- Théorie du déversement
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La théorie du déversement est une théorie économique indiquant que des progrès techniques améliorant la productivité engendrent un transfert (déversement) des emplois d'un secteur d'activité vers un autre. Cette thèse est formulée par l'économiste et démographe français Alfred Sauvy[1].
Sommaire
Théorie
La mise en œuvre du progrès technique dans les activités agricoles, (par ex sous l'effet de la mécanisation de la production ou de l'amélioration des méthodes de travail) génère des gains de productivité.
Les effets induits de cette meilleure productivité sont multiples :
- Au niveau de l'offre des produits agricoles , mise à disposition d'une quantité accrue des volumes produits
- Au niveau de la demande des produits agricoles , baisse des prix.
- Au niveau global , effet de revenu positif pour l'ensemble des consommateurs qui voient le prix des denrées agricoles baisser , D'où une hausse ou une "libération" du pouvoir d'achat qui conduit à l'expression d'une "nouvelle" demande de biens finaux.
Or, selon la loi d'Engel, la part du revenu allouée aux dépenses alimentaires baisse quand le revenu s'élève . (Elasticité négative de la demande des biens alimentaires par rapport au revenu)
La "nouvelle" demande - permise par l'effet Revenu - s'oriente vers la consommation de biens produits par les autres secteurs (secondaire et/ou tertiaire) . D'où la création dans ces secteurs de nouveaux emplois induits .
Ce mécanisme explique donc le mouvement dit de "déversement" puisqu'il y a transfert des emplois :
- depuis les secteurs où ceux-ci sont détruits (résultat de la pression de la productivité)
- vers les secteurs qui en créent (résultat de la pression de la demande)
( NB : il est possible de faire un parallèle entre cette théorie et le concept de "destruction créatrice" de Schumpeter).
Ce mécanisme est à l'œuvre depuis le début de la Révolution industrielle. Dans le cas français ,
- depuis deux siècles, l'emploi du secteur primaire s'est déversé (cf Exode rural) dans le secondaire, faisant passer de 65 % à 3 % la part de la population active travaillant dans ce secteur.
- depuis une trentaine d'années environ l'emploi du secteur secondaire se déverse dans celui du tertiaire.
Contestation
- Le déversement d'un secteur à l'autre n'est pas immédiat, ni systématique : Jean Fourastié nuançait cette théorie en soulignant par exemple qu'un ouvrier peinera à se reconvertir dans l'informatique.
- Les destructions et créations d'emplois ont lieu souvent à l'intérieur d'un même secteur : Des études récentes ont montré que les choses étaient un peu plus complexes. L'ouvrage de Pierre Cahuc et André Zylberberg (2004, pp. 21-23) montre que par exemple, autour de Lille, une partie des emplois perdus dans le textile traditionnel se déverse dans le textile technique.
- L'utilisation de cette classification en trois secteurs parait perdre de sa pertinence :
Largement justifiée sur la période 1900-2000, elle parait obsolète de nos jours, où l'essentiel des emplois des pays développés appartient aujourd'hui au tertiaire.
- La réflexion n'intégre pas le concept - il est vrai , introduit postérieurement - de secteur quaternaire présenté par certains comme le stade prochain d'évolution de la structure des Emplois .
Notes et références
- A SAUVY, La machine et le chômage, DUNOD, 1980
Voir aussi
- Colin Clark et sa définition des 3 secteurs
- Le concept de Secteur quaternaire
Bibliographie
- Cahuc Pierre, Zylberberg André, 2004, Le Chômage, Fatalité ou nécessité ?, Flammarion, 2005.
- Marc Montoussé, 2008, Théories économiques, Bréal 2008. ISBN 978 2 7495 0144 4
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