Theodor Hertzl

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Theodor Herzl, de son nom hébreu Benjamin Ze'ev (בנימין זאב), né le 2 mai 1860 à Budapest et mort le 3 juillet 1904 à Edlach, est un journaliste et écrivain juif autrichien.

Fondateur du mouvement sioniste au Congrès de Bâle en 1897, il est l'auteur de Der Judenstaat (« L'État des Juifs ») en 1896 et fondateur du Fonds national juif pour l'achat de terres en Palestine.

Sommaire

Jeunesse

Plaque sur le lieu de naissance de Théodore Herzl
Theodor Herzl en 1904

Theodor Herzl est né dans le quartier juif de Budapest, capitale de la Hongrie caractérisée par son cosmopolitisme très important. La ville abrite une population juive nombreuse, qui représente 20 % de ses habitants. Aussi certains antisémites nommaient-ils la ville « Judapest »[1].

Theodor Herzl (ou Tivadar en hongrois, Wolf Théodore en allemand) grandit dans une famille bourgeoise tout près de la Grande synagogue de Budapest. La famille pratique un judaïsme que l'on pourrait qualifier de progressiste.[réf. nécessaire] Son père, issu de l'immigration de la partie orientale de l'empire austro-hongrois, se définit lui-même comme réformiste et demeure un partisan de l'assimilation des Juifs au sein de leurs terres d'accueil.

Vie professionnelle

Docteur en droit de formation, Herzl commence par écrire des pièces de théâtre puis devient journaliste et part à Paris comme correspondant de 1891 à 1896. Il rentre alors à Vienne et devient directeur littéraire du plus grand et du plus prestigieux quotidien viennois, la Neue Freie Presse.

L'affaire Dreyfus et le sionisme

Il était au début si peu tenté par le sionisme qu'il n'hésitait pas à écrire les lignes suivantes en faisant le compte-rendu pour son journal d'une pièce d'Alexandre Dumas fils, La Femme de Claude, où un certain Daniel encourageait les juifs à revenir à la terre de leurs ancêtres:

« Le bon Juif Daniel veut retrouver sa patrie perdue et réunir à nouveau ses frères dispersés. Mais sincèrement un tel Juif doit savoir qu'il ne rendrait guère service aux siens en leur rendant leur patrie historique. Et si un jour les Juifs y retournaient, ils s'apercevraient dès le lendemain qu'ils n'ont pas grand'chose à mettre en commun. Ils sont enracinés depuis de longs siècles en des patries nouvelles, dénationalisés, différenciés, et le peu de ressemblance qui les distingue encore ne tient qu'à l'oppression que partout ils ont dû subir ».[2]

L'affaire Dreyfus et les manifestations antisémites qui l'accompagnent sont donc pour lui un coup de tonnerre. En tant que correspondant à Paris du journal Die Neue Freie Presse, il suit l'Affaire depuis le premier procès de Dreyfus. Révolté par les manifestations de l'antisémitisme français, il estime désormais absolument nécessaire la constitution d'un « abri permanent pour le peuple juif », thèse qu'il reprend dans son livre "l'État des Juifs" (Der Judenstaat), écrit en 1896. Il y expose les trois principes fondamentaux du sionisme : l'existence d'un peuple juif ; l'impossibilité de son assimilation par d'autres peuples ; d'où la nécessité de créer un État particulier, qui prenne en charge le destin de ce peuple. A ces trois fondements du sionisme, le Congrès de Bâle de 1897 ajoute un quatrième : le droit des Juifs à s'installer en terre d'Israël, donc dans la région palestinienne de l'Empire ottoman.

Contrastant avec l'opinion répandue selon laquelle l'affaire Dreyfus aurait joué un rôle central dans la prise de conscience d'Herzl, certains (comme Shlomo Avineri, professeur de sciences politiques à l'université hébraïque de Jérusalem et ancien directeur général du ministère des Affaires étrangères israélien), affirment que "Quiconque chercherait dans le journal [de Herzl] — pourtant riche en introspection, et fourmillant de références historiques – un quelconque indice de la centralité de l'affaire Dreyfus dans le réveil de l'identité juive [de Herzl], ou son développement vers le sionisme, serait extrêmement déçu."[3] Ce qui tend à faire penser que l'affaire Dreyfus a eu un impact a posteriori sur la conscience de Herzl.

