- Symphonie en ré mineur (César Franck)
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Symphonie en ré mineur de César Franck
La Symphonie en ré mineur est l'œuvre orchestrale la plus connue de César Franck, compositeur belge du XIXe siècle. Il s'agit de son unique symphonie, composée entre 1886 et 1888 (elle a été terminée le 22 août 1888). La première a été donnée au Conservatoire de Paris le 17 février 1889. César Franck a dédié cette symphonie à son élève Henri Duparc.
Histoire et polémique
La renommée et la réputation de César Franck reposent essentiellement sur quelques compositions, toutes composées vers la fin de sa vie et dont la symphonie en ré mineur fait partie ; la première a eu lieu un an seulement avant la mort du compositeur en 1890. Le fait que Franck ait choisi d'écrire une symphonie est en lui-même peu commun étant donné la rareté de cette forme de composition musicale dans la tradition classique française du XIXe siècle, qui considérait la symphonie comme une spécificité allemande. Il est probable que la genèse de cette œuvre soit consécutive au succès de ses influentes "Variations symphoniques pour piano et orchestre" composées en 1885. De plus, le succès de plusieurs œuvres d'autres compositeurs français a favorisé un regain de la forme symphonique dans la faveur du public français. La Symphonie n° 3 de Camille Saint-Saëns et la Symphonie sur un chant montagnard français de Vincent d'Indy, toutes deux écrites en 1886 avaient reçu un bon accueil de la part du public et avaient favorisé le retour de la symphonie comme morceau de concert, ce qui n'était plus le cas depuis la Symphonie fantastique d'Hector Berlioz en 1830. (Une composition antérieure d'Édouard Lalo, la Symphonie espagnole (1875) étant en fait un concerto pour violon).
Ces deux œuvres cependant étaient conçues pour créer une distance avec la forme et le son symphoniques de l'idiome romantique allemand (tel que par exemple chez Brahms et Richard Wagner) en introduisant plusieurs innovations « françaises » dont l'intégration du piano (et dans le cas de Saint-Saëns, celle de l'orgue) dans l'orchestre, et l'utilisation d'un modèle thématique cyclique. Comme les œuvres antérieures de Saint-Saëns et de Berlioz et à l'instar de ses propres compositions, Franck s'est également servi d'une structure cyclique dans la composition de sa symphonie. En effet, la symphonie en ré demeure l'exemple le plus exceptionnel de l'écriture symphonique cyclique dans la tradition musicale romantique. Cependant, Franck a utilisé également un son typiquement « germanique », évitant les nouveautés de l'orchestration (à une exception près) ou une inspiration thématique nationaliste par lesquels Saint-Saëns et D'Indy avaient l'habitude de différencier leurs propres travaux symphoniques. En conséquence, la symphonie en ré de Franck peut être vue comme la réunion de deux formes nationales en grande partie distinctes : la forme cyclique française et la forme symphonique romantique allemande, avec des influences wagnériennes et lisztiennes perceptibles. C'est en partie en raison de cette fusion inattendue, que l'œuvre a été mal reçue lors de sa première exécution.
Mais c'est surtout le sentiment anti-allemand de l'époque qui a influencé la manière dont a été reçue la symphonie de Franck. La Guerre franco-prussienne de 1871 avait considérablement affecté le monde musical et provoqué en particulier une scission au sein de la Société nationale de musique qui avait été fondée par Saint-Saëns en 1871. Cette scission a été provoquée en 1886 par la décision de la Société d'accepter la musique « étrangère » (c.-à-d. principalement allemande) et par une admiration pour la musique de Richard Wagner par certains de ses plus jeunes membres (notamment Franck lui-même et D'Indy). Cette "trahison" inacceptable de la musique française a conduit plusieurs membres conservateurs de la Société, menés par Saint-Saëns, à démissionner ; Franck lui-même a alors assumé la présidence. Le climat qui en a résulté était délétère. La polémique a imprégné le Conservatoire de Paris et il a été très difficile pour Franck d'obtenir une première exécution de sa symphonie. Le chef d'orchestre principal Charles Lamoureux ayant refusé d'exécuter l'œuvre, Franck a dû recourir à l'orchestre du conservatoire qui était obligé de jouer les œuvres du corps enseignant.
Assistant à une répétition sous la direction de Jules Garcin, au cours de laquelle les musiciens se montraient peu coopératifs, le directeur du conservatoire Ambroise Thomas aurait déclaré pendant le deuxième mouvement (cela est cité par Vincent D'Indy dans sa biographie de Franck) «Nommez-moi une seule symphonie de Haydn ou de Beethoven qui emploie le cor anglais ! » (Mais ceci peut aussi bien être apocryphe et utilisé par D'Indy - qui était fermement dans le camp de Franck - pour railler Thomas le conservateur, puisque Haydn a utilisé des cors anglais dans ses œuvres (Symphonie No. 22 (Haydn), « Le philosophe ».)
La politique a continué à déterminer la réaction du public à la première exécution de la symphonie. Les critiques ont vu cette œuvre comme une tentative maladroite d'écriture orchestrale trop éloignée de la forme symphonique classique et des règles harmoniques de Haydn et de Beethoven. Les contemporains étaient pour la plupart alliés à la fraction conservatrice de Société nationale de musique. Camille que Bellaigue (1858-1930), remarquable critique musical, ami proche de Camille Saint-Saëns avec qui il entretenait une volumineuse correspondance, a été sans pitié : "une musique aride et terne, sans… grâce ou charme...». Il a dénigré le thème principal de quatre mesures sur lequel se développe la symphonie comme « à peine au-dessus du niveau de ceux donnés aux étudiants du conservatoire. » La revue Le Ménestrel a écrit « sombre… [Franck] a eu très peu à dire ici, mais il le proclame avec la conviction du pontife définissant le dogme. » Et Charles Gounod, faisant également référence implicite à l'idée d'un modèle allemand dogmatique, a écrit de Franck : « incompétence poussée aux longueurs dogmatiques".
Le contexte politique explique non seulement la férocité de la réaction nationaliste française, mais également la vitesse avec laquelle la symphonie a atteint la célébrité, là où les divisions fratricides pour définir la musique française n'étaient pas à l'ordre du jour. Ainsi, dans les années qui ont suivi sa composition, la symphonie en ré était régulièrement programmée à travers l’Europe et aux États-Unis d'Amérique. La première américaine a eu lieu à Boston le 16 janvier 1899 sous la direction de Wilhelm Gericke.
Forme
La symphonie en ré mineur est en trois mouvements, chacun d'entre eux faisant référence au thème de quatre mesures introduit au début de l'œuvre.
- I. Lento; Allegro ma non troppo.
- II. Allegretto
- III. Finale: Allegro non troppo
Source
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Symphony in D minor (Franck) ».
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