- Subordonnée relative
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Proposition relative
En grammaire, la proposition relative est une proposition subordonnée complexe servant le plus souvent d'expansion nominale. Dotée obligatoirement d'un verbe, elle est reliée à sa proposition principale (le cas échéant) au moyen d'un pronom relatif.
Toutes les langues ne possédant pas de propositions relatives, leur existence ou leur non existence peut donc constituer un critère pertinent pour la typologie linguistique. On étudiera ci-après plusieurs cas notables.
Sommaire
Français
On détaillera ici quelques spécificités des relatives en français. Il va de soi que d'autres langues connaissent des procédés similaires.
Généralités
Fonctionnement
Le fonctionnement général d'une telle subordonnée est le suivant (consulter l'article sur les propositions pour la notation adoptée) : [Proposition principale] [<pronom relatif> subordonnée relative]
Par exemple, de deux indépendantes [Je vois un chat.] [Ce chat est énorme], on peut former une seule phrase en éliminant une occurrence de chat, qui est COD de la première et sujet de la seconde. On obtient ainsi :
- [Je vois un chat] [<qui> est énorme]
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- <qui> remplace chat → chat est dit être l'antécédent de qui ; <qui> devient le sujet de la proposition subordonnée en remplacement de chat, qui jouait ce rôle dans l'indépendante de départ.
- [Ce chat] [<que> je vois] [est énorme]
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- <que> remplace chat → chat est dit être l'antécédent de que ; <que> devient le COD de la proposition subordonnée en remplacement de chat, qui jouait ce rôle dans l'indépendante de départ.
Autonomie
En tant qu'expansion du nom, la proposition relative n'est pas un complément essentiel : on peut la supprimer sans rendre la phrase agrammaticale, même quand elle est enchâssée dans la principale : [[Ce chat, [<qui> est énorme], se nomme Boubou]] ~ [Ce chat se nomme Boubou]. Inversement, on ne peut la conserver seule : qui est énorme n'est pas autonome.
Il existe cependant des propositions relatives non supprimables, qui ne sont pas des expansions d'un nom :
- les relatives sans antécédent ;
- les relatives attributives ;
- les relatives déterminatives.
Modes du verbe de la relative
Le mode non marqué dans la relative est l'indicatif. Le subjonctif peut cependant être employé. Il apporte dans ce cas une valeur subjective ou hypothétique à la relative :
- Je voudrais un médicament qui guérisse la toux → qui guérisse rend l'idée de but (pour guérir) et fait intervenir l'hypothèse : il n'est pas sûr qu'un tel médicament existe (actualisation incomplète). Dans ce type d'emplois, le subjonctif dans la relative s'utilise principalement pour des antécédents indéfinis. On peut opposer ce tour à Je voudrais ce médicament qui guérit la toux, dans lequel le locuteur sait qu'un tel médicament existe (actualisation complète).
- C'est le chat le plus intelligent que je connaisse : c'est un tour courant après un superlatif. L'indicatif rendrait la phrase plus objective : dans C'est le chat le plus intelligent que je connais, le locuteur marque qu'il n'y a aucun doute quant à l'extension des chats intelligents.
Pour étudier les différents types de relatives, il convient d'opérer au préalable une distinction entre les relatives avec antécédent et les relatives sans antécédent.
Ce tour rapide de l'utilisation des relatives en français ne se veut bien sûr pas exhaustif. Il cache en effet par sa brièveté de nombreuses difficultés d'analyse.
Relative sans antécédent (substantive)
Une relative sans antécédent (ou relative substantive) est une proposition subordonnée relative dont le pronom relatif est employé sans antécédent, et qui équivaut à un nom (un substantif) ou un élément nominalisé :
- Qui aime bien ne châtie jamais.
- La relative substantive équivaut à « L'homme aimant ne châtie jamais ».
- Une relative substantive est exclusivement introduite par les pronoms « qui », « quoi », « où », ou « quiconque » (donc, jamais par « que », « dont » ou « lequel »), qui dans ce cas, ne sont plus des anaphores mais des représentants référentiels permettant un accès direct au référent.
- Une relative substantive constituant un élément syntaxique essentiel de la phrase, elle n'est jamais supprimable :
- [[<Qui> aime bien] [ne châtie jamais]]
- Il n'est pas possible de retirer la relative (la principale « ne châtie jamais » n'est pas autonome) car c'est le sujet du verbe « châtier ».
