Sylvie Brunel

Sylvie Brunel
Sylvie Brunel en 2008, au forum Forum Libération de Grenoble.

Sylvie Brunel est une géographe, économiste et écrivain française, née le 13 juillet 1960. Spécialiste des questions de développement, elle a travaillé pendant plus de quinze années dans l’humanitaire (Médecins sans frontières, Action contre la faim) et a publié une vingtaine d’ouvrages consacrés au développement, en particulier aux questions de famine. Elle est à ce jour professeur des universités à l'Université Paris IV-Sorbonne.

Elle a également une activité d’élevage de chevaux dans la Drôme. Son roman Cavalcades et dérobades, paru en 2008 aux éditions Jean-Claude Lattès, a obtenu en 2009 le prix Pégase, décerné chaque année par l’École nationale d'équitation (Saumur) pour « récompenser un ouvrage qui contribue à une large diffusion de la culture équestre ».

Sommaire

Biographie

Outre une maîtrise en droit public, Sylvie Brunel est agrégée en géographie, docteur en économie et diplômée du Centre de formation des journalistes.

Elle s'est également investie pendant plus de quinze ans dans l'action humanitaire. De 1984 à 1989, Sylvie Brunel travaille pour Médecins sans frontières puis de 1989 à 2002 pour Action contre la faim (ACF) en tant que conseillère stratégique, directrice entre 1992 et 1993 et présidente de juin 2001 à mars 2002.

Elle a été élue « femme de l'année » en 1991, a fait partie d'un groupe de personnalités sur le développement de l'Afrique auprès du Secrétaire général des Nations unies de 1991 à 1996. Elle a également été membre du Haut Conseil de la coopération internationale.

De 2002 à 2007, elle est professeur à l'Université Paul Valéry de Montpellier (Montpellier III) et, de 1988 à 2007, à l'Institut d'études politiques de Paris. Elle est professeur des universités en géographie à l'Université Paris IV-Sorbonne depuis 2007, où elle dirige un master professionnel consacré aux pays du Sud face au développement durable.

Elle est administratrice de la Fondation pour l'Agriculture et la Ruralité dans le monde (FARM), membre associée de l'Académie Royale de Belgique et de l'Académie Pégase.

Famille

Mariée à Éric Besson de 1983 à 2009[1], elle est mère de trois enfants, dont l’aînée, née en 1989, est elle-même écrivain sous le nom d’Ariane Fornia. Elle se sépare de son mari en 2009, après trente ans de vie commune, et publie un livre sur le sujet en novembre 2009, Manuel de guérilla à l'usage des femmes, où elle mêle, dit-elle, une analyse de la situation des femmes aujourd'hui, trop souvent délaissées à mi-vie, à son histoire « personnelle et singulière ».

Prises de position

Critique de l'humanitaire

Après avoir passé une dizaine d'années à des postes décisionnels stratégiques dans l'humanitaire, elle est faite chevalier de la Légion d'honneur en 2002.

Dans les semaines qui suivent, elle démissionne de sa qualité de présidente d'Action contre la faim, en même temps qu'elle sort un roman, Frontières, dans lequel elle expose plusieurs critiques de l'humanitaire, en particulier la dérive marchande de certaines ONG[2],[3].

Développement durable

En 2008, elle publie un ouvrage À qui profite le développement durable dans lequel elle développe une vision critique du développement durable. Elle s’interroge en particulier sur les fondements idéologiques du développement durable :

  • Elle s’oppose ainsi à la dualité entre un état de nature idéalisé et un homme vu comme un parasite. Elle souligne à l’inverse que l’action humaine peut être utile pour la bio-diversité et réhabilite les bienfaits du développement économique[4]. La nature sauvage est dangereuse et non pas bienveillante.
  • Elle estime en outre que l’invocation du développement durable peut servir de paravent à la défense des intérêts des pays du Nord contre ceux du Sud, en particulier aux riches des pays du Nord, aux entreprises et aux organisations non gouvernementales (ONG) de l’environnement. Pour Sylvie Brunel, le développement durable « légitime un certain nombre de barrières à l’entrée »[5]. Offrant ainsi un prétexte au protectionnisme des pays développés, « le sentiment que donne le développement durable, c'est qu’il sert parfaitement le capitalisme »[5].

