- Sémiramis
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Pour les opéras, voir Semiramide et Semiramide riconosciuta.
Sémiramis (en grec ancien Σεμίραμις / Semíramis) est une reine légendaire de Babylone dont l'histoire nous est principalement rapportée par Diodore de Sicile et Ctésias de Cnide.
Sommaire
Légende
Elle est la fille de Dercéto, une déesse mi-femme mi-poisson qui vivait dans un lac voisin d'Ascalon, et de Caÿstros, le fils présumé d'Achille et de Penthésilée. Cette union est provoquée par Aphrodite qui avait à se plaindre de Dercéto. Après la naissance de Sémiramis, Dercéto assassine Caÿstros et se réfugie au fond de son lac en abandonnant sa fille. Elle est alors élevée par des colombes qui volent aux agriculteurs et aux bergers de la région le lait et le fromage indispensables à sa nourriture. Découverte par les bergers intrigués par ce manège, elle est confiée à leur chef qui lui donne le nom de Sémiramis (qui vient des colombes en langue syrienne).
Devenue jeune femme, elle est épousée par Onnès, un conseiller du roi Ninos de Ninive, dont elle a deux fils, Hyapaté et Hydaspé. Elle conseille son mari de façon si habile qu'il réussit dans la totalité de ses entreprises. Lors d'une expédition en Bactriane, Onnès commet l'erreur d'emmener sa femme qui, prenant la tête d'un groupe de soldats montagnards, s'empare de la citadelle de Bactres et de leurs trésors. Ninos tombe amoureux de Sémiramis et contraint Onnès au suicide. Le roi épouse alors la belle sans difficulté. Elle lui donne un fils Ninyais. Peu de temps après, Ninos meurt et Sémiramis lui succède pour un règne de 42 ans. À la mort de son mari, elle lui fait ériger un tombeau d'une hauteur de 1620 mètres[1]
Elle est, selon la légende, la fondatrice d'une nouvelle cité qui frappe par son ampleur et ses dimensions : Babylone. Elle y crée, dans le palais d'occident, les fameux jardins suspendus. Elle détourne l'Euphrate et entoure la future cité de 70 km de remparts. Elle conçoit un réseau de palais qui lui permet de se rendre de l'un à l'autre sans franchir le fleuve[1]. Reine guerrière, en cela elle tient de son grand-père paternel, elle s'empare dit-on de l'Arménie (après avoir vainement tenté de séduire Ara le Beau, selon les traditions arméniennes), la Médie, toute l'Asie jusqu'à l'Indus, où elle est battue, et de l'Égypte et l'Éthiopie. Elle était à la tête d'une armée de trois millions de fantassins et de 500 000 cavaliers[1]. Elle consulte l'oracle d'Ammon qui lui affirme qu'elle serait enlevée du nombre des vivants quand son fils Ninyas conspirerait contre elle. De retour après son expédition en Inde, elle apprend que son fils conspire avec les eunuques du palais. Fatiguée, elle lui remet alors le pouvoir et disparaît. La légende prétend qu'elle est transformée en colombe et emportée au ciel afin d'y être divinisée.
La légende de Sémiramis a été inspirée par deux reines assyriennes dont les réalisations et les mythes sont confondus. Il s'agit tout d'abord de Sammouramat, épouse de Shamshi-Adad V, roi d'Assyrie. Une stèle a été érigée en son honneur à Assur aux côtés des grandes stèles royales. Elle est la seule reine d'Assyrie à avoir eu cet honneur. Elle assurait une part du pouvoir politique quand les Assyriens ont mené campagne contre les Médès dans les années 810-806. Ces derniers ont été fortement impressionné par cette reine et ont commencé à créer le mythe. Une partie de la légende récupérée par Ctésias de Cnide vient de là. Elle s'inspire également de Naqi'a/Zakutu épouse de Sennachérib et mère d'Assarhaddon qu'elle aurait encouragé à reconstruire Babylone, ravagée par son père. La reconstruction de Babylone qui lui est associée vient probablement de là. Les jardins suspendus dont certaines sources lui attribuent la réalisation pourrait également venir d'ici. En effet, les dits jardins suspendus de Sémiramis semblent bien se trouver à Ninive, capitale de Sennachérib et Assarhaddon.
Sources
- Diodore de Sicile, Bibliothèque historique [détail des éditions] [lire en ligne] (II, 4 et suiv.).
- Ctésias, Persica [détail des éditions]
- Hygin, Fables [détail des éditions] [(la) lire en ligne] (CCXL).
- Pierre Marello, « Les Femmes et le Palais » dans Les dossiers d'archéologie no 171, mai 1992, pp. 50-55.
Œuvres
Le personnage de Sémiramis a inspiré plusieurs auteurs :
- Gilbert Gabriel pour sa tragédie homonyme (1647)
- Desfontaines pour sa tragédie La Véritable Sémiramis (1647)
- Crébillon père pour sa tragédie homonyme (1717) ;
- Métastase pour sa Semiramide (1729). Drame mis en musique la première fois avec la musique de Vinci ;
- Voltaire pour sa tragédie homonyme (1748) ;
- Charles-Simon Catel et Philippe Desriaux pour leur tragédie lyrique Sémiramis (1802), adaptation de la pièce de Voltaire pour la scène lyrique française.
- Giacomo Meyerbeer pour son opéra Semiramide riconosciuta (1819) ;
- Gioachino Rossini pour son opéra Semiramide (1823) ;
- Bertold Brecht qui la cite pour une anecdote (dont l'historicité est à vérifier) racontée par Mr Peachum, dans l'Opéra de quat'sous (1928) ;
- Paul Valéry pour son « air de Sémiramis » dans l'Album de vers ancien (1920) et pour son mélodrame Sémiramis représenté en 1934, avec musique d'Arthur Honegger ;
- Eugène Ionesco dans son œuvre théâtrale Les Chaises met en scène une femme au nom de Sémiramis.
- Guy Rachet pour son roman Sémiramis, reine de Babylone (1997).
Voir aussi
Article connexe
Notes et références
- Le Point n.2029 jeudi 4 août 2011 : "Les premiers désaxés" p.41
Catégories :- Mythologie grecque d'Asie
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- Œuvre littéraire à l'origine d'un livret d'opéra ou de ballet
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