- Le relative substantive est moins fréquente que la relative avec antécédent. On la trouve souvent dans les proverbes ou les expressions plus ou moins figées. Sa fonction syntaxique au sein de la phrase est l'une des différentes fonctions du nom :
- Où tu iras, j'irai.
- La relative substantive « Où tu iras » est C.C. de lieu du verbe « irai ».
- Rira bien qui rira le dernier.
- La relative substantive « qui rira le dernier » est sujet du verbe « rira ».
- J'aime qui m'aime.
- La relative substantive « qui m'aime » est C.O.D. du verbe « J'aime ».
- Sois reconnaissant envers qui te rend service.
- La relative substantive « envers qui te rend service » est C.O.I. du verbe « Sois reconnaissant » (ou complément de l'adjectif « reconnaissant »).
Relative avec antécédent
Une relative avec antécédent est une proposition subordonnée relative dont le pronom relatif est employé avec un antécédent. Plus communes que les précédentes, les relatives avec antécédent sont de deux sortes, selon qu'elles participent ou non à l'actualisation de cet antécédent : elles sont appelées déterminatives dans le premier cas et explicatives dans le second. Les relatives attributives constituent un cas un peu à part.
Relative déterminative
Une relative déterminative (ou relative restrictive) est une proposition subordonnée relative avec antécédent, permettant d'identifier (partiellement ou totalement) le référent désigné par l'antécédent du pronom relatif introducteur :
- Il cherche un maçon qui sache travailler à l'ancienne.
- Le maçon en question n'est pas totalement déterminé (on n'est même pas sûr qu'il existe), mais on est sûr d'une chose : il ne peut s'agir de n'importe quel maçon, mais d'un « maçon qui sache travailler à l'ancienne ».
- Permettant de spécifier une sous-classe dans un ensemble donné, une relative déterminative a donc un caractère indispensable et ne peut être supprimée (sa suppression, possible d'un point de vue purement syntaxique, ne permettrait pas l'actualisation du référent, celui-ci ne pourrait donc plus être identifié). Elle a la valeur d'une épithète liée :
- La rue qui longe la mairie est barrée pour cause de travaux.
- Si l'on supprime la relative (« La rue est barrée pour cause de travaux. »), il devient impossible d'identifier le référent, c'est-à-dire, de dire de quelle rue il s'agit (sauf, bien sûr, si l'on sous-entend qu'il s'agit de la rue dans laquelle se déroule l'énonciation).
Relative explicative
Une relative explicative (ou relative non déterminative) est une proposition subordonnée relative avec antécédent, ne jouant aucun rôle dans l'identification du référent :
- Tu devrais changer les pneus de ta voiture, qui me paraissent bien usés.
- Le destinataire n'a qu'une seule voiture, laquelle ne possède que quatre (ou cinq) pneus. Les pneus en question sont parfaitement identifiés même en l'absence de la relative (« Tu devrais changer les pneus de ta voiture. »).
- La relative explicative apporte donc un certain nombre d'informations complémentaires non indispensables à l'identification du référent. Elle est souvent séparée de son antécédent par une pause syntaxique (des virgules à l'écrit). Elle peut plus facilement être supprimée qu'une déterminative. Sa suppression consiste donc en une simple perte sémantique, ne modifiant pas l'actualisation du référent. Souvent porteuse de valeurs circonstancielles et logiques, elle a la valeur d'une épithète détachée :
- Mon voisin, qui est une personne sympathique, m'a souvent rendu service.
- La relative sert à ajouter une information logique et à expliquer le contenu de la principale (« C'est parce que mon voisin est une personne sympathique, que celui-ci m'a souvent rendu service »). Elle équivaut à un C.C. de cause du verbe « a rendu ».
- La différence sémantique entre la relative explicative et la relative déterminative mérite quelques observations. Toutes deux sont supprimables d'un simple point de vue syntaxique, mais seule la suppression de la subordonnée déterminative met en péril l'actualisation de l'antécédent. Du coup, un même énoncé n'aura pas le même sens selon qu'il prend la forme d'une relative explicative ou d'une relative déterminative :
- Les soldats qui étaient fatigués se sont mal battus. / Les soldats, qui étaient fatigués, se sont mal battus.