Le développement durable tel qu’il est actuellement présenté sert donc les intérêts des riches plus que ceux des pauvres, qu’ils soient dans le Tiers Monde ou dans les pays développés.

Pour atteindre vraiment ses objectifs, le développement durable doit cesser d’être, comme il l’est actuellement pour Sylvie Brunel, un gadget « écolo-responsable », une religion avec ses fanatiques néo-convertis ou une culpabilisation allant jusqu’à la déformation, à la peur et au « flicage »[6]. Mener une politique de développement durable efficace doit consister non pas à rechercher « un vaste retour en arrière », comme c’est actuellement le cas selon elle, mais à prendre en compte tous les éléments, en particulier la dimension sociale[7]. Pour elle, « il faut toujours garder présent à l'esprit que sa finalité doit être l’humain. La planète n’existe pas indépendamment de l’homme »[8].

Le développement durable doit donc passer par une réflexion en profondeur de nos modes de production qui prenne en compte cet impératif social. Dans la même veine, elle rappelle qu’il ne suffit pas d’invoquer l’écologie pour justifier des actions mais que les choix effectués doivent se fonder sur une réflexion globale. L'urgence écologique ne vaut que si elle est mise au service du bien-être de l'humanité, et particulièrement des plus pauvres.

Faim et famines

Sylvie Brunel travaille depuis la fin des années 1980 sur les questions de la faim, notamment sur la problématique des famines qui constitue le sujet de son habilitation à diriger des recherches (HDR) en géographie et de son doctorat en économie. Convaincue que la terre peut nourrir une humanité bien plus nombreuse qu'aujourd'hui, elle montre que les famines actuelles n’ont rien à voir avec la malnutrition — laquelle est toujours la conséquence de la pauvreté — et sont généralement liées à une volonté politique de soumettre, déplacer ou éliminer des minorités indésirables. Elle plaide pour des politiques agricoles qui garantiraient une juste rémunération et une protection foncière des paysans. Elle ne s’oppose ni aux organismes génétiquement modifiés (OGM) ni aux agrocarburants à condition que leur utilisation soit sévèrement encadrée et orientée dans le sens de l’intérêt général.

Publications

  • La Vache du riche mange le grain… du riche, LSF, 1985
  • Asie, Afrique : grenier vides, greniers pleins, Economica, « Économie agricole », 1986
  • Le Nordeste brésilien, les véritables enjeux, LSF, 1986
  • Tiers Mondes. Controverses et réalités, Economica, 1987
  • Une Tragédie banalisée, la faim dans le monde, Hachette-Pluriel, 1991
  • Les Tiers Mondes, La Documentation photographique, no 7014, La Documentation française, 1992
  • Le Gaspillage de l'aide publique, Seuil, 1993
  • Le Sud dans la nouvelle économie mondiale, PUF, 1995
  • Le Sous-développement, PUF, « Que sais-je? », 1996
  • Ceux qui vont mourir de faim, Seuil, 1997
  • La Coopération Nord-Sud, PUF, « Que sais-je ? », 1997
  • La Faim dans le monde. Comprendre pour agir, PUF, 1999
  • Action contre la faim, sous la coord. de Sylvie Brunel : Géopolitique de la faim (2001) (ISBN 2-13-050132-X)
  • Famines et politique, Presses de Sciences Po., 2002 (ISBN 2-7246-0873-9), Prix sciences po du meilleur livre 2002
  • Frontières, Denoël, 2003. (ISBN 2-207-25462-3)
    Roman
  • Le Développement durable, PUF, « Que sais-je ? », 2004, nouvelle édition 2009
  • L'Afrique. Un continent en réserve de développement, Éditions Bréal, 2004 (ISBN 2-84291-866-5)Prix Robert Cornevin de l'Académie des Sciences d'Outre mer
  • L'Afrique dans la mondialisation, La documentation photographique, no 8048, La Documentation française, 2005
  • La Déliaison, Denoël, 2005 Roman co-écrit avec sa fille Ariane Fornia.
  • La Planète disneylandisée. Chroniques d'un tour du monde, Éditions Sciences humaines, 2006
  • Cavalcades et dérobades, éditions Jean-Claude Lattès, 2008 (roman), Prix Pégase-ENE 2009
  • À qui profite le développement durable, Larousse, 2008, Prix Luc Durand-Réville de l'Académie des sciences morales et politiques
  • Nourrir le monde. Vaincre la faim, Larousse, 2009
  • Manuel de guérilla à l'usage des femmes, Grasset, 2009
  • Le voyage à Timimoun, JC Lattes, 2010
  • Géographie amoureuse du monde, JC Lattes, 2011

