impression de profusion, mais une profusion faite de sérénité et de douceur. Des compositions feutrées, toutes en volutes et rondeurs, bannissant le tranchant, l'aigu et tout ce qui suggère les blessures. Les travaux font penser à une série de « palettes » où le peintre juxtapose ou combine avec prodigalité désinvolture et jouissance. Le pinceau vagabonde entre les couleurs, s'attardant sur telle ou telle d'entre elles pour rehausser une touche, imposer une nuance précise. (...) Sur les toiles d'Ali-Khodja, le blanc crayeux des falaises (le temps qui passe), le vert des frondaisons, les Fleurs de roche, l'horizon en flamme du couchant hors saison fusionnent pour construire une cosmogonie du rêve. (...) Il ouvre sa toile toute grande et les couleurs affluent, submergeant les contours et les formes, s'agitant pour créer la vie, pour ressusciter les premiers germes d'une sorte de magma originel. »
Tahar Djaout, Une cosmogonie de rêve
  • « Il ne s'est guère occupé de la « gestion » de sa carrière. (...) Les moyens traditionnels - mais néanmoins légitimes - qu'utilisent les artistes pour faire connaître leur œuvre le rebutent ou, à tout le moins, lui paraissent sans intérêt réel. Il place par dessus tout le fait que l'artiste doit être en accord avec lui-même, être habité d'une profonde sérénité ou, si l'on préfère, avoir une intense croyance en ses choix esthétiques. »
Mustapha Orif[4]

Expositions personnelles

  • 1946 : Librairie Ferraris, Alger
  • 1947 : Librairie Baconnier, Alger
  • 1986 : Galerie M'hamed Issiakhem, Office Riadh el Feth, Alger
  • 1988 : Centre Culturel Algérien, Paris
  • 1991 : Galerie Isma, Alger
  • 1996 : Galerie Berlioz, Marseille
  • 1998 : Centre culturel algérien, Paris
  • 2005 : Galerie d'Art 54, La Citadelle, Bab El-Djedid, Alger
  • 2007 : Musée Étienne Dinet, Bou-Saada
  • 2009 : Centre culturel de la radio algérienne, Alger

Illustrations

Armoiries de la ville d'Alger

Ali Ali-Khodja a créé une série de timbres postaux algériens en 1963, une série d'affiches pour le Ministère du Tourisme en 1965 et en 1968, puis pour les Floralies d'Alger en 1974 et la foire artisanale de Ghardaïa en 1976. Il a également réalisé en 1965 les armoiries de la ville d'Alger.

Musées

Bibliographie

Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article : source utilisée pour la rédaction de cet article

  • Saad Ziane, Pour connaître la peinture algérienne, dans El Djezaïr, Alger, Ministère du tourisme algérien, 1968 (p. 50). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • La peinture en Algérie, Alger, Ministère de l'information, 1969. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Mohammed Khadda, Éléments pour un art nouveau, Alger, SNED, 1972 (p. 49). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Musées d'Algérie, II, L'art populaire et contemporain, Alger, Ministère de l'information et de la culture, 1973 (p. 70). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Ali-Khodja, textes de Ali Ali-Khodja, Ali Silem et Mustapha Orif, Galerie M'hamed Issiakhem, Office Riadh el Feth, Alger, 1986 (62 p.). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Artistes algériens d'aujourd'hui, préface de Mustapha Orif, Alger, Galerie M'hamed Issiakhem, Office Riadh El-Feth, 1986. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Algérie, peinture des années 1980, textes de Mustapha Orif et Ramon Tio Bellido, Centre national des arts plastiques, Paris, 1986 (p. 6). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Créative Algérie, Phréatique n° 51, Paris, hiver 1989 (p. 86, 89, 106). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Mansour Abrous, Les artistes algériens, Dictionnaire biographique, 1917-1999, Alger, Casbah Éditions, 2002 (p. 20-22). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Jean Sénac, Visages d'Algérie, Écrits sur l'art, textes rassemblés par Hamid Nacer-Khodja, préface de Guy Dugas, Paris, Paris-Méditerranée / Alger, EDIF 2000, 2002 (p. 103) (ISBN 28427215X). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Le XXe siècle dans l’art algérien, (textes de Ramon Tio Bellido, Malika Dorbani Bouabdellah, Dalila Mahammad Orfali et Fatma Zohra Zamoum), Château Borély, Marseille / Orangerie du Sénat, Paris, avril-août 2003 (p. 24, 26, 27, 37, 38, 170, 176-177) (ISBN 2950676812). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Notes et références

