- Voyage d'Egerie
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Égérie (Voyage)
Égérie est le nom d’une femme (appelée aussi Ethérie, Etheria, Egeria ou Eucheria) qui entreprit en 380 un pèlerinage jusqu’en Terre sainte. Elle a laissé un récit en latin de son pélerinage, qui fut retrouvé en 1884 dans une bibliothèque d'Arezzo. Cet unique manuscrit est tronqué au début et à la fin, mais diverses références médiévales au Voyage ont permis de combler certaines lacunes.
Sommaire
Identité de l'auteur
Le manuscrit est anonyme, c'est un ermite galicien du VIIe s., Valérius du Bierzo, qui nous apprend le nom de l'auteur de l'ouvrage. Valérius a écrit une lettre à des moines de la région du Bierzo, dans laquelle il parle avec louange du Voyage. Dans la copie dont il disposait, il avait pu lire un nom que les manuscrits de sa lettre écrivent sous diverses formes. La forme Egeria a toutes les chances d'être historique.[1] La Galice où vivait Valérius est peut-être aussi la patrie d'origine de la pélerine, mais il faut reconnaître que les arguments[2] sont de peu de poids et que, en toute rigueur, il faudrait se contenter de dire qu'Égérie provient du nord de l'Espagne ou du sud de la Gaule[3], ou même de n'importe quelle autre région occidentale où l'on parlait latin au IVe siècle.[4]
Datation et contenu du récit
La partie conservée du récit comprend deux parties distinctes: Dans la première partie, Égérie raconte quatre voyages qu'elle fit à partir de Jérusalem, dans la péninsule sinaïtique (chap. 1-12), en Transjordanie jusqu'au Mont Nébo (10-12), dans la vallée du Jourdain jusqu'à Carnéas (13-16, avec une lacune au ch. 16), et en Mésopotamie jusqu'à Harran (17-21). De là elle se rendit à Antioche puis à Constantinople, d'où elle écrivit le récit qu'elle est en train de faire et qu'elle enverra à ses "sœurs" (22-23). Par divers recoupements, il est possible de suivre jour après jour Égérie dans ses pérégrinations entre le 16 décembre 383 et le mois de juin 384, à Constantinople.[5]
La seconde partie est une description de la liturgie de Jérusalem qui est d'une importance exceptionnelle pour l'histoire du christianisme au début de la période byzantine. Elle décrit d'abord la liturgie quotidienne (24, 1-7), puis la liturgie du dimanche (24, 8 - 25, 6), l'Épiphanie (25, 6 - 26, avec une lacune entre les deux) et les fêtes pascales à partir du carême (27-29) et de la "grande semaine" (30-38) suivi du temps pascal (39-44). La fin du récit conservé revient sur la discipline du carême avec des détails sur la catéchèse auprès des catéchumènes (45-47), puis se conclut brusquement au quatrième jour de la fête de la Dédicace du mois de septembre (48-49). Cette description est donc valable pour les années 381 à 384.
Quant à la partie perdue du document, il est possible de conjecturer son contenu par les allusions de Valérius mais aussi et surtout par des références assez précises de Pierre Diacre, bibliothécaire de l'abbaye bénédictine du Mont-Cassin, qui écrivit au XIIe s. un De locis sanctis qui s'inspire notamment de notre récit, et même du manuscrit lui-même, quand il était encore à peu près complet et se trouvait à cet endroit. On sait donc qu'après son arrivée à Jérusalem à Pâques 381, elle se rendit dans le sud de l'Égypte en Thébaïde (fin 381 - 382), revint à Jérusalem et se rendit de là en Samarie et en Galilée (383).
Une pèlerine des premiers siècles
Voyage aux sources du christianisme, le récit d'Égérie décrit les visites successives dans les centres vitaux du monachisme d'Orient. Il fournit également de précieux renseignements sur la pratique religieuse des moines, et en particulier pour tout ce qui touche à la liturgie. A ce sujet il est toujours intéressant de confronter ses informations au lectionnaire de Jérusalem, comme cela est entrepris ici.
Texte et traduction française
P. Maraval, Égérie. Journal de voyage (Itinéraire) & M. C. Diaz y Diaz, Valérius du Bierzo. Lettre sur la Bienheureuse Égérie, Sources chrétiennes, 296, Paris, 1982 (réimpr. 1997)
- ↑ Voir MARAVAL, ibid., p. 16-19
- ↑ Valérius dit qu'elle est apparue "aux extrémités de l'Océan occidental", ce qu'il a pu déduire du passage où Égérie fait dire à un interlocuteur qu'elle est venue "des extrémités de la terre" (19, 5), Voir ibid., p. 19-21, 205, 326 n. 8, 347
- ↑ Ceci d'après une allusion aux eaux impétueuses du Rhône (18, 2), ce qui peut vouloir dire que ce fleuve était connu de "sœurs" à qui l'auteur adresse son récit (ibid., p. 19), d'où elle proviendrait donc elle-même.
- ↑ Toutefois, avant le XIIes., le Voyage n'est connu qu'au nord de l'Espagne et en Gaule du Sud (non en Italie ou en Helvétie, par exemple), v. les allusions citées dans ibid., p. 18.
- ↑ Voir le détail de l'argumentation conduisant à la datation de son séjour à Jérusalem entre Pâques 381 et Pâques 384, résumé dans ibid., p. 31-36
Liens externes
- Le voyage d'Égérie en Terre sainte
- Itinerarium Egeriae, texte de la Bibliotheca Augustana.
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