- Étons
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Étons Populations Cameroun Autre Langue(s) éton modifier Les Éton constituent le plus grand groupe ethnique vivant dans le département de la Lekié au Cameroun. Ils sont constitués de plusieurs grandes familles dont les Abam, les Esselé, les Mbokani, les Mendoum, les Megnag'ra, les Menyembaha, les Mbog Beloua, les Mbog-Namenye, les Ipep, les Essogo, les Ingab, les Bekaha, les Imbembeng, etc. À ces grandes familles dont les ramifications sont difficilement perceptibles s'ajoutent les Menguiha ou Menguissa et les Betcheŋe (Batschenga) qui ont généralement tendance à se désolidariser de la communauté éton. Toute relation intime entre membres d'une même grande famille est considérée comme incestueuse. Étant donné que ces familles ne sont nullement identifiables par des noms ou des façons de faire particulières, la règle d'or pour éviter tout acte incestueux consiste à demander ses origines les plus profondes à tout être avec qui on entend se lier d'amitié.
La communauté éton fait partie du groupe que les Allemands appelèrent jadis par assimilation "Jaunde" pour désigner aussi bien les Éton, les Ewondo, les Bene que les Mvelle. Aujourd'hui, les anthropologues s'accordent sur l'appartenance des Éton au groupe dit Beti-Pahouin. La région qu'occupent actuellement les Éton semble témoigner de leur participation active au commerce des esclaves. Toutefois, les données disponibles actuellement sont loin de nous éclairer sur la période et la manière dont se fit cette participation. Contrairement à une étiquette qui leur colle à la peau depuis quelques décennies, les récits de voyage des premiers Allemands dans la région Éton située au nord de Yaoundé reconnaissent leur hospitalité malgré les quelques attaques des caravanes signalées et surtout, l'attentat mené nuitamment contre le gouverneur allemand von Puttkamer dans la région de Minkama non loin d'Obala[1]. Cet évènement fait certainement partie de ceux ayant construit le mythe de la témérité du peuple éton qui ne reculerait ni devant un adversaire, ni devant un danger quelconque.
Depuis la période coloniale allemande, la principale activité lucrative des Éton fut la culture du cacao. Celle-ci a fait suite à la chasse à l'éléphant dont les pointes prenaient le chemin de la côte camerounaise où elles étaient vendus aux riverains, lesquels les revendaient à leur tour aux Occidentaux. Un autre produit dont les Éton développèrent le commerce est le palmiste. Les légendes en pays éton laissent penser que le commerce du palmiste se poursuivit jusqu'à une époque récente, puisqu'elles font cas de plusieurs accrochages entre les vendeurs de palmistes éton et leurs hôtes dans la région d'Édéa. La cacao-culture est actuellement rivalisée par les cultures maraichères. La concurrence observée aujourd'hui entre la cacao-culture et d'autres cultures dans la Lékié est la résultante de la baisse des cours mondiaux des cultures de rentes destinées exclusivement à l'exportation dans les années 1990. Les Éton se nourrissent essentiellement de tubercules tels le manioc consommé sous différentes formes, le taro, diverses sortes d'igname, la patate, des pommes de terre, etc. mais aussi de la banane (plantain et douce). A côté de la vente des denrées alimentaires dans les marchés des villes environnantes, les femmes Éton cultivent essentiellement des arachides à la houe sur des parcelles où prennent progressivement d'autres plantes peu avant la récolte des arachides.
La population Éton se chiffre aujourd'hui à environ 400 000 âmes[2], réparties sur près de 3 000 km2.
Sommaire
Politique
Sur le plan politique, les Étons se vantent d'avoir eu le tout premier Premier Ministre, Premier Chef d'État du Cameroun autonome en la personne de André-Marie Mbida dont l'un des fils dirige aujourd'hui le Parti des Démocrates Camerounais (PDC) et dont le second retour au Cameroun donne des sueurs froides aux dirigeants actuels. Une anecdote rapporte que Mbida père perdit son fauteuil de Premier Ministre 8 mois seulement après sa nomination à la suite d'insultes dont il aurait couvert Louis-Paul Aujoulat, colon français qui lui fit la proposition indécente et contraire aux mœurs camerounaises de coucher avec lui pour conserver son poste. En son temps, Célestin Bedzigui, président fondateur du Parti de l'Alliance Libérale, fut aussi l'un de ceux-là qui tentèrent de rallier les Éton. Les Éton participèrent activement à la lutte pour l'indépendance du Cameroun. Un de leurs dignes fils, notamment Ossendé Afana, fut assassiné en 1966 dans la maquis à l'Est du Cameroun. Le chef supérieur des étons qui marqua profondément la politique fut Ndzomo Christophe
Religion et culture
Sur le plan culturel, les populations pratiquaient le culte des ancêtres, croyaient aux esprits des morts avec lesquels ils pouvaient communiquer directement. Les différentes formes de croyance s'exprimaient ici par le biais des rites que l'on retrouve chez la plupart des peuples fang-beti, à savoir le tchogo (rite se faisant pour conjurer les mauvais esprits à la suite du décès accidentel d'un proche), le mbón et le mevounga (rites d'initiation respectivement pour hommes et femmes), l'essani (rite pratiqué lors du décès d'un adulte de sexe masculin), etc. Ses différents rites côtoyaient la croyance en un Dieu éternel et tout puissant appelé Zama Ylopogo. L'avènement du christianisme qui accompagna la colonisation contribua efficacement à régression de ces pratiques voire à disparition pure et simple.
