- Temple de Vénus et de Rome
-
Le temple de Vénus et de Rome est le plus grand temple par sa superficie de la Rome antique. Il fut construit sous Hadrien, entre le vieux forum romanum et le Colisée. Mis en chantier en 121 au début du règne d’Hadrien, l’édifice ne fut inauguré que le 21 avril 135[1],[2] ou 137 ou 138, jour anniversaire de la fondation de Rome, et sa décoration fut achevé en 141-143 sous le règne d’Antonin le Pieux[3].
Sommaire
Architecture et historique
C’est un temple double, combinant deux temples accolés dos à dos, un dédié à Venus Felix, mère d’Énée, ancêtre mythique des Romains, l’autre à Roma Aeterna (Rome éternelle). Cette configuration double, originale et inédite à Rome même, existait déjà à l’époque en Orient, par exemple dans le temple de Zeus et de Cybèle à Sardes.
Le temple est bâti sur la pente douce qui descend vers le Colisée, sur des terrains qui étaient occupés par le vestibule de la Domus aurea de Néron. Il fallut d'ailleurs déplacer le colosse de Néron pour dégager l'espace voulu[4]. Un important remblai a été nécessaire pour compenser une différence de niveau de 9 m et former une terrasse rectangulaire de 145 m sur 100 m[1], au milieu de laquelle se trouvait le temple proprement dit long de 108 m et large de 54m. Deux doubles colonnades bordaient les côtés les plus longs de la terrasse.
Chaque temple se compose d’une cella fermée presque carrée de 25,7 m de côté, couverte d’un toit sur charpente et précédée d’un portique à quatre colonnes. L'absence de podium déroge à la forme traditionnelle du temple romain. L’ensemble est entouré d’une colonnade de 10 colonnes en façade, et 20 colonnes de côté, selon la forme classique d’un temple hellénistique périptère[5]. La cella de Rome, tournée en direction du vieux forum romanum est la mieux conservée, et est englobée dans l'ancien couvent de S. Francesca Romana ; l'autre cella, celle de Vénus fait face au Colisée[1].
En 283, les cellae ont été endommagées par un incendie, et restaurées à partir de 308 par Maxence, qui refit les absides que l’on voit aujourd’hui et une couverture en voûte.
Au VIIIe siècle, le pape Paul Ier fit ériger dans la zone du temple du côté du forum un oratoire consacré aux apôtres Pierre et Paul, qui devint au IXe siècle l’église Santa Maria Nova. Un cloître attenant construit au XIIe siècle recouvrit une partie des ruines du temple antique[6].
Rôle religieux
Ce bâtiment était intimement lié à la célébration des anniversaires de Rome : la date du 21 avril comme anniversaire de Rome était célébrée chaque année lors des Parilia. Antonin le Pieux avait célébré le 900e anniversaire en 148. Les pièces de monnaies frappées à cette occasion montraient la façade décastyle du temple[7] mettant en évidence le monument et le culte qui lui était attaché. Le temple était devenu la représentation la meilleure de l’éternité de Rome. En 248, lors de la célébration du millénaire de Rome le temple de Vénus et de Rome est sans doute le cœur des cérémonies. Il a acquis dans la vie religieuse de la cité un rôle fondamental, c’est, selon Michel Christol, le point de référence commode pour qui veut résumer toute la religion romaine traditionnelle dont la survie et le maintien apparaissent comme une garantie et une sauvegarde : le temple peut passer pour abriter la fortune de la ville. Sur les monnaies de Philippe l'Arabe célébrant le millénaire de Rome, on voit un temple hexastyle, il pourrait s'agir de la représentation simplifié du temple décastyle de Vénus et de Rome avec la légende SAECULUM NOVUM (siècle nouveau)[8].
État actuel
Le temple a grandement souffert des destructions du Moyen Âge : les marbres ont été récupérés ou transformés dans des fours à chaux. Subsistent la terrasse, une partie des colonnes de granite du péristyle qui ont été relevées et l’abside à caissons qui constituait le fond de la cella.
-
Vue de face depuis le Colisée: la terrasse, les colonnes du péristyle et l'abside à caissons. Au fond à gauche, l'arc de Titus
Références dans les médias
Le temple sert de décor à plusieurs scènes du film La Dixième Victime (1965) avec Marcello Mastroianni et Ursula Andress.
Notes
- ISBN 2012354289), p. 73 Filippo Coarelli, traduit de l’italien par Roger Hanoune, Guide archéologique de Rome, édition originale italienne 1980, Hachette, 1998, (
- Elisabetta Segala, traduit de l’italien par Jérôme Nicolas, Domus Aurea, Electa, 2009, p 14
- ISBN 222890337X), p 276 Yves Roman, Hadrien, l’empereur virtuose, Payot, 2008, 528 pages, (
- Histoire Auguste, Vita Hadriani, XIX, 10-13
- ISBN 222890337X), p 277 Yves Roman, Hadrien, l’empereur virtuose, Payot, 2008, 528 pages, (
- Pietro Romanelli, Le forum romain, traduction d’Olivier Guyon, Istituto Poligrafico dello Stato, 112 pages, Rome, 1967, p 58
- Monnaies d'Antonin le Pieux au revers ROMAE AETERNAE, Cohen C698 à C703
- Monnaie de Philippe l'Arabe, Cohen C198
Source documentaire
- Henri Stierlin, Hadrien et l’architecture romaine, Payot, Office du livre, 224 Pages (ISBN 2228000302)
- Michel Christol, L'empire romain du IIIeme siècle. Histoire politique, Errance, Paris, 1997.
- Henry Cohen, Description historique des monnaies frappées sous l'Empire Romain, Paris, 1892,
- Sandro Lorenzatti, Vicende del tempio di Venere e Roma nel Medioevo e nel Rinascimento, in "Rivista dell’Istituto Nazionale di Archeologia e storia dell’Arte", 13, 1990, pp. 119-138.
Wikimedia Foundation. 2010.