- Zoé Varier
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Zoé Varier est une journaliste et productrice de radio française principalement sur France Inter.
Sommaire
Parcours
Après des études de russe, Zoé Varier fut tout d'abord interprète sur des bateaux de croisière soviétiques affrétés par des compagnies de tourisme françaises. Elle y vécut la Pérestroïka en compagnie de l'équipage russe. D'autres voyages en URSS suivirent, à titre professionnel ou personnel. Puis « il y a eu la guerre du golfe et j’en ai eu marre de traduire des choses qui ne m’intéressaient pas forcément, qui n’étaient pas dites avec mes mots, j’en avais marre d’être la voix des autres. »[1]
En 1992, elle proposa ses services de traductrice à Daniel Mermet (« Là-bas si j’y suis », France-Inter), avec qui elle partit en reportage. Les journalistes ne pratiquant pas le russe, elle dut apprendre sur le tas le travail de montage[1]. Puis vinrent ses premières expériences, seule. « Mon premier reportage à «Là-bas si j’y suis» je l’ai fait dans le train Paris-Moscou. C’était la première fois que j’avais un Nagra entre les mains et il m’est tout arrivé : les bandes ont fait des noeuds…[1] » « Après j’ai fait un reportage toute seule-toute seule sur la relation qu’entretenaient une vieille tenancière de café et son client préféré. C’était une histoire d’amour un peu passionnelle, mais c’était très émouvant. Il y a avait déjà tout ce qui m’intéresse aujourd’hui : de l’émotion mais aussi des paroles intelligentes, une voix qui casse, des silences, des interrogations, des choses ambiguës[1]. » L'écoute et la sensibilité dont elle fait preuve lors de ses reportages lui valent le Prix Goretta en 1996[2]. Là-bas si j'y suis, « c’était toute une équipe de gens qui réfléchissaient et construisaient ensemble. Quand on partait en voyage on discutait, on construisait, on travaillait, on définissait les thématiques ensemble. Ce que j’ai retenu de mon expérience avec Mermet, c’est d’abord : être ce que je suis en face des gens. Il m’a toujours dit : ce qui m’intéresse c’est la rencontre entre l’autre et toi, toi qui n’est pas là seulement pour poser des questions, mais tes questions. La seconde chose qu’il m’ait apprise c’est à oser penser tout seule. »[1]
De 1997 à 1998, c'est aux reportages de « Strip-Tease » sur France 3, qu'elle apporte ses talents[2]. « Je n'[étais] pas d’accord sur la plupart des sujets que j’ai regardés. Celui que j’ai fait ne portait absolument aucun jugement. Les gens qui jugent du seul fait qu’ils ont un micro ou une caméra, ils ne valent pas la peine qu’on en parle. C’était une expérience passionnante parce que j’utilisais un autre langage, totalement nouveau pour moi, le langage de l’image et que je ne pouvais pas poser de questions. J’ai fait un sujet sur une femme qui vivait dans le fantasme de son homme qui était en prison. Il m’a fallu des mois pour le faire[1]. »
En 1998, elle crée cinq émissions radiophoniques estivales d'une heure chacune sur France-Inter, « Nous nous sommes tant aimés », à propos des chagrins d'amour.
En juillet 1999, elle crée l'émission « L’herbe tendre », série de reportages insérés au sein du 9 h-10 h de France-Inter (1 million et demi d’auditeurs) - Portrait de camping ; portrait d’une vieille dame qui s’ennuie en été ; ethnologie de la plage ; deux Marocaines qui vont partir en vacances, préparent leurs bagages et ont déjà le plaisir aux lèvres ; dernier jour d’école - Charles Sylvestre du journal l'Humanité en parlait ainsi : « Le miracle de l’Herbe tendre n’est pas dans son thème - les vacances, qui ont fait l’objet de beaucoup d’autres émissions - ni dans sa méthode - la parole des « gens » - pas même dans son éventail - l’institutrice, l’ouvrier, l’artiste -, mais dans la pénétrante douceur d’une voix qui ne force jamais et qui prend le temps de permettre à l’interlocuteur de trouver ses mots, surtout ses mots de bonheur, les mots que nul autre ne dira. Décidément, les gens sont mieux que ce que l’on en fait. Et c’est sans doute à partir de ce simple constat que tout commence ou recommence quand on a le goût et l’ambition de changer la vie. »[3]
De 2000 à 2004 Zoé Varier proposait « Ecoutez… des anges passent », sur France-Inter, récompensé par le Prix Anima 4 2002 de la meilleure émission de programme-reportage et par le Prix de la SCAM 2004[2].
Durant l'été 2003, elle nous a parlé d’amour avec « J’ai tant rêvé de toi » sur France-Inter[2].
Depuis septembre 2005, elle a inauguré une nouvelle forme d'interview-portrait avec « Nous autres » sur France-Inter. Elle crée également des reportages pour le magazine d'information de France 2, 13 h 15, le samedi[2].
Regards personnels
« Ce que je fais [aujourd'hui] reste sur la même grammaire que « Là-bas si j’y suis » : un reportage qui est une matrice, puis les interventions que j’écris, supportée par les respirations et les virgules musicales et sonores. Mais je n’ai pas de système. Parfois on fait des ambiances[…] et parfois non […]. Ça change toutes les semaines. Mais il est vrai que je n’aime pas surligner. Je ne cherche pas à attirer l’attention sur des mots particuliers. J’estime que qui écoute entend et ce qui m’intéresse, c’est que chacun puisse avoir son niveau de lecture. Je suis davantage sur une histoire de dépouillement, de nudité. »[1]
« Ce qui m’intéresse c’est d’abord d’écouter. Je ne vais jamais faire un sujet, interviewer quelqu’un : je vais parler. Avec quelqu’un. Bien entendu, en amont j’ai préparé, j’ai construit. Mais j’attends toujours d’être déroutée, d’être emmenée ailleurs. L’autre m’intéresse. Comment il fait pour vivre, comment il bricole, se débrouille pour réussir à vivre. Ce sont ces rouages-là qui m’intéressent. C’est très fragile et je fais très attention à cette fragilité. Peut-être parce que je suis moi-même très fragile. J’ai fait des reportages avec des gens dans les bras, j’ai pleuré avec des gens, je pleure souvent. Je n’ai pas de distance. »[1]
« Ce qui m’intéresse aussi, c’est la chair. Il faut qu’on sente les corps. Il faut engager son corps. Bien évidemment pas de la même façon avec chacun. »[1]
Article connexe
- Nous autres, l'émission de radio de Zoé Varier sur France Inter
Notes et références
- Le documentaire à Radio-France, Julie Birmant, Sylvie Schirm, Mémoire INSAS 2001, dirigé par Richard Kalisz
- France Inter Présentation de Zoé Varier sur
- Le monde de Zoé, Charles Sylvestre, Journal l'Humanité du 31 juillet 1999
Liens externes
- Site officiel de l'émission Nous autres
- Site non officiel regroupant les podcasts des émissions Ecoutez… des anges passent (2001-2004) et Nous autres (2005-2007)
- Entretien radiophonique avec Zoé Varier diffusé le 27 novembre 2005 dans le « Transistor », journal radiophonique du festival Longueur d’ondes, réalisation Pierre-Yves Gauthier et Jérôme Petit
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