- Technicien en documentation
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Documentaliste
Un documentaliste est en France un professionnel de l'information-documentation. Au Québec, ce professionnel est appelé un technicien en documentation.
Sommaire
Historique, fonction et missions
Le métier de documentaliste est relativement récent. Il date d'un siècle et s'est construit par rapport aux métiers d'archiviste et de bibliothécaire eux-mêmes beaucoup plus anciens. Il a hérité partiellement de leur technicité et de leur fonctionnalité. Cela peut générer une certaine confusion quant à la perception de sa vocation réelle d'autant plus qu'aujourd'hui, l'image du documentaliste a du mal à se détacher de celle de ses disciplines fondatrices.
Les précurseurs Paul Otlet et Henri La Fontaine sont les premiers à utiliser le terme de documentation. Le métier de documentaliste se développe avec la révolution industrielle et la création de nouveaux secteurs d'activités économiques qui engendrent le développement des activités documentaires, du traitement de l'information et la création de centres de documentation. La profession commence à se structurer grâce aux bibliothécaires.
En 1926, à Prague sont jetées les bases de l'IFLA (International Federation of Libraries Associations and Institutions).
En 1931, l'Union Française des Organismes de Documentation se met en place. L'UFOD est un véritable laboratoire de recherche qui précise la terminologie, les règles et les normes de la profession ; c'est aussi un lieu d'échanges et de formation entre bibliothécaires, conservateurs, documentalistes et archivistes.
En 1950, est créé l'Institut national des techniques de la documentation (INTD), première école nationale habilitée à former les techniciens de la documentation et à délivrer des diplômes de documentaliste.
En 1963, l'ADBS (Association des professionnels de l'information et de la documentation) voit le jour ; aujourd'hui principale association des professionnels de l'information et de la documentation, l'ADBS compte 6 100 adhérents.
A partir des années 1970, il y eut un véritable boum de la profession notamment avec l'arrivée de l'informatique documentaire, des technologies de l'information et bien sûr de l'internet.
Les dénominations changent mais ce qui caractérise toujours le métier reste : le traitement de l'information. Dans les entreprises et les centres spécialisés
Les centres d'information importants et de nombreuses entreprises, administrations et organes de presse possèdent leur propre centre de documentation. Dans le cas contraire, ils s'adressent à des sociétés ou à des professionnels indépendants dont c'est la spécialité. Certains secteurs sont bien représentés : banques, assurances, industrie pharmaceutique et chimique, cabinets juridiques...). S'y ajoutent les associations et les organismes internationaux (OCDE , Unesco...), les fondations et les organisations non gouvernementales.
Quel que soit son lieu d'activité, en dehors des heures d'ouverture de son service au public, le, ou la, documentaliste travaille essentiellement sur ordinateur.
Les technologies de l'information et de la communication (TIC) évoluant très vite, la documentation est en constante évolution, et les professionnels doivent se former régulièrement.
Statuts
Le métier de documentaliste s’exerce dans le secteur privé ou dans le secteur public. Dans le secteur privé, le statut de documentaliste est défini par le contrat d'embauche : le documentaliste peut faire partie à part entière des cadres tenant alors un rôle de décideur ou de chef de projet. Mais il peut n'être également qu'un exécutant. Dans la fonction publique d’État, deux statuts (de catégorie A) existent désormais pour les professionnels de la documentation, celui de chargé d’études documentaires et plus récemment celui d'ingénieur d'études documentaliste. Il est divisé en 3 corps dépendant de gestionnaires différents : le ministère de l’équipement (corps interministériel), le ministère de la culture et le secrétariat général du gouvernement. Il y a aussi, bien sûr, des professeurs certifiés en documentation exerçant principalement dans les collèges et lycées. Dans la fonction publique territoriale, il existe plusieurs concours concernant les documentalistes : le concours de bibliothécaire territorial (catégorie A, niveau Bac + 3) avec une spécialité Documentation, le concours d’assistant qualifié territorial du patrimoine et des bibliothèques (catégorie B, Bac + 2) et le concours d’assistant territorial de conservation du patrimoine et des bibliothèques (catégorie B, niveau Bac).
Les associations professionnelles ont joué et jouent encore un grand rôle dans la reconnaissance du statut des documentalistes : elles sont l'interlocuteur privilégié entre l'État, l'entreprise et le documentaliste. L' ADBS, par exemple, a créé en son sein une commission « Statut » qui a beaucoup travaillé à la mise en place du concours interministériel de chargé d'études documentaires et qui travaille désormais pour la catégorie B. L'ADBS propose aussi une certification pour promouvoir les acquis professionnels des documentalistes, qui ne possèdent pas de diplômes professionnels mais qui exercent leur métier depuis très longtemps : elle leur permet de valider leurs acquis. C’est la reconnaissance d'un « savoir-faire », par la profession « en dehors de tout cadre figé ». La certification deviendra même européenne grâce au projet CertiDoc.