Musique
Le rythme traditionnel de la communauté éton sans doute l'assiko que nous retrouvons aussi chez les Bassa, peuples limitrophe à la Lékié. La naissance et l'émergence du bikutsi fit nettement reculer l'assiko bongo b'éton qui avait pourtant des pas qui démarquaient clairement ce rythme de sa variété bassa. Une des personnes mondialement connues est Sally Nyolo, chanteuse de notamment le style bikutsi, et qui chante en langue éton. A côté de cette icône, l'on pourrait citer nombre de ses aînés tels Vincent Nguini, Épemé Théodore alias Zanzibar qui fut le pilier du célèbre groupe camerounais Les têtes brûlées. De nombreux autres sont dignes d'être mentionnés: Mama Ohandza Rossignol, Dieu Ngolfé, Petit Prince, Racine Sagath, Lina Show, Atango de Manandjama, Biba bi Mfana, Anatole Duro, Ivermas Solo, Biberon Cerveau, Manga Lucky, Miss Charlotte, Andzené Etaba, Ohandza Etranger, Noah Essimi Guy, le groupe Wam Minkong, Tsimi Toro, Big Bass, Opingolé, etc.
Littérature
Comme la plupart des peuples dont les cultures n'ont pas eu la chance d'être consignées par écrit par ses dépositaires, la littérature traditionnelle éton est presque exclusivement orale. Sur le plan littéraire, il semble que représentante de la Lékié au niveau international est la redoutable Calixthe Beyala. On pourrait lui adjoindre Sévérin-Cécile Abéga, de regrettée mémoire. L'on pourrait aussi citer Camille Nkoa Atenga et Hubert Mono-Ndzana. Il est à noter que, jusqu'ici, il n'existe aucun texte (littéraire ou non) écrit en langue éton.
Sciences
Sur le plan scientifique, la renommée du philosophe Marcien Towa va bien au-delà des frontières de l'Afrique ou l'un de ses multiples fils spirituels à savoir Hubert Mono-Ndzana. Toujours dans le domaine de la philosophie, d'autres noms tels Barnabé Nkolo Foé ou Lucien Ayissi ne sauraient être oubliés. L'on pourrait aussi citer l'économiste Touna Mama et le sociologue Valentin Nga-Ndongo. On ne saurait oublier Jean-Marie Kasia.
Technique
Sur le plan technique, les Éton font des réalisations qui ne sont malheureusement pas soutenus par les décideurs. L'une des plus éclatantes de ces exploits techniques est certainement la fabrication presque réussie d'un hélicoptère par un certain Nké au début des années 1980.
Sport
Sur le plan sportif, les Éton ont leur petit mot à dire. le tout premier boxeur camerounais à ramener une médaille camerounaise des Jeux Olympiques de 1968 au bercail est inéluctablement Joseph Bessala, dont la disparition en avril 2010 est encore fraîche dans nos mémoires. Le football étant le "sport roi" au Cameroun, les Éton y ont également fait leurs marques avec la très brillante prestation de Louis-Paul Mfedé au mondial 90 en Italie.
Affaires
Dans le monde des affaires, le nom qui s'imposa en premier dans l'imaginaire de la communauté éton est à n'en pas douter celui de T. Bella qui sombra dans les oubliettes parce qu'il perdit du vue que son mentor Ahmadou Ahidjo n'était plus aux affaires. Il aurait manifesté un mépris ostentatoire à l'endroit de Paul Biya qui se vengea en le réduisant à rien. Vient ensuite Jean-Bernard Ndongo Essomba qui bâtit sa fortune sur l'exportation du cacao. D'autres noms de faible envergure tels Koa Songo, Bessala Longin, Koa Fouda, etc. peuvent être mentionnés.
Notes
- (de) Jesko von Puttkamer, Die Gouverneursjahre in Kamerun, Berlin 1912
- Annuaire statistique du Cameroun 2004
Voir aussi
http://eton-dico-cameroon.blogspot.com/
Articles connexes
Bibliographie
- (fr) Ndzie Nomo, L'"Evu" dans la tradition Eton, Yaoundé, 198?, 88 p.
- (fr) Jean-Pierre Ombolo, Les Eton du Cameroun : essai sur leur histoire, leur structure sociale, leurs généalogies et autres traits de leur culture tribale : étude accompagnée d'une recherche sur la proto-histoire générale du groupe Pahouin (Ensemble Fang-Beti-Bulu), Yaoundé, 1978, 170 p.
- (fr) Adrien Ongolo, Fondement rationnel de l'idée d'evu Eton, Université de Grenoble 2, 1986 (thèse)
Catégorie :- Groupe ethnique du Cameroun
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