- Tours de Bologne
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Les Tours de Bologne, l'un des traits les plus caractéristiques de la ville d'Émilie-Romagne, sont des structures architecturales militaires ou nobiliaires d'origine médiévale.
Sommaire
Historique
Entre les XIIe et XIIIe siècles, il s'est construit à Bologne un très grand nombre de ces édifices : on a parfois parlé de 180 tours, mais cette estimation, qui reposait sur une interprétation erronée d'actes notariés, est aujourd'hui considérée comme très excessive.
Les raisons pour lesquelles elles furent élevées ne sont pas encore très claires, mais on pense que les familles les plus riches, dans la période des luttes pour les investitures impériales et papales, les utilisaient comme instruments de défense autant que comme symboles de pouvoir.
En plus des tours, on peut encore voir de nos jours quelques torresotti, passages ménagés sous les portes de la seconde muraille de la ville, élevée au XIIe siècle, presque entièrement abattue (Mur des Torresotti ou des Mille).
Un grand nombre de tours furent abattues au cours du XIIIe siècle ou ont fini par s'écrouler. Elles connurent différents usages au cours des siècles suivants : prisons, tours civiques, magasins, habitations. Les dernières démolitions eurent lieu au XXe siècle, en même temps que la muraille du XIIIe siècle, lors d'un plan d'urbanisme qui vit disparaître, en 1917, les deux tours Artenisi et Riccadonna[1], qui s'élevaient dans le marché central, non loin des deux grandes tours Asinelli et Garisenda.
Récemment se sont ajoutées au paysage bolonais les tours du quartier de la foire (quartier San Donato), de l'architecte japonais Kenzo Tange, censées rappeler les traditions architecturales de la ville.
Le nombre des tours
Il a été longuement débattu du nombre de tours qui envahissaient Bologne avant les démolitions entreprises pour prévenir les effondrements.
Le premier à traiter des tours bolonaises fut le comte Giovanni Gozzadini, sénateur du royaume d'Italie, qui écrivit au XIXe siècle sur l'histoire de Bologne. Gozzadini fonda principalement ses recherches sur les archives notariales : il en résulta le nombre extraordinaire de 180 tours, énorme si l'on considère la surface et les ressources de la ville médiévale.
Des études plus récentes ont montré que Gozzadini a souvent compté plusieurs fois les mêmes tours, qui changeaient souvent d'appellation avec leurs propriétaires successifs. L'estimation actuelle varie de 80 à 100 tours qui, du reste, ne furent pas toutes contemporaines.
De toutes ces tours, moins de 20 sont parvenues jusqu'à nous : on peut citer parmi les rescapées la tour Azzoguidi, dite Altabella, de 54,80 m de hauteur, la tour Prendiparte, dite Couronnée, 60 m, les tours Scappi, 39 m, Uguzzoni, 32 m, Guidozagni, Galluzzi et surtout les deux tours jumelles Asinelli, 97 m, et Garisenda, 48 m.
La construction des tours
La construction des tours était très onéreuse malgré le recours au « service de la glèbe[2] ». Les tours étaient à plan carré, élevées sur des fondations tout au plus profondes de 5 à 10 m, consolidées par des pieux enfoncés dans le terrain couvert de cailloux et de chaux.
Puis la base de la tour était construite avec des gros blocs de sélénite[3] et le reste de la construction était élevé avec des murs plus minces, en procédant vers le haut, réalisé en maçonnerie de brique « a sacco », c'est-à-dire avec un mur intérieur épais et un mur extérieur plus mince : la cavité, pour finir, était remplie de pierre et de malthe (ciment de fortification fait de poix, cire, plâtre, graisse)[4].
On laissait en général dans les murs extérieurs des trous de boulins[5] pour soutenir des échafaudages, et aussi des trous de plus grandes dimensions destinés à recevoir les charpentes des parties élevées.
La construction d'une tour haute de 60 mètres, par exemple, ne demandait pas moins de trois à dix ans de travaux.
Les tours jumelles
Les deux tours, symbole de la ville, toutes deux penchées, sont situées au croisement entre les rues qui menaient aux cinq portes des anciennes murailles (« mur des Torresotti »).
Les noms d'Asinelli, pour la plus grande, et de Garisenda, pour la plus petite, dérivent de ceux des familles auxquelles on a traditionnellement attribué la construction des tours, entre 1109 et 1119. En réalité, le premier document citant les Asinelli, par exemple, ne remonte qu'à 1185, presque soixante-dix ans après la date présumée de la construction.
La tour Asinelli
On peut supposer, au simple examen de la maçonnerie, que la tour Asinelli s'élevait initialement à une soixantaine de mètres, puis que sa hauteur fut graduellement portée aux 97,2 m actuels, avec un déport (surplomb) de 2,2 m, soit une inclinaison de 1,3°. La commune en devint propriétaire au XIVe siècle et l'utilisa comme fortin et comme prison. À cette époque fut ajoutée une passerelle de bois juchée à une trentaine de mètres, détruite par un incendie en 1398, qui unissait les deux tours. On dit que cette construction fut voulue par Giovanni Visconti, duc de Milan, qui avait alors pris le pouvoir, afin de tenir à l'œil le turbulent marché central — aujourd'hui rue Rizzoli —, et de prévenir d'éventuelles révoltes.