Bibliothécaires et documentalistes
On a opposé longtemps (et on oppose toujours) les deux métiers, les documentalistes souhaitant se différencier de leurs collègues bibliothécaires et faire reconnaître leur spécificité (traitement et analyse du contenu, diffusion de l'information, veille). Dans les faits, la différence est importante par rapport à la question du statut des deux professions et d'exercice des métiers, les bibliothécaires ayant un statut de fonctionnaire d'état ou des collectivités territoriales mieux assuré. Cette question a évolué favorablement pour les documentalistes depuis 1998 et également avec le Capes de documentation. Cependant les cadres d'exercice sont très différents et peut-être plus « précaires » pour les documentalistes en général. A l'heure actuelle, les points de convergence sont de plus en plus évidents : par l'arrivée des technologies tout d'abord, les bibliothèques proposant les mêmes outils de recherche d'information que les centres de documentation (banques de données, cédéroms, Internet,...) ; par l'arrivée en force de l'économie dans les deux secteurs (gestion, performance du service, rentabilité, qualité,...) ; par l'émergence de préoccupations communes ayant trait au monde de l'information (validité et pertinence de l'information diffusée, droit de l'information, société de l'information). Enfin, le facteur majeur de convergence est certainement la prise de conscience du rôle central de l'utilisateur / lecteur / usager (élève, étudiant, enseignant, public spécialisé ou plus large) ce qui entraîne bibliothécaire et documentaliste à mieux mettre en lumière leur action, à transmettre leur savoir-faire. La complémentarité existe réellement et à plusieurs niveaux : des fonds et des collections, des espaces et technologies proposées, des compétences que les deux métiers peuvent échanger. Leur intérêt (et leur avenir) repose d'ailleurs sur cet échange : c'est dans ce sens que travaillent les principales associations, l' ABF et l' ADBS.
Technologies de l'information et accès à l'information
Les utilisateurs recherchent maintenant eux-mêmes ce qu'ils veulent : ils peuvent disposer d’informations diverses sur la plupart des sujets et pour cela un documentaliste ne leur est pas nécessaire. Cependant, dans le cadre de demandes plus complexes, le documentaliste est et restera indispensable. Selon la complexité de la demande, le documentaliste tiendra un simple rôle d'assistanat ou deviendra un véritable partenaire. L'utilisateur se passera du documentaliste tant qu'il ne verra dans l'internet que l'aspect ludique mais lorsque la recherche se compliquera, il fera appel au documentaliste. Tout dépend du niveau de complexité de la recherche elle-même. On parle de la mort annoncée du métier chaque fois qu'apparaissent de nouvelles technologies ; on disait la même chose lorsque est apparu le Minitel. Mais le métier de documentaliste évolue parallèlement à la technologie, il ne meurt pas. Au contraire, les TIC (Technologies de l'Information et de la Communication) donnent accès à des milliards d'informations. Le documentaliste opère un tri, sur Internet ou dans des bases de données, via des formules d'interrogation et des méthodes de recherche bien spécifiques, propres à chaque base de données.Il choisit un échantillon de documents pertinent et adapté au but et au temps dont l'utilisateur dispose pour les consulter. De même, au sein d'une entreprise, c'est à lui que revient la désignation les bases de données pour lesquelles il vaut la peine de payer un accès : sa fonction de régulateur commence donc bien avant le moment où une demande lui est faite. Par ailleurs, cerner la demande de l'usager requiert également de la finesse, de la psychologie, de l'adaptabilité, ainsi qu'une bonne culture générale ; tout comme de garder un « radar » ouvert en tout temps. Tant qu'il y aura des producteurs d'informations, de nouvelles techniques, le documentaliste sera là pour permettre à l'utilisateur final de trouver ce qu'il recherche. Pour le documentaliste, trouver la bonne information a toujours été la priorité quel que soit le support : le métier a toujours évolué avec les technologies.
Le documentaliste médiateur
Médiation évoque l'idée de lien, de chaînon. La médiation se décline différemment suivant les publics mais elle passe toujours par une discussion, un dialogue, un contact avec l'utilisateur.
La médiation permet la mise en commun des savoirs de l'utilisateur et du documentaliste.
Le triptyque information, documentaliste, utilisateur implique une médiation.
Le documentaliste qui connaît bien son domaine et les besoins de ses utilisateurs, peut les anticiper.
