- Étienne Leandri
-
Étienne Leandri (1915-1995), surnommé « le Pépé »[1], « Le Vieux Monsieur »[2] ou « Le Petit Monsieur »[3], qui n'a aucun rapport avec son 1 m 83 mais plutôt en référence aux basses œuvres financières qu'on lui attribue[3], était un intermédiaire proche de Charles Pasqua. Intervenant sur de nombreux gros contrats internationaux, il a représenté les intérêts de Elf, Thomson CSF et Dumez.
Sommaire
Durant l'Occupation
Léandri est né en 1915 à Gap dans une famille corse. Il grandit à Marseille. Dans les années 1930, Léandri monte à Paris, il fait le gigolo, notamment auprès de la femme de Raimu. À cette époque, il fait aussi du trafic d'héroïne. Sous le régime de Vichy (1940-1944), il est l'associé du parfumeur et pharmacien américain, E. Virgil Neal. Il obtient des licences d'importation de suif et fabrique le produit « Tokalon », l'unique crème de beauté de l'époque[1]. Gestapiste notoire et grand ami de Tino Rossi, Étienne devient une des coqueluches du Fouquet's. À cette époque, Léandri fréquente le Tout-Paris. À la fin de la guerre, le 21 juin 1948, la cour de justice de la Seine condamne Leandri à 20 ans de travaux forcés « pour intelligence économique avec l'ennemi » [1]. Il est accusé d'être un auxiliaire d'une police allemande. Malgré cela, il sauva de l'occupant trois familles juives (dont celle de Georges Cravenne, fondateur des Césars du cinéma, et de Joseph Kosma, compositeur des Feuilles mortes)[4]. Leandri se réfugie en Italie après être passé par Berlin pour assister à la fin du Troisième Reich[1]. Il se réfugie à Milan pour échapper à l'épuration et à des exécutions sommaires.
Fuite en Italie et possible contact avec Lucky Luciano
En Italie, il devient trafiquant de cigarettes, de fausse monnaie et de drogue, branché sur la filière corse du trafic d'opium. Il est aussi ami de Jo Renucci et Antoine Guerini. Une légende voudrait que, durant ses années italiennes, Léandri ait approché Lucky Luciano. « Le patron corse d'un bar parisien de la rue Ponthieu, qui connaissait les siciliens pour avoir fait de la contrebande de cigarettes, lui sert de recommandations auprès de Luciano », explique un de ses anciens amis l'universitaire Michel Carmona. Cette version n'est pas unanime, « Étienne n'a jamais connu Luciano, s'insurge Jean Montaldo, il détestait les truands ». Son rôle aurait été de représenter les intérêts de Luciano auprès de la CIA, dont il rencontre plusieurs fois le patron, Allen Dulles. L'agence américaine apprécie son anticommunisme[5].
Création d'un réseau précieux en Italie
Son réseau comprend les industriels Richard Ginore, soupçonnés de liens privilégiés avec les banquiers du Vatican, le promoteur Cabassi, qui a nettoyé Milan des décombres des bombardements alliés et acquis une partie des réserves foncières de la ville. Cet entourage avait pour centre Bettino Craxi, l'ancien président socialiste du conseil italien poursuivi par la justice de son pays et réfugié jusqu'à la fin de sa vie en Tunisie.
Retour en France
Il fut cependant protégé par la CIA après la Libération. Le 3 mai 1957, le tribunal permanent des forces armées de Paris déclare Léandri « non-coupable de haute-trahison ». Il rentre en France par le biais de réseaux anti-communiste. Il y apprend aussi les recettes du « gaullisme immobilier ». « À cette époque de divagations financières, raconte Jean Montaldo, Étienne graissait la patte des politiques, il était même un orfèvre en la matière. » « Il jouissait en faisant des affaires », explique l'actuel vice-président du RPF, Jean-Jacques Guillet, dont la société de communication négocia avec Étienne, dans les années 1970, des espace publicitaires sur les tickets de loterie. Il fut, aux côtés de Pasqua, l'un des fondateurs du Service d'action civique (SAC), l'officine gaulliste dissoute en 1982[1]. Il roule en Bentley avec chauffeur immatriculé au Luxembourg, fréquente les familles régnantes des pays pétroliers, possède à Marbella en Espagne une villa mitoyenne avec le roi d'Arabie Saoudite, il sort avec Marlène Dietrich[2].
