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Zeev Sternhell
Zeev Sternhell (en hébreu זאב שטרנהל), né à Przemysl, en Pologne, en 1935, est un historien et penseur politique israélien, lauréat en 2008 du Prix Israël pour ses travaux en sciences politiques.
Sommaire
Biographie
Il est né dans une famille juive de la Galicie polonaise, à Przemysl.
Après l'invasion de la Pologne par l'armée allemande et le début de la Seconde Guerre mondiale, il fut emmené, muni de faux papiers d'identité, par le mari de la sœur de sa mère (le seul de la famille autorisé à travailler au dehors du ghetto de Przemysl) à Lvov, dans la partie de la Pologne occupée par l'Union soviétique.
Caché avec l'aide de deux familles locales (reconnues après la guerre comme Justes parmi les Nations), il survécut à l'occupation allemande et à l'extermination des Juifs de Pologne et d'Ukraine.
Après la fin de la guerre, le petit Zeev est arrivé en France et a été recueilli par une autre sœur de sa mère.
Zeev Sternhell a rejoint Israël en 1951 dans le cadre de l'"Aliyat Hano'ar" ("Aliya des Jeunes" - organisation sioniste d'assistance) et a été reçu dans l'internat agricole Magdiel, dans la région du Sharon.
En 1957, il a commencé ses études d'histoire générale et de sciences politiques à l'Université hébraïque de Jérusalem.
Diplômé (Ph.D) de l'Institut d'études politiques de Paris (Science Po), il est professeur de science politique à l'Université hébraïque de Jérusalem. Sternhell est connu notamment comme spécialiste de la question de la montée et de la naissance du fascisme, en particulier de ses racines françaises. Selon lui, Georges Sorel et le Cercle Proudhon sont à l'origine du corpus idéologique fasciste.
Au cours des années 1960, il a été le directeur de l'université d'Addis-Abeba, à la demande de l'empereur éthiopien Haïlé Sélassié Ier.
En 1991, le gouvernement français lui a décerné la médaille de Chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres pour « sa contribution au rayonnement des arts et des lettres en France et dans le monde ».
Zeev Sternhell est aussi l'un des membres fondateurs du mouvement israélien Shalom Akhchav (La paix maintenant), et participe activement au débat politique en Israël, entre autres par ses contributions à la page "Opinions" du quotidien israélien Haaretz. Il a pris position contre le camp ultra-nationaliste en Israël et la colonisation et prône un compromis de paix avec les Palestiniens. Il a même affirmé: "si les Palestiniens faisaient preuve de plus de clairvoyance, ils concentreraient leurs actions contre les colonies au lieu de s'en prendre à des femmes et des enfants" en territoire israélien[1].
Zeev Sternhell est en 2008 lauréat du Prix Israël (le prix de l'État) pour ses travaux en sciences politiques.
Il a été « légérement blessé, jeudi 25 septembre 2008, par un engin explosif devant chez lui ». « La police a dit soupçonner les milieux ultranationalistes israéliens d'être responsables de l'agression »[2].
Travaux
Voir aussi: Fascisme en France, Thèse de Zeev Sternhell
Zeev Sternhell a essentiellement travaillé sur les origines et la formation de l'idéologie fasciste, irréductible selon lui à la période de l'entre deux guerres, et qui trouve ses racines historiques dans la France de la fin du XIXe siècle.
En effet à partir de 1885, la confluence idéologique d'une partie de la droite nationaliste et de la gauche autour du thème de l'anti-parlementarisme va aboutir, notamment à travers la matrice que constitue le boulangisme, à l'élaboration progressive de la « synthèse fasciste ».
Celle-ci se caractérise essentiellement par un double rejet du libéralisme et du marxisme, auxquels elle prétend substituer une « troisième voie », élaborée par des penseurs comme le socialiste Georges Sorel.
Controverses
Les résultats de ses recherches sur l'origine et la nature du fascisme sont controversés.
