- Vitesse de circulation de la monnaie
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Théorie quantitative de la monnaie
En sciences économiques, la théorie quantitative de la monnaie est une théorie économique fondée sur la relation de causalité entre la quantité de monnaie en circulation et le niveau général des prix. Cette théorie a été développée par différents auteurs dans différents pays. Le précurseur est Martin d'Azpilcueta, né à Barásoain en Navarre (Pays basque) en 1492, et mort à Rome en 1586, surnommé "Doctor Navarrus", illustre Dominicain de l'École de Salamanque. Nous pouvons citer aussi, Nicolas Copernic[1] et Jean Bodin au XVIe siècle[2]. Elle a été reformulée par les théories monétaristes au cours des années 1970 dans une version restrictive pour attaquer les théories keynésiennes. Les théories monétaires s'opposent sur le rôle de la monnaie dans l’économie. Les classiques et néoclassiques considèrent que la monnaie est neutre, les keynésiens affirment que la monnaie est active et qu'elle peut être utilisée pour améliorer les performances économiques, et les monétaristes pensent que la monnaie est active, mais surtout nocive dans l'économie.
Sommaire
Présupposés
La théorie quantitative de la monnaie est nécessairement fondée sur un contexte que l'on nommera présupposés, c'est-à-dire que si le contexte décrit dedans n'est pas vérifié, la théorie ne marchera pas de la manière décrite[3].
- C'est la variation des quantités de monnaie qui provoque la variation des prix nominaux, donc le contrôle de la masse monétaire permet de contrôler l'inflation. L'offre de monnaie est exogène.
- Les agents économiques sont rationnels. Ils ne sont pas victimes de l'illusion monétaire, c'est-à-dire qu'ils sont parfaitement conscients des prix relatifs (prix d'un bien par rapport à un autre) et ne regardent pas les prix nominaux (prix noté sur l'étiquette).
Si on travaille dans le long terme, on rajoutera que :
- Les prix nominaux sont parfaitement flexibles, à la hausse comme à la baisse.
- La production effective est égale à la production de plein emploi (la production ne peut pas être supérieure[4]).
Définition
La première formulation de la théorie quantitative de la monnaie remonte au travaux de Jean Bodin en 1568. Ses travaux portaient sur les effets inflationnistes de l'arrivée de l'or en provenance du Nouveau Monde.
Les classiques ont formalisé la théorie quantitative suivante :
M * V = P * Q
Q est la production d'une économie pendant une période donnée,
P est le niveau des prix,
donc P * Q représente la quantité d'argent échangée.
M est la quantité de monnaie en circulation dans une économie pendant cette même période.
V est la vitesse de circulation de la monnaie, c'est-à-dire le nombre de fois qu'une même unité de monnaie permet de régler des transactions pendant la période considérée.Q et P sont des vecteurs ; M et V peuvent aussi être de simples nombres, dans la formulation la plus simple, mais comme il existe différents type de monnaie (billet, pièces, chèques, titres négociables, etc.) qui circulent à des vitesses différentes, on peut aussi les traiter comme des vecteurs, ou comme Irving Fisher (1911) se limiter à deux types de monnaie :
M1 * V1 + M2 * V2 = P * T
M_1 et V_1 représentent la monnaie centrale (billets et pièces) et leur vitesse de circulation; M_2 et V_2 représentent la monnaie bancaire et la vitesse de circulation. La vitesse de circulation et la répartition de la monnaie entre les différentes types font partie des éléments pris en compte par les monétaristes dans les estimations de la santé d'une économie. À court terme, sa valeur est considérée comme stable, fonction des comportements de thésaurisation et des modes de paiements (liquide, chèque, carte bleue) des agents économiques.