Relation entre Leandri et l'UDR et Charles Pasqua
Leandri était au mieux avec les corses de l'UDR : Achille Peretti, Paul Comiti, René Tomasini et Charles Pasqua. À ce sujet, Charles Pasqua déclare « Étienne Léandri était une relation de Christian Poncelet, ancien président du Sénat, a admis simplement Charles Pasqua face aux juges, je l'ai vu à plusieurs reprises. Léandri faisant des affaires, je ne me suis jamais inquiété de savoir dans quel domaine. » Son bras droit, Jean-Jacques Guillet, a conservé des souvenirs précis et déclare : « Dans les années 1970, Étienne connaissait bien Marcel Boussac, qui était en train de liquider son groupe industriel. Comme Poncelet est élu dans les Vosges et l'entreprise Boussac est fort présente dans son département, il est amené tout naturellement à rencontrer Étienne Léandri. Or, à l'époque, Charles Pasqua, qui préside une première fois le conseil général des Hauts-de-Seine, cherche à reprendre les haras de Jardy, un des fleurons de l'empire Boussac. C'est pour cela que Poncelet, tout naturellement, lui présente Boussac et Léandri »[6].
Dans les années 1990, Étienne croit au destin de Pasqua. Entre deux virées à la Scala avec ses amis milanais. Léandri conclut de très profitables contrats pour le compte de l'entreprise de bâtiments Lyonnais-Dumez, la société Thomson ou d'autres.
Il s'occupe du fils, Pierre-Philippe Pasqua. Il se lance dans l'armement via sa société Tradinco. Il devient l'ami inséparable de Nadhmi Auchi, britannique d'origine iranienne. Durant cette période, le fisc lui réclame des dizaines de millions d'euros.
Léandri a été impliqué dans plusieurs affaires politico-financières telles que l'affaire de la Sofremi, l'affaire du siège de GEC-Alsthom Transport, etc. Il opérait depuis ses bureaux rue Saint-Honoré à Paris. Il meurt en 1995.
Affaires diverses
Etienne Leandri a versé des fonds à Pierre-Philippe Pasqua dans le cadre de l'affaire de la Sofremi[7]. Étienne Leandri et Pierre-Philippe Pasqua ont eu des affaires en commun en Corée du Sud[7].
Références
- La Maison Pasqua, par Nicolas Beau, 2002.
- Les requins. Un réseau au cœur des affaires, par Julien Caumer, 1999.
Voir aussi
- Service d'action civique (SAC)
Notes et références
- http://www.google.fr/imgres?imgurl=http://idata.over-blog.com/0/32/67/10/aaaaa/Lucky-Luciano-copie-1.jpg&imgrefurl=http://www.andrebio.com/article-31457398.html&h=263&w=214&sz=6&tbnid=3_LjCfnUTtOK_M:&tbnh=112&tbnw=91&prev=/images%3Fq%3DETIENNE%2BLEANDRI&hl=fr&usg=__5EiC3hr9DtQfjzM-vCdrkyhCZ6w=&ei=MuOmS6j7Jonw0gS9g733CQ&sa=X&oi=image_result&resnum=5&ct=image&ved=0CBkQ9QEwBA
- http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/04/23/l-encombrant-m-leandri_1341665_3224.html
- http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/04/21/01016-20100421ARTFIG00465-affaire-pasqua-les-menaces-du-petit-monsieur-.php
- http://www.au-troisieme-oeil.com/index.php?page=actu&type=skr&news=18204
- http://boom2000.free.fr/marchiani.htm#Les
- http://www.bakchich.info/La-Pasqua-connection,01730.html?debut_forums=5
- http://www.liberation.fr/actualite/societe/283179.FR.php
Catégories :- Personnalité française du monde des affaires
- Collaborateur français pendant la Seconde Guerre mondiale
- Réseaux Pasqua
- Naissance en 1915
- Décès en 1995
Wikimedia Foundation. 2010.