Liens externes

Sur les autres projets Wikimedia :

Notes et références

  1. Gala.fr : l’ex-épouse d’Éric Besson lève les voiles
  2. « Les dérives de l’humanitaire », Libération, 7 mars 2002
  3. Le Monde, 19 décembre 2002, « Quand la famine fait des heureux »
  4. Brunel, 2008, p.78 et suivantes.
  5. a et b « Les enjeux internationaux », entretien avec Sylvie Brunel sur France Culture, 11 juin 2008.
  6. Brunel, 2008, p.38.
  7. Brunel, 2008, p.29 et 39.
  8. Brunel, 2008, p.39.

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Sylvie Brunel de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужно сделать НИР?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Brunel —  Pour les articles homophones, voir Brunelle et Brunelles.  Cette page d’homonymie répertorie des personnes (réelles ou fictives) partageant un même patronyme. Marc Isambart Brunel (1769 1849) est un ingénieur français ; Isambard… …   Wikipédia en Français

  • Isambard Kingdom Brunel — en 1857 Naissance 9 avril  …   Wikipédia en Français

  • Decroissance (economie) — Décroissance (économie) La décroissance est un ensemble d idées soutenu par certains mouvements anti productivistes, anti consuméristes et écologistes appelés « objecteurs de croissance ». Ils rejettent l objectif, en tant que tel, d… …   Wikipédia en Français

  • Decroissance soutenable — Décroissance (économie) La décroissance est un ensemble d idées soutenu par certains mouvements anti productivistes, anti consuméristes et écologistes appelés « objecteurs de croissance ». Ils rejettent l objectif, en tant que tel, d… …   Wikipédia en Français

  • Décroissance (Économie) — La décroissance est un ensemble d idées soutenu par certains mouvements anti productivistes, anti consuméristes et écologistes appelés « objecteurs de croissance ». Ils rejettent l objectif, en tant que tel, d une augmentation du taux… …   Wikipédia en Français

  • Décroissance conviviale — Décroissance (économie) La décroissance est un ensemble d idées soutenu par certains mouvements anti productivistes, anti consuméristes et écologistes appelés « objecteurs de croissance ». Ils rejettent l objectif, en tant que tel, d… …   Wikipédia en Français

  • Décroissance durable — Décroissance (économie) La décroissance est un ensemble d idées soutenu par certains mouvements anti productivistes, anti consuméristes et écologistes appelés « objecteurs de croissance ». Ils rejettent l objectif, en tant que tel, d… …   Wikipédia en Français

  • Décroissance planifiée — Décroissance (économie) La décroissance est un ensemble d idées soutenu par certains mouvements anti productivistes, anti consuméristes et écologistes appelés « objecteurs de croissance ». Ils rejettent l objectif, en tant que tel, d… …   Wikipédia en Français

  • Décroissance soutenable — Décroissance (économie) La décroissance est un ensemble d idées soutenu par certains mouvements anti productivistes, anti consuméristes et écologistes appelés « objecteurs de croissance ». Ils rejettent l objectif, en tant que tel, d… …   Wikipédia en Français

  • Décroissance économique — Décroissance (économie) La décroissance est un ensemble d idées soutenu par certains mouvements anti productivistes, anti consuméristes et écologistes appelés « objecteurs de croissance ». Ils rejettent l objectif, en tant que tel, d… …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”