La foudre causa des dommages à la tour, sur laquelle fut installé un paratonnerre en 1824. On a conservé la souvenir de deux incendies graves, en 1185 et 1398, auxquels l'édifice survécut.
Les savants Giovanni Battista Riccioli, en 1640 et Giovanni Battista Guglielmini, au siècle suivant, utilisèrent la tour pour effectuer leurs expériences sur la chute des corps et la rotation de la terre.
Plus récemment, la tour Asinelli supporta un émetteur de télévision de la RAI. Pendant la Seconde Guerre mondiale, entre 1943 et 1945, la tour fut utilisée pour des fonctions de repérage : quatre volontaires, en vérité très courageux, se postaient au sommet de la tour pendant les bombardements alliés, afin de diriger les secours vers les endroits frappés par les bombes.
La tour Garisenda
Aujourd'hui, la tour Garisenda, très fortement penchée, est haute de 48 m et présente un déport (surplomb) de 3,2 m, soit une inclinaison de 3,8° [6] ; mais elle était initialement haute d'environ 60 m et elle fut sectionnée au XIVe siècle à cause d'un affaissement du terrain qui la fit menacer de s'écrouler.
Elle fut acquise au XVe siècle par la confrérie des drapiers, qui la conserva jusqu'à ce qu'elle devînt propriété communale, à la fin du XIXe siècle.
Travaux de restauration
La maçonnerie externe de la Tour Garisenda a été restaurée entre 1998 et 2000, en même temps que des travaux de consolidation.
La « rocchetta[7] », fortin formant la base de la tour Asinelli, a été restaurée en 1998.
Liste des tours médiévales de Bologne
- Torre Accursi (dite dell'orologio) - Piazza Maggiore
- Torre Agresti - Piazza Galileo
- Torre Alberici - Via S. Stefano - Piazza della Mercanzia
- Torre Asinelli - Piazza Ravegnana, 82
- Torre Azzoguidi (dite Altabella) - Via Altabella, 7
- Torre Bertolotti-Clarissimi - Via Farini, 11
- Torre Carrari - Via Marchesana
- Torre Catalani - Vicolo Spirito Santo
- Torre Conoscenti - Via Manzoni, 6 (cortile del Museo Civico Medioevale)
- Torre dell'Arengo - Piazza Maggiore
- Torre Galluzzi - Corte Galluzzi
- Torre Garisenda - Piazza Ravegnana
- Torre Ghisilieri - Via Nazario Sauro
- Torre Guidozagni - Via Albiroli 1-3
- Torre Lambertini - Piazza Re Enzo
- Torre Lapi - Via IV Novembre
- Torre Oseletti - Strada Maggiore, 34-36
- Torre Prendiparte (dite Coronata) - Via S. Alò, 7
- Torre Scappi - Via Indipendenza, 1
- Torre Toschi - Piazza Minghetti, derrière la Casa Policardi
- Torre Uguzzoni - Vicolo Mandria, 1
- Torresotto di Castiglione - Via Castiglione, 47
- Torresotto di porta Nuova, ou del Pratello - via Porta Nuova, via M. Finzi
- Torresotto dei Piella, ou porta Govese, ou del Mercato - via Piella, via Bertiera
- Torresotto di San Vitale - Via San Vitale, 56
Notes, références
- Photo des deux tours Artenisi et Riccadonna, démolies en 1917
- corvée. Voir : it:Servitù della gleba Une forme de
- Toscane qui en est proche. Cette roche facilement taillée a été très utilisée localement jusqu'à une période proche. Elle n'est plus utilisée aujourd'hui qu'en ornementation ou en poudre colorée pour la marqueterie de pierre et la restauration de ce type de meuble. Roche (appellation régionale) extraite du sous-sol de la ville et des collines environnantes, il s'agit de gypse saccharoïde très induré, à grains jointifs, à grains plus gros que l'albâtre de
- lexicographiques et étymologiques de « malthe » du CNRTL. Définitions
- lexicographiques et étymologiques de « boulin » du CNRTL. Définitions
- tour de Pise a atteint 5,6° en 1993. Pour mémoire, l'inclinaison de la
- (it) Le due torri, ville de Bologne
Bibliographie
- Giancarlo Roversi, F. Bergonzoni, C. De Angelis, P. Nannelli, M. Fanti, G. Fasoli, P. Foschi, Le torri di Bologna. Quando e perché sorsero, come vennero costruite, chi le innalzò, come scomparvero, quali esistono ancora, 1989, éd. Grafis, Bologna
- Francisco Giordano, R. Scannavini, F. Bergonzoni, S. Martinuzzi, Rocchetta della Torre degli Asinelli, 1998, éd. Costa, Bologna
- Francisco Giordano, F. Bergonzoni, A. Antonelli, R. Pedrini, M. Veglia, M. Tolomelli, G. Bitelli, G. Lombardini, M. Unguendoli, L. Vittuari, A. Zanutta, C. Ceccoli, P. Diotallevi, P. Pozzati, L. Sanpaolesi, G. Dallavalle, La torre Garisenda, 2000, éd. Costa, Bologna.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- (it) Les deux tours, ville de Bologne
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