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- La première phrase signifie que tous les soldats n'étaient pas fatigués, et que tous ne se sont pas mal battus. La relative (déterminative) restreint l'extension de l'antécédent « soldats » (le référent) : ne sont considérés, parmi tous les soldats, que ceux qui étaient fatigués et non la totalité de l'ensemble. « Certains » soldats étaient fatigués et, par conséquent, se sont mal battus.
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- La deuxième phrase signifie tout au contraire que « tous » les soldats étaient fatigués, et que par conséquent, « tous » se sont mal battus. La relative (explicative) ne fait qu'apporter une explication subsidiaire : l'antécédent « soldats » (le référent) ne subit aucune restriction, ce sont bien tous les soldats qui se sont mal battus « parce qu'ils étaient fatigués ». On dit que la relative explicative a une « valeur généralisante ».
- En français, les relatives explicatives sont obligatoirement distinguées des déterminatives par la mise en incise entre virgules : en effet, « les soldats, qui étaient fatigués, se sont mal battus » et « les soldats qui étaient fatigués se sont mal battus » n'ont strictement pas le même sens.
Relative attributive
Une relative attributive est une proposition subordonnée relative avec antécédent, dont la fonction est attribut, du sujet réel ou de l'objet. Elle constitue un cas particulier s'apparentant aux relatives déterminatives. Elle ne peut exister qu'au sein d'un certain nombre d'expressions figées (quoique très courantes), et constituant le thème de la phrase, pour des raisons purement syntaxiques, elle ne peut jamais être supprimée et elle peut être substituable à un attribut du COD :
- [[Boubou a les poils] [<qui> frisent]].
- La relative est attribut de l'objet « poils ». La phrase entière équivaut à : « Les poils de Boubou sont frisant ».
- Il n'y a que toi qui mérites de réussir.
- La relative est attribut du sujet réel « toi ». La phrase entière équivaut à : « Toi seul mérites de réussir ».
- J'ai les cheveux qui grisonnent.
- La relative est attribut de l'objet « cheveux ». La phrase entière équivaut à : « Mes cheveux grisonnent. »
Latin et grec ancien
Grec moderne
À l'opposé des langues décrites précédemment, le système relatif du grec moderne apparaît très simple : en effet, il existe un pronom relatif, που pou, invariable, qui sert à tous les emplois. Il ne faut pas le confondre avec πού poú, marqué de l'accent aigu, adverbe interrogatif de lieu (« où ? »). C'est d'autant plus notable que le grec moderne est une langue bien plus flexionnelle que le français, par exemple, qui, lui, utilise un pronom relatif composite, aux nombreuses formes empruntées à des mots différents.
Voici quelques exemples, tous empruntés au poète grec Odysséas Elýtis (l'antécédent est souligné ; on a adopté, contrairement aux usages dans cette encyclopédie propres au grec ancien, une transcription et non une translitération) :
- Λένε με τα φιλιά τους την αυγή / Που αρχίζει (Léne me ta filiá tous tin avyí / Pou archízi ; Orientations, « De la mer Égée II ») : « Annoncent avec leurs baiser l'aube / qui commence » (που pou est sujet de αρχίζει archízi, « commence ») ;
- Στην αρχαία εκείνη θάλασσα που εγνώριζα (stin archéa ekíni thálasa pou eghnóriza ; Journal d'un avril invisible, « Samedi 11 ») : « Dans cette ancienne mer que j'ai connue » (που pou est COD de εγνώριζα eghnóriza, « j'ai connu »).
Il existe cependant d'autres pronoms relatifs, déclinables en genre, nombre et cas, d'usage bien moins courant, cependant, comme ο οποίος / η οποία / το οποίο, qui peuvent servir à lever des ambiguïtés, ou d'emploi limité, comme όσος, -η, -ο, qui ne sert qu'à la comparaison de quantité (« aussi »), ou όποιος, -α, -ο (remplaçables par l'indéclinable ό,τι, avec virgule), pronom relatif indéfini (« qui que ce soit »).
Voir aussi
Articles connexes
- Anaphore
- Antécédent
- Énonciation
- Liste des notions utilisées en linguistique
- Pronom relatif
- Proposition
- Représentation (grammaire)
- Syntaxe
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