Église des chartreux (Marseille)

Église des chartreux (Marseille)

Église des Chartreux (Marseille)

Église des Chartreux
Vue générale de l'édifice
Vue générale de l'édifice

Latitude
Longitude
43° 18′ 36″ Nord
       5° 24′ 07″ Est
/ 43.3100342, 5.4018831
 
Pays France France
Région Provence-Alpes-Côte d'Azur
Département
Blason departement Bouches-du-Rhone.svg
Bouches-du-Rhône (13)
Ville Blason ville fr Marseille (Bouches-du-Rhône).svgMarseille (4e)
Culte Catholique romain
Type Église paroissiale
Rattaché à Archidiocèse de Marseille
Début de la construction 1633
Fin des travaux 1702
Autres campagnes
de travaux
1860
Style(s) dominant(s) Architecture néoclassique

L’église Sainte Marie Madeleine des Chartreux se trouve place Edmond Audran dans le 4e arrondissement de Marseille. Avant d’être une église paroissiale, cette église était la chapelle d’un monastère de moines de l’ordre des Chartreux qui ont donné leur nom au quartier.

Sommaire

Fondation du monastère

Les chartreux de Villeneuve-lès-Avignon, sous l’impulsion de leur prieur Dom Pacifique de Mont, décidèrent de créer à Marseille un nouvel établissement. Le 16 novembre 1632, le premier consul de Marseille, M. de Bourgogne, propose au Conseil d’accepter la création du monastère. De même l’évêque de Marseille, François de Loménie, donna un avis favorable à l’érection de cette chartreuse. L’emplacement où se trouve l’église actuelle fut choisi car il était assez proche de la ville mais situé dans un lieu calme avec des terres irrigables à partir du ruisseau du Jarret. Les chartreux achetèrent une propriété à Jean Passandre et la première pierre de l’édifice fut posée le 8 septembre 1633, jour de la nativité de la Vierge, par le Maréchal de Vitry gouverneur de la Provence.

Louis XIV mit le couvent sous sa sauvegarde en 1656[1].

Construction du monastère

La chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon aida régulièrement cette nouvelle fondation. Des dons de familles aristocratiques (Antoine de Valbelle, Gaspard de Foresta, Jean Garnier, Louis de Paulo) permirent d’édifier les premières cellules des moines ainsi que le petit cloître qui fut terminé en 1651 et béni le 16 avril 1652 par l’évêque de Marseille, Étienne de Puget. Le couvent s’équipe en livres précieux, vases et vêtements sacrés grâce aux dons de la chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon.

En 1666 Dom Jean-Baptiste Berger est nommé prieur de la Chartreuse de Marseille. Il se révéla bon administrateur mais fit surtout preuve de réels talents d’architecte ; il réalisa le projet d’ensemble des bâtiments du monastère et de l’église. La construction de l’église débuta en 1680, mais, des difficultés financières étant apparues, elle ne fut consacrée par l’évêque de Marseille, Charles de Vintimille du Luc, que le 11 décembre 1702.

L’apogée du monastère sera atteint à la fin de ce XVIIe siècle grâce notamment au prestige de ses prieurs, en particulier Dom Berger (prieur de 1666 à 1675 et de 1700 à 1702). Celui-ci était parvenu presque au sommet de la hiérarchie cartusienne. En 1686, il fut prieur de Rome et procureur général de l’ordre des Chartreux. Après avoir obtenu d'être relevé de ses charges, il fut rappelé pour être prieur de Villeneuve-Lès-Avignon puis de Marseille. A peine l’église achevée, il se retira définitivement et mourut comme simple religieux à Marseille le 2 janvier 1719.

De 1703 jusqu’à la Révolution, la communauté mena dans ses bâtiments neufs une existence paisible.

