Élitisme en France

Élitisme en France

L’élitisme en France est l'attitude favorisant la formation d'une élite et l'accession des individus jugés comme étant les meilleurs aux postes de responsabilité en France. Il s'agit en ce sens d'une valeur républicaine qui se résume bien par devise révolutionnaire : La carrière ouverte aux talents, par opposition à une restriction par la naissance ; il fallait par exemple un certain nombre de quartiers de noblesse pour pouvoir être capitaine de corvette.

Il a pris beaucoup plus récemment (fin XXe siècle) une seconde acception, à connotation péjorative, qui désigne une attitude — politique ou culturelle — de clivage entre une classe dirigeante et une classe dirigée, qui ne prend pas en compte les préférences d'une majorité.[réf. souhaitée]

Sommaire

Élitisme républicain

1870 à 1968

L'élitisme républicain s'est manifesté par des créations allant des filières scolaires ouvertes à tous (voir Jules Ferry) et s'efforçant de conduire chacun à ses possibilités maximales dans le cadre des possibilités du pays : système de bourses pour les enfants d'origine modeste ayant de bons résultats scolaires, et système des grandes écoles également ouvertes à tous. En réalité, à l'époque de Jules Ferry, ce système était en réalité fort peu républicain puisqu'il réservait l'accès de l'enseignement secondaire à environ 3-5% de la population dont, via les petites classes des lycées, la quasi totalité des enfants des milieux bourgeois, auxquels venaient s'ajouter, via ce concours des bourses, une infime minorité d'enfants de l'école publique.

Coupure de 1964

Deux sociologues, Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, montrent en 1964 que, même après la démocratisation de l'accès à l'enseignement secondaire (obligation scolaire portée à 16 ans en 1959) et l'instauration de l'Ecole unique (loi Fouchet-Capelle en 1964) les enfants de familles aisées restaient favorisés par ce système, bien que ces inégalités aient progressivement changé de nature : "filiarisation" plus ou moins dissimulée des études secondaires et, même si les taux d'accès aux diplômes croissent pour toutes les couches sociales, l'écart se creuse encore entre les enfants de parents scolairement favorisés (à commencer par les enfants d'enseignants) et les autres. Leur étude (Les héritiers) montrait que c'était alors un certain rapport à langue et certaines normes socio-culturelle implicites qui servaient de principal discriminateur scolaire : non seulement le système n'est pas parfait, mais cette imperfection, de façon pas nécessairement volontaire ni même consciente, a pour effet de favoriser une reproduction des classes dirigeantes (La noblesse d'État qui passe par les grandes écoles), tout en y incorporant les plus brillants éléments issus du reste du peuple. La démocratisation de l'accès au secondaire aurait donc pour conséquence de reproduire les inégalités de départ devant l'école, tout en donnant à chacun le sentiment qu'il est responsable de son échec ou de sa réussite, dans un système qui donnerait à chacun sa chance.

Manifestations de 1986

Cette discrimination fut également invoquée lors d'une autre série de manifestations, cette fois-ci lycéennes, contre le projet de loi Devaquet de 1986 instaurant un examen d'entrée à l'université, mais dans un esprit opposé à celui de leurs aînés de 1968. En effet, Daniel Cohn-Bendit, Jacques Sauvageot et Alain Geismar avaient à cette époque dénoncé le fait que l'absence de sélection à l'entrée en université remplaçait celle-ci — qui aurait été établie sur les connaissances — par une autre sélection cette fois-ci en sortie, en fonction des relations familiales ( voir capital social), aggravant donc l'effet de reproduction et mettant en panne l'ascenseur social.

Position d'hommes politiques

Cette notion d'élitisme républicain a été un cheval de bataille de Jean-Pierre Chevènement lorsqu'il fut ministre (PS) de l'Éducation nationale, puis fondateur de son propre mouvement politique.

Élitisme au sens péjoratif

Sans nécessairement nier l'importance de l'élitisme républicain, une notion péjorative du terme élitisme se développa dans le dernier tiers du XXe siècle[réf. nécessaire].

