- Strigoi
-
Les strigoi sont des créatures mort-vivantes qui font partie du folklore roumain. Généralement les strigoi sont des âmes troublées qui sortent de leur tombe et reviennent tourmenter leurs proches. Le terme désigne une sorte de revenant avec un corps physique sans être pour autant un zombie. Avec la popularisation du mythe de Dracula et le fait qu'ils aspirent l'énergie vitale de leur entourage, les strigoi sont apparentés aux vampires.
Sommaire
Strigoi dans l'histoire
Origine
Selon Adrian Cremene, l'origine des strigoi remontent à l’époque dace. Les strigoi seraient des créatures de la mythologie dace, comme une représentation de mauvais esprits, les esprits des morts dont les actes n'étaient pas dignes d'entrer dans le Royaume de Zalmoxis. Comme ces histoires ont été transmises uniquement par tradition orale, la légende a perdu sa substance originale, et les Roumains ont transformé les strigoi en créatures assoiffées de sang.
Le strigoi au Moyen Âge
Le Croate Jure Grando décédé en 1656 fut le premier vampire classique dont l'existence est documentée par écrit[1]. Dans son Istrie natale, il a été qualifié de strigoi, un mot du dialecte local pour désigner un vampire. En tant que strigoi, il a terrorisé les villageois jusqu'à ce qu'il soit décapité en 1672.
Article détaillé : Jure Grando.Le strigoi sous le communisme roumain
Lors de la révolution roumaine de 1989, le cadavre de Nicolae Ceaușescu n'ayant pas reçu de funérailles dignes, le fantôme de l'ancien dictateur était une menace dans l'inconscient des Roumains très superstitieux. Gelu Voican, l'un des principaux acteurs du coup d'État, a tapissé l'appartement du Conducător avec des tresses d'ail, remède traditionnel contre les strigoi[2].
Le strigoi aujourd'hui
Peu avant Noël 2003, dans le village de Marotinu de Sus, un Roumain de 76 ans, du nom de Petre Toma décède, sa famille procède à l'enterrement. En février 2004, une des nièces du défunt révèle qu'elle est visitée par son feu oncle. Le beau-frère, un certain Gheorge Marinescu, prend la tête d'une chasse au vampire avec plusieurs membres de la famille. Après avoir bu de l'alcool, ils déterrent le cercueil de Petre Toma, font une incision à sa poitrine, et arrachent le cœur. Après avoir pratiqué l'ablation du cœur, la dépouille est brûlée et les cendres sont mélangées dans de l'eau et bues par la famille, comme le veut la coutume.
Or, le gouvernement roumain soucieux de se donner une bonne image pour son adhésion à l'Union européenne, interdit ces pratiques d'un autre temps, et six membres de la famille citée ci-dessus furent arrêtés par la police de Craiova du judet de Dolj pour « atteinte à la paix des morts »[3], et ont été condamnés à une peine de prison et à payer des dommages moraux à la famille de Petre Toma. Depuis dans le village voisin de Amărăștii de Sus, les habitants plantent "préventivement" un pieu dans le cœur ou le ventre des morts avec des pieux durcis au feu[4].
Étymologie
Origine daco-gète du nom
Le nom strigoi dérive du verbe a strigă, qui signifie en roumain « hurler/crier ». Jules Verne a employé dans son roman Le Château des Carpathes publié en 1892, au chapitre II, le vocable, plus couleur locale, de stryge, traduction du roumain strigoi : « (...) les vampires, appelés stryges, parce qu'ils poussent des cris de strygies, (...) ».
Origine latine du nom
L'écrivain Romulus Vulcanescu évoque une origine latine du nom. Selon cet auteur, le nom strigoi est lié au terme latin strigôsus qui signifie « efflanqué/maigre »[5], terme qu'on retrouve dans strigeatida. Strigoi est apparenté au mot italien strega signifie « sorcière » et à l'albanais shtriga, et qui dérive du mot grec strigx, qui a donné en français la stryge qui désigne une femme-oiseau qui suce le sang des enfants[5].
Expression
En Roumanie, il existe une expression qui utilise le mot strigoi : A umbla ca un strigoi, ce qui veut dire en français « vagabonder comme un strigoi ». Cette expression suggère l'idée d'errer la nuit sans but.
Plusieurs types de strigoi
Tudor Pamfile dans son ouvrage Mitologie românească compile toutes les appellations du strigoi en Roumanie, strâgoi, moroi dans l'Ouest de la Transylvanie, en Valachie et en Olténie, vidmă en Bucovine, vârcolacul ou Cel-rău, ou encore vampire.
Les strigoi vivants
Le strigoi vivant (strigoi viu) est une sorte de sorcier. Selon Adrien Cremene, dans son livre Mythologie du vampire en Roumanie, le strigoi vivant vole la richesse des paysans, c'est-à-dire le blé et le lait. Mais il peut aussi arrêter la pluie, faire tomber la grêle et donner la mort aux hommes et aux bovins.