Que cherchent les utilisateurs ?
En général ils cherchent une information qui leur soit donnée rapidement, qui soit pertinente, qui soit actualisée, qui soit vérifiée. Une fois qu'ils ont l'information, ils veulent de façon aussi rapide le document primaire et aussi avoir accès à des sources et à des supports multiples.
Ils ne se contentent pas d'un document papier, ils veulent un « filet garni », des documents variés (papier, vidéo, cédérom..), des informations provenant de sources diverses (discussion, forum, interrogation d'une base de donnée, etc.). Un centre de documentation se doit aujourd'hui d'être multi-supports et multi-accès.
Le professeur documentaliste
Article détaillé : Professeur documentaliste.Le statut de professeur documentaliste est apparu en France dans l'Education nationale en 1989 par la création du CAPES de Documentation. Ses missions sont régies par la circulaire n° 86-123 du 13 mars 1986 et s'organisent autour de quatre pôles :
- initiation et formation des élèves à la maîtrise de l'information ;
- participation à l'activité pédagogique de l'établissement en collaboration avec l'équipe pédagogique ;
- participation à l'ouverture de l'établissement sur l'extérieur ;
- gestion du centre de ressources.
Une mise à jour de ces missions est réclamée par la profession, notamment du fait de l'évolution des technologies de l'information et de la communication. Depuis quelques années, le professeur documentaliste a également pour rôle d'élaborer une politique documentaire, en concertation avec l'équipe éducative, qui s'inscrit dans le projet d'établissement.
Le travail en réseau
La notion de réseau a été très vite intégrée par le monde documentaire (bibliothèques et centres de documentation). Elle sous-tend maintenant toute la logique du système bibliothéconomique et documentaire, local, national et international. L'objectif principal est la diffusion et l'échange d'information : le prêt entre bibliothèques, le catalogage partagé, l'indexation partagée, la consultation de catalogues à distance sont des exemples des possibilités qu'offre le réseau. L'échange se produit aussi de manière moins formelle sur les listes de discussions professionnelles et les forums. L'appartenance à une communauté professionnelle est renforcée par le réseau. Ainsi, même s'il est isolé dans son entreprise, son lycée ou sa bibliothèque, le professionnel se sent moins solitaire, mais solidaire d'un métier, d'une profession. Le réseau démultiplie l'accès à l'information. La notion de réseau met aussi en évidence la mutualisation des moyens. C'est là-dessus que repose l'idée de consortium débattue à l'heure actuelle dans le milieu professionnel.
Le documentaliste et l'Internet
Depuis l'arrivée de l'Internet, les pratiques documentaires ont été modifiées. Les produits sont créés de façon différente, et ils sont adaptés aux nouveaux besoins des utilisateurs.
L'autre grande nouveauté est le courrier électronique. Les documentalistes travaillent en direct avec les utilisateurs même les plus éloignés : finis les délais de poste ou le timbrage. Les échanges professionnels entre collègues sont facilités et les listes de diffusion une source d'information inépuisable.
Il est également possible d'accéder directement aux documents primaires, ce qui était le souhait le plus cher des bibliothécaires, des documentalistes et des usagers.
Il faut ajouter que les technologies de l'information ont façonné le métier de documentaliste, en supprimant progressivement les barrières qui le séparaient des sciences sœurs telle la bibliothéconomie ou l'archivistique. En effet aujourd'hui, il n'est plus seulement question pour le professionnel de gérer les documents, mais plutôt de gérer l'information indépendamment de son support, de sa nature, etc. De plus, les structures documentaires, à cause justement des technologies de l'information qu'elles utilisent, sont à la fois des centres de documentation, des centres d'archives et des bibliothèques. Le professionnel est devenu polyvalent. C'est pourquoi on parle aujourd'hui de professionnel de l'information documentaire pour désigner à la fois l'archiviste, le documentaliste ou le bibliothécaire.
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- "Qu’est-ce que la documentation ?" Suzanne Briet (fondatrice de l'INTD), ouvrage de référence mais ancien et malheureusement épuisé.
- Frédéric Monera, "La fonction publique territoriale en 20 leçons" (2008), Ellipses, 576 p.
Liens externes
- Site officiel de l'ADBS (Association des professionnels de l'information et de la documentation)
- Site officiel de la FADBEN (Association des enseignants documentalistes de l'Education Nationale)
- SavoirsCDI : portail officiel de ressources professionnelles pour les enseignants documentalistes
- CEPID (Site d'emploi des professionnels de l'Information et de la Documentation)
- Portail du travail et des métiers
- Portail des sciences de l’information et des bibliothèques
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