Économie de l'Allemagne nazie

Économie de l'Allemagne nazie

Économie du Troisième Reich

Face et pile d’un billet de 5 Reichsmark

L'économie du Troisième Reich est en grande difficulté lors de la prise de pouvoir d’Hitler en 1933. Marquée par un fort interventionnisme d’État, une politique de grands travaux et le développement du secteur industriel militaire, l’économie de l’Allemagne se redresse après la crise de 1929 sous la direction de l’administration nazie. La Seconde Guerre mondiale et l’entrée dans une économie de guerre entraînent l’économie allemande dans une période de privations en matières premières et de destructions entraînées par les bombardements alliés, marquée aussi par le phagocytage des structures économiques et industrielles des pays occupés, et l’exploitation de la force de travail des déportés.

La fin du Troisième Reich laisse l’Allemagne dans une situation de ruine économique et d’inflation galopante, qui passe sous la direction des forces d’occupation alliées.

Sommaire

Au début des années 1930

Article détaillé : Crise de 1929.

Les amputations de territoires imposées par le Traité de Versailles rendaient plus difficiles pour l’Allemagne de s’approvisionner à l’intérieur de frontières rétrécies alors qu’en même temps sa population ne cessait d’augmenter. Les pertes correspondaient à 75 % de sa production de fer, 26 % de sa production de plomb et à 7 % de ses entreprises industrielles. Elle ne disposait plus désormais des régions à l’agriculture excédentaire qu’étaient la Prusse occidentale et la Posnanie. Tant que le commerce mondial ne fut pas atteint, il resta possible de satisfaire par les importations les besoins en produits agricoles et en objets manufacturés, mais la crise économique mondiale qui éclata en octobre 1929 eut pour conséquence de rendre plus difficiles les emprunts et les crédits à l’étranger et de faire s’effondrer le commerce international.

La baisse des importations, plus rapide que celle des exportations, conduisit à court terme à rendre la balance du commerce extérieur excédentaire, ce qui contribua à la déflation. Cependant, le commerce mondial diminua fortement au total et la baisse du volume d’affaires dans le monde réduisit les exportations et entraîna une hausse du chômage. La perte du pouvoir d’achat qui en résulta conduisit à une baisse de la demande intérieure, avec pour résultat un accroissement du chômage. Un tel cycle était accéléré par la déflation, puisqu’il correspondait à une augmentation des salaires réels et aggravait le chômage.

À partir du juin 1932 le gouvernement dirigé par Franz von Papen essaya de combattre le chômage par des mesures politiques prudentes. La création des emplois était récompensée par l’attribution de crédits d’impôts, ce qui équivalait à une création indirecte d’emplois. Mais l’effet de ce stimulant sur l’économie était trop faible pour atteindre l’effet souhaité. Le gouvernement Kurt von Schleicher, qui lui succéda en décembre 1932, mettait ses espoirs dans une reprise économique mondiale que les mesures nationales, au reste modérées, pourraient aider. Dans le cadre de la création directe d’emploi, l’état agissant alors comme donneur d’ordre et client, le gouvernement avait prévu un budget de 500 millions de Reichsmarks. En 1932, le chômage atteignit son point culminant, avec plus de six millions de chômeurs.

Les conceptions économiques des «réformateurs» et du parti nazi

De nombreuses personnes de tout bord appartenant au monde des affaires, à la finance, à la science et à la presse réagirent aux effets néfastes de la crise économique mondiale en élaborant et en présentant des projets centrés sur la nation.

Ces réformateurs, comme on les appelait, constataient l'échec de la conception libérale d'une économie mondiale qui se serait régulée d'elle-même par le jeu de l'offre et de la demande.

L'idée de l'autarcie qui permettrait de résoudre les crises futures commença à se répandre de plus en plus. Son cadre devait cependant s'étendre au-delà des frontières du Reich fixées par le Traité de Versailles. Dans le monde entier des blocs économiques étaient en train de se constituer ; parmi eux l'Angleterre et la France avec les colonies qu'elles possédaient. Dans leur projet les « réformateurs » imaginaient une union avec les États baltes, l'Autriche, l'Europe de l'Est et des Balkans. Cette zone, dont les contours pouvaient varier, était désignée sous le nom d'Europe du Centre. À l'intérieur de cet espace produits agricoles, matières premières et produits manufacturés devaient être échangés en franchise de droits de douane, la production étant contrôlée par l'État. Bien sûr la prééminence reviendrait à l'Allemagne. Il n'y aurait plus d'économie mondiale mais des économies sur de vastes zones.