Les strigoi morts
Le strigoi mort (strigoi mort) est beaucoup plus dangereux. Sa nature est ambiguë, à la fois humaine et démoniaque. Il sort de sa tombe, revient dans sa famille et se comporte comme de son vivant, tout en affaiblissant ses proches jusqu'à ce qu'ils meurent à leur tour.
Causes du strigoisme
L'encyclopédiste Dimitrie Cantemir mais aussi le folkloriste Teodor Burada dans son ouvrage Datinile poporului român la înmormântări publié en 1882 évoquent des cas de strigoisme. Le strigoi peut être un homme vivant, né sous certaines conditions :
- – être le septième enfant du même sexe d'une famille ;
- – être roux ;
- – mener une vie de pêchés ;
- – mourir sans être marié ;
- – par le parjure ;
- – par le suicide ;
- – avoir été maudit par une sorcière.
Selon Ionna Andreesco, dans son livre Où sont passés les vampires ? publié en 1997, les enfants nés coiffés d'un placenta seront des strigoi à leur mort.
Apparence physique
Le strigoi a des canines proéminentes et des yeux injectés de sang. Un fois mort, son corps ne se décompose pas pour garder une physionomie humaine.
Points faibles
Selon des légendes roumaines, le livre de Peter Haining, The Dracula scrapbook édité par les éditions New English Library en 1976, nous rapporte que la viande de cochon tué le jour de la Saint-Ignace est un bon moyen de se prémunir contre les vampires[6].
Le strigoi dans les arts
Dans la littérature
En 1929, un auteur roumain du nom de N.I. Dumitrașcu publie un livre intitulé Strigoii qui relate une histoire traditionnelle de vampire roumain.
Le romancier Dan Simmons utilise ce terme dans le roman Les Fils des ténèbres pour désigner un groupe d'humains présentant plusieurs maladies sanguines théoriquement fatales et qui compensent cette faiblesse grâce à un organe supplémentaire et un rétrovirus qui permettent de métaboliser les éléments qui leur manquent.
Dans le roman Descendance de l'écrivain Graham Masterton, le personnage central James Falcon est un chasseur de strigoi. L'intrigue tourne principalement autour de ces créatures.
L'écrivain Li-Cam a écrit Lemashtu un roman fantastique où le strigoi est selon Li-Cam : « un primate appartenant à l’espèce des Homo sapiens, sous-espèces Homo sapiens incubus. Les sapiens incubus sont plus robustes, plus agiles et vivent en moyenne plus longtemps que les sapiens sapiens ».
Au cinéma
En 2007, un des méchants du film 30 jours de nuit est crédité au générique de fin en tant que strigoi.
En 2009, un film américain de Aaron Putnam intitulé Strigoii, avec Anthony Giordano, Sarah Lipham et Nathaniel Mason relate l'histoire d'une petite ville américaine terrorisée par un vampire[7].
Encore en 2009, une comédie fantastique britannique de Faye Jackson avec au casting Constantin Bărbulescu, Camelia Maxim et Cătălin Paraschiv, intitulée Strigoi relate l'histoire de Vlad qui revient dans son village natal de Roumanie. Mais les choses ont radicalement changé depuis son départ. Les terres ont été totalement redistribuées et les propriétaires les plus puissants de la région affichent un comportement pour le moins étrange; ils semblent littéralement être revenus d'entre les morts. Vlad mène l'enquête et tente de lever le voile sur le passé trouble de sa petite communauté[8].
Le film est une métaphore pour dénoncer l’avidité des hommes, dans un pays qui vit toujours avec son passé communiste et ses attentes vis-à-vis de l'Union européenne.Références
- (en) Interview avec Boris Peric
- (fr) Jean Cuisenier, « le Feu vivant : la parenté et ses rituels dans les Carpates » sur Persee.fr, 1995. Consulté le 30 mai 2011
- (ro) Larisa Mititelu, « Adevărul despre „Cazul strigoiului Petre Toma” » sur Indiscret.ro, 2004. Consulté le 27 mai 2011
- (fr) Cristina Lica, « Pour échapper aux vampires, rien ne vaut les vieilles recettes » sur courrierinternational.com, 2011. Consulté le 13 septembre 2011
- (fr) Gaffiot, « Dictionnaire Gaffiot » sur lexilogos.com, 1934. Consulté le 25 mai 2011
- (fr) Peter Haining, « The Dracula scrapbook » sur Mordue de vampires, 1976. Consulté le 20 avril 2011
- (fr) Strigoii sur IMDB, 2009. Consulté le 25 mai 2011
- (fr) Strigoi sur Horreur.net, 2009. Consulté le 25 mai 2011
Voir aussi
- Portail de la Roumanie
- Portail des créatures et animaux légendaires
Catégories :- Fantôme
- Créature fantastique du folklore roumain
Wikimedia Foundation. 2010.