Les élites pensent que le peuple est incapable de se gouverner lui-même, car lui-même serait dévoué de "bon-sens" ne sachant pas faire la distinction de ce qu'ils appellent le "bien commun" (c'est donc, pour eux, une question de responsabilité, et même lorsque leur pouvoir est critiqué, ils prétendent alors ne pas être parfait : ce sont les conditions extérieures qui réduisent ma marge de manœuvres (on prétexte l'excuse de porter la responsabilité aux causes extérieures afin de mieux se décharger du poids de nos responsabilités : c'est vrai pour la politique et les sondages). Ces élites sont alors directement confrontées au peuple qu'il considère comme étant stupide et violent : leur confier toute responsabilité serait irresponsable, et lorsqu'ils sont accusés comme étant irresponsables par leur décision d'imposer des lois scélérates, leur existence est alors occultée par le manque de responsabilité affichée (si l'on ne sait pas qui nous gouverne, l'on ne peut s'en prendre à personne : le responsable de notre propre situation n'est que nous-même, c'est alors l'émergence de la pensée unique, et le fait de croire en ce qui est bon parce que tout le monde le pense, nous persuade que nous ne sommes pas responsables et donc innocents en cherchant la cause de l'effet présent, du pourquoi cela est arrivé).

Le peuple est lui-même piégé dans sa propre nature et ses inspirations émotionnelles, c'est ce qui légitime la raison des élites du droit de les mener sur la route de leur propre servitude (ce qui enflamme les passions, touche aux sentiments et aux convictions les plus fragiles comme la haine, l'égoïsme, la cupidité, le mépris, l'intelligence) : le fait de lui suggérer ce que l'on veut bien lui faire entendre (l'appel alarmiste face à l'insécurité ou à l'injustice, la peur, la haine et le mépris de l'autre, l'attitude déboussolante qu'on lui donne et totalement remplit d'incertitudes à l'idée qu'on ne puisse vivre avec le peu que l'on prétend avoir, de réussir à couvrir ses fins de mois...

Tout ça fait que l'on instrumentalise et on falsifie l'actualité de manière partisane pour lui suggérer ce que l'on utilisera contre lui et lui subtiliser tout forme de pouvoir et de gouvernance. Sa stupidité et son manque de jugement subtil qui concerne les affaires de la cité est utilisé par ceux qui le gouvernent pour se justifier de leur sagesse en rectifiant les dérapages que les petites gens peuvent commettre (exemple : on fabrique de l'injustice pour créer de l'insécurité et justifier l'intervention sécuritaire en étayant l'information suivante : un groupe financier qui licencie plusieurs de ses salariés laisseront entendre aux gens qu'ils ont le droit de commettre des opérations coup de poing contre ses dirigeants en jouant du désespoir et de leur attitude exacerbée ; on les pousse ainsi à commettre des actes répréhensibles qui justifieront l'intervention des forces de police et de l'armée si nécessaire) ; de même que la pauvreté est un argument qui pousse à la frustration et à la colère, de même que l'injustice et la peur poussent à la bêtise et à ce que l'on appelle la rationalité limitée.

La complexité du monde et la difficulté de se reconnaître en tant que personne humaine nous pousse à accepter des solutions "tout ou rien", "pour ou contre" comme le fait d'assimiler l'insécurité commise dans les banlieues à l'islamisation en stigmatisant une certaine catégorie de la population présentée comme étant étrangère au Français moyen. Les inégalités et les discriminations systématiques d'une société libérale en pleine déliquescence servent les intérêts de ceux qui dénoncent l'insécurité permanente causée par cette même catégorie : elle légitime le racisme, de même que lorsque celui-ci se manifeste, on le dénonce par dégoût et écœurement, parce que les discriminations raciales justifient amplement l'antiracisme.

Les élites sont hostiles au populisme lorsque celui-ci risque de contrecarrer leur désir de vouloir conserver le pouvoir à tout prix : or ils fonctionnent exactement sur le même schéma, celui de séduire l'électeur naïf et indécis par un discours mettant en avant les solutions qui lui assurerons ses propres repères, ainsi que des réponses aux questions dont il attend le miracle (en fonctionnant sur une apparente rhétorique universaliste mélangé à un discours de séduction sur fond de bien-pensance, le fait de vouloir apporter du bonheur et de gagner le culte de la personnalité par la victoire de sondages truqués et créer de toute pièce par une minorité de sondeurs se disant représenter l'intérêt général).