L’époque révolutionnaire

A cette époque l’entrée de la chartreuse se situait à l’actuelle place Brossolette. Une allée, actuellement boulevard d’Arras, conduisait à l’église et aux divers bâtiments. Le petit cloître était situé derrière l’église. Le grand cloître, demeuré inachevé car il ne comptait qu’une quinzaine de cellules sur les 30 initialement prévues, s’étendait jusqu’à la rue Meyer. L’axe de ce grand cloître forme l’actuel Boulevard de la fédération.

Le 28 octobre 1789 les vœux monastiques furent interdits comme incompatibles avec les principes de la déclaration des droits de l’homme. Les ordres religieux furent supprimés et leurs biens confisqués. La communauté de Marseille, forte de 15 ou 16 pères chartreux, fut dissoute. Les biens furent vendus par lots dès le 29 décembre 1790 jusqu’au 11 juin 1793. Le 31 janvier 1791 les 2480 livres de la bibliothèque qui formaient l’une des plus riches bibliothèques cartusiennes de Provence[2], furent vendus ; la liquidation dura neuf jours et le produit en fut dérisoire : 2.097 livres 16 sols[3]. En 1792 et 1793 les bâtiments contigus à l’église (cloîtres, moulins à vent et à eau) furent vendus ainsi que les jardins qui furent achetés par des maraîchers. Seule l’église ne fut pas aliénée.

Les pères chartreux furent dispersés. L’un d’eux, Dom Joseph de Martinet, resta sur place se cachant d’abord dans les ruines du monastère puis menant une vie errante. Il fut d’août 1792 à juillet 1793 le seul prêtre non jureur à exercer un ministère à Marseille. Il mourut le 12 juin 1795 et fut enterré dans un jardin de la rue d’Aix[4]. Ses restes furent transférés le 23 février 1856 dans l’église des chartreux.

L’église des chartreux devint l’église paroissiale Sainte Marie Madeleine des Chartreux en 1803.

L’église au XIXe siècle.

Maître autel et l'apothéose de Sainte-Marie-Madeleine

La vie de la paroisse des chartreux à l’époque peu peuplée est difficile pendant les premières décennies du XIXe siècle. En 1803 la municipalité installe sur une parcelle de l’ancien jardin de la chartreuse au boulevard d’Arras, un jardin des plantes qui subsistera jusqu’à la construction de la ligne de chemin de fer Marseille Toulon. Ce jardin dirigé par Lacour Gouffé[5], attira l’attention des marseillais et de leurs édiles sur l’église des chartreux qui lui est proche.

En 1833 on réinstalla dans le chœur le tableau de "l’apothéose de Sainte Marie Madeleine" de Michel Serre. C’est le seul tableau qui subsiste des 35 toiles que possédait le monastère. Le musée Longchamp en possède quatre.

L’augmentation rapide de la population du quartier à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle rendait l’église trop petite pour certaines cérémonies. Il fut donc envisagé de percer les arcades aveugles qui séparaient la nef des bas-côtés. En 1850 le maire Jean-François Honnorat chargea l’inspecteur des bâtiments communaux d’étudier cette question. Dans un rapport du 20 mars 1859 une commission de six architectes dont Espérandieu et de conseillers municipaux reconnut la nécessité de ces travaux qui furent réalisés en 1860.

L’église actuelle

L’église des chartreux bien que située en dehors des circuits traditionnels touristiques, mérite une visite car elle est la plus belle réalisation religieuse du XVIIe siècle marseillais avec la chapelle de la Vieille Charité.

L’extérieur

La façade de l’église d’une hauteur de 31 m. est précédé d’un péristyle de 28.60 m. de largeur soutenu par huit colonnes ioniques hautes de 10.60 m. et de 1.95 m. de diamètre. L’entablement porte l’inscription : Cartusia villae novae hanc massiliensem fundavit anno MDCXXXIII (La chartreuse de Villeneuve a fondé cette maison à Marseille en 1633). Au dessus des colonnes, huit socles devaient porter des statues qui, faute de financement, n’ont jamais été mises en place. L’ordre supérieur, en retrait de cinq mètres, ne correspond qu’à la nef centrale. Il est décoré de quatre pilastres corinthiens avec au centre une grande verrière. Un fronton surmonté de la croix couronne le tout.