Comme cela est écrit plus haut, il est couramment admis que l'affaire Dreyfus a été un "coup de tonnerre" pour Théodore Herzl. Cependant, Claude Klein dans son ouvrage intitulé Essai sur le sionisme, estime que "la réalité est évidemment bien loin de cette fiction". Selon ce dernier, la question juive et l'antisémitisme n'ont jamais cessé de hanter Théodore Herzl.

La mise en œuvre du projet

Pour mener à bien son projet d'État pour les Juifs, il décide de lancer une campagne internationale et de faire appel à toutes personnes susceptibles de l'aider. Il va ainsi successivement se rapprocher du Baron Edmond de Rothschild qui a déjà commencé à acheter des terres en Palestine depuis 1882, de Maurice de Hirsch. Il demande des lettres de soutien à des personnages importants de l'époque comme le pape Pie X, le roi Victor-Emmanuel III d'Italie ou Cecil Rhodes.

En avril 1896, il se rend à Istanbul en Turquie et à Sofia en Bulgarie pour rencontrer des délégations juives. A Londres, le groupe des Macchabées l'accueille froidement, mais il reçoit un mandat d'encadrement de la part des sionistes de l'East End de Londres. Au cours des six mois suivants, ce mandat est approuvé par toutes les organisations juives sionistes mondiales. Le nombre de ses partisans augmente alors nettement.

En 1897, à grands frais personnels, il fonde à Vienne l'hebdomadaire Die Welt et planifie le premier Congrès sioniste de Bâle. Il est élu président, poste qu'il a occupé jusqu'à sa mort en 1904. En 1898, il commence une série d'initiatives diplomatiques afin d'obtenir un soutien pour un pays juif. Il est reçu par l'empereur Guillaume II d'Allemagne à plusieurs reprises, puis à nouveau par l'empereur ottoman le 2 novembre 1898 à Jérusalem. Il participe à la première conférence de La Haye, ou il bénéficie d'un chaleureux accueil par de nombreux autres Etat.

En mai 1901, il rencontre pour la première fois Abdülhamid II, le Sultan de Turquie, pour négocier le don des terres de Palestine mais celui-ci lui répond: « Je préfère être pénétré par le fer que voir la Palestine perdue. »

En 1902-03, Herzl est invité à témoigner devant la Commission royale britannique sur l'immigration des étrangers. Cette occasion lui permet de se retrouver en contact étroit avec les membres du gouvernement britannique, notamment avec Joseph Chamberlain, à l'époque secrétaire d'État aux colonies, par l'intermédiaire duquel il négocie avec le gouvernement égyptien une charte pour l'installation des Juifs dans la région d'Al Arish, dans la péninsule du Sinaï, jouxtant le sud de la Palestine.

Suite à l'échec de ce projet, qui l'a conduit au Caire, il reçoit en août 1903, par l'intermédiaire de L. J. Greenberg une offre de la part du gouvernement britannique afin de faciliter l'implantation d'une grande colonie juive de peuplement, avec gouvernement autonome et sous souveraineté britannique, en Afrique de l'Est.

Dans le même temps, le mouvement sioniste est menacé par le gouvernement russe. Au lendemain du premier pogrom de Kichinev en 1903, il se rend à Saint-Pétersbourg et est reçu par Sergei Witte, alors ministre des Finances, et Viatcheslav Plehve, ministre de l'intérieur, antisémite notoire et crédité d'être responsable desdits pogroms.

À cette occasion, Herzl présente des propositions pour l'amélioration de la situation juive en Russie. Il propose à Plehve une véritable alliance : « Soutenez mon projet, je vous débarrasserai de vos révolutionnaires juifs » [4]. Il publie la déclaration russe, et présente l'offre britannique, connue sous le nom de « Projet Ouganda » devant le sixième Congrès sioniste (Bâle, août 1903), qui remporte la majorité (295:178, 98 abstentions), avec lui sur la question d'étudier cette offre, malgré le très mauvais accueil de l'offre par la délégation russe.

En 1905, après enquête, le congrès sioniste décide de décliner l'offre du Royaume-Uni et s'engage à créer un état juif en terre historique d'Israël.

Mort en 1904, Herzl avait demandé à être enterré en Palestine quand le peuple juif y aurait fondé un état indépendant. Le 17 août 1949, son corps, ainsi que celui de ses parents, Yaakov et Jeannette, et sa sœur Pauline sont inhumés au Mont Herzl. En septembre 2006, les dépouilles de ses enfants Hans et Pauline y ont été transférés depuis Bordeaux. Sa fille cadette, Trude Norman, est morte dans le camp de concentration de Theresienstadt et ses restes n'ont jamais été retrouvés. Le corps du fils unique de Trude, Stephen Theodore Norman, suicidé en 1946 à Washington, est transféré au Mont Herzl le 5 décembre 2007.

