- Splendor Solis
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Le Splendor Solis ("la splendeur du soleil") est un traité alchimique manuscrit du XVIe en allemand, célèbre par sa série d'illustrations en couleur. Le plus ancien manuscrit date de 1532-1535 et se trouve au Kupferstichkabinett du Staatliche Museen zu Berlin. Des copies plus tardives (il en existe une vingtaine) se trouvent à Londres (British Library MS Harley 3469 daté de 1582), Paris (Bibliothèque nationale MS. allem. 113. XVIe), Berlin[1], Cassel et Nuremberg.
Le texte est un florilège d'auteurs plus anciens. Les illustrations reprennent les motifs des enluminures du Donum deum de la fin du XVe de l'alchimiste strasbourgeois Georges Aurach, dans lequel toutes les figures sont représentées à l'intérieur de vases.
La première édition imprimée se trouve dans le troisième traité d'un recueil alchimique l' Aureum vellus de 1599, attribué au légendaire Salomon Trismosin, présenté comme le maître de Paracelse. l' Aureum vellus réédité de nombreuses fois sous différentes formes (en français sous le titre La toyson d'or ou la fleur des thrésors (1612), fit largement connaître et commentée le Splendor Solis, qui dès lors associée systématiquement au nom de Salomon Trismosin.
Sommaire
Le Splendor Solis Harley Ms. 3469
Conservé sous la cote Harley Ms. 3469 à la British Library de Londres, cet manuscrit est considéré comme le plus beau traité d'alchimie jamais crée. Réalisé en 1582, on y trouve exposées les clefs de la kabbale, de l’astrologie et du symbolisme alchimique. Il s’agit d’une compilation illustrée de traités alchimiques antérieurs.Comme l’explique l’historien de l’art Jörg Völlnagel, « Le Splendor Solis n’est absolument pas un livre de laboratoire, à savoir une espèce de livre de recettes pour l’alchimiste qui, suivant ses indications prépare sa mixture et finit par trouver l’or artificiel dans son récipient. Bien au contraire, le Splendor Solis divulgue la philosophie de l’alchimie, une conception du monde selon laquelle l’homme (l’alchimiste) vit et agit en harmonie avec la nature, respectant la création divine et interférant à la fois avec ses processus de son expansion, contribuant à sa croissance via l’alchimie. Il s’agit là de la thématique philosophique complexe autour de laquelle tournent les sept traités du manuscrit et les vingt-deux splendides miniatures.»2
Quant au contenu, Thomas Hofmeier fait remarquer que « l’œuvre offre une somme de nombreuses sommes précédentes ou, pour employer une métaphore alchimique, le Splendor Solis est la quintessence des florilèges antérieurs qui furent eux-mêmes la distillation d’œuvres antérieures. » Le même auteur signale également que « pour n’importe quel historien de l’alchimie, les somptueux manuscrits du Splendor Solis – le plus beau d’entre eux maintenant publié lui faisant enfin justice – constituent la clef de voûte d’une vaste bibliothèque alchimique. Dans les rayonnages et les étagères, les œuvres des grands alchimistes sont présentes, collectées tout au long une vie, mais au centre, placé sur un pupitre, le Splendor Solis se détache, le point culminant des connaissances alchimiques.»3
De toute manière, l’auteur et le miniaturiste surent sans nul doute donner le ton adéquat, car au fil des siècles le Splendor Solis est devenu le parangon du manuscrit alchimique illustré. Ils sont beaucoup à lui avoir prêté attention, parmi lesquels des écrivains comme William Butler Yeats, James Joyce et Umberto Eco.
Dans ce volume, nous trouvons vingt-deux peintures grand format, encadrées de motifs représentant des fleurs ou des animaux, appartenant, stylistiquement, à la tradition renaissante nord-européenne. Toutes les illustrations sont, ainsi que l’exigent le contexte et le contenu de l’œuvre, d’une interprétation ardue et hermétique. On remarquera particulièrement les déjà célèbres cornues de verre, situées dans un luxueux cadre central, entourées de scènes typiques de la vie rurale et urbaine allemande du Moyen Âge tardif que domine l’image céleste d’un dieu païen, donnant sa cohérence à l’ensemble.
L’histoire du manuscrit lui-même n’est pas moins intéressante. Le baron Böttger, pharmacien et grand amateur d’alchimie, connu pour avoir inventé la méthode de fabrication de la porcelaine, aurait été, au XVIIe siècle, un de ses propriétaires. Plus tard, il arriva à la bibliothèque privée de la puissante famille aristocratique Harley, dont le fonds fut acheté par le British Museum pour la somme, aujourd’hui ridicule, de 10 000 livres. Actuellement, le Splendor Solis est considéré comme un des trésors de la British Library ayant le plus de valeur.
En 2010, les éditions M. Moleiro publièrent la première et unique reproduction du Splendor Solis, en une édition de luxe limitée à 987 exemplaires. Cette édition est accompagnée d’un volume d’études dans lequel Jörg Völlnagel démontre pour la première fois que l’attribution du texte à Salomon Trimosin, le maître de Paracelse, est erronée4. En outre, l’étude contient la première traduction fiable du texte du manuscrit, établie par Joscelyn Godwin.
Notes et références
Voir aussi
Liens externes
- les illustrations sur alchemywebsite.com
- manuscrit de la British Library MS Harley 3469 (1582)
Bibliographie
- (de) Joachim Telle Der Splendor Solis In der Fruhneuzeitlichen Respublica Alchemica Daphnis - Zeitschrift fur Mittlere Deutsche Literatur- October 2006 Vol. 35 N°: 3-4 pp 421-448 ( (en) résumé par Adam McLean)
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