- Tabac de troupe
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Le tabac de troupe est le nom qui fut employé pour distinguer la qualité du tabac distribué pendant longtemps gratuitement aux soldats de l'armée française, dans le but de remonter le moral des troupes lors des conflits. Il est connu en France pour être un tabac brun, d'un goût plutôt âcre. Ce tabac n'existe plus, mais Gauloises continue de produire du tabac de type Caporal, tabac de meilleure qualité destiné aux plus hauts gradés.
Sommaire
Historique
Le premier tabac de troupe remonterait vers 1618-1648 lors du règne de Louis XIII. Ce ne sera que quelques années plus tard en 1668 que son successeur, Louis XIV, instaurera la gratuité du tabac aux troupes.
Jean-Baptiste Colbert, alors contrôleur général des finances au service de Louis XIV, instaurera en 1674 le monopole d'État du tabac. La troupe n'obtient plus alors la gratuité que pendant certains conflits, mais elle disposera toutefois de prix réduits en tout temps. La Révolution de 1793 viendra mettre un terme au monopole d'État, jusqu'à ce que Napoléon la réinstaure, concédant de nouveau la gratuité à ses troupes lors des conflits.
Le tabac de troupe au XXe siècle
En 1889, le monopole est concédé à l'administration des manufactures de l'État, qui perdurera jusqu'en 1935 pour laisser place au SEITA, qui servira les caisses autonomes d'amortissement. 1935 voit l'apparition des Gauloises de Troupe[1].
Pendant la Guerre 1914-1918
Le tabac de troupe fut distribué aux soldats de la Première Guerre mondiale, le plus souvent sous forme de scaferlati (également appelé « perlot » ou « gris »), généralement fumé à la pipe. On continuera ensuite de le distribuer aux conscrits.
Pendant la Guerre 1939-1945
La Seconde Guerre Mondiale marquera l'histoire du tabac de troupe avec des paquets de cigares, normalement en vente restreinte, reclassés pour la consommation publique à la suite de l'armistice en juin 1940, pour pouvoir renflouer les caisses de l'État. On connaitra par la suite les paquets allemands d'occupation timbrés du drapeau tricolore.
Une pénurie de papier et de couleurs d'imprimerie survient à la fin de la guerre, les emballages sont donc remplacés par du papier Kraft, ce qui est aujourd'hui imité sur les paquets de gauloises brunes.
Après-guerre
Le droit à la ration du soldat et aux conscrits a continué jusqu'en 1972[2] . Le tabac de troupe fut fabriqué en France et vendu dans les casernes jusque dans les années 1990.
Composé de 20 cigarettes, avec ou sans filtre.
Colonies françaises
Les militaires de colonies françaises disposaient de paquets spécifiquement identifiés (Algérie, Maroc).
Bibliographie
- Collectif, sous la direction de Stéphane Audoin-Rouzeau et Jean-Jacques Becker, Encyclopédie de la Grande Guerre 1914-1918, Bayard, 2004 (ISBN 2-2271-3945-5)
- Benjamin Stora, Histoire de l'Algérie coloniale, Éditions La Découverte, 2004 (1830-1954) (ISBN 2-7071-4466-5)
- Louis Barthas et Rémy Cazals, Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, 1914-1918, Éditions La Découverte, 2003 (ISBN 2-7071-4064-3)
- Michel Vergé-Franceschi, Colbert : La politique du bon sens, Payot, 2005 (ISBN 2-2288-9965-8)
- Loi relative au tabac de cantine pour les troupes. Donnée à paris, le 6 août 1791, Alençon, Imp. de Malassis le Jeune, 1791 (ASIN B0000DUQ81)
- Jean-Marie Cassagne, Le grand dictionnaire de l'argot militaire, Little Big Man, 2008 (ISBN 2-9153-4749-2)
- Eric Godeau, Le tabac en France de 1940 à nos jours : Histoire d'un marché, PU Paris-Sorbonne, 2008 (ISBN 2-8405-0561-4)
Notes et références
- 100 ans de design de marque - Gauloises - MyARTYshow
- Le tabac en France de 1940 à nos jours: histoire d'un marché Par Eric Godeau (ISBN 2-8405-0561-4)
Annexes
Articles connexes
Liens externes
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