La démagogie électoraliste est l'instrument des élites et partis politiques de tout bord (de l'extrême-gauche à l'extrême-droite) qui consiste à flatter le peuple, à gagner son estime en le trompant. Les partis issus de la majorité représentative la cache sous une fausse apparence pour marquer une ligne de rupture entre eux et leurs adversaires, ces derniers reprochent aux petits partis leur populisme, le fait qu'ils veulent être "trop prêts du peuple". Or ils font exactement la même chose, c'est-à-dire ce qu'ils leur reprochent justement pour garder ou obtenir le soutien des foules dont ils veulent gagner l'opinion publique.

"Ils flattent et attirent les faveurs du peuple, alors qu'ils accusent leurs adversaires d'être trop prêts des inspirations du plus grand nombre...(Il ne s'agit là que d'une question d'intérêts personnels où chacun défend l'argument selon laquelle il veut agir pour le bien du peuple : en s'appuyant sur les intérêts du plus grand nombre, on peut ainsi tromper l'opinion publique, en mettant en avant sa propre volonté à vouloir gouverner, ce qui est un concept tout à fait erroné puisque chacun à ses propres opinions, son mode de pensée bien à lui.)"

citations :

"Nous donnons aux hommes du bonheur et ils nous donnent de l'autorité, l'autorité de leur enlever toute liberté sous couvert d'une prétendue "démocratie" : l'homme ne sera jamais libre du destin qu'il s'inflige, parce qu'il est faible, corrompu, indigne et agité, il ne veut croire qu'en l'autorité pour cerner l'avenir et calmer ses pires angoisses, cette "peur de crever", il est las d'attendre des miracles et des solutions aux problèmes qui l'entoure. La science du mensonge déguisé en vérité est sa seule religion, aucune autre explication n'est valable pour lui."

La caste politique

Si en théorie les hommes politiques sont censés se positionner soit sur un axe gauche-droite, parfois complété d'un second autorité-liberté, ils sortent souvent des mêmes écoles, se tutoient pour la plupart, et se rendent naturellement service dans la mesure de leurs moyens[réf. nécessaire]. Cela peut contribuer à constituer une sorte de caste politique où règnent des arrangements à l'amiable, voire un éventuel clientélisme.

  • Du côté positif, l'opposition démocratique n'est certes pas la guerre : ce qui rapproche entre eux des démocrates de bords opposés reste plus fort que ce qui les divise. En ce sens, ces bonnes relations sont d'autant plus utiles que les membres des commissions appartiennent en principe à plusieurs partis distincts.[réf. souhaitée]
  • Côté négatif, l'esprit de corps des hommes politiques entre eux, toutes tendances confondues, peut leur donner l'impression de jouer dans une cour qui n'est plus celle du citoyen ordinaire, et à laquelle s'appliquent d'autres lois.[réf. souhaitée]

Voir : ENA, Inspection des finances, Affaire Gabriel Aranda.

Grandes écoles

Le système des grandes écoles lui-même a parfois été mis en cause pour les raisons suivantes : - Leurs élèves se connaissent entre promotions, et un esprit de corps peut créer des effets de solidarité excessive allant jusqu'au clientélisme. - Leurs programmes très similaires conduisent leurs anciens élèves à penser de la même façon quel que soit par ailleurs leur penchant politique (voir l'article pensée unique). - Ce sont les études les plus coûteuses et les mieux encadrées qui, prisent en charge par l'ensemble des contribuables, sont réservées aux enfants des milieux les plus favorisés.

C'est la raison pour laquelle existent des velléités politiques d'imposer un taux minimum d'élèves boursiers dans ces écoles, discrimination positive relevant du principe de l'élitisme républicain, mais qui ne réglerait que pour une minorité le problème bien plus général des inégalités sociales devant l'école.

Voir aussi

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