Les épais ventaux de la porte en noyer sont l’œuvre de maîtres menuisiers : Olivier Guignat et Jean-Baptiste Onillon (1700). Deux médaillons ont été ajoutés en 1956 représentant Saint Bruno et Sainte Marie Madeleine, sculptés par Alfred Lang.

L’intérieur

La grande nef mesure 46.90 m. de long, 10.20 m. de large et 25.60m. de haut. Sa décoration principale est une remarquable corniche. Dans cette grande nef se trouvent le grand orgue de la maison Cavaillé-Coll (1912), une chaire monumentale en bois de chêne, de style flamand, provenant des ateliers des frères Goyer de Louvain (1862), le maître autel de Dupoux (1893), un christ taillé dans un tronc de la Sainte Baume par Chauval, artiste de passage, et sous la coupole l’emblème des chartreux à savoir un globe crucifère entouré de sept étoiles.

Notre-Dame du Rosaire

Les collatéraux abritaient les chapelles destinées aux messes lues des pères chartreux.

  • Collatéral gauche : Dans la première travée on remarque la chapelle des fonts baptismaux avec une statue en marbre Notre Dame du rosaire qui avait été enfouie dans les anciens jardins du monastère par les derniers occupants du couvent afin de la soustraire à la destruction révolutionnaire. Dans la cinquième travée se trouve une statue de Saint Joseph à l’enfant Jésus. Dans la dernière travée on remarque la chapelle de la Vierge.
  • Collatéral droit : dans la première travée statue de Sainte Thérèse de l’enfant Jésus, dans la deuxième tombeau de Dom Joseph Martinet surmonté de son masque mortuaire, dans la cinquième statue de Saint Antoine de Padoue par Louis Botinelly (1956), dans la sixième statue de Saint Bruno également par Louis Botinelly. Au fond chapelle de Sainte Marie Madeleine avec sa statue par Botinelly, un autel tabulaire de Lang et une reproduction du projet initial de la Chartreuse par Dom Berger.

De nouveaux vitraux remplacent ceux de 1870 brisés à la suite d’une explosion survenue le 3 septembre 1952 dans les locaux d’une usine voisine et qui fit 17 morts.

Bibliographie

  • Félix Vérany, Monographie de la chartreuse de Marseille, Alexandre Gueidon éditeur, Marseille, 1860.
  • Régis Bertrand, L’église Sainte Marie Magdeleine des chartreux à Marseille, imprimerie Croset, Marseille, 1973.
  • Paul Amargier, Régis Bertrand, Alain Girard, Daniel le Blérec, Chartreuses de Provence, Edisud, Aix-en-Provence, 1988 (ISBN 2-85744-352-8).

Références

  1. Louis Méry et F. Guindon, Histoire analytique et chronologique des actes et des délibérations du corps et du conseil de la municipalité de Marseille, Barlatier Feissat, Marseille, 1845-1873, 7 volumes, tome 5, page 198
  2. Paul Amargier, Régis Bertrand, Alain Girard, Daniel le Blérec, Chartreuses de Provence, Edisud, Aix-en-Provence, 1988, p. 122
  3. Régis Bertrand, L’église Sainte Marie Magdeleine des chartreux à Marseille, imprimerie Croset, Marseille, 1973, p.46
  4. André Bouyala d’Arnaud, Evocation du vieux Marseille, éditions de minuit, Paris, 1961, page263
  5. Adrien Blés, Dictionnaire historique des rues de Marseille, Ed. Jeanne Laffitte, Marseille, 1989, page 70, article Brossolette (ISBN 2-86276-195-8)

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