L'Organisation sioniste mondiale

Voir l'article détaillé sur l'histoire du sionisme

En 1897, Herzl réunit à Bâle, avec l'aide de Max Nordau, le premier congrès sioniste. Les assises de l'Organisation sioniste mondiale sont établies et il la présidera jusqu'à sa mort, en 1904.

Citations

  • « Pour l'Europe, nous formerons là-bas un élément du mur contre l'Asie ainsi que l'avant-poste de la civilisation contre la barbarie. » (L'Etat des Juifs, Paris, La Découverte, 2003, p. 47)
  • « Ce sont nos jeunes fils que nous ferons chrétiens avant que, devenus adultes, ils considèrent eux aussi la conversion comme une lâcheté[5].

Theodor Hertzl extrait de son journal.

Ouvrages

  • L'État juif (le titre Der Judenstaat aurait été mieux traduit par L'État des Juifs)
  • L'État des Juifs, suivi de Essai sur le sionisme par Claude Klein, sous le titre de De l'État des Juifs à l'État d'Israël, La Découverte, 2003, ISBN
  • Nouveau pays ancien : Altneuland précédé de Retour à Altneuland : la traversée des utopies sionistes par Denis Charbit, Éditions de l'Éclat, 2004, ISBN 2-84162-093-X
  • Journal, 1895-1904 Calmann-Levy, 1994, ISBN 978-2-7021-1862-7

Lieux lui rendant hommage

  • À Paris, la place Theodor Herzl a été inaugurée le 5 juillet 2006, dans le 3e arrondissement, à l'intersection des rues Turbigo et Réaumur (métro Arts et Métiers), en présence de Bertrand Delanoë, Maire PS de Paris, de Pierre Aïdenbaum, Maire PS du 3e arrondissement et du Chargé d'affaire de l'Ambassade d'Israël. La plaque du 3e arrondissement contient 5 lignes :

    PLACE
    THEODOR HERZL

    JOURNALISTE ET ÉCRIVAIN
    INSPIRATEUR DU FOYER NATIONAL JUIF

  • À Jérusalem, le mont Herzl abrite sa sépulture et celle d'autres figures marquantes de l'histoire d'Israël.

Bibliographie

  • Alain Boyer, Théodore Herzl, Éditions Albin Michel, 1991.
  • André Chouraqui, Théodore Herzl, Éditions du Seuil, 1960 ; rééd : Un visionnaire nommé Herzl, Robert Laffont, 1991.
  • Serge-Allain Rozenblum, Theodor Herzl, Paris : Éditions du Félin, 2001.
  • Charles Zorgbibe, Theodor Herzl : L'aventurier de la terre promise, Paris : Éditions Tallandier, coll. « Biographies-Figures de proue », 2000, 420 p.16.
  • Till R. Kuhnle, "L’émulation du monde ancien : 'Altneuland' de Theodor Herzl", ds.: Le travail de réécriture dans la littérature de langue allemande au XXe siècle (= Germanica XXXI), Lille: Université Lille III 2002 , 143-157.
  • Denis Charbit, "Retour à Altneuland: traversées de l'utopie sioniste", ds. Theodor Herzl: "Altneuland" Nouveau pays ancien, Paris: éditions de l'éclat 2004.

Notes et références

  1. « Judapest » et Vienne, Centre d'études et de recherches autrichiennes, Mont-Saint-Aignan, FRANCE, diffusé par le CNRS. Consulté le 30 août 2007
  2. cité dans Petite Histoire des Juifs de Jérôme et Jean Tharaud.
  3. http://muse.jhu.edu/journals/jewish_social_studies/v005/5.3avineri.html
  4. Journal, 1895-1904 de Theodor Herzl, T.1, p.387 - (ISBN 9782702118627)
  5. Georges Weisz, Theodor Herzl, une nouvelle lecture, L'Harmattan (2006) page 71. Mais à la page 294 on nous dit que « dans le Judenstaat, Herzl ne cache pas son mépris à l'égard des Juifs convertis au christianisme. » On voit que sa pensée est difficile à saisir et ne saurait s'accommoder de citations isolées.

Voir aussi

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