  1. « Omar était dans la pure tradition avec l’enluminure et la calligraphie, alors que Mohamed, miniaturiste, était plus ouvert au monde extérieur. Tous deux ont vécu à Montparnasse et côtoyé les grands maîtres de l’époque. Leur apport à l’art algérien est considérable. Les Racim restent des modèles dans leur domaine. », déclare Ali Ali-Khodja (Hamid Tahri, Une peinture toute en poésie, dans El Watan, Alger, 14 avril 2005.
  2. Jean Sénac, Visages d'Algérie, Écrits sur l'art, Paris, Paris-Méditerranée / Alger, EDIF 2000, 2002, p. 103
  3. Toiles reproduites parmi d'autres dans Ali-Khodja, Galerie M'hamed Issiakhem, Office Riadh el Feth, Alger, 1986.
  4. Ali-Khodja, Galerie M'hamed Issiakhem, Office Riadh el Feth, Alger, 1986, p. 17.

Articles connexes

Lien externe


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Ali Ali-Khodja de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Поможем решить контрольную работу

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Ali Khodja — Mustapha Khodja Naissance 1933 Alger (Algérie) Décès 19 mai 1956 (à 22 ans) Haouch Ben M rabet Bordj el Kiffan (Algérie). Mort au combat Origine …   Wikipédia en Français

  • Khodja — ou encore Hodja, Khoja, Hoca, Xoja, Hoxha (du farsi « maître »), est un titre honorifique en usage dans les cultures islamiques. Il est souvent employé pour les imams et les muezzins. Langue Transcription Turc Hoca Turkmène Hoja Tadjik… …   Wikipédia en Français

  • Ali Ben Ahmed — Ali Ben Ahmed, dit Ali Khodja, fut dey d Alger de septembre 1817 à février 1818, suite à l assassinat de son prédécesseur Omar Agha commis le 8 septembre 1817. Quelques jours après son avènement, pour mieux assurer sa sécurité, il quitte le… …   Wikipédia en Français

  • Ali II ibn Husayn — Ali II ibn Husayn. Ali II ibn Husayn (árabe: أبو الحسن علي باي), Túnez 24 de noviembre de 1712 26 de mayo de 1782) fue bey de Túnez de la dinastía husaynita de Túnez, hijo de al Husayn I ibn Ali, y hermano y sucesor de Muhammad I al Rashid .… …   Wikipedia Español

  • Ali II Bey — Pour les articles homonymes, voir Ali Bey. Ali II أبو الحسن علي باي …   Wikipédia en Français

  • Moustapha Khodja — (أبو النخبة مصطفى خوجة), décédé le 10 octobre 1800[1], est un homme politique tunisien d origine géorgienne. Sommaire 1 Biographie 1.1 Début de carriè …   Wikipédia en Français

  • Mohamed Khodja — Mohamed Khodja, décédé le 21 février 1846[1], est un caïd, gouverneur et ministre tunisien. Son père est un officier turc qui fait aussi office de clerc religieux au sein de la caste turque de Tunis. C est ainsi qu il éduque son fils dans le… …   Wikipédia en Français

  • Al-Husayn I ibn Ali — Al Husayn I ibn Ali. Al Husayn ibn Ali (árabe أبو محمد حسين بن علي التركي, Le Kef 1675 Kairuán 1740) fue bey de Túnez. Fundó la dinastía husaynita de Túnez. Nació en Le Kef el año 1675 y era el segundo hijo del comandante turco local Sidi Ali al… …   Wikipedia Español

  • Jean Sénac — Jean Sénac, né à Béni Saf en Oranie (Algérie française) le 29 novembre 1926 et assassiné à Alger le 30 août 1973, est un poète qui avait rejoint dès 1955 la cause de l indépendance algérienne[1]. Sommaire 1 Biographie …   Wikipédia en Français

  • Révolutions de Tunis — Carte maritime ottomane du XVIe siècle représentant la côte sud est de la Tunisie Les Révolutions de Tunis correspondent à une période de troubles et de guerres civiles touchant la Régence de Tunis au XVIIe siècle. Elle oppose …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”