- Systeme electoral a preferences multiples ordonnees
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Système électoral à préférences multiples ordonnées
Le système électoral à préférences multiples ordonnées est un type de système de vote, dont il existe un nombre potentiellement infini de variantes (méthode Condorcet, vote alternatif, méthode Borda, scrutin de liste avec panachage, ...). Certaines sont ou ont été effectivement utilisées.
Ce type de système, assez complexe, peut présenter un défaut (mauvaise protection de l'anonymat) qui requiert encore plus de complexité pour y remédier. Ainsi, par exemple, ce système aurait été détourné en Italie.
Sommaire
Principe
Il ne s'agit pas d'un seul système, mais de toute une classe de systèmes apparentés (dont le nombre est potentiellement infini). Ce type de système consiste à demander non pas seulement son option préférée, mais le classement complet de toutes ses préférences, ce qui peut permettre
- de ne pas forcer l'électeur à voter immédiatement pour une des options "favorites" (voter pour une option est une chose, voter pour elle simplement parce que l'option alternative parait encore pire en est une autre);
- ou bien de tenir compte de la place des options.
Ces deux objectifs sont contradictoires.
Typiquement, le bulletin de vote se présente alors sous forme d'une liste, en tête les options préférées, en queue les options rejetées.
Exemple
Un des systèmes de ce type, le vote alternatif, utilise le remplacement automatique des options par la suivante dans la liste de préférence de l'électeur. Avec 3 options, A, B et C, et 9 électeurs qui voteraient
électeurs : 1 2 3 4 5 6 7 8 9 choix 1 : A B C A B C A B A choix 2 : B C B C C B C C A choix 3 : C A A B A A B A
on élimine d'abord l'option C (seulement deux fois en premier choix), et c'est donc l'option B qui est retenue (en effet, on remarque que 5 électeurs sur 9 (les électeurs 2, 3, 5, 6 et 8), préfèrent l'option B à l'option A.
On notera qu'ici les votes lacunaires (électeur 8) ou redondant (électeur 9) ne posent aucun problème (c'est l'électeur qui se pénalise).
D'autres variantes du système, comme la méthode Borda, pondèrent le vote en fonction de sa place dans la liste. Dans ce cas, les votes lacunaires ou redondants peuvent poser des problèmes.
Défaut
Si l'électeur présente son choix sous forme d'une liste sur un seul bulletin, et que le dépouillement est complètement public, ce type de système permet de compromettre l'anonymat des électeurs.
En effet, il est alors possible d'attacher à chaque vote une signature, avec un nombre de signes assez limité. Le principe est de coder la signature sur l'ordre de certains candidats, candidats mineurs (éventuellement suscités spécialement dans ce but). Par exemple, en utilisant 7 "candidatures" A B C D E F G, il existe 7! (factorielle 7) permutations (façon de ranger les 7 candidatures), c’est-à-dire 5040, et avec 11 candidatures de codage, 11! = 39 916 800 : largement de quoi identifier tout un corps électoral, avec un nombre de candidatures qui ne soulève pas de soupçon.
Le parti TRICHEUR associe à chaque électeur une combinaison (un ordre de certains candidats), et il n'a plus qu'à aller le voir et lui dire que si telle combinaison est présente (resp. absente) dans le dépouillement, il aura un petit cadeau (resp. de gros ennuis).
Discussion sur les parades possibles
On peut imaginer d'apporter des modifications au système pour restaurer le respect de l'anonymat de l'électeur.
Si on veut éviter que le dépouillement public (indispensable pour garantir la confiance dans le système de vote) dévoile la signature attachée au bulletin de vote, on peut essayer de rendre impossible la lecture d'un bulletin complet.
Une possibilité serait de séparer physiquement les options choisies par l'électeur : au lieu d'une enveloppe avec le bulletin de vote comportant les options choisies, on aurait n enveloppes, une pour chaque option, et on pourrait ensuite, soit mettre en place autant d'urnes que d'options à classer, et laisser l'électeur mettre dans l'urne n un bulletin de l'option qui constitue son n -ième choix ; soit mettre les n enveloppes dans une autre enveloppe et ce serait au personnel du bureau de vote de procéder en deux temps : d'abord ouvrir l'enveloppe externe et séparer les choix dans n urnes, et ensuite compter les voix dans chaque urne.
On peut aussi imaginer d'autres variantes sur le thème, qui paraissent acceptables si on reste au vote papier. Cependant, la viabilité pratique d'un tel système modifié, avec un vote papier, est discutable : tout d'abord, si n est grand (comme c'était le cas en Italie, où cela pouvait dépasser facilement 30), la complexité des opérations de vote et/ou de dépouillement pourrait en dégoûter plus d'un ; mais surtout, la séparation physique des bulletins de vote rendrait difficilement réalisable un recomptage des voix en cas de contestation, vu que maintenant une composante essentielle du choix de l'électeur (l'ordre des candidats) a été dissociée du bulletin, et on ne peut plus exclure que certains des sous-bulletins qui sont maintenant dans l'urne n soient là par erreur ou malveillance, ce qui rendrait le recomptage peu probant.
La complexité de ces parades, si elles sont réalisées dans le cadre du vote papier, pourrait pousser certains à conseiller l'introduction de machines de vote électronique pour les mettre en place. Ce serait une grave erreur.[non neutre] Même si on avait une confiance aveugle dans les machines de vote électronique, ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui, il suffit de réfléchir un instant pour se convaincre que l'électeur moyen ne peut pas être sûr de son anonymat quand on utilise des telles machines, dont il n'a pas le moyen de comprendre et vérifier le fonctionnement : en conséquence, comme il ne peut pas exclure la possibilité que son anonymat soit compromis, il sera facilement victime des mêmes pressions qui ont fait abandonner ce système en Italie.
Une solution serait d'utiliser un système ouvert (open source) et auditable (vérifiable par des experts universitaire indépendant) cf Civitas ci dessous.
Voir aussi
Liens externes
- On privacy and anonymity in electronic and non electronic voting: the ballot-as-signature attack. (un article détaillé sur la question)
- Civitas
Civitas est un nouveau (crée en 2007) système de vote. Civitas est le premier système de vote électronique qui permet au votant de voter du client distant qu'il désire. De plus le document prouve formellement que les condition ci dessous sont vérifié: vérifiabilité par tous, vérifiabilité des votant, vote anonyme et résistance à la coercition. Le système est facilement extensible et d'un faible cout marginal par électeur.
Catégorie : Système électoral
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