Ces idées furent une aubaine pour le parti nazi qui, avant la crise économique mondiale, ne disposait d'aucun projet économique sérieux. L'idée centrale d'« espace vital » prôné par l'idéologie d'Hitler pouvait s'intégrer dans la théorie de l'économie sur une zone plus vaste. L'autarcie devint un mot d'ordre dans les idées économiques du parti nazi, qui se hissa à la deuxième place lors des élections au Reichstag de septembre 1930. La dégradation de la situation économique alla de pair avec la montée de ce parti.

Économie de guerre

En parlant d'« économie de guerre » on veut dire par là « qu'en temps de paix l'économie nationale doit être conçue pour la guerre. »[1] Quelques jours après son entrée en fonction, Adolf Hitler signifiait que ce n'était pas seulement le programme de création d'emplois qui jusqu'à la fin de 1933 devait absorber 3,1 milliards de marks, qui serait capable de surmonter la crise économique. Une extension de la base territoriale du Reich d'un point de vue raciste et par une politique de force était la conception idéologique du parti nazi. La reconstitution d'une force armée était indispensable pour une expansion territoriale reposant sur la violence. La mise en œuvre de l'idéologie d'espace vital et d'un programme d'autarcie exigeait une utilisation appropriée des moyens de l'État. Des spécialistes de différentes branches, comme des militaires, des journalistes et des économistes convenaient qu'en temps de paix les besoins de l'économie étaient entre autres les suivants:

  • Prise en compte des besoins en matières premières pour l'industrie de la défense et l'industrie civile dans leur ensemble
  • Approvisionnement en carburant
  • Adaptation des transports aux nécessités militaires à venir
  • Adoption des dispositions nécessaires pour financer les dépenses de guerre directes ou indirectes

Bibliographie

  • Georg Thomas: Geschichte der deutschen Wehr- und Rüstungswirtschaft (1918–1943/45). Boldt 1966, ISBN 3-7646-1067-0
  • Avraham Barkai: Das Wirtschaftssystem des Nationalsozialismus. Ideologie, Theorie, Politik. 1933 - 1945. Fischer-Taschenbuch-Verlag, Frankfurt 1988, ISBN 3-596-24401-3
  • Wilhelm Deist, Manfred Messerschmidt, Hans-Erich Volkmann: Ursachen und Voraussetzungen des Zweiten Weltkrieges. Fischer-Taschenbuch-Verlag, Frankfurt 1989, ISBN 3-596-24432-3
  • Alfred Sohn-Rethel: Industrie und Nationalsozialismus - Aufzeichnungen aus dem „Mitteleuropäischen Wirtschaftstag“. Wagenbach-Verlag Berlin. 1992 ISBN 3-8031-2204-X
  • Richard Overy: War and Economy in the Third Reich, Oxford University Press 1995, ISBN 0-19-820599-6 (Sprache: englisch)
  • Werner Bührer, Edgar Grande (Hrsg.): Unternehmerverbände und Staat in Deutschland. Nomos Verlag, Baden-Baden 2000, ISBN 3-7890-6592-7
  • Frank Bajohr: Parvenüs und Profiteure. Korruption in der NS-Zeit. Fischer Verlag Frankfurt 2001, ISBN 3-10-004812-1
  • Michael von Prollius: Das Wirtschaftssystem der Nationalsozialisten 1933-1939. Steuerung durch emergente Organisation und Politische Prozesse. Paderborn 2003. ISBN 3-506-76948-0
  • Götz Aly: Hitlers Volksstaat. Raub, Rassenkrieg und nationaler Sozialismus. Fischer, Frankfurt am Main, 2005, ISBN 3-10-000420-5
  • Daniela Kahn: Die Steuerung der Wirtschaft durch Recht im nationalsozialistischen Deutschland. Das Beispiel der Reichsgruppe Industrie. Frankfurt a.M. 2006, ISBN 978-3-465-04012-5
  • Adam Tooze & Yvonne Badal (Übers.): Ökonomie der Zerstörung. Die Geschichte der Wirtschaft im Nationalsozialismus Siedler, München 2007 (zuerst engl. 2006) ISBN 978-3886808571, Neuaufl. Bundeszentrale für politische Bildung BpB (Schriftenreihe der Bundeszentrale für politische Bildung Bd. 663) ISBN 978-3893318223. Weitere Neuaufl. Pantheon, München 2008 ISBN 3570550567

Notes

  1. Alexander Graf von Brockdorff: Weltwirtschaft und Weltrüstung. In: Wehrtechnische Monatshefte. N° 39 (1935)

Liens internes

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