Uluj Ali

Uludj Ali

Uludj Ali (Ali-le-Renégat) (aussi appelé Ulaj ou Uluj, en turc : Uluç Ali Pasha, Euldj Ali, Ochali) est un amiral ottoman né Giovanni Dionigi Galeni en Calabre (Italie) en 1520 (Uluç signifie nouveau More, donc nouveau converti, "renégat".) Il fut beylerbey (régent) d'Alger de 1568 à 1577.

Biographie

Né à Liscateli près du Cap des Colonnes, de parents miséreux, Giovani se rendait à Naples pour faire des études de théologie lorsqu'il fut enlevé, à 16 ans, par Ali Ahmed, un "renégat" grec, amiral de la Régence d'Alger, qui l'enrôla dans sa chiourme. Teigneux et chauve, rejeté par les chrétiens qui ne le laissaient ni manger avec eux ni s'asseoir sur le même banc, surnommé par eux fartas (teigneux en turc/chauve en arabe) il se fit turc et se convertit à l'islam afin de pouvoir se venger. Son maître le nomma alors comite (officier de vaisseau). Sa nouvelle fonction lui permit de se faire de l'argent. Il arma une frégate, devint corsaire à son tour puis l'un des plus importants raïs d'Alger. Il était dey d'Alger et gouverneur de Tlemcen.

Plus tard, il se joignit au corsaire turc Dragut, l'un des fidèles compagnons de Hassan Pacha, qui résidait alors aux Iles Gelves (Djerba). En 1560, Dragut, averti des visées du vice-roi de Sicile, le duc de Médina-Celi, qui s'apprêtait à l'attaquer, envoya Ochali à Constantinople chercher du secours auprès du grand seigneur. Il négocia si bien que le sultan consentit à faire partir son grand amiral Piali Pacha avec cent galères et une grosse armée. En arrivant près des Gelves, Piali Pacha ne se décida pas à attaquer la flotte chrétienne. Ce fut Ochali qui se décida à le faire avec grand succès et cette victoire lui procura grande réputation.

En 1565 il participa avec courage au siège de Malte au cours duquel Dragut trouva la mort et à son retour Piali-Pacha en sa qualité de Capitan Pacha de la Mer et des places maritimes le nomma gouverneur de Tripoli. Il commanda la place deux ans et demi durant lesquels il devint fort riche puis fut nommé beylerbey d'Alger en mars 1568.

Il joua un important rôle dans le soulèvement morisque de 1568 à 1570 en envoyant des hommes, des armes et des munitions à plusieurs reprises ainsi qu'une flotte de 40 navires devant Almería mais qui est dispersée par les vents violents de l'hiver. Il chassa ensuite la dynastie des Hafsides de Tunis en décembre 1569 puis battit en 1571 les vénitiens et s'empara de Dulcigno.

Lors de la bataille de Lépante, en octobre 1571, il dirigea l'aile gauche de l'escadre ottomane face aux Gênois. Après la mort de l'amiral ottoman il prit le commandement et battit les galères maltaises en s'emparant de leur capitaine et de son étendard. Il réussit à rallier Istanbul avec les débris de l'armada ottomane. En guise de récompense le sultan Selim II lui offrit le titre de "khilidj" (sabre), le nomma kapudan pacha et lui confia la réorganisation de la flotte avec le vizir Sokullu Mehmed pacha. Tous ces honneurs lui valurent la jalousie et il dut quitter la demeure habituelle des beylerbey pour aller vivre dans le fort Hadj Ali sous la protection de ses pairs. Sa puissance était telle que le pape Pie V intrigua avec Philippe II d'Espagne pour le gagner à leur cause. Uludj Ali, farouche défenseur de l'islam, refusa.

En 1573 il libéra Modon, assiégée par le prince de Parme et reprit Tunis en 1574 aux Espagnols, qui l'avaient conquise après la bataille de Lépante. En 1578 il fut dépêché à Chypre pour châtier les miliciens qui avaient fait périr leur gouverneur Arab Ahmed qui ne leur payait pas régulièrement leur solde. Il vint à l'aide de deux princes marocains Abd al-Malik et Ahmed al Mansour al Dhahbi dans la bataille de "Oued al Makhzen" où l'artillerie algérienne joua un rôle décisif.

En 1579, il commença à édifier la forteresse de Kars près de Trébizonde dans le but de faciliter le passage des troupes du Grand Tartare, allié du grand seigneur dans sa lutte contre le sophi de Perse.

Euldj Ali mourut le 21 juin 1587.

Portrait

Ochali était de haute taille, robuste, brun et avait la voix voilée à tel point qu'on ne pouvait l'entendre que de près. Sa tête était pelée par la teigne.

Il avait une habitude singulière. Les jours où il se trouvait mélancolique, il s'habillait de noir et nul ne pouvait lui parler affaires. Quand il était vêtu de couleurs claires cela signifiait qu'il était dans de bonnes dispositions et que chacun pouvait l'aborder et lui parler.

Ochali vécut en grande réputation parmi les Turcs. Il fut le maître absolu de tout ce qui concernait la mer et les places maritimes de l'Empire ottoman, disposant d'un pouvoir que nul amiral n'eut avant lui. Il se fit construire un somptueux palais sur le Bosphore et éleva une mosquée très riche à côté de laquelle il édifia sa qubba funéraire.

Il n'eut pas d'enfant mais gardait dans sa maison plus de cinq cents renégats qu'il appelait ses fils et traitait comme tels. Cependant, selon certaines sources Ochali a une descendance à Tlemcen du nom de Ben Al Aldj, du temps où il était gouverneur de cette ville.

Bibliographie

• Diégo de Haëdo, traduction H.D. de Grammont, Histoire des Rois d'Alger, édition originale Adolphe Jourdan - Alger 1881 - , réédition éditions Grand-Alger-Livres -Alger 2004.

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