Implications
Selon les monétaristes, la vitesse de circulation de la monnaie (V) est constante. De même pour le niveau de production (Q) qui est supposé constant du fait de la situation de plein-emploi des facteurs de production dans l'économie. Selon ces deux hypothèses, toute augmentation de la quantité de monnaie (M) entraîne une augmentation des prix (P). Cela amène les monétaristes à penser que l'inflation n'est qu'un phénomène purement monétaire. S'il y a de l'inflation dans une économie, elle ne peut être due qu'à une création monétaire excessive par rapport au niveau de production du pays. Selon la théorie de Jean-Baptiste Say, la monnaie ne serait qu'un voile, c'est-à-dire que la sphère réelle de l'économie serait séparée de la sphère monétaire. La monnaie n'aurait aucun effet sur le niveau de production d'une économie (dichotomie classique). De nos jours, la théorie quantitative de la monnaie est communément admise à long terme, ce qui n'est pas le cas à court ou moyen terme.
On constate cependant que l'augmentation de la masse monétaire observée depuis plusieurs années s'accompagne moins d'une hausse des prix à la consommation que d'une hausse des actifs immobiliers et financiers[5].
Vitesse de circulation de la monnaie
Pour les classiques et néoclassiques, la vitesse de circulation de la monnaie ( tout comme le volume des transactions ) est insensible aux variations de la quantité de monnaie.
Calcul
Le calcul de la vitesse de circulation de la monnaie V nécessite de connaître pour une période T la quantité M de monnaie disponible et le montant P des richesses créées pendant cette période (typiquement, un PIB). P et M doivent être dans la même unité (devise).
À savoir
Le taux de liquidité est égal à l'inverse de la vitesse de circulation de la monnaie, soit 1/V.
Valeur empirique
Dans la zone euro, le PIB était en 2006 de 8 378 milliards d'euros alors que les masses monétaires étaient respectivement de 3 756 (M1), 6 728 (M2) et 7 788 milliards d'euros (M3). La vitesse de circulation a donc été de 2,23 fois M1, de 1,25 fois M2 ou de 1,08 fois M3, selon le choix de présentation d'un agrégat du plus liquide vers le moins liquide.
La valeur de la vitesse de circulation a augmenté depuis 1980[6].
La valeur n’a pas de raison d’être bornée, elle peut être supérieure ou inférieure à 1.
Lorsque l'on dépense de l'argent, on ne l'a plus, il pourrait donc sembler logique que si les Wikipédiens de 2012 ont 25 000 ψ, ils ne peuvent pas dépenser plus de 25 000 ψ, donc la vitesse de circulation de la monnaie devrait être de 25/25, soit 1. Ce raisonnement oublie l'élément qui est à la base du monétarisme : lorsqu'une unité de monnaie est dépensée par un agent économique, celui-ci ne va pas forcément garder cette monnaie pour lui, mais va lui-même en dépenser tout ou partie, et en passant ainsi d'agent en agent, cette monnaie va permettre de créer à nouveau de la richesse d'une part et va revenir à celui qui l'a dépensée d'autre part.
Notes et références
- ↑ Nicolas Copernic : Monete Cudende Ratio
- ↑ Jean Bodin : Réponse au paradoxe de M. de Malestroict touchant l'enchérissement de toutes choses, et le moyen d'y remédier, 1578
- ↑ fondements des écrits des classiques et néoclassiques
- ↑ ceci est toujours vérifié ex post
- ↑ Banque de France, Bulletin de février 2007 : « De nombreux observateurs soulignent aujourd’hui l’abondance de la "liquidité" dans le système financier international. [...] Malgré tout, la hausse des prix à la consommation est demeurée globalement maîtrisée et les anticipations d’inflation ancrées à un faible niveau. Seuls les prix des actifs immobiliers et financiers ont augmenté rapidement. Y a-t-il un lien de cause à effet avec l’expansion de la liquidité ? On ne dispose pas à ce stade d’un cadre complet d’analyse théorique. Néanmoins, de nombreux indicateurs permettent de le penser. »
- ↑ Bulletin de la Banque de France, N° 111 – MARS 2003 : voir graphique de la vitesse de circulation p. 64.
Histoire des idées économiques de Platon à Marx de J. Boncoeur et H. Thouément Ed. CIRCA Armand Colin 2007
Bibliographie
- Irving Fisher, The purchasing power of money, 1911
Annexes
Articles connexes
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