Nombre d'historiens, comme Michel Winock, Jacques Julliard, John Stanley, Francesco Germinario, Shlomo Sand, Philippe Burrin, Emilio Gentile, Pierre Milza, ont contesté l'approche de Zeev Sternhell sur le fascisme français. Pierre Milza, par exemple, tout en reconnaissant qu'« il y a eu sans aucun doute un fascisme français, qui n'a pas toujours pris la forme de ses homologues italien et allemand mais qui a occupé, dans l'espace politique et culturel de l'hexagone, une place plus grande que ne voulaient bien lui concéder jusqu'à une date récente les plus éminents spécialistes du xxe siècle français », critique Sternhell qui selon lui « voit du "fascisme" partout où il y a critique virulente de la république parlementaire, version IIIe finissante [...], un pas que l'examen attentif des faits interdit de franchir. »[3]
Cependant, pour Stanley Payne, « Zeev Sternhell a démontré de manière concluante que la quasi-totalité des idées du fascisme sont apparues en France.»[4] et George L. Mosse écrit dans La révolution fasciste : « Il y eut ainsi des mouvements nationaux-socialistes primitifs en France ( qui réunissaient d’anciens dirigeants de la Commune de Paris aux traditions jacobines , mais aussi quelques anarchistes et bourgeois bien-pensants )[...].» [5]
Les désaccords portent par ailleurs sur la définition sternhellienne du fascisme. Elle est loin de faire l'unanimité aujourd'hui. À Sternhell est reproché, en particulier, l'imprécision de sa définition du fascisme, mais aussi des rapprochements parfois considérés comme hasardeux qu'il fait entre des mouvements aux fondements idéologiques radicalement différents (notamment entre droite conservatrice « légitimiste » et mouvements révolutionnaires nationalistes). [réf. nécessaire]
Ses détracteurs se demandent s'il est pertinent de relier des personnalités comme Maurice Barrès, Charles Maurras, voire Emmanuel Mounier à la mouvance fasciste. Ainsi, Emilio Gentile soutient que parler de fascisme en-dehors d'un régime ou d'un parti est très problématique : si l'on excepte d'une part les derniers mois du régime de Vichy, d'autre part quelques mouvements très minoritaires autour de Marcel Bucard, la France n'a à proprement parler jamais connu de régime ou de parti fasciste.[réf. nécessaire]
Les origines idéologiques du fascisme sont également contestées. Faire du fascisme une idéologie « anti-Lumières » est discuté, dans la mesure où le fascisme reprendrait notamment des idées apparues dans le cadre des Lumières - et surtout de l'Aufklärung allemand, comme un certain constructivisme juridique, ou le rejet des doctrines sociales et politiques fondées sur le christianisme ; alors qu'à la même époque, d'autres mouvements - que Sternhell rapproche du fascisme - comme l'Action française, ou la Révolution conservatrice, rejetaient violemment les Lumières sans adhérer au fascisme - voire en en étant des adversaires, une fois revenus de la fascination qu'il suscitait chez eux[réf. nécessaire].
Publications
- Maurice Barrès et le nationalisme français : la France entre nationalisme et fascisme, préface de Raoul Girardet, Paris, Armand Colin, 1972 ; rééd. Presses de Sciences Po, 2000
- La droite révolutionnaire (1885-1914). Les origines françaises du fascisme, Paris, Éditions du Seuil, 1978 ; Gallimard, « Folio Histoire », 1998
- Ni droite ni gauche, l'idéologie fasciste en France, [(en) Neither Right nor Left: Fascist Ideology in France], Éditions du Seuil, 1983 ; Éditions Complexe, « Historiques », 2000 (ISBN 2870277881)
- Avec Mario Sznajder et Maia Asheri, Naissance de l'idéologie fasciste, [(en) The Birth of Fascist Ideology], Paris, Gallimard, 1989 ; 1994, « Folio Histoire », (ISBN 2213021570)
- (Dir.), L'éternel retour : contre la démocratie, l'idéologie de la décadence, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1994
- Aux origines d'Israël : entre nationalisme et socialisme, trad. de l'hébreu par Georges Bensimhon avec le concours de l'auteur, Paris, Fayard, 1996 ; Paris, Gallimard, « Folio Histoire », 2004
- (en) avec Shlomo Avineri (éd.), Reflections on Europe's century of discontent, confronting the legacies of Fascism, Nazism and Communism, Jerusalem, The Hebrew University Magnes press, « Hebrew university of Jerusalem, Institute for European studies », 2003
- Les Anti-Lumières : du XVIIIe siècle à la Guerre froide, Fayard, « L'espace du politique », 2006
Bibliographie
- Michel Brélaz, Un fascisme imaginaire, Éd. des antipodes, Genéve, 2000, ISBN 2-88141-010-3
Notes et références
- ↑ L'historien Sternhell blessé par un engin piégé à son domicile à Jérusalem, dépèche AFP du 25 septembre 2008, reprise par le Monde.fr
- ↑ « L'historien israélien Zeev Sternhell visé par un attentat », Le Monde, 25 septembre 2008.
- ↑ Pierre Milza, Le Fascisme français, p. 116. 1
- ↑ Stanley Payne, A History of Fascism, p. 291.
- ↑ La Révolution fasciste. Vers une théorie générale du fascisme, (recueil de textes de 1961-1996), Paris, Seuil, 2003, page 27
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Entretien avec Zeev Sternhell, membre du mouvement Shalom Archav (La Paix maintenant)
- Le choix pour Israël : la religion ou la démocratie
- Entretien avec Zeev Sternhell concernant les origines françaises du fascisme
- "Zeev Sternhell : aux origines du fascisme", Gabriel Maissin, in Politique, Revue de débats, Bruxelles, juin 2005
- Sionisme, immigration et intégration, entretien avec Zeev Sternhell paru dans La Vie des Idées le 02/04/2007
- [pdf] Serge Berstein, "La France des années trente allergique au fascisme. À propos d'un livre de Zeev Sternhell", Vingtième Siècle. Revue d'histoire, volume 2, no 2, p. 83-94, 1984.
- [pdf] Jacques Julliard, "Sur un fascisme imaginaire : à propos d'un livre de Zeev Sternhell", Annales, volume 39, p. 849-861, 1984.
- ( pdf) Sergio Romano, Sternhell lu d'Italie, in Vingtième Siècle. Revue d'histoire, Année 1985, Volume 6, Numéro 1 p. 75 - 82.
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