- Théorie de la justice
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Théorie de la justice Auteur John Rawls Genre Théorie politique Version originale Titre original A theory of Justice Éditeur original University of Harvard Press Langue originale Anglais Pays d'origine États-Unis Date de parution originale 1971 Version française Traducteur Catherine Audard Éditeur Seuil Date de parution 1987 et 1997 Nombre de pages 700 La Théorie de la justice est un ouvrage de philosophie politique et morale du philosophe américain John Rawls (1921-2002). D'abord publié en 1971 (en anglais, sous le titre : A Theory of Justice, Harvard, HUP), il fut reédité en 1975 et 1999 ; une traduction française par Catherine Audard est parue en 1987, aux éditions du Seuil.
Dans ce livre, Rawls veut résoudre le problème de la justice distributive en critiquant l'utilitarisme, et en faisant appel aux positions de Kant et au contrat social. Il nomme la théorie qui en résulte Justice as Fairness, et en tire ses deux principes de base de la justice : le principe de liberté et le principe de différence.
Sommaire
Objectif
Le premier but que veut atteindre Rawls dans son livre est de fournir une solution au problème de l'obligation politique. En d'autres termes, il veut expliquer comment et dans quelles circonstances les citoyens sont obligés de respecter les lois, qui sont promulguées par l'État. En 1993, dans Libéralisme Politique (p347), Rawls énonce ainsi ses deux premiers principes de justice:
- Le principe d'égale liberté
"Chaque personne a droit à un système pleinement adéquat de libertés de base égales pour tous, compatible avec un même système de liberté pour tous." - Le principe de différence
"Les inégalités sociales et économiques doivent satisfaire à deux conditions : elles doivent d’abord être attachées à des fonctions et à des positions ouvertes à tous, dans des conditions de juste égalité des chances (2a), elles doivent procurer le plus grand bénéfice aux membres les plus désavantagés de la société. (2b)"
Le principe de différence (2b) implique de maximiser les biens premiers (pouvoirs et prérogatives attachées aux différentes fonctions et positions, le revenu et la richesse, et les bases sociales du respect de soi) des plus faibles. Il est subordonné au respect du principe de réelle égalité des chances (2a). Et ces deux principes sont eux-mêmes subordonnés au principe d'égale liberté (1), ce qui conduit à une critique de l'utilitarisme pour lequel les droits fondamentaux sont subordonnés au principe de l'utilité sociale et qui légitime donc la restriction des libertés individuelles au nom de l'efficience économique (ou de la croissance).
La position originelle
Comme Hobbes, Locke, Rousseau et Kant, Rawls se situe dans la tradition du contrat social qu'il entend mener a un plus haut degré d'abstraction. Rawls développe ce qu'il prétend être des principes de la justice par la mise en place délibérée d'une fiction méthodologique qu'il appelle la position originelle. Dans cette position chaque participant décide des principes de justice derrière ce qu'il appelle un voile d'ignorance. Ce voile est destiné à leur cacher les faits sur eux-mêmes, comme leur situation sociale ou leurs talent, qui pourraient obscurcir leur capacité d'arriver à un consensus.
No one knows his place in society, his class position or social status, nor does anyone know his fortune in the distribution of natural assets and abilities, his intelligence, strength, and the like. I shall even assume that the parties do not know their conceptions of the good or their special psychological propensities. The principles of justice are chosen behind a veil of ignorance.
Selon Rawls, l'ignorance de ces détails sur soi-même mènera à des principes qui seront justes pour tous. Si un individu ne sait pas quelles sont ses chances dans sa propre société, il est probable qu'il ne va pas accorder de privilèges à une classe quelconque d'individus, mais concevoir un système de justice qui traite chacun équitablement. Rawls affirme que placés dans "la situation originelle" tous adopteront une stratégie qui permettra de maximiser la position des pays les moins bien lotis, dite maximin ou minimax, et qui consiste à minimiser la perte possible tout en maximisant le gain potentiel.
They are the principles that rational and free persons concerned to further their own interests would accept in an initial position of equality as defining the fundamentals of the terms of their association
Il est important de garder à l'esprit que l'accord qui découle de la position originelle est à la fois hypothétique et anhistorique. Elle est hypothétique en ce sens que les principes qui en découlent sont ce que les participants décideraient sous certaines conditions imaginaires, et non ce dont ils conviendraint effectivement dans la réalité en connaissant parfaitement leur situation. Rawls cherche à nous convaincre par des arguments que les principes de justice qu'il en tire sont en fait ceux dont nous conviendrions si nous étions dans la situation hypothétique de la position d'origine et qui leur donnent leurs poids moraux. Il est anhistorique en ce sens qu'il n'est pas supposé que l'accord ait jamais pu être effectivement conclu.
C'est grâce à ce voile d'ignorance que le législateur pourra déterminer les principes d'une société juste. La position originelle doit conduire le législateur, ignorant délibérément sa position réelle dans la société, à concevoir selon un principe de prudence une société où les principes de justice soient les moins défavorables aux plus désavantagés. Rawls affirme que les participants dans la position originelle adopterait les deux principes décrits plus haut.
Critiques
Anarchie, État et Utopie de Robert Nozick (paru en 1974, soit seulement trois ans après la Théorie de la justice) est considéré comme la réponse libertarienne à l'ouvrage de John Rawls. Nozick enseignait d'ailleurs, à ses premières années à Harvard, la théorie de Rawls.
Pour Pierre Bourdieu, La théorie de la justice de John Rawls tente de rationaliser à tort les lois qui sont par origine historiques et arbitraires[1].
Pour H. L. A. Hart, Rawls serait partisan d'un idéalisme dogmatique sur la démocratie américaine[2].
Stanley Cavell entreprend une critique du perfectionnisme selon Rawls et notamment de l'idée d'un contrat qui lierait les participants sur des accords de principe plutôt que sur une conversation actuelle.
Notes et références de l'article
- Méditations Pascaliennes, Seuil, Paris, 1997, chapitre - les fondements historiques de la raison, page 137.
- (en) « Rawls on Liberty and its priority » H.L.A Hart, dans N.daniels Reading Rawls, New York, Basic Books, 1975, pages 238-259.
Voir aussi
Articles connexes
Catégories :- Œuvre de philosophie politique
- Œuvre de philosophie morale
- Le principe d'égale liberté
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