- Abū l-‘Abbās Ibn al-‘Arīf
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Abū l-‘Abbās Ahmad, b. Muhammad b. Mūsā b. ‘Atā Allāh b. al-‘Arīf est né à Almería en 1088. Issu d’une famille très humble, d’un père originaire de Tanger, qui fut gardien nocturne (d’où le nom d’Ibn al-‘Arīf, de « fils du gardien » pour son enfant) puis qui fit partie de la garnison de la Qaṣba à la cour d’al-Mutasīn. Très jeune, il fut placé comme apprenti chez un tisserand mais il manifesta une répugnance pour tout ce qui n’était pas l’étude du Coran et les traditions prophétiques. En dépit de la désapprobation de son père, il étudia la science religieuse mais aussi philologique et poétique qu’il enseignera à son tour aussi bien à Alméria, à Saragosse et à Valence. Ibn al-‘Arīf était alors connu aussi pour son talent de calligraphe mais c’est par sa connaissance de la jurisprudence islamique et sa spiritualité qu’il est resté dans les mémoires. Almeria était le foyer du soufisme et ibn al-‘Arīf s’y rattacha mais on ignore quels furent ses maîtres. Il eut de très nombreux disciples engendrant la crainte du sultan almoravide ‘Alī qui le fit persécuter. Ce fut le cadi d’Alméria, ibn al-’Aswad, jaloux du succès du shaykh, qui le dénonça. Le sultan ordonna alors qu’Ibn al-‘Arīf se rendit à Marrakech où il arriva enchainé mais fut très vite, non seulement libéré par le sultan, mais traité avec bienveillance et respect. Ce dont ibn al-‘Arīf ne profita guère car il mourut bientôt, selon certains de ses biographes, suite à un empoisonnement, et selon d’autres de maladie. On était en 1141. De même ceux-ci divergent quant au lieu de sa mort, Marrakech pour les uns et Ceuta pour les autres, bien que tous soient d’accord sur le fait que le saint ait été enterré dans la première. Ibn al-‘Arīf fut le fondateur de l’Ecole Esotérique d’Alméria, il est connu en tant que saint, ascète et maître spirituel. Il prônait une christianisation de l’islam et une islamisation du christianisme. L’œuvre la plus connue de lui est le Mahāsin al Majālis consacré aux différentes demeures (manāzil) de la vie spirituelle et à laquelle ibn ‘Arabī se réfère à plusieurs reprises[1].
- Abdallah Penot, Dervy, Paris 2008, avec l’aimable autorisation de M. Jean Annestay. Source : Le Livre des Haltes, Émir Abd el-Kader, traduction de
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